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Archives de presse

    ARCHIVES DE PRESSE

    De sa première titularisation au Vélodrome de Marseille jusqu'aux années 2020, une revue de presse très large des articles consacrés à Patrice, classés par club et par période.

    DE 1989 À NOS JOURS

    F.C. Nantes-Atlantique

    31 juillet 1989

     

    L’OGRE A CLAQUÉ DES DENTS

    L’OM n’a pas surclassé Nantes. Il a même parfois tremblé en première période, faute de ne pas avoir concrétisé d’entrée ses multiples occasions.

    (…)Un succès que les joueurs de Blazevic ont en effet contesté jusqu’au bout. On peut même se demander ce qui se serait passé si en seconde période Jacovljevic avait inscrit le penalty accordé pour une faute d’Amoros sur Joël Henry. Un pénalty détourné par Huard mais repris victorieusement par Loko sans que M. De Zayas valide cependant le but (…)

    23 août 1990

     

    Lekipe230890L’ATOUT LOKO

    Depuis le début de la saison, ils sont quelques jeunes à se faire leur place au top. Aujourd’hui, gros plans sur le nantais Loko et le mulhousien Keller.

    À quelques décisions près, Patrice Loko ne serait plus au FC Nantes aujourd’hui. Mais prêté à la filiale de La Roche-sur-Yon avec Maufay et Saint-Guily. « Ça ne m’aurait pas gêné, dit-il. Plutôt que de jouer en réserve, je préférais tenter ma chance en division 2. En tout cas, voir autre chose« . Arrivé d’Amilly au centre de formation du FCN en juillet 1985, cet attaquant de dix-neuf ans était alors à mi-chemin de l’équipe première et de l’étage au-dessous. Difficile de prendre une décision à son sujet. Finalement, c’est Miroslav Blazevic qui donnera le feu vert. Après avoir été un des premiers à vouloir s’en débarrasser. « Ce que je voulais, se défend l’entraîneur nantais, c’est le provoquer. Éveiller chez lui un sentiment de révolte pour qu’il ait envie de se battre. On me l’avait décrit comme quelqu’un de craintif, et je n’ai pas besoin de ce genre de joueur. Jusqu’au jour, lors d’un entraînement, où je l’ai vu pousser Deschamps lui-même pour marquer un but. Là, j’ai décidé de le garder dans le groupe.« 

    Résultat ? Loko a toujours fait partie des treize depuis le début de ce Championnat (dont trois fois titulaire). À l’évidence, cet international minimes, cadets, juniors, né en février 1970, convoité par Monaco, Auxerre et Saint-Étienne après une présélection interligue à Vichy, n’est pas loin d’être mûr. Celui qui le connaît le mieux, celui qui l’a fait et conduit à ce niveau, Reynald Denoueix, avoue : « C’est quelqu’un qui est sensible et qui prendra donc son temps pour réussir. Mais, Il réussira. Quand il est arrivé, sa maîtrise, sa finesse, son adresse nous avaient impressionnés. Il possède toujours ces qualités, mais ne les expriment pas encore au plus haut niveau. Pourquoi ? Il n’est pas encore totalement prêt. En ce moment, il en est au stade des passes décisives, mais dès qu’il se sentira bien, il finira lui-même le travail. »

    Le patron de la D3 à Nantes est catégorique : Loko est intelligent. Et c’est tout, sauf un rêveur. « À l’inverse des joueurs de couleur, il est très respectueux des consignes. » En même temps qu’il marque le coup lorsque Blazevic lui crie dessus. Il est parfaitement réceptif à tout ce que l’entraîneur yougoslave lui raconte. Ce qui lui a permis de retourner en sa faveur l’opinion de ce dernier qui n’était pas forcément positive au départ. Ce qui, à la réflexion, n’est pas évident. Preuve que le garçon a de la qualité. Mais au FCN, que ce soit Gilles Albert, qui s’occupe de la D4, Denouiex ou Suaudeau qui chapeautent la formation, personne n’en a douté une seconde. D’ailleurs, tous les trois sont en train d’en façonner quelques autres façon maison.

    Patrick DESSAULT


    6 octobre 1990

     

    NANTES / BREST : 1-0

    MERCI QUI ? MERCI LOKO !

    Victoire difficile donc victoire savoureuse. Loko a donné un bon coup de main à son club

    (…)D’accord, on aurait préféré un match plus ouvert et, pas conséquent plus spectaculaire, chose que les deux équipes parurent comprendre à l’amorce de la seconde mi-temps, où l’on vit davantage de mouvements et surtout trois occasions de but coup sur coup. Autant dire bien plus que durant les quarante-cinq premières minutes. Deux pour Brest : tir violent de Ginola détourné par Marraud (46e), faute de Desailly exploitée par Martins dont la frappe en coin était mise en corner par l’excellent gardien nantais (49e). Et, afin de rééquilibrer les débats, c’est Loko, sur un bon service d’Eydelie de son aile droite, qui, après avoir bien amorti son ballon, tirait dans la foulée, mais Lama intervenait (50e). Le portier Brestois se détendait bien à nouveau et un peu plus tard sur un centre-tir de Loko.

    À l’évidence, c’est toujours Brest qui appuyait le mieux ses actions, mais sans pour autant parvenir à ses fins. Ce que, en revanche, devait réussir Nantes. Sur un bon travail de Robert, ce dernier glissait la une balle superbe pour Loko, qui s’enfonçait dans le coeur de la défense brestoise et trompait Lama, qui ne pouvait que freiner la course du ballon (59e) (…)

    Patrick Dessault

    Note de Patrice : 6/10

     3 septembre 1992

     

    LE RÉCITAL JAUNE

    Irrésistibles, les Nantais. Ils ont survolé cette rencontre et inscrit cinq buts à des Havrais qui n’en avaient jusque-là encaissé qu’un seul.

    NANTES-LE HAVRE : 5-2 (2-1)
    Temps pluvieux. Pelouse glissante. Bon éclairage. Arbitre : M. Colombo. 8000 spect. environ. Buts : Loko (27e, 43e), Pedros (50e), Ziani (83), Vulic (90e) pour Nantes
    . Bertin (41e) Aubame (86e) pour le Havre. Avertissement : Tiehi (71e) au Havre

    Eh bien voilà. C’est fait ! Nantes a bouclé mercredi en soirée un début de compétition épatant avec trois victoires et deux nuls. Avec deux succès précédents (à Lyon et contre Auxerre) le FCNA a ajouté le scalp du Havre à cette collection qui commence à faire rudement bien dans le décor. Une victoire logique, obtenue face à des Havrais décevants dans à peu près tout ce qu’ils entreprirent. Et comme ils subirent la plupart du temps le jeu des Nantais, vous devinez ce qui s’est passé.

    (…) À la suite d’un travail de N’Doram, Ouédec effectuait un contrôle de trop avant de tenter sa chance (23e). Mais ce que n’avait pas réussi son coéquipier, Loko allait y parvenir. Grâce à une action lumineuse de Pedros sur sa gauche, le jeune attaquant nantais effectuait un petit pont aux dépens de Thouvenel, centrait au premier poteau pour Loko qui reprenait de volée. Piveteau ne pouvant que freiner la course du ballon.

    Loko encore

    C’est à peu près le même cas de figure qui se présentait quelques secondes plus tard, mais Ouédec, sur un centre de Pédros, plaçait sa frappe à côté (…)
    Mais les Nantais ont de la ressource – ils l’ont déjà prouvé – et ne se laissent pas décourager au moindre pet de travers. Une minute après Capron, monté aux avant-postes, adressait à Loko une petite passe lobée que celui-ci reprenait d’une pichenette après que le gardien se fut avancé en vain (43e).
    Du cousu main comme boulot et les Nantais, pour ne pas faire trainer les choses, ni surtout s’exposer à un retour du HAC, accentuaient leur domination dès la reprise. Au bout de cinq minutes en effet, ils prenaient le large grâce à leur duo de choc de la soirée Loko-Pedros, mais ce coup-ci c’était le premier qui était à la passe et le second d’une frappe à mi-hauteur et au ras du poteau droit de Piveteau, trouvait pour la troisième fois l’ouverture dans la garde pourtant réputée des Havrais (50e)
    (…)

    Patrick Dessault

    LE JEU ET LES JOUEURS

    Loko-Pedros, le ticket choc

    Nantes, et on s’y attendait un peu tellement cette équipe est bien dans sa peau, sûre de son jeu et de sa force collective, a de nouveau réalisé une bonne sortie devant un adversaire réputé difficile. Le meilleur verrou de France a en effet explosé à la Beaujoire devant la maestria nantaise, jamais avare de ses efforts. Malgré des conditions délicates, les jaunes nous ont proposé une soirée comme on les aime, pleine de vie, de talent, et surtout, ils ont fait preuve de réalisme, ce qui n’avait jusque-là pas été toujours le cas.

    À Nantes, c’est encore une fois le groupe tout entier qui est à ressortir. Mais nous donnerons une mention spéciale à VULIC, encore, patron des lignes arrières et meilleur buteur actuel du club. Avec lui, CAPRON et LE DIZET ont réalisé un match solide, le premier étant par ailleurs très présent en attaque. Enfin, LOKO, qui a finalement trouvé la récompense de ses efforts, et PEDROS, qui est la classe à l’état pur, sont également à ressortir… Au Havre, on ne voit guère que BERTIN, et encore, qui ait réussi à surnager.

    Patrick DESSAULT


    4 septembre 1992

     

    Lekipe040992L’ORCHESTRE JAUNE

    Nantes a séduit tous les observateurs depuis le début du Championnat. Il le doit surtout à ses jeunes. Revue des troupes.
    Patrice LOKO

    Attaquant
    22 ans, 1,78 m, 74 kg
    Formé au club (1986)
    1er match en D1 : juillet 89 contre Auxerre (Note du site web : avril 1989 contre Bordeaux)
    95 matchs en D1

    Suaudeau : « Au début, il a rendu trop de services sur les côtés, on le faisait jouer le long de la ligne pour qu’il exprime ses qualités. C’est un joueur de contre-pied, très mobile, plus à l’aise dans l’axe. À défaut d’être toujours précis, même s’il a tendance actuellement à gommer ce défaut, Patrice a du flair. Devant, c’est quelque chose d’essentiel. Il court bien, de mieux en mieux en tout cas. Je dirais qu’avec Ouédec, on a enfin trouvé une paire d’attaquants de poids. Ils ont besoin l’un de l’autre, et pour l’heure, c’est Loko qui en profite. Techniquement, il doit encore progresser et pouvoir mieux se concentrer encore. »

    18 janvier 1994

    Lekipe180194

    LOKO, LE CHAÎNON MARQUANT

    … et manquant. Avec lui, Nantes se porte mieux et Nicolas Ouédec aussi.

    Voilà pour le moins un retour aux petits oignons ! Première occasion, premier but. « Huard me réussit bien« , s’est souvenu illico Patrice Loko. L’attaquant nantais ne pouvait rêver mieux pour débuter cette année qu’il espère à l’image de la production nantaise de samedi, et à la hauteur de ses espoirs. Lesquels ont été grandement perturbés en 1993 par une blessure au pied qui l’a laissé sur le flanc presque 6 mois, et dans la foulée par une lésion musculaire de la cuisse qui lui a fait craindre le pire. A tel point qu’à l’entame de la trêve d’hiver, et avant qu’il aille consulter le professeur Saillant à Paris qui lui conseilla le repos et une reprise en douceur, on avait envisagé carrément l’opération qui l’aurait éloigné des terrains deux gros mois encore. Autant dire qu’il aurait dû faire une croix sur la saison 93/94. Mais comme tout homme a besoin d’un coin de ciel bleu dans sa vie, Loko a reçu cette guérison-miracle et ce but devant Bordeaux. Le premier. Celui qui déride une partie. En même temps qu’il réchauffe le cœur. « L’ambiance, le soutien du public aussi, c’est tellement bon, ça fait tellement de bien », précisait-il, après avoir renoué avec une efficacité passée qui l’avait propulsé jusque chez les Bleus en janvier 1993. « La dernière fois que j’ai joué à la Beaujoire, se souvenait-il, c’était contre Toulouse (NDLR : le 29 mai dernier) » mais son dernier but remontait à plus loin encore, à Lille exactement en mars 1993. On veut parler d’un match officiel, sinon le plus récent n’est pas si vieux que cela, puisque c’est lui qui a permis à Nantes d’aligner sa première victoire lors des rencontres amicales, contre la sélection du Maroc à Casablanca.

    Patrice Loko est donc de retour ! Et sa soif de jouer, de vaincre, n’en est que plus évidente « Jusqu’ici, je n’avais fait que deux matchs, mais à l’extérieur (Le Havre et Saint-Etienne) avant de me blesser à nouveau, à la cuisse. Je ne ressens d’ailleurs plus aucune douleur.« 
    Et le nantais est tout disposé à rattraper le temps perdu. Depuis ce vilain pépin contre Rodez, en Coupe, qui n’a constitué qu’une triste suite à son chapelet de malheurs, le sort ne l’avait pas épargné. Le voilà qu’il tourne à nouveau pour lui, ce qui tombe pile pour l’intéressé mais aussi pour Nantes, prêt à boucler une fin de saison de feu, et pour Suaudeau, qui a retrouvé celui qui « symbolise le mieux l’abnégation du joueur, alors que c’est un vrai leader« . Coco est content, autant que son attaquant. « J’ai retrouvé le gagneur qu’il était. Il l’est plus que ses partenaires« . Alors, que demande le peuple ? Juste un peu de chance maintenant !

    Patrick DESSAULT


    14 février 1994

    Lekipe140294

    Nantes fait du rab !

    Seizième de finale de la Coupe de France / Lorient – Nantes : 0 – 2 a.p.

    LE JEU ET LES JOUEURS

    Loko le libérateur

    LORIENT – A la limite, on n’a pas vu un vrai affrontement de Coupe avec l’engagement du petit et les doutes du gros. On a assisté à un match qui a gentiment ronronné, sans donner l’impression que l’une ou l’autre équipe pouvait au bout être éliminée.

    À Nantes, tout le monde est à mettre au même niveau, mais avec une mention à LOKO, qui une nouvelle fois a montré la voie à son club. À Lorient, autour du très bon TRINITA, chacun a rempli son rôle. Danio, bon organisateur se ses lignes arrières, KERHUIEL puissant dans ses montées, les jeunes BOUGER et BOURMAUD se montrant un peu légers au total.

    Patrice DESSAULT


    6 avril 1994

     

    Lekipe060494HONNEUR AU MAILLOT JAUNE

    Les Nantais ont mis fin au record d’invincibilité du PSG en marquant trois buts à une équipe parisienne fatiguée. Les jaunes sont toujours dans la course pour l’Europe.
    […]

    LE JEU ET LES JOUEURS

    La menace Loko

    Les jeunes attaquants nantais ont fait plier la garde de fer du Paris-SG. Pedros, Loko, Ouédec, le tiercé gagnant des Canaris.
    (…) Quant à Pedros, si on ne l’avait guère vu aux avant-postes avant le repos, il devait ensuite être présent dans tous les bons coups. Auteur du deuxième but, et passeur avisé sur le troisième, il a fait très mal au PSG.

    C’est également le cas de LOKO qui a énormément pesé sur la défense parisienne tout au long du match. Constamment en mouvement, hargneux, véloce, il s’est débrouillé seul pour marquer le premier but et fut l’un des nantais les plus méritants. OUEDEC, lui, s’est surtout mis en évidence en seconde période. Il a surtout profité des boulevards qui se présentaient pour créer des brèches et inscrire son 17e but. (…)

    Patrick DESSAULT


    29 avril 1994

     

    Lekipe290494NANTES : LOKO SUR LE DÉPART, PÉDROS PEUT-ÊTRE

    Si les regards portés sur les Nantais l’an dernier par les gros portefeuilles de notre championnat reste aussi perçant cette saison, les données n’ont pas pour autant changé.
    D’un part, Guy Scherrer, s’il maintient qu’il n’y aura pas à Nantes en juin prochain « de départs dont on peut faire des gorges chaudes » ne tient pas non plus à « entraver la carrière d’un joueur qui aura tout à gagner en quittant le FCNA« .

    D’autant plus si les discussions entamées n’aboutissent pas comme c’est le cas avec Patrice Loko. Il apparaitrait, chacun restant sur ses positions, que l’attaquant international (qui doit encore un an de contrat à son club car il a joué plus de 130 matchs en D1 en quatre ans) va quitter la Loire-Atlantique très bientôt. En théorie, afin que chacun s’y retrouve, le joueur devrait accepter une prolongation de contrat et partir dans la foulée, imitant ainsi Marcel Desailly en juin 1992. Nantes avait alors empoché 10 MF. Mais en pratique…
    À moins que le PSG, qui apprécie beaucoup le talent de Pedros, lequel n’est pas non plus insensible à la région parisienne, fasse des propositions fermes à Nantes pour son gaucher passeur-meneur. Auquel cas, on peut imaginer le deal suivant : Pedros à Paris pour 15 MF, Nantes prolonge le contrat de Loko qui, ce coup-ci, demeure au FCNA. Possible.

    (…)

    Patrick DESSAULT

    19 août 1994

     

    Lekipe190894OUEDEC – LOKO

    Meilleurs buteurs tous les deux du Championnat, les Nantais se régalent, et le public avec.

    Le tandem de l’été

    Les chiffres s’enfilent comme des perles autour du coup d’un championnat qui a déjà les yeux sur eux. Sur des Nantais productifs et forcément efficaces avec Nicolas Ouédec et Patrice Loko, meilleures gâchettes (3 buts) et Raynald Pédros, passeur de première (deux services décisifs déjà). En clair, Ouédec marche sur ses propres traces puisqu’il a terminé l’exercice précédent à la première place en compagnie de Djorkaeff et Pedros a pris résolument le même chemin que l’an passé, clôturant ce classement particulier en tête (douze passes décisives) devant Enzo Scifo (bloqué à 9)
    En fait, la nouveauté vient de la qualité Ouédec/Loko, ce dernier s’était hissé cette fois-ci à la hauteur de son cadet d’un an. Pour cause, le pauvre Patrice avait dû patienter 6 mois avec une blessure au pied à rallonge avant de reprendre.


    20 août 1994

     

    UN BUT VENU D’AILLEURS

    Au terme d’un match équilibré, c’est un but extraordinaire de Loko qui a permis aux Nantais de s’imposer face à une formation parisienne en progrès mais toujours inefficace.

    (…) En effet, après que Ricardo a inquiété Marraud, le contre fuse aussitôt et Nantes obtient une touche que Cauet ne traine pas à jouer. C’est bien vu car Loko non plus ne met pas cent sept ans à chercher la solution adequate. Il lobe simplement son garde du corps Cobos pour l’occasion. Pedros prolonge toujours de volée et Loko qui a suivi l’action reprend l’action à mi-hauteur et trompe Lama (18e).

    Du travail à la nantaise, superbement ciselé comme d’habitude et le PSG ne peut que constater les dégâts. Sur son banc, Fernandez s’agite, mais le FCNA vient de réaliser  le plus que parfait comme action de jeu : vitesse, réussite, ingéniosité, virtuosité. Si bien que l’entraîneur du PSG n’a pas grand-chose à reprocher à ses joueurs. (…) Le PSG déplore en effet un but dans les gencives à la mi-temps et il sait par conséquent ce qu’il lui reste à faire. Ce qu’il a entrepris en fin de première période, il doit le poursuivre inlassablement, en n’oubliant pas cependant que les Canaris ne sont jamais meilleurs que lorsque l’équipe d’en face doit se découvrir pour refaire le terrain perdu. Une configuration à l’extérieur quasiment, qu’ils apprécient. Notamment leurs attaquants, et plus particulièrement un Loko assoiffé de course, un Loko à son meilleur qui bouscule pas mal de monde sur son passage. Il n’est d’ailleurs pas loin, d’entrée, de tuer la partie définitivement, mais, parti seul, il pousse son ballon un poil trop loin avant d’être récupéré par Roche (48e) (…)

    Patrick Dessault

     

    LOKO S’EN SOUVIENDRA

    Auteur d’un but magnifique, en tête du classement des buteurs à l’issue de cette soirée avancée, l’attaquant nantais n’oubliera pas de sitôt son match contre les Parisiens.

    « C’est beau de réussir en match ce qu’on a répété à l’entraînement ». Patrice Loko commentait ainsi dans nos colonnes hier matin son entente avec son pote de toujours Nicolas Ouédec. Il ne pensait pas prouver une fois de plus dans la soirée la vérité de cet adage devant les Parisiens (…)

    D’un de nos envoyés spéciaux à Nantes, Frédérique Galametz

     


    28 octobre 1994

     

    LOKO À PLEIN RÉGIME

    À la fin des années 80, Blazevic l’avait pratiquement condamné à la D2. Mais après dix ans à Nantes et cent cinquante-sept matches de D1, le protégé de Bud est devenu indispensable. Histoire d’un joueur programmé.

    Imaginez la scène ! Un Robert Budzinski, rentrant en pleine nuit de Sully-sur-Loire en voiture et filant vers Nantes, obligé de s’arrêter deux ou trois fois sur le bas côté de la route. Embarrassé ? Sérieusement ballonné, oui. « Un truc pas possible » se souvient-il.
    C’était en 1985, et Il revenait dare-dare de chez les Loko avec lesquels il avait diné. « Sa maman, d’origine polonaise comme moi, m’avait fait un plat de légumes verts que j’adore, et j’en ai pris, et j’en ai pris tellement c’était bon… » Trop !

    Le directeur sportif nantais ne regrette pas aujourd’hui d’avoir été aussi gourmand et barbouillé de sa vie, même si on comprend facilement que sa mémoire ait conservé intacte cette anecdote. Cependant, au-delà de cette anecdote, il lui est facile, presque trop, de parler de ce joueur qu’il a toujours défendu. « Contre le reste du monde à un moment… » Un gars à l’anglaise, à la mentalité impeccable « car il ne calcule pas et ne chipote jamais sur un terrain…« 

    En clair, il en donne pour son argent. C’est vrai que personne, ici, à Nantes, ne gardera le souvenir d’un Loko glandeur et fumiste. Et ce n’est pas parce qu’il est aujourd’hui propulsé en tête des buteurs du championnat que son image va soudainement se brouiller. Son altruisme dans le jeu, sa discrétion dans l’existence le conduisent davantage à fréquenter le concret qu’à tutoyer l’éphémère et apprécier le clinquant.

    « Je n’aime pas me mettre en avant « 

    Lorsqu’il dit : « Je ne veux pas être jugé au nombre de buts que j’inscris, même s’ils me font plaisir, je veux surtout que l’on retienne tout ce que j’entreprends sur un terrain« , c’est à la fois tout lui et tout Nantes. Tout lui, car ce n’est pas quelqu’un « qui aime se mettre en avant » comme il le répète. Tout Nantes, car en Loire-Atlantique on ne conçoit pas un rôle restrictif pour l’attaquant, fût-il meilleur buteur. « La récupération chez nos gars de devant est élevée chez nous, à la hauteur d’une institution« , rappelle Budzinski.

    Et Loko, qui l’a parfaitement assimilé, fait corps avec cette façon de voir les choses depuis presque dix ans qu’il est là. « Mais je ne voudrais surtout pas que l’on se fasse une fausse idée de moi, qu’on me confonde avec un vrai buteur que je ne suis pas, car je suis moins adroit que d’autres devant le but. J’ai progressé, c’est vrai. Et quand je suis bien physiquement, je pense que je transforme environ quarante pour cent de mes occasions de but. J’ai appris à gérer mes courses, à bien coordonner mes mouvements avec celui des autres attaquants, je me concentre davantage aussi devant le but, ce qui fait que je ne perds plus mon sang-froid aussi facilement qu’avant. Je finis aussi mieux mes matches car je répartis mieux mes efforts. » Fruit de dix années et plus de travail, résultat aussi de cent cinquante-sept matchs de Première Division.

    « Mon objectif, c’était douze buts »

    Car, en définitive, le parcours de cet international qui file sur ses vingt-cinq ans, a pour ainsi dire, été programmé. Sans à-coup.
    Quand on exhume de nos archives un avis de Reynald Denoueix datant de septembre 1990, on le comprend mieux encore. « C’est quelqu’un de sensible qui prendra donc son temps pour réussir, mais il réussira. En ce moment, il en est au stade des passes décisives, mais dès qu’il se sentira bien, il finira lui-même le travail« , expliquait l’éducateur nantais. Lequel a bien saisi le profil de son élève. Qui l’admet : « Je ne suis pas quelqu’un qui a grillé les étapes. Tout ce que j’arrive à faire désormais, j’y suis parvenu petit à petit. Dans ma carrière, il y a une continuité que j’apprécie.« 

    Tout vient en son temps pour ce jeune homme qui n’est pas monté en graine, un poil plus vieux que ses coéquipiers, plus mûr aussi. Ses dix buts – « Mon objectif était d’en marquer douze cette année, je devrais y arriver. » – et son nouveau statut chez les Bleus lui donnent un moral qui I’aide davantage encore à se réaliser sur une pelouse.

    Un moral qu’il a bien failli perdre en 1988 quand rien ne collait au FC Nantes, quand il a failli partir dans la filiale vendéenne de l’époque, La Roche-sur-Yon, pour s’aiguiser les dents, parait-il. Curieusement, c’est Miroslav Blazevic qui l’a retenu après avoir été l’un des premiers à souhaiter s’en débarrasser. « Ce que je voulais, nous a expliqué l’entraineur croate, c’était le provoquer. Éveiller chez lui un sentiment de révolte pour qu’il ait envie de se battre. On me l’avait d »écrit comme quelqu’un de craintif et je n’avais pas besoin de ce genre de joueur. Jusqu’au jour, lors d’un entraînement, où je l’ai vu bousculer Deschamps lui-même pour marquer un but. Alors là, je n’ai plus hésité ! « 

    On dit aussi que Budzinski a insisté auprès de Blazevic pour reconsidérer, sa première décision. Toujours est-il qu’à partir de ce moment, Patrice Loko a fait ses premières apparitions en Division 1, excentré, le plus souvent, sur le flanc droit.

    Le pli était pris. Loko, originaire du Loiret, licencié à Amilly, poussé au foot par son père, ancien joueur amateur et éducateur à Orléans, venait d’entrer dans la carrière. « Et je suis certain qu’il va aller loin », conclut Bud, qui se doute bien qu’un jour, l’envie de son joueur le poussera à partir. « J’aurais vécu dix ans dans le même club, confie l’intéressé, et à un moment de votre vie cela devient une nécessité de s’en aller. » En fin de saison ?

    Pas sûr, surtout si le FCNA joue l’an prochain en ligue des champions !

    Patrick DESSAULT

     


    21/03/1995 (n° 2554)

     

    TRANSFERTS – Les têtes d’affiche

    Patrice Loko (Nantes)
    Né le 6 février 1970 à Sully sur Loire

    Attaquant
    Club : Nantes
    Matchs : 171
    Buts : 37

    Sélections : 6
    1992-1993 : Nantes, 35 matchs, 6 buts
    1993-1994 : Nantes, 17 matchs, 5 buts
    1994-1995 : Nantes, 28 matchs, 18 buts
    1 an de contrat

    Manager : Henri Zambelli
    Estimation : 15 MF

    De la bande des Nantais, Patrice Loko est le dernier à avoir explosé. Un drame familial l’avait profondément marqué l’année dernière, et on lui reprochait de ne pas assez marquer. Depuis, Patrice a retrouvé son équilibre, il est le meilleur buteur du FCNA et sa place en sélection est indiscutable. Les offres ne manqueront pas d’affluer dans le bureau de Jean-Claude Suaudeau, et on dit même que le PSG souhaite le prendre en même temps que Karembeu… Loko à Paris ? Fernandez en rêve !

     


     Juin 2015

    Paris Saint-Germain F.C.

    23 septembre 1995

    Lekipe230995PARIS-SG STRASBOURG : 2-0

    PARIS À LA RELANCE

    (…) Loko rentre
    Pour attaquer la seconde période, Allou a remplacé Cobos dans les rangs du PSG. Mais c’est Loko que le public réclame. Un public qui n’a guère l’occasion de vibrer sur des phases de jeu, les déchets techniques étant trop fréquents de part et d’autre. On en veut pour preuve cette action à trois Fournier-Djorkaeff-Allou qui se termine par un tir beaucoup trop mou du dernier nommé (55e).
     

    Le PSG gère son avance en père peinard tandis que Strasbourg n’a visiblement pas les moyens de lui contester sa suprématie. En s’y efforçant tout de même, les Alsaciens dégarnissent leur arrière-garde au profit plus souvent d’un Fournier qui s’y entend pour avaler les espaces. C’est encore lui que l’on retrouve sur le côté droit pour adresser un centre au deuxième poteau à destination de Djorkaeff. Après avoir un peu tergiversé, Youri alerte Allou qui laisse filer pour Dely Valdes. Le Panaméen ne se faisant pas prier pour expédier le ballon sous la barre (64e). Et de huit !
     Voilà qui a le don de réveiller le public. On a même droit à une « Ola » très généreuse compte tenu du spectacle proposé. Enfin, le PSG tient sa victoire et c’est bien là l’essentiel pour lui après sa défaite à Montpellier.

    Luis Fernandez doit le sentir. À la 78e minute, il donne satisfaction aux supporters en remplaçant Dely Valdès par Loko. Ovation dans les tribunes ! Mais grosse frayeur quelques minutes plus tard sur un tir croisé de Baticle qui rase le poteau (82e), rapidement suivi d’une combinaison qui place Frankowski seul devant Dutruel, la gardien parisien sortant vainqueur de ce duel (85e).
    Trop tard, le PSG a course gagnée. Aujourd’hui, c’est le coeur léger que les partenaires de Guérin se rendront à Châteauroux pour participer aux Vendanges dans les vignes de Michel Denisot, passant ainsi d’une récolte à l’autre.

    Remy LACOMBE

     

    LOKO A JOUÉ !  

     Lundi, Luis Fernandez confie qu’il « faut laisser passer la semaine ». Mercredi, il a sa « petite idée ». En fait, c’est ce jour-là qu’il prend la décision : Loko sera sur le banc contre Strasbourg. Jeudi, les Parisiens partent au vert à midi à Saint-Quentin-en-Yvelines et s’entraînent sur place. L’ancien nantais ne les rejoint que dans la soirée
    Fernandez ne va toutefois prendre qu’un minimum de risques en faisant rentrer Loko à douze minutes de la fin, alors que le PSG mène 2-0. Le public lui réserve un accueil très chaleureux. Mais il faut patienter près de dix minutes pour le voir toucher son premier ballon, qu’il rend aussitôt à Colleter sur une rentrée en touche. Ce n’est qu’une petite passe pour l’équipe, mais un grand pas pour Loko.
    Au coup de sifflet final, il quitte la pelouse en compagnie de son ami Le Guen et reçoit au passage les tapes amicales des ramasseurs de balles. « Tout le monde est content de son retour » commentera Michel Denisot ».
    « Patrice m’a avoué qu’il devait encore beaucoup travailler pour retrouver le rythme, ajoutera Fernandez. Enfin, j’ai beaucoup apprécié le comportement du public à son égard. J’avais besoin de sang neuf. C’est pour cela que j’ai fait rentrer Patrice un quart d’heure. Il a beaucoup couru. Il sera très certainement dans les seize contre Mölde. Il fait partie de nouveau du groupe depuis le début de la semaine et sa présence dans le groupe ce soir était décidée depuis deux jours. Nous l’avons caché pour qu’il n’ait pas sur lui une pression médiatique excessive. Le public a été génial avec lui, mais aussi avec toute l’équipe. »
    Jacky Duguépéroux, lui, a refusé de s’exprimer face à la presse.

    Remy LACOMBE et Pierre MENÈS

     


      25 septembre 1995

    Lekipe250995LOKO TITULAIRE CONTRE MOLDE

    Avec l’assentiment de Fernandez, la sérénité du médecin et la confiance de ses coéquipiers, Patrice Loko jouera jeudi en Coupe d’Europe. Il semble bel et bien sorti de son cauchemar.

    La casquette est toujours à l’envers. Mais il semble bien que cet accessoire soit le seul élément qui ne soit plus dans le bon sens chez Patrice Loko. Son visage est reposé, serein. Même s’il est toujours accompagné d’un « stewart » pour quitter le Camp des Loges. Patrice prend son temps. Il discute avec des amis, signe des autographes, fait des photos.

    Loko a rejoué quatorze minutes en D1 contre Strasbourg vendredi au Parc des Princes et cela prouve qu’il est désormais sorti du mauvais rêve où il s’était plongé. Si le docteur Lepage reste évidemment très prudent, la tendance est à l’optimisme. « On ne peut jamais dire que l’on est guéri de ce genre de choses, mais Patrice est de toute évidence sur la bonne voie. Je n’ai ressenti aucune appréhension lorsque je l’ai vu rentrer sur la pelouse du Parc. Il faut dire que le public a été génial avec lui. Aujourd’hui il ne prend presque plus aucun médicament, en tout cas rien qui puisse lui nuire au niveau de la vivacité comme c’était le cas auparavant. »
    Et le docteur Lepage de prendre congé avec une réflexion qui en dit long : « Je me sens beaucoup mieux ».

    Luis Fernandez est moins bavard sur le sujet. De toute évidence, l’entraîneur parisien a envie de banaliser au maximum le retour de son attaquant, de ne pas faire de chacun de ses pas un évènement exceptionnel. « Désomais, Patrice fait partie intégrante du groupe. Contre Strasbourg, même s’il a très peu touché le ballon, il a beaucoup bougé et fait des appels. Je l’ai trouvé concentré et silencieux. Maintenant, Patrice doit travailler à l’entraînement pour retrouver un meilleur niveau. »

    « C’est le jour et la nuit »

     Loko sera titulaire contre Molde ? Fernandez annonce : «J’ai ma petite idée là-dessus ». Autant dire que la réponse est oui. Il n’y a d’ailleurs pas besoin de forcer Luis pour qu’il confirme la nouvelle : « Oui. Patrice va débuter la rencontre ».
        Pendant ce temps-là, Patrice est reparti chez lui sans dire un mot comme l’exige Mme le Juge qui suit son dossier. Ses coéquipiers sont heureusement plus bavards, ce qui ne fut pas toujours le cas sur un sujet où il leur a été, l’espace de quelques semaines, demandé de garder un silence pudique. En plus, quelques joueurs parisiens commençaient à être exaspérés à la fois par l’attitude de Loko et par celle des médias. Dans ce domaine également, tout est rentré dans l’ordre.
        Pascal Nouma, un des proches de Loko, résume la pensée générale : « Honnêtement, c’est le jour et la nuit. Avant, il ne parlait que pour se vanter. Aujourd’hui, il est bien, calme, doux, gentil. Maintenant c’est à l’entraînement, sur le terrain, qu’il doit revenir à 100%. »
        Youri Djorkaeff, qui connait Loko depuis des années – ils ont fait leur armée ensemble – l’a beaucoup observé durant son retour contre Strasbourg : « Nous avons pas mal parlé ensemble, notamment durant la mise au vert où il ne semblait pas avoir d’appréhension particulière. Sa rentrée constitue une bonne mise en route. Il est cohérent dans ses gestes. De toute manière, c’était l’homme qui était malade, pas le joueur. Aujourd’hui, il est effacé, tranquille. Il faut être naturel avec lui et ne pas employer de langage spécial. Il a désormais besoin de retrouver sa confiance sur le plan sportif. On y croit tous ! »

    Loko est déjà revenu un joueur. Pour le buteur et l’international, il suffit maintenant d’être patient.

    Pierre MENÈS

     


      26 septembre 1995

    MAHÉ LE JOURNAL INATTENDU

    En compagnie de Stephane Mahé, Parisien émancipé et ex-enfant terrible de Bourgogne, balade sur une planète foot chahutée par les violentes turbulences qu’elle mérite. Avenir Perso, retour symbolique de Loko vendredi dernier au Parc contre Strasbourg, furia autour de Patrick Viera… Le tout sur l’air de Foule sentimentale.

    Accessoirement, Stephane Mahé fredonne volontiers quelques acidités de Renaud, avec un net penchant pour le Sirop de la rue et ses douces émanations de l’enfance. Principalement, ce type de vingt-sept ans, arrière gauche de formation et stoppeur parisien par obligation, joue de la balle dans la capitale après onze ans dans la vitrine de l’AJA. On choisirait quant à nous plutôt Souchon pour le laisser musarder dans l’ère du temps, pour le faire s’éterniser sur sa situation personnelle comme sur les dispersions, du milieu qu’il fréquente. Pourquoi le foot ne générerait-il pas lui aussi les « Claudia Schiffer et Paul-Loup Sulitzer » qu’il mérite ? « Bien sûr, c’est kif-kif. Moi, je suis tranquille, je ne suis pas à la mode ».

    Catapulté à Paris en ce début de saison après avoir rué à maintes reprises dans le patriarcat de Guy Roux, Mahé est devenu adulte seul, en Bourgogne, « et surtout pas grâce à mon ex-entraineur, dont l’intérêt n’est justement pas d’aider ses joueurs à mûrir… » Un petit garçon à couver, une famille comme point d’ancrage, et les mêmes énigmes à résoudre que celles de ses collègues footeux. « Voir Pat Loko rejouer, c’est un profond plaisir pour moi. je partageais sa chambre avant ce match contre Strasbourg. C’est un type bien, cool, que j’ai connu en A’, et à qui il est arrivé quelque chose qui peut tomber sur la tête de tout le monde. Moi y compris. »
    […]

    « Pat reprend goût à la vie »

    Propre et libre dans son boulot, la tête balisée par ses propres repères (« Mon fils avant tout. S’il le faut, j’abandonne tout pour lui. »), Mahé pratique aussi le respect tous azimuts. « C’est bizarre, peut-être, alors qu’aujourd’hui l’égoïsme règne partout. Mais je ne veux pas juger, et j’espère que personne ne juge Loko. Nous avons fait ce qu’il fallait dans l’équipe pour qu’il aille mieux. Et lui assume. Il sait ce qu’il a vécu, il en a pris conscience. Pat reprend goût à la vie et j’en suis personnellement heureux. »

    Heureux pour lui. Heureux pour les 33 000 personnes au Parc, encore « foule sentimentale », qui ont longuement acclamé l’ex-Nantais lorsqu’il a remplacé Dely Valdes, vendredi dernier lors de la victoire parisienne sur le Racing. Pour quatorze minutes de jeu. « Tout va vite. On s’est dispersés après le match, comme d’habitude, sans contact particulier, mais il souriait ». Chacun chez soi ? « Non, Paris n’est pas le club déshumanisé que l’on prétend. Ici, tu es considéré comme un adulte, on te responsabilise. Rien à voir avec Auxerre, où l’on ne te voit même pas mûrir, où l’on ne se rend même pas compte que tu es

    devenu un homme. A Paris, Luis aime ses joueurs et mérite, entre autres, qu’on le respecte pour cela. »
    […]

    Aujourd’hui, Stephane Mahé s’accommode « d’une vie libre », tend encore à « se libérer semblablement dans le jeu » et n’oublie pas qu’à quatorze ans, alors qu’il épousait la vie trépidante de footballeur, le lait lui coulait encore des narines. « Quand je suis arrivé à Paris, je me sentais fier d’évoluer avec un gars comme Loko. Aujourd’hui, je le suis encore plus ». Chic et sain, Stéphane Mahé. Ouf.

    Damien RESSIOT

     


      29 septembre 1995

    Lekipe290995PARIS-SG – MOLDE : 3-0

    UN HOMME DANS LE MATCH

    LOKO RETROUVE SON MONDE

    Il a disputé hier son premier match complet au Parc des Princes. Malgré sa bonne volonté, il n’a pas marqué.

    Patrice Loko court. À droite, à gauche, devant, derrière. L’attaquant du Paris-SG, titularisé pour la première fois de la saison au Parc des Princes, n’a pas vraiment de repères. Chacun de ses gestes respirent l’hésitation.
        Pourtant, sur son premier ballon, guetté par tout le stade, le contrôle de la poitrine est impeccable. La suite est un peu plus brouillonne.
        Il est bien au départ de l’action conclue par le premier but de Pascal Nouma, mais cela ne suffit pas. L’ancien Nantais est lent, battu par ses adversaires directs sur chaque course.
        Passé à droite, il continue à appeler la balle à contre-temps, embarquant ses partenaires sur de fausses pistes. Mais il manque visiblement de souffle.
        Youri Djorkaeff lui offre une magnifique ouverture, mais son sprint n’en n’est pas franchement un et les Norvégiens sauvent la situation. Loko se replace en marchant, les mains sur les hanches, à la recherche d’un peu d’air. Il n’est pas toujours dans les bons coups, tandis que son compère de l’attaque, Pascal Nouma, fait un numéro conclu par un deuxième but. Peu à peu, ses partenaires orientent le jeu à l’opposé. Loko trottine gentiment là-bas, de plus en plus excentré.

    Il avait marqué

    Il ne reste plus qu’un quart d’heure avant le repos. Servi par Francis Llacer, Loko vient de manquer un contrôle. Il profite pourtant d’un bon travail de Djorkaeff pour accompagner le ballon dans le but vide (33e). Il était là au bon moment. Mais l’arbitre a sifflé un hors jeu inexistant. Loko ne marquera pas cette fois.
        À la reprise, le meilleur buteur du dernier Championnat est toujours là. Sa remise en confiance ne saurait tolérer un désaveu précoce et inutile. D’autant que Loko remue davantage. Toujours à son rythme. La plupart du temps, ses appels de balle, plus nombreux et plus tranchants qu’en première période, restent sans réponse. Malgré sa bonne volonté, il demeure encore trop timide. Toutefois, il se montre plus entreprenant à l’heure de jeu.
        D’abord un centre qu’il reprend légèrement au dessus de la barre transversale de Bakke. Ensuite, une balle venue de la gauche : seul dans la surface, il tarde à se retourner et se fait chiper le ballon (65e). Quelques instants plus tard, il décoche un tir des trente mètres, comme s’il voulait provoquer un déclic.
        Mais rien ne sourit. Surtout pas la chance. En ce début d’automne, Patrice Loko a fait un match de rentrée. Le sien, celui qu’il n’a pas pu jouer depuis plus de deux mois. Youri Djorkaeff avait beau dire : « C’est l’homme Loko qu’il fallait retrouver », le joueur n’est pas tout à fait là. Ses premières quatre-vingt-dix-minutes d’affilée sous le maillot du PSG se terminent. Il n’a pas marqué. Ce sera pour une autre fois.

    Fabrice JOUHAUD

     


      20 octobre 1995

    Lekipe201095PARIS-SG – CELTIC GLASGOW : 1-0

    Un homme dans le match

    LOKO TIENT LA DISTANCE

    Il n’a pas marqué de la soirée. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tout tenté. Ce n’était pas encore son soir. Rendez-vous à Glasgow.

    La coupe d’Europe, ça doit forcément avoir un goût spécial pour lui. Son véritable retour avec le PSG, il l’a signé contre Molde il y a un peu plus de trois semaines avec le succès qu’on sait pour son équipe (3-0). Alors cette fois contre le Celtic Glasgow, avec quelques matchs de plus dans les jambes et un premier but inscrit en compétition officielle cette saison (contre Rennes, 1-1), on se dit que la décision peut venir d’un de ses pieds ou de sa tête. D’autant plus que Luis Fernandez l’a quand même bien souvent laissé seul à la pointe de l’attaque parisienne. Histoire qu’un de ses démarrages, voire un petit coup de patte placé à bon escient, ait raison de Gordon Marshall, le gardien écossais.

    Une tête sur le poteau

    Et globalement, ça démarre plutôt pas mal pour « Pat ». Sans doute inspiré par ses potes de Nantes la veille et surtout son grand ami Nicolas Ouédec qui a su lui parler voire le secouer lors des moments difficiles, l’attaquant parisien se rue sur les buts écossais. Il obtient le premier corner de la partie. Ça rassure. Sur une action vigoureusement lancée par Raï, une petite aile de pigeon à destination de Djorkaeff peut aider à mettre en confiance. Mais un défenseur du Celtic s’applatit lourdement sur l’ex-monégasque et met fin à l’occasion. Au bout d’un quart d’heure de jeu, Patrice peut un temps croire au bonheur, mais sur une ouverture bien ciselée de Fournier, sa reprise de la tête ne trouve que le poteau. Le poing s’élève dans le ciel, de dépit et de rage confondus. Comme s’il pressentait que la possibilité de prendre le large n’allait pas se reproduire de si tôt.

    Juste pressentiment. S’il truste pas mal de ballons, s’il se bat sur tout ce qui passe, s’il fait admire sa pointe de vitesse se plus en plus aiguisée, rien ne franchit la ligne de but. Et à Paris, c’est bien là l’essentiel. Surtout pour un match aller de la Coupe d’Europe.
    Qu’importe ! Il essaye et essaye encore. Quand l’arbitre siffle une faute contre lui en fin de première période, il balance un grand coup de pied dans la terre. De colère. Un attaquant n’a qu’une vocation : marquer. Et si ça ne passe pas, il ne peut pas être franchement content de lui. Même si les supporters d’Auteuil et de Boulogne ne mégottent pas sur les encouragements. Sur un – trop – longue ouverture de Bravo, il se lance dans une course éperdue. Au cas où. Ça ne passe toujours pas. Sûr que Loko doit regarder – par instant – la pendule du stade. Et voir les minutes qui s’egrènent. Ses appels se renouvellent. On le voit même s’arracher au milieu du terrain, presque sur la ligne de touche, récupérer un ballon et réussir une talonnade en pleine course sur Fournier juste après la pause. Se battre, se battre pour enfin marquer et donner de l’air à tout le stade. Il ne ménage pas sa peine.  » Il a progressé, se réjouit Luis Fernandez. Il a beaucoup appelé la balle ce soir. On n’est plus très loin de retrouver le grand Patrice Loko qu’on a connu la saison dernière. Ça fait plaisir. « 
    Appel à gauche, appel à droite, tentative de débordement d’un côté puis de l’autre, Patrice se multiplie devant le but de Marshall. Le Parc retient son souffle mais le ballon choisit toujours une route opposée. La déliverance ne passera pas finalement par ses pieds, mais par ceux de Djorkaeff. Pas grave ! Marshall enfin battu, Loko n’est pas le dernier à courir embrasser son partenaire. Heureux de sa réussite et de celle de son équipe. Quelqu’un a marqué : on vous l’a dit plus haut, pour Paris c’était l’essentiel.

    Frédérique Galametz.

     


    3 novembre 1995

    CELTIC GLASGOW / PARIS-SG : 0-3

    ET VOILÀ LE PRINTEMPS

    Avec un doublé de Loko et un but de Nouma, les parisiens ont assuré, de belle manière et sans jamais douter, leur accession aux quarts de finale de la C2 au mois de mars.

    (…) Les supporters parisiens vont être rapidement rassasiés grâce à un Loko cette fois bien rodé. Après avoir vu, sur un bon décalage de Djorkaeff, une nouvelle frappe repoussée par Marshall (33e), l’attaquant parisien ne rate pas son coup trois minutes plus tard sur un tir de Fournier repoussé par le gardien écossais. Il est à l’affût et sa reprise du droit libère le PSG. Sa joie et celle de tous ses partenaires en témoignent.

    Loko blessé au pied

    On se dit que l’affaire est bien engagée. Mais décidément, Paris a pris de bonnes résolutions comme on a pu le constater cette dernière quinzaine. Pas question de laisser passer l’occasion de doubler la mise et de se dégager complètement « la route du printemps ». Alors à trois minutes de la mi-temps, sur un centre de Guérin, Loko, au premier poteau reprend le ballon d’une volée du plat du pied droit et double le plaisir.
    (…)

    Headpark applaudit. Ses troupes, puis celle du PSG. Ça s’appelle le fair-play.

    Frédérique GALAMETZ.

     

    LE RETOUR DU BUTEUR

    Patrice Loko a inscrit ses deux premiers buts depuis sa rentrée il y a un peu plus d’un mois. Meilleur buteur la saison dernière, il informe qu’il est à nouveau au top.

    LOKO : Il a joué seul en pointe durant son heure de présence sur la pelouse de Headpark. Il a beaucoup couru, toujours cherché le meilleur appui. Mais surtout, il a marqué deux buts d’attaquant qui annoncent son grand retour au top niveau. On a retrouvé le Loko de Nantes. Et ça fait vraiment plaisir.

    Pierre MENÈS

     

    RÉACTIONS

    Loko : « Merci à tous »

    Forcément, le sourire est radieux. Après « l’affaire » de la nuit du 19 au 20 juillet, après plusieurs semaines d’inefficacité, après deux buts refusés pour des hors-jeu inexistants contre Molde et Metz la semaine dernière, après ce doublé de belle facture en coupe d’Europe, qui plus est sur un terrain adverse. Patrice Loko a enfin pu laisser éclater sa joie hier soir à Glasgow. Sans débordement particulier, mais avec juste ce qu’il faut de quiétude pour comprendre qu’il vient de franchir un nouveau palier.
        « C’est important pour moi de marquer, mais aussi pour l’équipe. Le premier but surtout car il nous libérait. J’ai pu suivre un ballon relâché par le gardien. Je le fais toujours. Ce soir, ça a encore marché. On a tous fait un très bon match, il ne fallait surtout pas prendre de but et on a tous réussi à bien quadriller le terrain. Je ne suis pas encore à 100%, plutôt à 80%. Même si, avec mes partenaires, tout va de mieux en mieux. On se trouve bien sur le terrain avec Youri et Rai. Il me reste à m’améliorer, notamment dans mes courses, mes appels, au niveau de la prise de risques.
    C’est vrai que c’était important pour ma confiance de marquer ce soir, surtout après les deux buts valables qu’on m’a refusés. Mais je préfère finalement qu’on me laisse marquer ces deux-là. Ils sont plus importants pour mon équipe. Sur le premier but, tous mes partenaires sont venus m’embrasser et m’ont dit : « enfin on t’accord un but ! » C’est capital et je remercie tous mes coéquipiers. Ils m’aident au fil des matchs. J’en profite aussi pour remercier le public parisien. J’ai trouvé au PSG des gens qui ont su me comprendre. Aujourd’hui, je peux leur montrer que je suis capable de faire de bonnes choses. J’essaie de retrouver le niveau qui était le mien auparavant. Je ne me suis pas fixé de délai pour l’atteindre et j’espère que cela reviendra très vite, même si je sais que c’est très difficile. »

    F.G. et P.M.

     


      4 novembre 1995

    Lekipe051195

    LOKO POUR L’AMOUR DU JEU

    Malgré ses deux buts contre le Celtic, jeudi (3-0), l’attaquant parisien n’est toujours pas satisfait de ses prestations. Dès demain soir, contre Nice, il veut retrouver son niveau et rendre très vite à son club tout ce qu’il estime lui devoir.

     La journée est passée si vite. Il y a eu d’abord de longues heures consacrées à chercher le sommeil. Puis une séance de soin pour une cheville gauche douloureuse (qui ne devrait pas l’empêcher de jouer contre Nice demain) et un petit entretien avec Luis Fernandez ont eu raison de l’après-midi. Patrice Loko n’a même pas eu le temps de revoir le match ou du moins les deux buts qu’il a marqués contre le Celtic Glasgow.
        Au fond, peu lui importe. L’intérêt des médias pour son doublé européen, les félicitations des supporters pour un retour au sommet plus rapide que prévu. Il s’en moque même carrément : « Je ne sais pas si j’ai fait un grand match », explique-t-il très posé, alors que pour la première fois depuis des semaines il accepte de commenter ses matchs au PSG. « J’ai fait mon boulot à Glasgow. Chaque joueur avait sa tâche à remplir, j’ai fait la mienne. Mes deux buts ont servi la qualification, surtout le premier qui nous a libéré. »
        On attendait plus de joie débordante, peut-être même une réflexion du genre : « Ça y est, je suis revenu ». Erreur. Sans chercher à la jouer tout bêtement modeste après ses douloureuses mésaventures de l’été, l’attaquant parisien ne peut s’empêcher de constater qu’il n’est pas encore revenu à son niveau de la saison dernière : « L’an passé, j’ai fait une bonne saison parce que j’ai mis des buts mais aussi parce que j’étais bon dans le jeu, par rapport à l’équipe. Je montrais ce que je savais faire avec un ballon. Aujourd’hui, il me manque encore 20% pour retrouver le niveau de jeu qui était le mien. »

    «  Je ne suis pas un buteur »

    Alors deux buts, même en Coupe d’Europe, ne suffisent pas. « Évidemment, marquer des buts, c’est important, reprend-il. Mais moi, je ne suis pas un buteur, je suis un attaquant qui aime participer au jeu, trouver des espaces, provoquer des adversaires. Et tant que je n’aurais pas retrouvé mes sensations au niveau du terrain, je ne serai pas satisfait. Je ne m’arrête pas à deux buts marqués. Il y a des joueurs qui marquent deux buts et qui font un mauvais match. Moi, je ne veux pas en faire. Je suis toujours déçu à la fin des rencontres, je sais que je peux mieux jouer. »
        Pourtant, il affirme ne pas gamberger, ne pas douter de son retour. Pour assumer, il y a d’abord le soutien sans cesse renouvelé de son entourage dans la vie de tous les jours, « entre mes parents, mes beaux-parents et ma femme, qui a été un soutien moral important à la clinique ». Ensuite, il y a aussi l’appui du club, jamais démenti depuis le mois de juillet. « J’ai retrouvé au PSG un côté humain : tous les dirigeants, les docteurs ont su m’aider, me comprendre et m’entourer sans jamais me laisser tomber. Je ne sais pas si j’aurais retrouvé cela ailleurs ». Et puis il y a bien sûr l’aide de Luis Fernandez et de ses joueurs : « Depuis que j’ai repris, Luis est proche de moi. Il m’aide en paroles, il me met en confiance à l’entraînement. »
        Quant à ses partenaires, leur attitude dans la vie de groupe n’est jamais prise en défaut. Loko est un joueur du PSG comme les autres, avec qui ils discutent, plaisantent, ils le chambrent même à l’occasion. « Je suis vraiment bien entouré, confirme Patrice. Ils savent tous que pour moi, c’est difficile, que je ne suis pas à mon niveau, qu’à Nantes j’étais meilleur, que je faisais des choses plus belles, plus entreprenantes. Je pensais d’ailleurs que je retrouverai tous mes moyens beaucoup plus rapidement. » Mais de discussions avec Djorkaeff ou Rai « pour encore mieux se comprendre et se trouver sur le terrain » et dans l’attente du retour de Dely Valdès « avec qui je pense qu’on peut faire de bonnes choses », la confiance revient forcément à grands pas. « Heureusement qu’ils sont là avec moi. Les gens ici me soutiennent tous vraiment et j’ai à cœur de leur rendre ce qu’ils me donnent. »
        L’attaquant parisien n’est ainsi pas prêt d’oublier l’accueil réservé par le public pour ses débuts en championnat au Parc contre Strasbourg (2-0) « J’avais peur, ce soir-là, raconte-t-il aujourd’hui. Après plus de 150 matchs en D1, j’ai ressenti pour la première fois la pression lors d’un match. Comme si c’était mon premier… Je ne savais pas ce qui allait se passer. J’avais entendu le public m’encourager à l’échauffement et j’avais peur de le décevoir. Et puis, petit à petit, tout est allé de mieux en mieux. » Aujourd’hui, un vrai retour au premier plan passe aussi forcément par un rappel en équipe de France : « Mais on y va quand on est bon, à l’aise dans son club. Cela ne me déplairait pas d’y aller, mais je veux être sûr de moi. Mais de toute façon, si on fait appel à moi, j’irai ».

    Frédérique GALAMETZ

     


      27 novembre 1995

    Lekipe271195

    PARIS-SG – BORDEAUX : 3-0

    BUTEUR

    LOKO : « IL ME FAUT D’AUTRES SENSATIONS »

        L’air de rien, on commençait à trouver que Patrice Loko ne marquait pas beaucoup avec le PSG. Seulement un but en neuf matches de championnat pour le meilleur buteur la saison dernière. Loko lui-même ne pensait d’ailleurs pas le contraire puisqu’il estimait régulièrement, ces derniers temps, ne pas être revenu à son top niveau.

    Mais samedi contre Bordeaux, il a marqué deux buts et offert le troisième à Rai. Trois buts inscrits en dix rencontres de Championnat, c’est un bilan déjà plus flatteur. Pourtant, Patrice ne semble pas plus enthousiaste que ça : « Je n’ai pas encore le sentiment d’avoir retrouvé toutes mes sensations. Il faut que je revois ce match. Je n’arrive pas à analyser à chaud. Tout ce que je peux dire, c’est que je bénéficie d’une excellent centre de Vincent Guérin sur mon premier but, et je mets la tête ; sur le second, je vais toucher les filets avant le corner de Youri – j’aime bien ce genre de gestes – ensuite le ballon arrive sur moi. J’essaye toujours d’assurer mes frappes. Mais il me faut encore d’autres sensations. »
    Sur l’excellente forme actuelle du PSG, Loko lance : « Tout le monde est solidaire. On prend des points importants. C’est une belle période pour Paris. »

     Quelqu’un demande à Loko si Paris va être champion. La réponse est d’une lumineuse clarté : « Mais je suis venu à Paris pour être champion ! En attendant, notre ambition est de prendre un maximum de points avant la trêve. Au club, tout est fait pour que cet objectif soit atteint. Notre système à quatre attaquants fonctionne de mieux en mieux. Il y a des centres, des frappes. Ça laisse augurer de choses encore plus belles. » Pour lui aussi, sans doute.

    Pierre MENÈS

     


      9 décembre 1995

    LOKO EN FACE

    Patrice, mon ami, mon frère

    Ils ont passé dix années ensemble au FC Nantes et partagé bien des choses avec lui. Demain, Serge, Laurent, Jean-Michel et les autres retrouvent Loko face à eux. De l’émotion en perspective
    De l’un de nos envoyés spéciaux à Nantes, Laurent Wetzel.

    « Bizarre« . Ils ne trouvent pas d’autre mot pour définir les sensations qui sont les leurs à l’idée de retrouver Patrice Loko sur leur route. Car, pour les Nantais dans leur ensemble, pour Laurent Guyot et Jean-Michel Ferri en particulier, « Pat« , comme ils l’appellent amicalement, n’est pas n’importe quel joueur passé dans le camp d’en face. C’est plus que cela. Beaucoup plus.

    « C’est plus dur pour nous que pour lui »

    Bien sûr, comme ils aiment à s’en souvenir, au détour d’une pelouse, leurs chemins se sont déjà croisés. Lorsque Le Dizet jouait encore au Stade Rennais « mais Patrice débutait à Nantes, il n’était pas ce qu’il est aujourd’hui« , ou encore pour une demi-finale cadets entre la sélection Atlantique et celle du Centre. « On s’était imposé au tir au but, raconte Guyot, après avoir fait match nul 1-1. C’est Patrice qui avait marqué le but pour la sélection du Centre« . Des souvenirs de jeunesse, des images fugaces enrichies tout au long d’une carrière partagée, d’un chemin parcouru côte à côte, d’émotions communes. Tout ce qui donne aux retrouvailles de ce soir un parfum particulier. « Rencontrer un club qui a changé de club, ça arrive souvent dans une carrière, explique Guyot. Mais là, c’est la première fois que je vais affronter quelqu’un avec qui j’ai débuté, que je connais depuis toujours. » Une décennie s’est tout juste écoulée depuis que Laurent Guyot retrouvait au centre de formation du FC Nantes, Patrice Loko et Jean-Michel Ferri. « Nous avons suivi le stage ensemble, rappelle ce dernier, et nous avons été acceptés ensemble. Ça crée des liens. » Des liens rendus plus forts par dix saisons riches jusqu’à l’apothéose de l’an dernier. « Alors forcément, dit Le Dizet, pour tous ces bons moments vécus avec lui, il y aura dans ces retrouvailles un fort côté affectif. » Avec, comme le dit encore Guyot, « une inconnue, celle de savoir comment on va vivre tout ça, ce que l’on va ressentir…« 

    Bien sûr, assurent-il en coeur, copains, ils ne le seront plus sur le terrain. Sur le coup des vingt heures ce soir,  » il faudra faire abstraction de tout ça ; Patrice deviendra simplement un attaquant parisien  » dit Laurent Guyot. Mais pas n’importe lequel.  » Un des meilleurs de France, une mine d’or pour un club. Il a franchi un pallier avec nous, et reste un sacré client « , dit Le Dizet qui pourrait bien en avoir la charge.  » Quelqu’un, comme dit encore Ferri, dont on connaît le jeu par coeur, ce qui ne l’empechera pas de mettre le turbin chez nous « . « Un joueur complet, ajoute Guyot, au jeu varié. Il sait faire beaucoup de choses. C’est un joueur de très haute qualité, qui marque à nouveau. Il revient à un bon niveau…  » Allusion discrète à son  « aventure » estivale, sur laquelle ses amis Nantais entendent rester discrets et jettent un voile pudique. Ils ont fait, en leur temps, le nécessaire pour aider un camarade dans la difficulté, n’hésitant pas, pour la plupart, à effectuer le voyage à Paris pour lui apporter soutien et réconfort.  » La seule chose qu’on puisse dire, lâche Guyot, c’est qu’on est vraiment très heureux pour lui de ce qui lui arrive aujourd’hui ; on se réjouit de son retour en équipe de France. « 

    Il n’est pas sûr que le téléphone ait beaucoup fonctionné entre Nantes et Paris ces derniers temps. Peut-être, d’un côté comme de l’autre, n’avait-on pas très envie de se « chambrer » avant ce match particulier, « car Patrice aussi doit s’interroger à l’idée de nous revoir, assure Guyot. Et puis, même si  » Pat  » est un ami, un frère, « son départ pour le PSG, un calendrier chargé pour lui comme pour nous,, tout ça fait que… C’est dur pour nous, reconnaît Jean-Michel Ferri, ça doit l’être pour lui qui est parti… On s’est fait une raison à son départ, ajoute le capitaine Nantais. Mais, c’est vrai, les rapports ne sont plus tout à fait les mêmes. Quelque part, il y a eu cassure… » L’émotion est dans l’air.

     


      19 avril 1996

    Lekipe190496LOKO A PRIS SON PIED

    L’attaquant parisien, malgré une cheville gauche douloureuse, a beaucoup pesé sur la défense espagnole. Et a libéré ses partenaires à l’heure de jeu.

    La douleur est là, sous cette chaussette rouge. Entorse de la cheville gauche. Pas vraiment grave. Pas vraiment bénigne. Simplement présente pour que Patrice Loko souffre un peu. Sur ses courses, sur ses frappes. Il le sait, il le sent. Jamais il ne laisse sa plante de pied s’enraciner dans une pelouse trop tendre pour être fidèle. Ce gazon maudit-là, il l’aborde félin, comme s’il avait des coussinets à la place des crampons.

    Pour autant, Patrice Loko ne se cache pas. Bien sûr, il serre les dents en silence. Mais il veut aussi faire un peu de mal à ceux qui sont en face. Voro, qui le materne virilement dès qu’il approche du point de penalty, ou Ribera, qu’il croise le plus souvent sur sa route. Les deux défenseurs de La Corogne sont souvent mal orientés par des contrôles qui le sont davantage. Malgré cela, aucune occasion ne se présente.
    Alors Loko pèse. De tout le poids que sa jambe droite l’autorise à mettre dans cette partie.
    Le jeu est à gauche ? Il part à droite, ouvre des boulevards pour ses partenaires. Chaque fois ou presque, Voro plonge et part avec lui, nulle part. Ça ne suffit pas. Liano n’a toujours pas tremblé. Ses filets non plus.

    Son quinzième but européen

    Mais la cheville de l’ancien Nantais tient les chocs. Il est là, à nouveau, en seconde période. Lui qui était « optimiste » deux jours avant la rencontre avait donc raison. On le voyait souffrir en silence, sortir la tête presque basse des vestiaires du camps des Loges. Et on se disait que c’était cuit, qu’il serait dans les tribunes, au mieux sur le banc. Luis Fernandez a finalement tranché et fait le bon choix.

    Loko le démontre peu avant l’heure de jeu. A la cinquante-neuvième minute exactement. Djorkaeff a le ballon. Voro a le regard divergent. Un oeil sur le maitre à jouer du Paris-SG, l’autre sur cet attaquant qu’il sait sur une cheville. Alors, quand Djorkaeff donne cette balle, le défenseur espagnol a choisi le mauvais côté. Un contre-pied dont profite l’ancien Nantais. Contrôle du droit. De ce côté-là, pas de pépin. Ça va partir. A ras de terre, des seize mètres, sur la gauche de Liano écartelé, mais pas assez.

    Peut-être, le premier tir cadré des Parisiens. En tout cas, ce quinzième but de Loko dans une Coupe d’Europe, libère les 43965 spectateurs du Parc. Aimé Jacquet, qui devra se passer de Nicolas Ouédec pour l’Euro est certainement de ceux-là. Loko, lui, a été plus fort que sa douleur. Et grâce, à lui, Paris, cette fois, a pris son pied.

    Fabrice JOUHAUD

    22 octobre 1996

    (après la défaite en Coupe d’Europe, 4/2 en Turquie contre les Turcs de Galatasaray)

    ET SI PARIS ÉTAIT SURFAIT ?

    […] Car PSG s’est procuré un nombre ridicule d’occasions, signe d’une indigence offensive qui ne date pas d’hier. Même lorsque la défense adverse a l’air d’un assemblage en carton pâte comme celle de Galatasaray, le duo Loko-Dely Valdes ne constitue pas une réelle menace. Le premier s’épuise dans des courses inutiles, à croire qu’il est jugé sur le kilométrage parcouru. Forcément, lorsque le ballon lui parvient, il n’a plus la fraîcheur nécessaire pour en faire bon usage. Le second, lui, s’épuise dans d’interminables allers et retours au Panama pour les éliminatoires de la Coupe du Monde. Même en occultant ses heures de vols, il n’est de toute évidence pas l’attaquant percutant dont le PSG a besoin. Si Ricardo était vraiment convaincu de l’efficacité de ce tandem, il l’alignerait systématiquement en championnat. Or, c’est loin d’être le cas. […]

    Jean-Philippe BOUCHARD

     


    21 mars 1997

    (lendemain du 1/4 de finale retour de la C2 – AEK Athènes – P.S.G.)

    FF_041997LOKO : J’ESPÈRE REVIVRE ÇA

    TRIPLÉ. L’attaquant parisien se réjouit d’abord de la cohésion retrouvée de son équipe. Sa formidable réussite personnelle en passerait presque au second plan.

    Loko happé par la meute, Loko auteur d’un hat-trick probablement unique dans les annales du football français à cet échelon européen, n’a qu’une idée en tête: « Où est le bar ? » C’est vrai quoi, il peut boire un coup. Il a probablement soif tellement il a couru et marqué. Et puis, il peut arroser ça en toute simplicité, car il ne semble pas avoir conscience de la portée de son exploit.

    Patrice, dans quel état d’esprit aviez-vous abordé cette rencontre ?
    On avait surtout l’espoir de marquer au moins un but. C’était bien parti, assez vite finalement.

    Ce fut un bon scénario…
    Idéal ! À l’occasion de ce déplacement, personne ne nous voyait faire un bon match comme ça. Mais on a l’habitude d’être critiqués et de ne pas toujours se préparer dans les meilleures conditions.

    Paris a retrouvé son football ?
    Oui. Ce soir, on a été très bons et très sérieux. On avait une bonne cohésion sans être mis souvent en difficulté.
    En fait, on a mis une occasion de but au fond presque d’entrée. A partir de là, marquer si vite nous a fait comprendre que nous avions la main-mise sur le match.

    Comment se fait-il que le PSG réponde présent en Coupe d’Europe ?
    C’est une histoire de rendez-vous très important. Celui-là, on l’avait dans nos têtes. Je pense que ce doit être un déclic pour nous. En Championnat dimanche contre Metz et en Coupe d’Europe.

    Vous pouvez aller encore plus loin, en C 2 ?
    Si on joue comme ça, on peut mettre en danger n’importe quel adversaire.

    Vous avez une préférence ?
    Non. Aucun a priori.

    Et vos trois buts ? On imagine que votre satisfaction doit être grande…
    Ça fait toujours plaisir. Surtout quand on peut marquer sur chaque occasion que l’on se procure. Sur le premier but, je devine que Leroy va la piquer. J’espère revivre ça.

    Jean-Marie LANOË

     


    28 avril 1997

    (au lendemain de son quadruplé en championnat contre Nice.)

    Lekipe280497LOKO : « JE VEUX MARQUER EN FINALE »

    Avec ce quadruplé, Loko fait grimper son total à quinze buts : une réussite qui profite au P.S.G. et qui lui donne encore plus d’ambition.

    Quatre buts en un match, cela n’arrive pas tous les jours. Est-ce la première fois de votre carrière ?
    En pro, oui ! Chez les jeunes ça m’est déjà arrivé, mais à ce niveau, c’est la première fois. J’espère que ce n’est pas la dernière…

    Pascal Nouma, avec Strasbourg à Montpellier (4-1), a réussi le même exploit au cours de cette journée. Vous vous étiez donné le mot ?
    (Sourire.) Non, on ne s’est pas téléphoné mais on était tous contents pour lui lorsqu’on a su qu’il avait marqué quatre buts à Montpellier: c’est un ancien coéquipier.

    Au-delà de votre festival, le PSG a profité de ce match pour prendre trois points d’avance sur Nantes. Est-ce le plus important ?
    Absolument ! Ces trois points sont très importants. En plus, nous faisons également une bonne opération. au niveau de la différence de buts, cette seconde place qualificative pour la Ligue des Champions est très importante pour nous. Nous sommes dans une bonne phase, mais il faut confirmer mercredi à Lille et samedi contre Bordeaux. En tout cas, nous avons montré que nous avions encore des forces. On ne va pas lâcher et on se battra jusqu’au bout.

    Vous n’avez pas semblé trop fatigué par le match à Anfield (0-2)…
    En ce qui me concerne, je suis sorti contre Liverpool en seconde période et je n’ai pas eu à m’épuiser pour préserver nos buts d’avance. Aujourd’hui, j’étais peut-être un petit peu moins fatigué que les autres.

    Après votre hat-trick à Athènes (3-0), un doublé contre Metz (2-0), voilà un quadruplé contre Nice. A chaque fois que le PSG gagne, c’est Loko qui fait la décision. Comment expliquez-vous une telle réussite ?
    Elle est collective. On joue des matches importants et je suis peut-être un peu plus concentré. Ce soir, j’ai su me libérer du marquage, sur mon quatrième but, j’avais encore la possibilité de faire la différence. Je suis surtout content pour le public du Parc, qui nous a toujours soutenus.

    Maintenant, quel est votre objectif ?
    D’un point de vue personnel, je veux marquer un but en finale contre le Barça… celui de la victoire !

    Recueilli par Pierre MÉNÈS

     


    29 avril 1997

    LOKO : « Je partage ma joie avec Pascal »

    Patrice Loko ne voulait pas être en reste, et, comme son ex-coéquipier Pascal Nouma, l’attaquant parisien a inscrit quatre buts contre Nice. Selon lui, le PSG peut voir l’avenir avec optimisme.

    Que pensez-vous de votre performance après cette victoire contre Nice (5-0) ?
    C’est une belle satisfaction pour toute l’équipe. Nous empochons 3 points précieux dans l’optique de cette deuxième place qualificative pour la Champion’s League. Nous avons fait un grand pas, même si nous ne ferons le bilan qu’à la fin du Championnat. Le PSG doit vraiment la conserver.

    Comment passer d’une demi-finale de Coupe d’Europe à un match de championnat contre le dernier ?
    Il s’agissait d’un match piège, car on pourrait croire que cela s’annonce plus facile. Au contraire, affronter un mal classé demande plus de concentration pour ne pas connaître une mauvaise surprise. Comme Nantes occupait provisoirement la deuxième place, nous savions ce qui nous restait à faire. À Liverpool, le match était difficile pour nous les attaquants. Au contraire de ce soir, où la réussite nous a souri devant notre public.

    À l’image de votre équipe, vous connaissez actuellement une période euphorique…
    Je m’en réjouis d’autant plus que nous jouons des matchs importants. L’équipe se concentre mieux, et nous obtenons davantage d’occasions grâce à un meilleur collectif. Comme je me sens bien physiquement, j’arrive à me libérer du marquage des défenseurs. J’espère continuer et marquer lors de la finale de la Coupe d’Europe.

    Avez-vous déjà marqué quatre buts dans une même rencontre en Championnat ?
    Jamais en première division, seulement dans les matchs de jeunes. La coïncidence veut que cela arrive au même moment que Pascal Nouma. Pourtant, on ne s’était pas passé le mot ! Je partage donc ma joie avec lui.

    Le PSG est de retour ?
    On monte que nous n’allons pas lâcher si près du but. Malgré les critiques, les hauts et les bas dans une saison, les grandes équipes se retrouvent toujours dans les grands moments. Maintenant, il faut prendre 3 points à Lille et poursuivre sur la lancée contre Bordeaux…

    Vincent BESNARD.


    13 mai 1997

    FF_051997L’ÉVÈNEMENT – FINALE COUPE DES COUPES

    Le but de Loko

    DEFI. À la veille de la finale contre Barcelone, l’attaquant parisien, qui flambe depuis quelques matchs, se déclare prêt à se mesurer à Ronaldo, la nouvelle star mondiale. Sans complexe, il se verrait bien dans la peau du buteur victorieux.

    Même s’il ne revendique pas le rôle, Patrice Loko aura joué les sauveurs dans une équipe du Paris-Saint-Germain qui n’a plus que cette Coupe des Coupes pour se consoler d’une saison médiocre. Homme providentiel, Patrice le fut donc dans l’antre du stade Nea Filadelfia de l’AEK Athènes, où 25000 supporters grecs déchaînés promettaient un enterrement de première classe au tenant du titre. L’ancien attaquant Nantais a éclaboussé ce quart de finale retour de toute sa classe et d’un réalisme retrouvé. « Bien sûr, cela m’a fait énormément plaisir de marquer les trois buts de la victoire à Athènes. Mais le plus important, c’était que l’on se qualifie pour poursuivre notre parcours européen« , analyse-t-il, modeste, préférant, comme à son habitude, mettre en avant la performance collective plutôt que la sienne propre. Un héritage de la philosophie à la nantaise sans doute.

    Son équipe de nouveau sur les bons rails, Loko peut alors poursuivre sur sa lancée. Depuis son triplé athénien, il a retrouvé à sept reprises le chemin des filets en Championnat. Et à chaque fois pour des buts déterminants : les deux de la victoire contre Metz, celui à Bastia (1-1) et surtout quatre face à Nice (5-0), une prouesse qu’il n’avait encore jamais réalisée à ce niveau. Mais attention, il se s’agit pas d’un simple hasard.

    « JE NE VAIS PAS CHANGER MON STYLE »

    L’attaquant parisien connaît les raisons de cette flambée : « Ces derniers temps, nous avons beaucoup de matchs importants à négocier. Même dans les moments les plus difficiles, le staff technique m’a gardé toute sa confiance. Et moi, je ne joue jamais aussi bien que quand je me sens entouré. Et, comme mes coéquipiers, qui m’ont offert la possibilité de briller, je me concentre mieux pour ces matchs à enjeu. »
    Patrice la tient, sa revanche sur le passé, sur les déboires vécus à son arrivée et sur une première année dans la capitale en demi-teinte. Même s’il tempère : « Non, je ne suis pas tout à fait d’accord. Je n’ai participé qu’à la moitié de la première saison, j’ai quand même marqué huit fois. Ce qui correspond à ma moyenne annuelle. »
    Pour 1996-1997, il considère avoir rempli ses objectifs, avec ses quinze buts en Championnat. Car Loko regrette souvent qu’on ne juge que ses talents de finisseur : «  Bien sûr, j’occupe un poste d’attaquant, je dois donc concrétiser, c’est ce qu’on attend de moi. Mais je ne vais pas changer mon style pour autant, je joue d’abord pour le collectif. »
    Troisième buteur parisien à la trêve avec 6 buts (derrière Dely Valdes et Leonardo, avec respectivement 8 et 7 réalisations), il distance désormais ses partenaires d’attaque (Rai est deuxième avec 10 buts, alors que les deux autres Sud-Américains restent bloqués dans leurs starting-blocks).
    L’attaquant international pourrait pourtant occuper une meilleure place au classement des buteurs, à voir les occasions qu’il se crée parfois, comme lors du dernier match contre Bordeaux (2-2). « Justement, s’il se les crée, c’est qu’il se trouve en pleine forme physique. Et puis on ne peut pas marquer à chaque fois ! » souligne Christian Bourrel, le préparateur physique du PSG, qui le connaît bien.

    « NOUS JOUERONS POUR TOUT LE PAYS »

    Déjà sacré meilleur buteur du Championnat en 1995, Loko ne cherche pas « une consécration individuelle dans un classement particulier, mais plutôt des titres avec mon équipe. Cela ne servirait à rien de terminer meilleur buteur si le PSG ne remporte aucun trophée », justifie-t-il.
    Dans ce domaine, le PSG ne peut plus miser que sur la Coupe d’Europe, et sur cette finale face à Barcelone. Un rendez-vous que Patrice attend avec impatience. Dès son quadruplé contre les Niçois, il répétait à qui voulait l’entendre qu’il espérait surtout… « en avoir gardé un, celui de la victoire en Coupe d’Europe ! Le Barça, tout le monde connaît. Sa puissance offensive, tout comme ses apparentes faiblesses en défense. De quoi nous donner les idées. »
    À l’image de la finale de l’année dernière, il sait que son club possède tous les atouts pour réussir cet exploit, jamais réalisé jusque-là de gagner deux fois de suite la Coupe des Coupes. « Le Paris-SG sait qu’il peut rentrer dans l’histoire. Beaucoup de clubs voudraient se trouver à notre place ! Et, contrairement à l’année dernière, nous ne sommes pas favoris. On aborde cette finale l’esprit plus tranquille. »
    Pas question de faire un complexe même dans ce « match dans le match » qui l’opposera au phénomène Ronaldo. Les deux hommes partagent en effet la deuxième place du classement des buteurs de la Coupe des Coupes. « Mais nous avons un jeu vraiment différent l’un de l’autre. J’aimerais avoir ses qualités de puissance, qui lui permettent de faire la différence sur quelques mètres. C’est un vrai buteur ! » s’enthousiasme un Patrice Loko sincèrement admiratif.
    Fort de ses quatre buts en C2, l’esprit tranquille, il est persuadé que le PSG se montrera à la hauteur de sa réputation. « Nous avons prouvé que nous savions gérer les grands évènements. Seul le PSG en France démontre cette constance au plus haut niveau », insiste son attaquant, qui voit dans cette équipe la vraie locomotive du football français. « Ce match, toute la France va le regarder, et nous, on a envie d’aller au bout pour tout le pays. » On peut donc compter sur lui pour, comme à l’habitude, « mouiller » le maillot et multiplier les appels pour créer des brèches dans la défense catalane.
    Tant d’efforts pour revivre les « moments extraordinaires » vécus à Bruxelles la saison dernière contre le Rapid de Vienne. « La mobilisation autour de l’équipe des joueurs, des dirigeants et des supporters, voilà une sensation inoubliable ! » se souvient-il.

    « PLUS QUE JAMAIS, J’AI FAIM DE TITRES »

    Ces moments d’ivresse collective, Patrice Loko a bien vu les monégasques les ressentir une fois le titre de champion de France définitivement envolé pour Paris. « Même si le championnat n’a pas la même dimension qu’une Coupe d’Europe, cette joie intense fait vraiment envie. » Pour tout dire, l’ancien nantais laisser deviner une petite pointe de jalousie. Lui qui rêve de disputer une ligue des champions peut dire merci à l’UEFA et à sa nouvelle réglementation, qui va permettre au deuxième du Championnat de disputer la plus prestigieuse compétition continentale. « Il nous reste à assurer cette place de dauphin. Mais nous tenons notre destin entre nos mains », prévient le meilleur buteur du PSG. Si cette qualification se confirme, Loko, à qui il reste deux ans de contrat, restera au PSG.
    Sur tous les fronts, la fin de la saison s’annonce aussi difficile qu’exaltante. Mais le parisien ne manque pas d’appétit : « Plus que jamais, j’ai faim de titres ! » Après le championnat avec Nantes en 1995, la Coupe des Coupes avec le PSG en 1996, Loko est bien difficile à rassasier ! Il se prépare un festin à Rotterdam…
    Et les Pays-Bas lui rappelle de bons souvenirs : en janvier 1995, il avait inscrit à Utrecht, le but de la victoire (1-0) en match amical pour l’équipe de France face aux Orange. Et Utrecht, ce n’est pas très loin de Rotterdam…

    Vincent Besnard.

     


     

    août 1997

    LOKO DANS L’IMPASSE

    (Lire l’article en cliquant sur la première image pour le faire défiler)

     


    28 octobre 1997
     
     
    PATRICE LOKO : UN TALENT FOOT
     
    Une étoile est née à Sully-sur-Loire. Son nom : Patrice Loko. Son métier : footballeur professionnel. Il espère grimper au somment du monde, l’été prochain, avec l’équipe de France. Itinéraire d’un surdoué.
     
    « Un coup de pot ». Lundi 11 août 1997, 10h30 : au camp des Loges, ça ne rigole pas. Sous une chaleur accablante, les joueurs du PSG préparent leur entrée en Ligue des Champions face à Bucarest. Patrice Loko travaille son entente avec Florian Maurice. Derrière le grillage, le public regarde en connaisseur. Le foot, Patrice Loko est tombé dedans dès son plus jeune âge. Il est né avec le talent. D’ailleurs, dans la famille Loko, de père en fils, on a toujours joué au football.Mais de là à devenir une star, comme dit son père, Pascal Loko : « C’est un coup de pot. Il était doué. » Pourtant, au début raconte encore Pascal Loko « Je doutais. Je ne croyais pas qu’il allait jouer. Il ne voulait pas regarder les matches à la TV. Il allait tout le temps auprès de sa mère qui repassait et moi ça m’agaçait« . Patrice Loko confirme : « Au début, j’aimais bien taper dans le ballon mais sans plus. C’est vers 7-8 ans que je m’y suis mis un peu plus. Je marquais des buts.« 

    Le bon choix : Nantes. Pour autant, il ne pensait pas encore devenir un jour une star du ballon rond. « C’était un rêve, explique-t-il. On venait souvent voir des matches au Parc des Princes avec un ami. Et moi aussi je courrais après les autographes. » Le rêve est donc devenu réalité. Après avoir joué au club de Sully-sur-Loire, Patrice Loko dispute un tournoi à Vichy avec l’équipe d’Amilly. Là-bas, une quinzaine de clubs le remarquent.

    Parmi eux : Nantes, où il a déjà fait un stage d’une semaine, Monaco, Auxerre, Saint-Etienne et Nice. Tous veulent le prendre dans leur centre de formation. Mais, comme dit Patrice Loko, « fallait pas s’emballer. Mon père m’a expliqué qu’on devait bien réfléchir. » Pascal Loko se souvient lui aussi très bien de ce moment délicat : « J’avais choisi 5 équipes. On a été pendant 3 jours à Monaco. Mais, à Patrice, ça ne lui a pas plu. Guy Roux est venu me voir içi, à Sully. Moi, je voulais pas pousser mon gamin à aller quelque part. C’était à lui de choisir.« 

    La course à la célébrité. Finalement, Patrice Loko décide de partir à Nantes. « J’ai choisi au feeling, avoue-t-il. Nantes, c’était Auxerre mais en plus grand. C’est l’environnement qui m’a séduit. J’avais une chambre pour moi tout seul. » A partir de cet instant, commence l’aventure du football de haut niveau. Rien n’est encore gagné mais la course à la célébrité est lancée.

    Cette course, Patrice Loko la finira dans les premiers. Avec en apothéose, un titre de champion de France remporté haut la main par Nantes. Cette année, Patrice Loko a été rejoint au PSG par son ami Franck Gava. « Je suis content d’avoir retrouver Franck, précise-t-il. Maintenant, il faut essayer de savourer ça. » En 1998, il espère bien disputer la Coupe du Monde. Et la gagner. L’étoile Loko n’a décidément pas encore fini de briller dans le ciel de la planète foot.

    M.Vassal

     


    6 avril 1998

    Lekipe060498Loko : « J’ai envie de jouer davantage »

    Entré à un quart d’heure de la fin du temps réglementaire, l’attaquant parisien a distillé deux passes décisives et réussi le dernier tir au but, celui qui envoie le PSG en coupe de l’UEFA un mois avant la fin de la saison.

    « Je n’ai pas eu peur, je n’ai pas eu peur ». Si la lèvre inférieure du quatrième tireur parisien lors de la séance des tirs au but se veut encore hésitante, son pied droit, lui, n’a pas tremblé. Il est 23 h 19 samedi, et Patrice Loko vient officiellement de qualifier le PSG en Coupe d’Europe, une épreuve qui lui a si bien réussi, comme lors de son triplé athénien la saison dernière. « C’est symbolique que ce soit Patrice qui inscrive le dernier tir au but, lui qui revient du bout du monde », se réjouit Claude Le Roy, le directeur sportif parisien, une coupette de champagne à la main. Non loin de là, imperturbable, Patrice continue son furtif exposé. « Vous savez, une séance de tirs au but, c’est toujours à pile ou face. Je n’ai pas ressenti de pression particulière, car j’ai l’habitude de tirer les penalties ».

    Ricardo « C’est reparti pour lui »

    Si, à l’instar des quatre derniers matches de Championnat, l’ancien Nantais est entré en jeu en fin de match, il a cette fois-ci bénéficié de plus de temps pour peser sur l’issue de la rencontre. « Grâce à la prolongation, j’ai pu jouer une demi-heure de plus et montrer, autrement qu’à l’entraînement, que j’étais bien en ce moment. Si je ne pense plus du tout à l’équipe de France, j’ai envie de jouer davantage, avoue-t-il. Je ne dis pas cela au regard de ma prestation de ce soir, où j’ai simplement eu la chance de me trouver dans les bons coups ».

    A commencer par celui qui a amené l’égalisation du PSG, six minutes après avoir remplacé Florian Maurice. « J’anticipe toujours sur les frappes de mes coéquipiers, reprend l’intéressé. Sur le penalty, j’ai donc suivi le tir de Rai. Quand j’ai vu qu’il y avait un bleu derrière moi, je lui ai remis instinctivement le ballon ». Sa talonnade a ainsi permis à Simone d’égaliser (80è). Une première passe décisive qui a bientôt été suivie par une deuxième (106e), qui a forcé l’admiration de son entraîneur. « Patrice donne une super balle piquée à Rai, raconte Ricardo. Il a réalisé ce que je demande toujours à mes joueurs de faire dans ces phases de jeu : glisser le ballon au second poteau. Face à Bordeaux, il a été égal à lui-même ». Multipliant les courses croisées et les appels, l’international français s’est ainsi dépensé sans compter. « On a retrouvé un grand Patrice Loko, relance encore Marco Simone, deux passes décisives dans une finale, vous vous rendez compte ? »

    Ce retour en forme, Michel Denisot tient également à le souligner. Lors de la remise de la Coupe, il a chaleureusement happé son joueur sur le podium pour l’embrasser. « On a vu son rôle samedi soir, justifie le président-délégué. C’est une grande satisfaction pour lui et pour nous ». Et Ricardo, tout sourire, de glisser. « Ça y est. C’est reparti pour lui ! »

    Bernard LIONS

     


    7 avril 1998

    LOKO LE RETOUR

    RÉSURRECTION – L’attaquant parisien, qui n’avait que quelques bouts de matchs cette saison, a offert deux passes décisives, à Simone puis à Raï, avant de réussir l’ultime tir aux buts.

    AVRIL 1997 – Patrice Loko est sur le point de disputer sa deuxième finale européenne avec le PSG. Le meilleur buteur parisien de la saison (15 buts), sélectionné par Aimé Jacquet pour le tournoi de France, peut à nouveau parler d’avenir et oublier ce que les médias ont pudiquement appelé son « coup de folie » de l’été 1995.

    AOUT 1997 – Loko a un gros coup de blues. « Déstabilisé » par l’embauche durant l’intersaison de Marco Simone et de Florian Maurice, il fait une fugue et s’en va rejoindre son frère William à Caen, qui y dispute un match avec son club, Wasquehal. Claude Le Roy va le chercher et le PSG le met en cure de repos. À nouveau, la terre se dérobe sous ses crampons.


    Samedi 4 avril 1998 – Finale de la Coupe de la Ligue PSG-Bordeaux, au Stade de France. Florian Maurice, malheureux, doit sortir. Patrice Loko entre en jeu pour la onzième fois de la saison, sur les quarante-quatre matches disputés par le PSG, toutes compétitions confondues.

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    11 avril 1998

    Portrait_WeinbergerPATRICE LOKO À NOUVEAU SUR LA PENTE SAVOUREUSE

    Après sa parenthèse dépressive, Patrice Loko est redevenu lui-même. Et s’il se refuse à trop penser à l’équipe de France, son entrée a été décisive pour la victoire du PSG en finale de la Coupe de la Ligue… En attendant la demi-finale de la Coupe de France, dimanche, face à Guingamp

    Deux passes décisives, le penalty de la victoire, Patrice Loko a signé, samedi dernier en finale de la Coupe de la Ligue, un retour trop longtemps espéré. Sous les veux des 77 000 spectateurs du Stade de France, il a du à nouveau déployer son jeu de feu, mouvement perpétuel de l’esprit et du corps. Dévoreur d’espace, buteur ou passeur selon les exigences de l’instant, tel apparaît Patrice Loko dans son habit de footballeur. Hors du champ de jeu, l’homme retrouve des allures de Pierrot lunaire. Son regard est celui d’un doux rêveur qui aime naviguer sur des mers lointaines. Loko aurait pu, en toute quiétude, balader sa hargne et sa placidité dans tous les recoins de l’univers, jongler avec ses paradoxes sans que personne ne songe à y redire. Mais l’interrogation naitra toujours de cette brutale explosion qui, à deux reprises, l’a installé quelque temps dans le Pavillon blanc et bleu d’une clinique du Vésinet. Par deux fois, Patrice Loko s’est égaré dans ces lieux.

    Par deux fois. l’esprit et les nerfs en déroute, il y a suivi une thérapie. Un passage que son médecin traitant, le docteur Sonnier, s’efforce de banaliser. « N’importe quel individu peut un jour s’effondrer nerveusement. Les symptômes sont différents, tristesse et abattement pour les uns, colère et frénésie pour les autres. Inutile de préciser dans quelle catégorie s’est classé Patrice Loko. Le malheur, lorsque l’on est un homme public, c’est que l’on ne peut tomber malade discrètement. »
    Le choc a été d’autant plus grand que l’international parisien renvoyait l’image d’un homme timide et modéré. « Mes proches m’ont toujours trouvé trop calme », confie-t-il en souriant. Alors, comment imaginer ce modèle d’équilibre, cabossant les tôles des voitures qui ne demandaient rien à personne et insultant la force publique avec son pantalon comme étendard. Personne n’a vraiment compris. À Nantes, club de ses débuts, encore moins qu’ailleurs. Il faut dire que, dans la maison nantaise, grande accoucheuse de talents, on garde un souvenir ému, de son passage. Et comment oublier ce jeune garçon à l’exquise politesse et au talent déjà si marqué et si remarqué ?

    A quatorze ans, ce sociétaire du petit club d’Amilly, sélectionné en équipe de France cadets, intéresse tous les centres de formation. « J’avais le choix. J’ai donc privilégié les deux meilleurs : Auxerre et Nantes. Finalement, j’ai opté pour le second. La Jonelière me paraissait plus confortable et on m’offrait une chambre individuelle ». Le temps de l’apprentissage fera son œuvre en douceur. Un parcours rectiligne sans le moindre faux pas. Raynald Denoueix, entraîneur du FC Nantes et ancien patron de l’école nantaise, en témoigne : « La progression de Pat a été d’une régularité étonnante. Son gabarit frêle lui a interdit une progression foudroyante, mais il s’est toujours inscrit dans la logique du succès. A aucun moment on ne s’est posé la question, finalement fréquente durant la période d’apprentissage : doit-on le garder ? Sur le plan mental, il était aussi très fort. Pas l’ombre d’un problème. Pat, c’était un modèle d’équilibre. Autant vous dire que j’ai été totalement surpris par ce qui lui est arrivé ».

    Le petit gosse de Sully-sur-Loire fait l’unanimité. On apprécie sa politesse, sa gentillesse et sa discrétion. Tout juste Alain Garnier, ancien journaliste et secrétaire de l’association du FC Nantes, discerne-t-il quelques failles dans ce portrait idyllique. « C’était le plus correct, mais aussi le plus pro de tous les résidents du centre. Je trouvais même qu’il s’appliquait presque maladivement dans tout ce qu’il entreprenait, que ce soit une partie de cartes ou de boules nantaises. Et puis, les serveuses du restaurant du centre peuvent en témoigner, il réagissait vivement lorsqu’il s’estimait victime d’une injustice ». À Nantes, heureusement, on ne souhaite que sa réussite. Et lorsqu’il dispute son premier match pro contre Bordeaux en 1989, à l’âge de dix-neuf ans, tout le personnel de la Jonelière partage sa joie. L’heure des succès est arrivée. Les dernières hésitations de Blazevic, l’entraîneur yougoslave du FC Nantes, seront balayées par les certitudes de Denoueix et Suaudeau. « Ils ont dit à Blaze que s’il ne me faisait pas jouer, le Centre de formation nantais n’avait plus aucune raison d’exister ».

    Pour Coco Suaudeau, le technicien et dépositaire de la philosophie du jeu à la nantaise, Patrice Loko représente le joueur idéal. « Il a parfaitement intégré le sens du don en football. Donner et recevoir, pour faire vivre le jeu. Dans mon esprit, Pat est resté le même. Pas différent des autres, juste plus sensible ».
    Un être sensible qui connaît la douleur de perdre, un soir de Noël 1992, son fils Romain âgé de huit mois. Patrice Loko encaisse durement le coup mais, pour rester debout, continue à disputer des matches. Ainsi, malgré sa peine, il répond présent au premier rendez-vous que lui fixe l’équipe de France en janvier 1993. « Un match amical contre le Sporting de Lisbonne. Je marque le premier but. Pour ne pas m’effondrer, je n’ai pas cessé de jouer. Je sais aujourd’hui que j’ai eu tort ». A la fin de la saison, il sera handicapé par une blessure à la cheville, qui refusera obstinément de cicatriser. « Comme si la blessure de l’âme empêchait celle du corps de guérir », se souvient Jean-Claude Suaudeau.

    L’embellie succède à ces sombres moments. La jeune équipe nantaise s’invite de belle manière au concert des compétitions européennes avant de s’installer en 1995 sur le trône du Championnat national. Nantes est champion de France et Patrice Loko en est le meilleur buteur (22 buts). Pour de nombreux joueurs nantais, l’aboutissement de cette consécration se traduit par un juteux transfert. Ziani signe à Rennes, Karembeu à Gênes. mais pour Loko. qui est pourtant l’un des plus âgés de la bande, la route du départ est semée d’embuches. Les négociations engagées entre Nantes et le PSG s’éternisent. On doute même un moment qu’elles puissent être menées à leur terme. Au fil des jours, le comportement du gentil Loko évolue. Au stage d’été des Canaris, à Crans-Montana, il fait de l’obstruction. « Mais pas plus que n’importe quel joueur dont le départ est contrarié, précise Suaudeau. Ils ne font que suivre les instructions de leur manager. Ils se rendent insupportables pour mieux obtenir le ticket de sortie ».

    Mais, pour Patrice Loko, ce petit jeu tournera au drame. Et si le reste de l’histoire appartient aux rubriques des faits divers, elle sème stupeur et incompréhension chez ceux qui le connaissent le mieux. « Personne n’a pu comprendre, explique Robert Budzinski, le directeur sportif de Nantes. Le sang-froid et la force de caractère sont des qualités propres à Patrice. Il faut être fort mentalement pour dépasser le décès d’un enfant, s’affirmer comme le meilleur buteur du Championnat et devenir titulaire en équipe de France ». Même surprise pour son frère William, attaquant à Villeneuve-d’Ascq : « C’est l’exemple de Pat, sa manière de traverser les galères qui m’ont conduit à m’engager dans le football professionnel. J’étais à l’armée lors de la première crise. J’ai découvert ce qui lui est arrivé par les journaux. Je suis resté sur le cul. L’homme dont on faisait le portrait, ce n’était pas lui ».

    À ce comportement irrationnel, on essaiera de trouver les réponses les plus folles. Rupture maritale, usage de drogue, influence d’une secte, ego hypertrophié. « On a tout dit, raconte Patrice Loko. On m’a fait tout dire aussi. J’ai même dû assigner en référé au tribunal de Paris les auteurs d’un livre : « PSG, les nouveaux mystères ». Trois jours après la parution, ils ont été obligés d’intégrer un paragraphe nous déniant, à ma femme et moi, les propos qui y sont tenus. Cela précisé, j’ai vu des émissions sur les drogués et je peux comprendre, compte tenu de mon état, que les gens aient pu m’imaginer sous l’influence d’un produit dopant. Pourtant non. Je me suis seulement trouvé face à une situation qui m’échappait. Ça m’a rendu malade ».

    Il lui faudra quatre mois pour redevenir lui-même. Plus précisément pour pouvoir partir à la conquête d’un titre européen avec le PSG et retrouver sa place en équipe de France. Jean-François Domergue, qui l’a assisté durant cette épreuve, en garde un souvenir ému. « À cette occasion, j’ai découvert un personnage attachant, doté d’une extrême générosité. J’ajouterai qu’il est très costaud sur le plan psychologique. Les quolibets, voire les insultes de certains spectateurs après son retour à la compétition, ne l’ont pas empêché de revenir à son meilleur niveau et de réaliser une saison remarquable. C’est un être extrêmement sensible, qui a besoin, plus que d’autres, d’établir avec les gens des relations fondées sur la confiance ».

    A écouter ces témoignages, on pourrait croire que Patnce Loko a simplement intégré à son mode d’existence des principes du jeu à la nantaise. Donner et recevoir pour mieux avancer. Le blocage venant lorsque son environnement déroge à cette règle. Ainsi, lorsque le PSG en début de saison, fait appel Maurice et Simone sans l’ombre d’une explication, il se retrouve dans une situation qu’une lois encore il ne maitrise pas. Incompréhension, sentiment d’injustice ? Toujours est-il que, de nouveau, Patrice perd pied. Mais, là, la goutte d’eau ne le noiera pas. « On a compris qu’il n’était pas bien, explique son frère William. On a pu agir d’autant plus rapidement qu’il était très conscient de ce qui lui arrivait ».

    Il y aura donc un retour à la « villa des Pages », mais, cette fois, il ne sera pas précédé d’un dérapage incontrôlé. Il retrouvera assez vite les camps d’entraînement du PSG et effectuera de nouvelles apparitions sur les aires de jeu. Un retour que les supporters du club ont souvent réclamé bruyamment. « On n’a pas oublié ce qu’il a apporté à l’équipe explique l’un d’eux, fidèle habitué du Camps des Loges. Maurice est encore loin d’avoir fait aussi bien. Alors, qu’on lui donne sa chance ».

    Après le match contre Bordeaux, Patrice Loko peut désormais croire en des lendemains qui chantent. Mais pour avoir si longtemps attendu ce retour, il regarde les contours de son avenir avec prudence. Ainsi il se refuse de trop penser à l’équipe de France et à la prochaine Coupe du monde. Il se veut seulement et totalement guéri. « Ma rechute s’explique par deux raisons : La première, c’est que j’ai arrêté mon traitement trop tôt. La seconde. c’est que je n’avais pas réglé tous mes comptes avec mon passé. Aujourd’hui, je connais les causes de ma dépression. En parlant longuement avec mon psychologue, j’ai compris qu’il me fallait effectuer le deuil de mon fils. Ce qu’inconsciemment j’avais toujours refusé de faire. J’ai porté le deuil. Maintenant, c’est fini. Je n’aspire désormais qu’à faire mon métier ».

    Le temps de la reconquête ne devrait pas tarder à revenir pour Patrice Loko. Comme il l’a appris à Nantes, il pourra, de nouveau, donner le ballon pour mieux le recevoir. Pour toujours avancer. Peut-être même dès demain, dimanche, en demi-finale de la Coupe de France face à Guingamp.

    Michel NAÏT-CHANAL

      24 juillet 1998

    LOKO POUR LE PLAISIR

    REVENANT. Dans un Paris-SG nouvelle époque, pour sa quatrième saison au club, l’attaquant international compte bien effacer les frustrations engrangées ces derniers mois. Le voisinage de son ancien complice nantais, Nicolas Ouédec, devrait l’y aider.

    « Je n’en ai pas encore fini de mon expérience avec le Paris-Saint-Germain« . La déclaration ne recèle ni violent désir de revanche personnelle, ni quête acharnée de rachat à tout prix. Pas de poing serré et haut levé; au contraire, toujours cette douceur qui coule du regard. Patrice Loko se veut simple joueur professionnel au cœur de l’été, prêt à entamer une nouvelle saison. « Ma quatrième avec le PSG, déjà. Le temps est passé si vite… »

    Le très court silence qui suit englobe les mois de troubles personnels mais aussi les soixante quinze matches de Championnat disputés et, surtout, les diverses Coupes engrangées chaque année. « Cette fois, j’espère bien accrocher le titre de champion. Pour l’avoir remporté avec Nantes, je sais quelle joie il procure. C’est mon objectif principal« . Pour l’atteindre, il ne sera plus entouré de Rai, de Guérin, de Le Guen, de Fournier (en partance), ou de Ricardo et de Bats, autant de grognards parisiens qui ont migré plus ou moins de bon gré. « C’est vrai, avec Francis (Llacer) et Bernard (Lama), je suis l’un des plus anciens de l’effectif. Pour autant, je ne me considère pas comme faisant partie des meubles. J’ai encore des choses à prouver« .

    La saison dernière, Patrice Loko n’a participé qu’à dix rencontres de championnat (aucun but inscrit), la plupart du temps en situation de remplaçant. « Les deux ou trois derniers mois, c’est vraiment devenu pesant. Ma blessure était guérie et je me sentais capable d’apporter quelque chose à l’équipe Enfin, il faut accepter le choix de l’entraîneur« .

    Justement, l’intéressé est reparti au Brésil. Pour Loko, cette grande lessive décidée par le PSG est l’occasion de donner un nouveau souffle au club. « C’est marrant, j’ai l’impression d’avoir été transféré ! Les structures, les lieux sont identiques, mais les têtes sont quasiment toutes nouvelles, dans le staff, chez les dirigeants et chez les joueurs. Le PSG prend un nouveau départ et, grâce à ce rajeunissement, l’équipe va gagner en enthousiasme. Cette politique va nous donner un second souffle et nous permettre de sortir du train-train qui nous a parfois freiné la saison passée« . La remarque le concerne directement. Le milieu et le public attendent de retrouver le Loko jaillissant des heures nantaises. A Paris, ses coups d’éclat ont été trop rares, quoique marquants.

    Le mois prochain, il bouclera donc une triste année sans avoir vécu cette sublime fulgurance réservée aux buteurs de calibre. « Ça me manque. Un attaquant ne s’habitue jamais à ne plus marquer. En fait, je suis en manque des plaisirs du football : se concentrer avant un match, courir, dribbler et, bien sûr, marquer« . Pour assouvir ces besoins, l’ex-Nantais, vingt-huit ans, devra d’abord surmonter la concurrence. Le départ prévisible de Marco Simone devrait lui libérer une place au côté de Ouédec, son ami des heures canarie. Mais le brésilien Adailton et le jeune Laurent Leroy sont ambitieux. Pour l’heure, une entorse à la cheville droite a privé Patrice Loko de trois des quatre premières parties amicales du Paris-SG, mais il devrait être sur pied pour affronter l’Athletic Bilbao samedi, à Evry-Bondoufle.

    « Le discours de Giresse m’a rassuré »

    « De toute façon, comme la préparation est pour l’instant essentiellement axée sur le foncier, il est trop tôt pour présager des choix offensifs d’Alain Giresse. En tout cas, son discours m’a rassuré. Il préconise un football d’attaque avec prise de risques. Avec lui, les attaquants devront tenter, provoquer pour pratiquer un football digne de Paris. » A ce sujet, persuadé de retrouver des automatismes si longuement usinés à la Jonelière, il attend avec impatience d’être associé à Nicolas Ouédec afin de donner de la vie aux futures offensives parisiennes.

    Concentré sur la saison à venir, Patrice Loko ne pourra toutefois jamais compenser les tonnes d’extase et de gloire récemment engrangées par vingt-deux Bleus devenus illustres pour la vie. La Coupe du monde, les exploits de ses camarades de promotion, il les a vécus sur les bords de la Méditerranée. Malgré une présence de vingt-sept minutes contre l’Angleterre lors du Tournoi de France en 1997, le parisien n’a jamais entretenu l’illusion de figurer dans la sélection définitive d’Aimé Jacquet. « Dans la mesure où je ne jouais pas en club, je ne pouvais pas y prétendre. C’est triste car, en 1993, j’étais dans le groupe et je m’étais dit que je jouerais la prochaine Coupe du monde« .
    Il parle sans émotion apparente, simplement reconnaît-il qu’à l’évocation de l’âge de Thierry Henry, il prend un léger coup de vieux. Mais, pour lui, ce n’est pas le plus crucial. Il veut d’abord retrouver le jeu et le plaisir qu’il procure. Des mots qui reviennent sans cesse dans sa bouche.

    Christophe LARCHER

     


      15 septembre 1998

    SIIMONE, PARTENAIRE PARTICULIER

    CURIOSITÉ. Que ce soit Patrice Loko ou Nicolas Ouédec, les attaquants parisiens, à l’image de Florian Maurice la saison dernière, éprouvent beaucoup de peine à exister aux côtés du virevoltant Italien Marco Simone. La faute à leurs propres insuffisances, à un collectif encore en rodage, ou au talent égoïste de l’Italien ? Éléments de réponse.

    Le PSG version Biétry-Giresse n’a certes plus grand-chose à voir avec le PSG tendance Denisot-Ricardo-Bats. N’empêche, Marco Simone est resté. Et, avec lui, ce mal inconnu qui frappe immanquablement le deuxième attaquant titulaire du club de la capitale. Si l’italien marque des buts, son partenaire en pointe, quel qu’il soit, reste muet. Comme si l’indéniable talent du premier annihilait celui du ou des joueurs qui l’entourent. En cinq matches de Championnat – et même s’il est encore trop tôt pour crier à là sorcellerie -, le beau Marco a froissé les filets à trois reprises. Ouédec, Loko et Adailton, qui n’a certes joué que cinq minutes contre Lorient (4e journée), avancent, quant à eux, le même pauvre bilan : zéro but !

    A titre de comparaison, les attaquants des autres équipes candidates aux places d’honneur du Championnat ont pratiquement tous inscrit au moins un but. A Bordeaux, Wiltord et Laslandes ont marqué. A Marseille, Ravanelli, Maurice et Dugarry en ont fait autant. A Monaco, Henry, Ikpeba, Spehar et Trezeguet aussi. A Lens, pareil pour Nouma, Vairelles et Smicer.

    Le phénomène parisien passerait presque inaperçu si Florian Maurice n’avait pas rencontré pareille mésaventure la saison passée. Tandis que l’Italien flambait en Championnat et passait à juste titre pour le Zorro parisien des finales de Coupes de France et de la Ligue, Maurice, lui, comptait à chaque match ses ballons exploitables sur les doigts d’une seule main et finissait péniblement sa saison avec sept buts au compteur. Faible pour un candidat au Mondial.

    Un improbable exploit individuel

    Du coup, l’ex-Lyonnais a quitté le PSG pour Marseille sans le moindre regret. « Footballistiquement parlant, il valait mieux que je quitte Paris, déclarait-il en début de saison. J’avais l’impression que mes partenaires jouaient de moins en moins avec moi au fil des semaines. Entre deux solutions devant – Marco Simone ou moi -, ils choisissaient systématiquement Marco. »
    Rebelote cette saison. Seul le nom des acteurs a changé. Vendredi dernier à Nancy (0-0), c’est Patrice Loko qui s’y est collé. Titularisé d’entrée, le joueur a multiplié les courses et les appels de balle pour un bien maigre butin. Combien de fois a-t-il été sollicité dans de bonnes conditions ? Aucune, ou presque. Loko n’a pas frappé une seule fois au but en soixante-dix ­huit minutes de jeu (il fut remplacé par Ouédec qui, lui, tenta une fois sa chance d’un tir écrasé sans danger). Et s’il a quand même touché le ballon, c’était soit pour le remettre en retrait, soit pour le dévier en direction d’un partenaire. Triste soirée, même si on ne peut pas dénigrer le travail d’usure et de pressing – aussi ingrat soit-il – du Français dans la gueule d’une défense lorraine aux dents acérées. Mais ce n’était quand même « que » Nancy.
    Simone, lui, a donné le tournis à ses adversaires directs et aurait pu marquer sur deux bonnes frappes en première période. L’Italien a tâté du ballon. On l’a vu. Comme à chaque fois. Ce qui appelle deux observations :

    1. Soit Marco est à la fois plus remuant, plus guerrier, plus technique, plus personnel et plus réaliste que ses partenaires d’attaque, ce qui fait beaucoup, d’autant que Ouédec, Loko et Maurice (tous trois internationaux) ne sont pas n’importe qui.

    2. Soit, et c’est l’hypothèse la plus solide, l’Italien fait l’objet d’un traitement de faveur de la part de ses coéquipiers, Okocha en tête (son ombre en fait, tellement le nigérian peine à retrouver ses sensations de la coupe du monde), qui préfèrent le solliciter lui, plutôt que d’autres. Ce qui cernerait évidemment les limites d’une équipe en panne de confiance, obligée de solliciter quasi systématiquement un improbable exploit individuel de son meilleur attaquant pour sauver les meubles, et qui expliquerait qu’elle soit déjà reléguée à huit points du leader Bordeaux.
    « D’après ce que j’ai vu à Marcel-Picot, tout ce que les Parisiens sont capables de faire, ils le font pour eux­-même, a observé Laszlo Bôlôni, l’entraîneur nancéien. Ils jouent peu pour le collectif, surtout Okocha et Simone, même si ce dernier, qui parvient à se retourner face au but en une seule touche de balle, reste toujours dangereux. »

    Les footballeurs marathoniens

    Pour l’heure, Loko et Ouédec (qui a marqué quand même plusieurs buts en matches amicaux) évitent de dramatiser et s’accommodent tant bien que mal de leur rôle ingrat de « footballeur marathonien » sans ballon. « L’équipe se met en place progressivement, souligne Ouédec. Le PSG est en chantier. Il affine ses réglages et soigne les automatismes entre des joueurs qui, pour la plupart, ont débarqué cette saison. On manque certes de percussion et de complicité devant, mais il est trop tôt pour tirer des conclusions. Comment avoir plus de ballons ? Il faut travailler nos passes à l’entraînement et notre fonds de jeu. C’est la seule réponse que je peux donner aujourd’hui. »
    Après l’intermède européen contre les Israéliens du Maccabi Haïfa, jeudi, les Parisiens recevront l’AS Monaco, dimanche, pour un test bien plus significatif.

    Laurent CAMPISTRON, à Nancy

     


    capfoot  N° 15

    LOKO ET OUÉDEC AURONT-ILS LE TEMPS DE SE RETROUVER ?

    En réunissant Loko et Ouédec, Charles Biétry a reconstitué un duo que tout le monde s’arrachait mais que personne ne pouvait s’offrir il y a seulement trois ans. Les premières rencontres amicales ont permis, à l’ancien attaquant de l’Espanyol, en l’absence de Marco Simone, de faire éclat de tout son sens du but. Malheureusement pour lui, le début du championnat a été bien plus délicat. Contrarié par une blessure au gros orteil contractée à l’entraînement, Nicolas a suivi son compère Loko depuis le banc de touche à plusieurs reprises. Ce dernier a beau se créer des brèches dans les défenses adverses aux côtés de Marco Simone, il n’arrive pas à concrétiser ses efforts en scorant. Si bien que Charles Biétry s’est mis sur la piste d’un autre Breton, Stéphane Guivarc’h, afin de remédier aux carences offensives du PSG.

    Pour un président qui voulait se donner du temps, l’ancien patron du service des sports de Canal semble bien pressé de tirer un trait sur ses espoirs offensifs nantais. Ouédec a été acheté près de 41 MF soit 13 MF de plus que Marco Simone, Patrice Loko a été conservé alors qu’il s’était fait à l’idée de partir. Pourtant, jamais les deux hommes n’ont été associés à la pointe de l’attaque parisienne, hormis durant quelques bribes de fin de rencontre. Biétry a évoqué la faute professionnelle après la déroute sochalienne. N’est-ce pas également une grave erreur que de se passer d’un duo d’attaque si complémentaire quand on veut reconstruire une équipe ?

    F.C. Lorient

      20 novembre 1998

    LOKO AU SECOURS DES MERLUS

    TRANSFERT – Écarté du groupe professionnel au PSG depuis l’arrivée d’Artur Jorge, l’attaquant international a signé avec Lorient, mercredi, jusqu’à la fin de la saison. Objectif : dynamiser l’attaque des Merlus et permettre au club d’abandonner la lanterne rouge. Il n’y a plus de temps à perdre. Loko devrait débuter ce vendredi soir contre Toulouse.

    Evidemment, Patrice Loko aurait pu rêver d’un meilleur challenge que celui qui consiste à cravacher pour le maintien d’une équipe à la dérive. « Passer du PSG à Lorient, comme l’observe Christian Gourcuff, l’entraîneur des Merlus, ça ne peut être pris pour une promotion. Quelque part, Patrice doit être déçu. Mais bon, il connaît le contexte, il sait qu’on compte énormément sur lui. Cela va peut-etre le motiver.« 
    Vingt-six fois international, champion de France 1995 avec le FC Nantes aux côtés des Ouédec, Pédros, Karembeu, N’Doram et autres Makélélé, vainqueur de la Coupe des Coupes avec le PSG de Luis Fernandez l’année suivante…

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      21 novembre 1998

    Lekipe211198LOKO, LE REMONTE-PENTE

    Dans un match, de faible émotion et de faible qualité, Lorient a repris trois points importants à Toulouse et passe devant son adversaire grâce à la différence d’un but signé Loko, arrivé jeudi.

    Puisqu’il ne fallait pas attendre de belles choses des deux équipes les plus mal classées du Championnat, l’une, Lorient (5 défaites consécutives), étant affublée de la plus mauvaise attaque à domicile et l’autre, Toulouse (5 matches sans victoire), de la plus faible à l’extérieur, la différence s’est faite par un élément qui n’était pas encore concerné par cette affiche de bas de tableau, il y a trois jours encore. Venu de Paris, Patrice Loko est arrivé à point nommé pour relancer, suite à un penalty raté, des Lorientais qui n’ont jamais été aussi mal inspirés. Ils signent toutefois leur deuxième succès de la saison, le premier à domicile, avant de recevoir Nancy et d’aller à Sochaux, autre mal classé qui n’a pas pu se défaire de Strasbourg et se présente désormais à portée de victoire des Morbihanais. Lorient avait, hier soir, besoin de points, de points de suture. Loko, et est son immense mérite, leur en a donnés. En attendant mieux dans le jeu.

    En attendant, ils sont venus pour lui. Pour Loko qui a quitté sans regret son strapontin parisien pour une place de choix, en pleine lumière, dans le Morbihan. C’est une image, bien sûr, car le jeu lorientais n’a rien de lumineux et il reste difficile pour un seul homme, surtout un attaquant, de métamorphoser un ensemble. Pourtant, Noël Couëdel, le nouveau président du club, avouait juste avant la rencontre avoir senti une nouvelle ambiance dans le groupe depuis l’arrivée de la recrue jeudi.
    Dans ce match déjà capital, le public s’impatiente. Il est long, le temps de la renaissance. Les premières minutes ne disent rien de beau. En verrou défensif avec le jeune stagiaire Nafti, qui n’avait effectué jusqu’ici que des remplacements, Oceano est déjà sollicité. Pour le reste, quand Toulouse ne prend pas les initiatives (tir de Nafti à la 18e), les ballons lorientais vont mourir à droite, ou se perdre à gauche. Le match des derniers est aussi celui des déchets.

    Pendant ce temps, Loko court, heureux de rejouer. Mais le mangeur d’espaces n’a pas grand-chose à dévorer. En liberté surveillée par Diatta ou Galdames et parfois les deux, l’ancien Parisien ne peut reprendre avec efficacité une action de Bouafia (3e) et enrage d’une talonnade malheureuse, alors qu’il filait au but (21e). Mais son expérience et cette formidable volonté, qui lui a permis d’avoir une telle carrière, lui commandent d’insister. Toujours et encore.

    Une dernière fois, le public manifeste. Sur un centre de Pédron, Loko se retrouve à terre dans la surface entre Galdames et Santini. Penalty évident ou pas, l’arbitre n’hésite pas. Bouafia non plus. Mais le poteau repousse le ballon, alors que le gardien est pris à contre-pied. Un seul joueur suit. Un seul, venu d’une autre planète où il faut sans arrêt y croire pour gagner. Une planète loin d’ici. C’est plus qu’une image. Loko surgit et marque. Lorient, qui n’avait pas connu la joie du but depuis le 6 novembre à Bastia (1-2), revit. Pendant que les joueurs se replacent, Camadini sourit et Bouafla vient taper dans la main du buteur.

    Hugues arrête un penalty

    Les espaces s’ouvrent. Loko aimerait bien prolonger. Lorient également. A trois reprises, le meilleur buteur du Championnat de France 1995 est en situation : deux fois avant la pause (35e et 41e), une fois après (48e), face à un Gouaméné sans doute jaloux de voir Hugues sortir aussi loin pour participer au jeu. Il aura bientôt une autre occasion d’envier son homologue breton. Alors que le jeu se concentre essentiellement au milieu, Toulouse ose et s’enfonce. Jau hérite du ballon dans la surface, Kerhuiel est surpris et commet la faute. Maharzi tire le penalty que Hugues se fait un plaisir d’arrêter aussi fermement qu’il avait été tiré mollement.
    Sur la route de leur cauchemar en D 1, les Lorientais sont convaincus que la chance vient de tourner enfin. Une frappe de Camadini, puis un nouveau raid de Loko (58e), mais aussi ce handicap encore léger et donc rattrapable, décident Guy Lacombe de modifier sa formation pour colmater à l’arrière gauche et passer à trois attaquants.
    Gourcuff use également de la possibilité de remplacer trois joueurs : deux milieux et un attaquant. Difficile de se passionner pour la fin de la partie, un immense gâchis devant les deux buts, Hugues faisant le peu de spectacle en sortant souvent de façon spectaculaire à la limite de sa surface.

    Marc CHEVRIER

     


      22 novembre 1998

    Lekipe221198LOKO RETROUVE UN BUT

    L’ancien parisien a, en arrivant en Bretagne, retrouvé la joie de jouer et le chemin des filets. Du coup, Lorient, victorieux de Toulouse (1-0), croit de nouveau en l’avenir.

    La meilleure façon de marquer, c’est encore la sienne. Le match qualifié de la peur par Christian Gourcuff lui-même aurait, pu s’éterniser entre Lorient et Toulouse, vendredi soir au Moustoir. Mais Loko est arrivé… Un diamant dans une ville sans richesse. Un ancien international dans un club aux structures encore amateurs. Un dévoreur d’espaces dans une belle équipe sans profondeur. Tirant le jeu depuis vingt-cinq minutes, il a surgi derrière un Bouafia déjà dépité d’avoir tiré son penalty sur le poteau. Loko, seul à y croire, seul à courir, seul à marquer évidemment.

    « Depuis combien de temps je n’avais pas marqué ? Je ne sais pas « , sourit-il sans vraiment chercher à se souvenir. Puis, devant notre insistance, il ajoute, franchement rigolard : « Si, si, je me souviens de la dernière fois. C’était jeudi à l’entraînement. »
    Le meilleur buteur de France en 1995 n’avait pas marqué en Championnat depuis mai 1997, toutes compétitions confondues depuis son tir au but le 4 avril dernier, face à Bordeaux, en Coupe, de la Ligue (2-2, 4 t.a.b. à 2).

    Lorient n’avait pas gagné un match à domicile depuis le printemps dernier contre Wasquehal pour la montée (1-0). Les deux destins devaient absolument se croiser pour faire de l’addition de leurs malheurs un bonheur commun.
    « On savait ce qu’il pouvait nous apporter, on connaissait ses qualités, raconte l’entraîneur lorientais. On a tapé dans le mille. Les solutions qu’il offre en profondeur sont intéressantes. Il pèse toujours sur l’adversaire, même quand on est dominé. On sait maintenant qu’à tout moment on peut porter le danger. Je peux dire même que sans lui, on aurait eu du mal à finir le match. Il a toujours constitué une menace pour l’adversaire.« 

    Le fax de Denisot

    « Le plus important pour moi, c’est de jouer » explique à son tour Patrice Loko, accueilli comme la providence. Les choses n’ont pas traîné depuis son arrivée mercredi soir dans le Morbihan. Dès jeudi matin, Christian Gourcuff lui faisait découvrir pendant une heure les déplacements de ses joueurs sur ordinateur.

    L’après-midi, plusieurs centaines de spectateurs sont au Moustoir pour découvrir ce superbe cadeau de Noël, inespéré en début de saison, inenvisageable même avant l’arrivée du nouveau président… Noël Couëdel, heureux comme un enfant vendredi soir au bar du club après le match. Les félicitations sont empreintes de beaucoup de respect.
    « Je ne l’avais jamais rencontré avant « , précise Patrice Loko, redevenu une star, sollicité par les chasseurs d’autographes, ami de toujours de tout le monde. Personnage attachant, profond et sincère quand on a pris la peine et le temps de le découvrir, Patrice Loko s’aperçoit, avec son épouse, que son bonheur fait celui des autres. Des fidèles comme son ancien président au PSG, Michel Denisot, auteur d’un fax d’encouragement avant le match, ou Nicolas Ouédec, son ancien coéquipier avec lequel il n’aura pratiquement pas joué à Paris, Mais aussi des Lorientais qui se voyaient condamnés à la D 2 se reprennent à rêver alors qu’ils viennent de céder la lanterne rouge et de trouver un guide. Lorient est sous le charme.
    « C’est gentil de savoir que l’on vous trouve des qualités, dit Patrice Loko. Mais je ne vais pas soulever des montagnes à moi tout seul. Cela ne marchera que si tout le monde s’y met. Les joueurs manquaient de confiance, j’espère qu’ils en auront maintenant. Contre Toulouse, ce n’était pas le meilleur match de Lorient, d’après ce qu’on m’a dit. Peu importe, la victoire était impérative. On va apprendre à se connaître et travailler ensemble.« 
    « Il va retrouver ses racines nantaises dans le jeu, assure Christian Gourcuff. Il faudra peut-être même qu’il oublie ses années parisiennes.« 
    Patrice Loko n’oublie rien. Il s’en sert pour avancer. Il a quitté Paris pour un pari de huit mois dans un club en rien comparable avec ce qu’il a connu. A Lorient, où le soleil se lève…

    Marc CHEVRIER

     


    Agence France Presse  17 décembre 98

    LORIENT, 17 déc (AFP)

    Pour Patrice Loko, la prochaine rencontre du championnat possède une saveur particulière, alors que son club est en position de relégation. Le joker lorientais, arrivé il y a un mois, s’est très bien acclimaté à la Bretagne, et il attend le Paris SG de pied ferme, samedi, sans pour autant s’enflammer.
    « C’est certain, ce sera particulier pour moi, avoue l’ex-joueur du Paris SG, l’essentiel c’est tout de même les trois points de la victoire, le PSG n’est pas bien actuellement, à nous d’en profiter, on peut gagner« .
    L’attaquant des Merlus, après cinq matches sous les couleurs morbihannaises, a inscrit trois buts.
    Le premier d’entrée de jeu contre Toulouse, ensuite une égalisation remarquée face à Lens et la dernière réalisation mercredi à Lyon. Sa présence pèse sur les défenses adverses et Loko a apporté depuis son arrivée 8 points au club du président Noël Couëdel.
    « J’ai été très bien accueilli par les dirigeants lorientais et les joueurs, les idées de l’entraîneur, Christian Gourcuff, me conviennent. Elles me rappellent le jeu à la nantaise à une touche de balle, le jeu basé sur un pressing haut donne des solutions en attaque, avec des ballons en profondeur .« 
    Loko, mis sur la touche par Artur Jorge, a retrouvé dans la cité aux cinq ports une nouvelle motivation. « J’avais vraiment envie de jouer au PSG. On ne me faisait plus confiance et ça ne pouvait plus durer. En début de saison les matches de Lorient étaient régulièrement télévisés, j’avais pu voir que cette équipe jouait bien au ballon, cela m’impressionnait. De mon côté, j’essaie d’apporter un petit plus pour le maintien du club. J’y crois. Ce challenge me convient« .
    A 28 ans, Patrice Loko a de beaux jours encore devant lui. Il sera libre de tout engagement à la fin de la saison. Le Paris SG est prévenu, ce sera un match comme un autre mais, comme l’assure le président Noël Couëdel, « Patrice Loko crée constamment le danger dans les défenses, il use ses adversaires, il crée des espaces et des occasions de buts« . L’entraîneur Christian Gourcuff estime que « c’est l’attaquant qu’on attendait ».

     


      20 décembre 1998

    Lekipe201298LOKO ENFONCE PARIS

    C’est un F.C. Lorient retrouvé qui a triomphé, sans contestation possible, d’un triste PSG, réduit à 10 rapidement. Deux buts signés Loko, l’ex-parisien…

    « Le match aller est celui qui a commencé à mettre le PSG en mauvaise posture. ». Patrice Loko, parisien à l’époque, se souvenait parfaitement, avant la rencontre d’hier soir, de la manche initiale, qui avait vu la première victoire en D1 de ses futures couleurs (2-1). La revanche a contribué à enfoncer un PSG d’une rare insignifiance et qui a confirmé ses dernières affligeantes sorties.

    Lorient, plus mauvaise équipe de D 1 à domicile (jusqu’alors une seule victoire, sur Toulouse, et six buts en dix rencontres), continue sa remontée, à la fois sur le plan mathématique et celui du jeu. Le Paris-SG n’a plus gagné depuis le 20 novembre (2-1), face à Rennes (déjà des Bretons), et reste sur 473 minutes sans marquer.

    Et maintenant, trêve… de plaisanterie pour les deux clubs. Le « Père Noël « , Couëdel, président des Merlus, se doit d’offrir à Christian Gourcuff, pour les fêtes, plusieurs renforts, afin de confirmer tous ces renforts. En aura-t-il seulement les moyens financiers ?
    Mais que dire de son homologue et ami, Charles Biétry ? Il est aujourd’hui confronté aux mêmes obligations, quatre renforts sont réclamés par Artur Jorge afin de rebâtir un PSG qui n’en finit plus de décevoir et de s’enfoncer. Mais quatre,sera-ce suffisant pour redonner vie à cette équipe ?

    « Ce ne sera sans doute pas évident au départ. » Les craintes du néo-Lorientais Loko, très heureux de retrouver ses anciens coéquipiers un mois après les avoir quittés, apparaissent, à la lecture de la fouille de match, davantage d’ordre affectif que purement sportif. Artur Jorge a, en effet, opté pour un dispositif pour le moins frileux. Wörns tient bien sa place en défense centrale, ce qui fait remonter Carotti d’un cran. Le milieu de terrain parisien est complété par Llacer, Ducrocq et Yànovski, Okocha étant chargé d’epauler Simone, quelque peu esseulé en pointe. Pas un joueur à vocation offensive dans l’entre-jeu… Le technicien portugais redoute-t-il à ce point les Bretons ?

    Le FC Lorient, de son côté, aligne un Pédron retrouvé depuis plusieurs rencontres, mais qui était incertain jusqu’au matin. En revanche, Fischer est, lui, forfait pour le plus grand bonheur de Triki, réintégré en défense centrale. Un secteur qui souffre également de l’absence de Dugbatey remplacé par Montero. La surprise lorientaise émane, en définitive, de la titularisation, en attaque, d’Ousmane Soumah. L’adcien Bastiais, qui n’a plus joué depuis une cuisante défaite à Montpellier (1-5), le 3 octobre dernier, a sans doute encore en mémoire son unique but de la saison, inscrit… lors du match aller.

    La frilosité affichée des Parisiens, alliée aux nombreux changements de dernière minute chez les Lorientais, sont-ils à l’origine d’une entame de partie que l’on qualifie traditionnellement de round d’observation ? Probablement. Mais, soudain, la rencontre, à défaut de s’emballer, prend un jour nouveau. En effet, M. Kalt sort de sa chemise trois cartons jaunes coup sur coup. Le problème, pour le PSG, c’est que deux reviennent au malheureux Yanovski (17è et 22è). C’en est donc déjà fini pour le Russe, un peu sévèrement (semble-t-il) envoyé en vacances avant tout le monde.
    Les Merlus, trop heureux de voir, à priori, leur tâche facilitée, se décident alors à prendre le jeu à leur compte. Druon se jette dans la surface, sur un coup franc de Pédron, mais le latéral morbihannais est trop court (27è). Puis, à l’issue d’un beau mouvement collectif, Pédron marque, mais est nettement en position de hors-jeu (31è). Dans la foulée Soumah trouve le petit filet extérieur de Lama (33è).
    Mais, alors que l’on croit à une accalmie locale (la tête de Rabesandratana étant même sauvée sur la ligne par Le Bert, suite à un corner, 38è), le FC Lorient est finalement récompensé. Soumah, bien lancé dans la surface par Pédron, est accroché par Carotti. Le penalty, indiscutable, est transformé, sans trembler, par Loko (1-0, 42è). Dans ces conditions, comment les Parisiens vont-ils s’en sortir ?
    Les réponses semblent difficiles à apporter à la lecture des chiffres. En effet, à la reprise, les coéquipiers du capitaine Simone n’ont plus marqué en Championnat depuis plus de sept heures. Alors, à dix, le tout face à une équipe lorientaise qui retrouve ses vertus collectives…

    Mais, malgré ces données défavorables, les Parisiens entrent au mieux dans ce second acte. Ainsi, le coup franc direct, des 30 mètres, de Rabesandratana vient s’écraser sur le poteau gauche d’Hugues. Llacer, qui a suivi, ne peut reprendre correctement (57è).
    Le PSG va tenter le tout pour le tout, laissant à son adversaire les joies du contre. Autre indice qui ne peut tromper, Ouédec, l’enfant du pays, remplace Carotti (67è), puis c’est au tour d’Adailton de suppléer Ducrocq (75è).
    Cependant, les occasions restent bretonnes. La frappe de Montero est bien captée par Lama (71è). Puis Loko échoue à son tour sur le portier international (74è). Mais ce n’est que partie remise. Sur un caviar de la gauche de Pédron (4ème passe décisive de la saison), Loko, à bout portant, fusille Lama (2-0, 77è). C’est le 5e but en six matches de l’ancien Nantais.
    Il ne peut désormais plus rien arriver aux Lorientais qui font tourner la « chique » sous les hourras des supporters lorientais, qui n’en demandaient pas tant. Les Parisiens font presque (?) pitié, ridiculisés par une succession de passes à dix locales. « Mais ils sont où, les Parisiens ?  » chante le public, ravi de l’aubaine. Le pire, c’est que cette question si banale reste sans réponse. Peut-être sont-ils restés dans la capitale. A moins qu’ils ne soient jamais vraiment venus…

    Franck LE DORZE

     


      janvier 1999

    PATRICE LOKO : « J’AI ÉTÉ LE DECLIC DE LORIENT »

    Après un début de saison transparent au PSG, Patrice Loko à retrouvé les terrains et le chemin des buts avec son nouveau club. Mais si les Normands marquent le pas depuis la reprise, Loko, lui, a toujours de grandes ambitions. Lorient, le PSG, sa carrière, Loko à répondu en exclusivité à toutes nos questions. Entretien…

    Patrice, la situation actuelle à Lorient n’est pas très facile… ?
    Non, c’est vrai que nous sommes sur une série de mauvais résultats, notamment avec nos deux éliminations en Coupe de France et en Coupe de la Ligue. Pour un petit club il est nécessaire de bien figurer dans ces compétitions là. Financièrement c’est toujours important , pour le renom du club aussi et c’est dommage d’être éliminé dès les premiers tours

    Lorient semble avoir perdu le jeu qui, jusqu’alors, lui permettait de faire de bons résultat et de tenir tête aux grosses cylindrés du championnat. Puis tout d’un coup, plus rien…
    C’est depuis la reprise du championnat, on a eu un mois avant la trêve où on était euphoriques et tout nous réussissait. Depuis le début de l’année, on enchaîne les mauvais matches, le fond de jeu a disparu et on se cherche un peu. J’espère que ça va revenir mais apparemment certains joueurs en font un peu moins sur le terrain et c’est ce qui nous met en difficulté en ce moment.

    Pourtant le groupe a l’air de bien s’entendre ?
    Oui, mais quand on perd une série de matches comme ça et que l’on n’arrive pas à bien jouer, ça peut créer des problèmes. Pour l’instant il n’y en a pas, mais on se pose des questions et l’entraîneur lui même a du mal à cerner les joueurs en ce moment.

    Comment s’est passé ton intégration dans cette nouvelle équipe ?
    Trèsb ien, depuis que je suis à Lorient les résultats ont été légèrement meilleurs, j’ai été un peu le déclic de tout ça et j’en suis vraiment content. On a gagné des matchs, on a fait des nuls prometteurs. Je suis surpris qu’on démarre mal cette année et j’espère qu’on va pouvoir se ressaisir.

    Ton bilan personnel est plutôt satisfaisant avec 5 buts depuis ton arrivée.
    Oui, mais il faut que cela continue pour que le club puisse se maintenir.

    Laissons un peu de côté l’aspect sportif pour parler de la vie à Lorient, cela à dû te changer beaucoup par rapport à Paris ?
    C’est sur que c’est complétement différent. A Paris il y a énormément de distractions, tu mènes une vie plus euphorique. Même pour ta famille il y a toujours quelque chose à faire. Lorient c’est différent, c’est plus calme. En ce moment ça nous parait monotone. Avec l’hiver le temps n’est pas terrible et on peut pas sortir beaucoup parce que Lorient est une petite ville.

    On vient d’évoquer Paris, quel bilan fais-tu des trois années et demi passées au PSG ?
    C’est un bon bilan. J’étais venu au PSG pour réussir de bonnes choses ; J’ai joué deux finales de Coupe d’Europe dont une victorieuse, j’ai remporté les deux Coupes Nationales, ce qui me manque c’est le championnat mais c’est pas trop mal. En fait, j’aurais aimé partir du PSG en ayant participé aux dernières rencontres et en ayant bien joué avant tout. Mais ça n’a pas été le cas avec Arthur Jorge qui ne m’a pas fait confiance, il fallait que je puisse jouer dans un autre club et maintenant je suis à Lorient et je suis très content.

    Toi qui à vécu avec le groupe parisien en début de saison, comprends-tu les difficultés qu’ils rencontrent actuellement ?
    Quand on les voit joué comme en ce moment on se dit qu’il manque beaucoup de choses à cette équipe et notamment un fond de jeu. On ne peut pas bien jouer sans faire un bon amalgame des joueurs qui sont en place.

    Que penses-tu du retour de Giresse à Toulouse ?
    C’est bien. C’est vrai qu’à Paris il n’avait pas trop de résultats, mais ses idées étaient bonnes et il était dommage que le football français se passe d’un entraîneur comme lui. Il aura peut-être de meilleurs résultats avec Toulouse. Le problème c’est qu’au PSG on lui a demandé trop de choses tout de suite. Mais c’est un peu normal aussi, il faut des résultats quand on sait l’argent qui est mis chaque année dans le club. Avec les joueurs qui arrivent , et qui sont des joueurs de renom, on ne peut pas comprendre que le Paris St-Germain soit à la place qu’il occupe actuellement.

    Revenons à toi. Comment vois-tu la suite de ta carrière ?
    J’ai signé à Lorient pour sept mois le temps de retrouver une bonne carburation, jouer beaucoup de matches, marquer des buts et me montrer dans ma meilleur forme, et bien sûr réussir à maintenir Lorient en Première Division. Si j’arrive à ça c’est que j’aurais fait une bonne saison avec mon club et que je pourrait aspirer à jouer dans un club avec de plus gros objectifs.

    Tu penses à un club étranger ou ta préférence est de rester en france ?
    Pour l’instant je ne me pose pas vraiment ces questions là, mais que se soit un club français ou étranger, à partir du moment où le club est ambitieux pour moi ce sera trés bon. J’ai envie de retrouver un grand club où je pourrais bien jouer et m’exprimer. Je suis venu à Lorient pour me montrer à nouveau.

    Et l’équipe de France…
    On y pense toujours un peu, surtout après avoir participé à beaucoup de matches (NDLR : 26 sélections, 7 buts), mais avant ça il faut que je redevienne performant sur le terrain. C’est ce que me permet de faire Lorient, mais il faut faire encore plus pour être sélectionné, alors à moi de prouver de quoi je suis capable au sélectionneur, mais pour le moment ce n’est pas la priorité.

    Ta situation actuelle se rapproche des autres nantais champions de France en 95. Karembeu est champion du monde c’est vrai, mais à de grosses difficultés dans son club, Pédros a presque disparu et Ouédec connait aussi une saison difficile. Pourquoi les joueurs qui sortent de cette très bonne école nantaise ont du mal à confirmer après ?
    C’est vrai (il réfléchit quelques secondes), il y a ce qu’on appelle régulièrement « le jeu à la nantaise », et je pense que les joueurs qui partent doivent s’adapter au jeu de leur nouveau club, et ce n’est pas toujours le cas. Moi au PSG j’ai essayé de changer mon jeu pour me mettre au service de l’équipe. On ne joue pas à Nantes comme à Paris ou ailleurs. Il faut tenter d’oublier un peu les conceptions qu’on a eu, et se fondre dans les nouvelles tactiques. Souvent il faut se montrer un peu plus et joué moins collectif que l’on pouvait le faire à Nantes.

    Tu suis toujours les résultats des Canaris ?
    Oui, avec d’autres équipes, même s’il est vrai que lorsqu’on passe plusieurs années dans un club, on fait plus attention. Et là, en voyant tous ces jeunes faire de bonnes choses, je me dis que c’est une génération prometteuse qui revient.

    Tu parles de génération, on a l’impression que Nantes fonctionne en terme de cycle avec une jeune génération qui a du talent, qui pour des raisons économiques quitte le club et ainsi de suite.
    C’est vrai qu’on voit ces jeunes jouer au FC Nantes parce qu’ ils ont la chance de pouvoir s’exprimer plus qu’ailleurs. C’est dû au travail des entraîneurs qui savent recruter les meilleurs jeunes et les faire progresser jusqu’à l’équipe première et ça c’est trés important. Le club ne peut pas prendre de vedettes à coup de millions alors il laisse partir les meilleurs et tout recommence.

    Dernière question qui intéresse directement nos lecteurs, connais-tu internet ?
    Pas encore, mais je vais avoir mon site personnel, alors je vais m’y intéresser de plus prÈs. Je vois qu’il y a beaucoup de gens et notamment les supporters qui me demandent si j’ai quelque chose sur le web, ils aiment bien avoir des infos qu’ils ne voient pas forcément dans les journaux et pour eux c’est un bon moyen d’en savoir plus.

    Entretien réalisé par Olivier BAMMEZ

     

    Montpellier-Hérault Sport-Club

    logo_midilibre  15 juin 1999

    LOKO, LE DERNIER MAILLON DU TRIO

    L’ex-attaquant de Nantes, du PSG et de Lorient, donne sa réponse aujourd’hui. Après Ouedec et Pédros, il manquait un maillon.

    Si depuis son arrivée au creux de l’hiver, Nicolas Ouédec n’a pas connu de problème d’acclimatation, il n’en connaitra pas davantage sous le soleil de l’été.
    Lundi prochain, date d’une reprise en douceur avec les choses de la vie du foot, l’attaquant aura l’impression de faire un retour vers le passé ! Pas forcément une marche en arrière…
    Il ira souhaiter la bienvenue à Raynald Pedros revenant de loin dans une carrière qui a bien failli le conduire nulle part entre Marseille, Parme, Naples et Lyon.
    Plus loin, Nicolas Ouédec devrait aussi rencontrer Patrice Loko, sorte de joyaux dans le dispositif nantais avant ses écarts dans une vie qui ne l’a pas toujours épargnée. Il y a eu Paris (perdu) et le passage à Lorient pour un retour gagnant. Point commun entre eux ? Tous d’anciens canaris élevés dans la couveuse nantaise et « paternés » par un drôle de Coco Suaudeau. Signe particulier : champions de france en 1995 avant de voler vers d’autres lieux, d’autres destins, d’autres fortunes…Et si, pour Ouédec, Pédros et Loko, tout recommençait sous le nouveau maillot de Montpellier ?

    Louis Nicollin, Michel Mezy et jean-Louis Gasset sont à quelques heures de reconstituer ce trio autrefois magique et qui va sans doute faire jaser en bien ou en mal ! A quelques heures seulement car après avoir rencontré le manager général et passé une visite médicale hier à Montpellier, Patrice Loko (29 ans) a réservé sa réponse à aujourd’hui. Il devrait néanmoins signer pour deux saisons.

    Loko (1,77m, 72 kg) compte 26 sélections en équipe de France, plus de 300 matchs en division 1. Il a été, entre autre distinctions, sacré meilleur buteur en 96 sous le maillot du PSG (22 buts) avec lequel il avait remporté la Coupe des coupes avant d’en être finaliste un an plus tard. Après une période de doutes et de soins liés à des problèmes psychologiques, Patrice Loko a retrouvé le chemin des filets depuis novembre dernier à Lorient (9 buts)

    Montpellier n’a pas forcément fait un mauvais choix.

    Jean-Bernard STERNE

     


     cfoot  16 juin 1999

    PATRICE LOKO SIGNE À MONTPELLIER

    Comme on le pressentait, Patrice Loko vient de donner son accord aux dirigeants montpelliérains pour les deux prochaines saisons. Il quitte ainsi le club lorientais, qu’il avait rejoint en cours de saison. Le montant de la transaction n’a pas été précisé, tout comme le salaire du joueur.
    Agé de 29 ans, l’ancien parisien espère ainsi redonner un nouveau souffle à sa carrière. Il va surtout retrouver dans l’Hérault ses anciens coéquipiers du FC Nantes. En effet, après Nicolas Ouédec pendant le Mercato, on a appris récemment l’arrivée de Reynald Pédros en provenance de Parme.
    Louis Nicollin vient donc de rassembler le trio magique des Canaris de la saison 1994-1995. A cette époque, les trois joueurs avaient décroché le titre de champion de France. Avec 22 buts, Patrice Loko finissait meilleur buteur de la compétition, juste devant Nicolas Ouédec et ses 18 réalisations. Les deux attaquants étaient alors remarquablement servis par un Reynald Pédros au sommet de son art.
    Depuis ce titre, les trois hommes ont pris des destinations différentes. Nicolas Ouédec a tenté l’aventure espagnole, avant de revenir au Paris SG en début de saison. Il y a retrouvé Patrice Loko qui, entre temps, avait décroché avec le club de la capitale la Coupe des Coupes, une coupe de la Ligue et une coupe de France. Les deux hommes n’ont presque jamais été associés par Alain Giresse. Quant à Reynald Pedros, il a connu des lendemains nantais difficiles. De Marseille à Parme, avec également un bref passage à Lyon, il n’a jamais pu s’imposer et a surtout connu les bancs de touche.
    En réunissant ces trois joueurs dans son club, Louis Nicollin espère relancer les trois anciens nantais. Mais quoi qu’il arrive au niveau du jeu, “Loulou” a déjà réussi un gros coup médiatique.

     


      6 août 1999

    ET UN, ET DEUX, ET TROIS NANTAIS !

    Louis Nicollin a toujours aimé les paris même s’il n’ont pas toujours été des succès. Le dernier en date n’est pas le moins moins surprenant. En réunissant Nicolas Ouédec, Patrice Loko et Raynald Pédros, le trio magique du FC Nantes champion de France 1995, le président Montpelliérain a frappé un grand coup, qui s’accompagne de nombreuses interrogations, notamment sur les capacités à rebondir d’un Pédros égaré depuis plusieurs saisons. Mais Montpellier ne croit pas que le talent est soluble dans le temps, alors….

    Au milieu de l’attroupement, Olivier Sorlin semble un peu paumé. Il débarque, ne connait personne, sourit à chaque bonjour. Loulou l’attrappe par le cou. « Il est là, mon petit nouveau ! Viens faire de la presse… » Le jeune milieu de terrain de Valence, fraîchement sélectionné en Espoirs au Tournoi de Toulon a beau être prometteur, les nombreuses personnes présentes au château de Grammont, ce lundi premier jour de l’été pour la reprise de l’entraînement de Montpellier n’ont que des reflets jaunes dans les yeux. Ils sont bien là ! Pedros et Loko ont rejoint Ouédec. À peine reconstitué, le trio nantais suscite curiosité et interrogations aux réponses immuables : « Et pourquoi pas !… C’est un pari à la Nicollin…« 

    (pour lire la suite de l’article, cliquez sur la première image)

     


      13 juillet 1999

    LOKO : « LE BONHEUR DE MARQUER »

    L’ex-Lorientais Patrice Loko semble avoir trouvé à Montpellier un environnement favorable et une nouvelle sérénité. D’ailleurs, l’ancien Canari n’a guère tardé à trouver le chemin des filets, inscrivant le troisième but pailladin contre Karabakh Agdam.

    Patrice, vous avez marqué votre premier but sous les couleurs de Montpellier. La Butte a scandé votre nom. Ce sont de beaux débuts devant votre nouveau public…
    C’est bien ! On a, je crois, réussi de jolis buts samedi. J’ai eu le bonheur de marquer. C’est toujours une bonne chose pour un attaquant, surtout à l’occasion d’un premier match à domicile. C’est enfin le signe que j’arrive à bien m’entendre avec mes coéquipiers. J’espère que ça va continuer.

    La Coupe Intertoto démarre favorablement pour vous malgré le périple du match à Bakou ?
    Au début, c’est normal, on commence par les équipes plus faibles. Mais je pense qu’on va monter en puissance, ce qui sera le cas dès le prochain tour, face à L’Espanyol Barcelone. Il s’agit là d’une équipe un peu plus relevée, apparemment bien préparée et peut-être avec beaucoup de jeunes. Il va donc falloir faire attention. Mais avec une semaine de préparation supplémentaire, on sera de notre côté encore mieux préparés. Pour ce qui est du déplacement en Azerbaïdjan, ça n’a pas été une mauvaise chose pour le club : on a été tous ensemble durant trois ou quatre jours. On a ainsi appris à mieux se connaître.

    Vous êtes ici depuis bientôt trois semaines. Quel premier bilan pouvez-vous dresser ?
    J’ai été très bien accueilli par tous, les dirigeants et les joueurs, et ce n’est pas plus mal lorsqu’on arrive dans un nouveau club. Je me sens vraiment bien ici. Et c’est à moi de démontrer maintenant mes qualités sur le terrain.

    Pour la reconstitution du trio nantais, il faudra patienter encore un peu…
    Entre l’Intertoto et le Championnat, il y aura de nombreux matches et donc peut-être une nécessaire rotation de l’effectif. Chacun devrait donc avoir l’occasion de montrer ce dont il est capable. Mais c’est vrai que j’ai envie de jouer avec mes anciens partenaires, je pense que ça viendra très vite.

    Pierre DUPERRON

     


       6 août 1999

    LOKO-OUÉDEC, LES COMPLICES

    TANDEM. A défaut d’avoir été réellement rodé au cours des matchs de préparation, essentiellement durant les matchs de l’Intertoto, en raison d’une politique compréhensible de roulement instaurée par Jean-Louis Gasset, le duo d’ex-Nantais s’annonce prometteur à l’image de ce qu’il a été à Lyon, lors de la première journée de championnat.

    Mercredi soir, ils se sont juste croisés à la Mosson. Deux tapes dans les mains, un petit geste amical, et hop! Patrice Loko a remplacé Nicolas Ouédec aux environs de l’heure de jeu. C’était prévu, voulu, parfaitement compris des uns et des autres et ça rien à voir avec la politique du PSG d’un temps qui s’est davantage ingéniée à séparer qu’à réunir ces intelligences offensives. Au total, et c’est assez éloquent, les deux ex-Nantais n’ont joué qu’une seule mi-temps ensemble au cours de leurs six mois parisiens en commun : c’était contre Haïfa, à Tel-Aviv, lors du premier tour de Coupe des Coupes. Et comme il n’y en a pas eu d’autres !
    A Montpellier, Jean-Louis Gasset, qui a fait du recrutement de Patrice Loko « sa » priorité de l’intersaison, n’est donc pas maso ou devenu fou mais prudent. Il ne veut pas griller avant l’heure l’attelage reconstitué, ni l’exposer exagérément au feu d’une Coupe Intertoto pour laquelle le club de l’Hérault s’est qualifié (NDLR: il affrontera Hambourg, les 10 et 24 août). Non, il voit plus loin et en a apporté la preuve, d’entrée, contre Lyon le week-end dernier, en les installant tous les deux, avec le succès que l’on sait, aux commandes offensives du Montpellier-Hérault.

    « Avec Patrice, on se connaît par cœur »

    Loko et Ouédec n’ont donc pas, jusqu’à présent éprouvé, ni même épuisé, leur complicité noir sur blanc. Était-ce nécessaire ? Pas franchement. « Ces deux gars se trouvent les yeux fermés « , constate Michel Mézy. « Patrice ? Je le connais par cœur« , confirme Nicolas. On ne passe pas dix ans ensemble, depuis 1985 pour Loko, depuis 1986 pour Ouédec, du centre de formation de la Jonelière jusqu’à 1995, année du titre du FCNA et du départ du premier nommé pour le PSG, connue ça, pour qu’il n’en reste rien. « Pour moi, il était évident qu’avec Patrice, on gagnerait du temps. Avec un autre joueur, on en aurait mis davantage pour acquérir les automatismes. Je l’attendais donc, c’était ma base, et Nico m’a cautionnée à 200 %« , explique Gasset. Pas plus compliqué que ça. De surcroît, nous nous retrouvons au cœur d’une histoire d’amitié dont le milieu du foot, factice d’ordinaire, est plutôt avare. « C’est vrai, admet Ouédec, Patrice est un ami et non une simple relation de travail. » De fait, parmi tous les Nantais dont on a raconté abusivement leur communion quasi-génétique, Ouédec a été l’un des rares à suivre de près les tracas qu’a traversés Loko à l’occasion de son transfert de Nantes à Paris. L’un des seuls à s’être déplacé dans la capitale, pour rien parfois, à s’être inquiété de la santé de son ex-coéquipier. En bref, il ne l’a pas laissé tomber. Le Breton possède en effet l’amitié tenace.
    Le résultat est donc à la mesure du constat d’évidence que l’on doit dresser: l’intégration du nouvel arrivant à Montpellier s’en est trouvée grandement facilitée par leurs racines communes et par les six mois déjà passés ici par Ouédec, qui a su lui communiquer son bonheur d’être montpellierain. Une satisfaction guère démonstrative car ce n’est leur genre ni à l’un ni à l’autre mais à la mesure de leur complicité, solide, réelle, dépouillée de grands discours et mise entièrement au service du Montpellier-Hérault. Patrice Loko, pudiquement, évite le sujet trop psycho. « Oui je me sens bien ici « , commente-t-il sobrement en ne s’attardant guère sur les raisons de ce bien-être. Nicolas Ouédec, plus épanoui et dont le parcours initiatique a sans doute été peuplé d’un peu moins de démons, affiche un visage souriant, décontracté. Il revit dans ce sud de la France et ne cache pas qu’il n’a pas fallu cent sept ans pour Loko et lui même avant de se repositionner sur la même longueur d’onde. « On s’est tout de suite retrouvés« , dit-il. Sans doute parce que les deux hommes ne se sont jamais vraiment perdus de vue. Le temps et l’éloignement n’y ont rien fait. « Sur le terrain, on s’est retrouvés comme avant, avec le même feeling, les mêmes envies de se chercher. On n’a pas besoin de parler sur la pelouse, on le fait suffisamment quand on fait chambre commune lors des mises au vert ou en déplacement. On se connaît par cœur. » Des propos illustrés à Lyon lors du premier but de Loko sur un service signé Ouédec.

    « Nicolas ? Il décroche un peu plus qu’avant »

    Maintenant si l’érosion du temps n’a guère eu d’effet sur la philosophie de jeu des deux intéressés, en va-t-il de même de son application? Loko est resté ce joueur d’espaces, avaleur de profondeur, pourfendeur de défense grâce à son football de contre-pied,sa mobilité, son goût pour le jeu dans l’axe et son flair. En bref, il n’a guère changé. En revanche, si Ouédec a conservé cette élégance de geste et de déplacement, les chiffres prouvent qu’il n’est plus aussi efficace que par le passé quand il avait fini meilleur buteur du Championnat de D 1 en 1994 (20 buts), troisième en 1995 (18 buts); son penchant naturel pour le jeu et sa construction a peut-être pris le pas sur son ancienne carte de visite et explique ce déficit offensif. « Pourtant, j’aimerais bien le voir avancer un peu plus ses bases, car il devient, petit à petit, davantage passeur que finisseur, et c’est dommage tant son potentiel d’attaquant pur reste important « , regrette un peu Mézy. Il est clair que les qualités techniques de Nicolas, coup d’œil et contrôles orientés compris, le prédisposent à occuper un tel rôle, mais, c’est vrai, comme le croit Loko, « qu’il décroche un peu plus qu’avant; il a toujours su bien le faire, il a toujours aimé ça aussi, et, à Montpellier, il participe plus au jeu« . Entre ce qui est voulu et recherché par Jean-Louis Gasset et ce vers quoi Ouédec et l’entraineur montpellierain veulent tendre, il existe cependant une petite marge. « Si on veut que notre complicité soit payante, remarque Nicolas, il faut essayer de la traduire non pas à 40 mètres du but mais à 20 mètres. Comme on a su la produire à Lyon. Mais il faut savoir qu’aujourd’hui on me demande d’assurer la transition milieu-attaque; c’est à moi de ne pas en rajouter, de ne pas trop en faire comme face à Duisburg. J’ai tellement envie de créer… » Qu’il en oublierait non pas l’essentiel mais tout le sel de son attelage avec Loko.
    Enfin, comme il n’a jamais été question de couper l’équipe en deux « de faire un clan nantais d’un côté, un montpelliérain de l’autre« , prévient Gasset, il existe d’autres paramètres à prendre en compte comme le souligne l’entraîneur montpelliérain. « D’abord, je trouve que Nico est suffisamment présent devant le but, mais il doit encore davantage positionner cette technique le plus haut possible… et faire jouer ; ce qui lui manque, c’est un but ; il va venir, et comme c’est quelqu’un qui marche au moral… Ensuite, ce n’est pas seulement ce duo qui doit être efficace, mais un trio constitué avec Delaye. Entre eux, le mariage est facile, car Philippe pense le même foot qu’eux, mais il faut qu’ils s’adaptent, travaillent dans la surface et apprennent leurs déplacements communs. » Quand tout cela sera au point, quand Raynald Pedros sera de retour (« en janvier prochain« , estime l’intéressé) après son opération de la cuisse mardi prochain, Michel Mézy pourra dire comme Didier Couécou, alors manager de Bordeaux dans les années 80 : « Nantais, continuez de bosser comme ça dans votre centre de formations, vous travaillez pour nous ! « 

    Patrick DESSAULT, à Montpellier

     


      20 août 1999

    Lekipe200899LOKO RETROUVE LE SOLEIL

    Sur les bords de la Mosson, Patrice Loko s’est vite fondu dans le décor. Au point de faire l’unanimité sur sa personnalité. D’homme et de joueur.

    Sur le site Internet du Montpellier-Hérault, la messagerie est saturée de mots gentils et d’hommages vibrants à son intention. Un de ses admirateurs les plus ardents lui a même dédié un poème via le « Net ». En quelques semaines, l’onde de sympathie pour Patrice Loko a très vite dépassé les frontières des habitudes, au sein d’un club où la passion reste souvent à fleur de peau.
    Une reconnaissance populaire que ce repenti de la folie ordinaire accueille avec un sourire tout juste esquissé. « C’est la preuve qu’on peut péter les plombs, se soigner et garder une bonne image auprès des gens. »

    De ses frasques passées, de ses égarements anciens, Patrice Loko n’a gardé aucune trace, aucun souvenir, si ce n’est une mauvaise réputation à laquelle les dirigeants montpelliérains n’ont pas voulu croire. « J’ai appris que certaines personnes du milieu du foot racontaient un peu partout que j’étais instable et perturbé. Beaucoup de clubs ont accordé foi à ces mensonges. Sauf deux d’entre eux, Montpellier et Bastia. Alors, c’est moi qui ai finalement choisi de venir ici, pour les copains, Ouédec et Pedros.« 

    Deux buts en trois matches

    Une trilogie nantaise pour l’instant incomplète puisque Pedros, opéré de la cuisse, est indisponible. Mais cette marque de fabrique, cette «culture du déplacement et du replacement», suffit déjà au bonheur simple de Jean­Louis Gasset, l’entraîneur.
    « Associer Ouédec et Loko, c’était, pour moi, une priorité absolue« , reconnaît l’entraîneur montpélliérain, « Ces deux-là ont une complémentarité instinctive qui permet de donner de la profondeur au jeu et de s’engouffrer dans les espaces. Les deux clefs du football moderne. »

    À vingt-neuf ans, après un passé riche et tumultueux (26 sélections en équipe de France, 75 buts en D 1), Loko a saisi sans hésiter cette perche que lui tendait une trajectoire « un peu atypique mais (qu’il a) acceptée car (il a) changé… « J’ai plus d’expérience et je ne me prends pas pour un autre. »
    « Je suis toujours ambitieux et, j’ai envie de m’épanouir au sein d’une équipe où chacun est en train de trouver sa place, poursuit celui que Jean-Louis Gasset cite en exemple pour « son altruisme, son humilité et ses talents de finisseur« . Fort de cet équilibre retrouvé Loko a inscrit deux buts en trois matches de Championnat après en avoir marqué neuf lors de ses six mois passés, en douce, à Lorient. Ce Montpellier en tenue estivale, qui court deux lièvres à la fois (le Championnat et la Coupe Intertoto) règle même désormais son efficacité sur les humeurs prévisibles de cet attaquant qui se fait un devoir de «  toujours donner le meilleur de lui-même « .

    Si Loko a été tout près d’ouvrir le score, il n’a pas marqué à Strasbourg et les Montpelliérains ont concédé, en Alsace, leur première défaite de la saison (0-2). « La rencontre face à Monaco est de ce fait un premier tournant » en déduit la nouvelle étoile de la Mosson. « Pour rester dans le haut du tableau et ne pas se laisser distancer car il faut donc s’imposer à domicile. »
    Une rencontre que Loko se refuse pourtant à aborder comme la première étape d’une semaine de vérité. « Notre finale retour de Coupe Intertoto face à Hambourg, mardi soir, ne doit pas nous occuper l’esprit. Ce sera un tout autre contexte, une tout autre compétition. Nous y penserons le moment venu. » Comme il sera toujours temps de s’attarder sur les hasards du calendrier. Et de relever que, samedi prochain, Montpellier et Patrice Loko rendront visite à Nantes. Pour un autre retour aux sources. A la vie.

    De notre correspondant à Montpellier Eric CHAMPEL

     


     logo_psg.fr  26 novembre 1999

    PATRICE LOKO : « IL NOUS FAUT LES TROIS POINTS »

    Patrice, la dernière fois que vous avez joué contre le PSG, c’était sous les couleurs de Lorient, et vous aviez inscrit les deux buts de la victoire. Vous pensez que cela va se répéter ?
    Je ne sais pas. Maintenant, si je marque c’est bien, mais si on gagne 1-0 et que je ne marque pas, ce n’est pas grave. Je serai content ainsi.

    Retrouver le PSG, après avoir porté les couleurs du club pendant trois ans et demi, c’est toujours particulier…
    Bien sûr, je connais une bonne partie de l’équipe et des gens du club. J’ai porté ce maillot, et je ne peux pas oublier les bons moments passés dans ce club.

    Ce PSG, quatrième du championnat vous le connaissez un peu ?
    Un peu. Il y a une ossature de joueurs qui est là depuis un moment, et qui fait la force de Paris comme Rabé, Algerino ou Lama. Et puis des joueurs avec un gros bagage technique (Robert, Benarbia) sont arrivés pour renforcer le groupe.

    Justement, quel joueur sera à surveiller tout particulièrement ?
    Le maître à jouer, c’est Benarbia. Il peut déclencher le mouvement à n’importe quel moment, à nous d’essayer de le contrer. Mais Montpellier est une bête noire pour le PSG, c’est déjà un avantage psychologique.

    Revenons-en au championnat. C’est difficile pour Montpellier…
    On a beaucoup de mal, et ce match sera difficile autant que de jouer Bordeaux ou Monaco. Il faudra que l’on soit plus vigilant. Mais comme il est important de revenir en championnat, on doit absolument prendre des points (il tranche). Il nous faudra les trois points.

    Comment expliquez-vous que Montpellier soit lanterne rouge ?
    Au début de saison, nous étions bien classé, donc tout allait bien. Puis, il y a eu la coupe d’Europe, et là, on a commencé à perdre des points en championnat.

    Montpellier dernier pour le moment, l’an passé Lorient qui navigue entre les trois dernières places. Il y a plus enviable comme situation pour un attaquant…
    Oui, mais à Montpellier, on a d’autres moyens qu’à Lorient. Tenez, contre le PSG nous allons avoir un groupe où figurera beaucoup de joueurs de qualité issus du centre de formation. (sourire) Ce qui n’est pas pour déplaire à un ancien nantais. Et surtout, lors de notre dernière match face à Metz (2-2), nous avons montré de bonnes choses, offensives et mentales. Égaliser alors que vous êtes menés 2-0 ça compte, et ça aide.

    Laurent Robert a presque fait le chemin inverse au vôtre : il a quitté Montpellier pour le PSG. Vous en pensez quoi de Laurent Robert ?
    Je le connais seulement un peu pour l’avoir rencontré pendant qu’il était suspendu avec Paris. Il est venu à Montpellier retrouver des amis, et nous avons fait connaissance. Sinon, c’est un bon joueur qui s’en sort bien.

    Évoquer avec vous – comme avec Laurent Robert d’ailleurs – Montpellier sans évoquer le nom de Louis Nicollin, c’est impossible. Alors, il est comment ce président ?
    Quand on le connaît un peu mieux, même si je viens d’arriver, on a le sentiment que le club repose sur lui. Quand ça va mal comme en ce moment, il le dit à sa façon et ça vient du fond du cœur. Et les joueurs se rendent compte de l’importance du club, pour la ville comme pour la région. C’est quelqu’un d’entier qui aime son club et ses joueurs.

    Le mot de la fin…
    Samedi, je serrerai la main aux parisiens avant et après le match.

     


       8 août 2000

    LE CERCLE DES POÈTES DISPARUS

    Avec eux, Montpellier allait se régaler. C’était écrit, Loulou en avait fait le pari. Homme de coup de coeur, il avait réuni chez lui l’été dernier le trio magique qui avait redonné des ailes aux Canaris nantais lors de leur titre de champion de France en 1995. Loko, Pédros, Ouédec, ça sentait bon le spectacle et les buts, les dribbles et les une-deux à une touche de balle. Toute une poèsie. Allaités au divin jeu à la nantaise, ces trois-là avaient régalé la Beaujoire avant de se perdre un peu de vue en même temps que leur réputation de faiseurs de miracles s’embrumait. Mais leurs retrouvailles allaient tout effacer. Très vite, ils étaient même rejoints par Eric Decroix, autre glorieux ancien de la bande à Coco. Avec un tel matériel, Jean-Louis Gasset, adepte du beau jeu en poste depuis six mois, avait de quoi trousser un canevas fin et délicat. Emmené par ce cinq majeur, Montpellier se surprenait à rêver de haut de tableau et d’arabesques.
    Aujourd’hui, le club s’est reveillé en D2. Plutôt du pied droit, d’ailleurs, puisqu’il est en tête après deux victoires face à Beauvais (1-3) et à Caen (2-0). Mais, cette fois, Louis Nicollin et les siens ont entamé leur reconquête sans leurs « Nantais » ni leur ancien coach, mis à l’écart en fin de saison, qui se cherchent tous un avenir. Pour le moment, il semble plutôt gris. La marque jaune s’est évanouie…

    Patrice Loko (30 ans).
    C’est sans doute lui qui s’en est le mieux tiré, celui qui a le mieux digéré le départ du cocon nantais, entre deux bonnes premières saisons au PSG (23 buts avant une année blanche dans la capitale), puis une demi saison consistante à Lorient (9 buts) il y a deux ans. D’ailleurs, hors du contexte, son expérience montpelliéraine a été relativement correcte: 8 buts et 2 passes décisives en 28 rencontres. « J’ai pas mal marqué aussi en Intertoto. Dans une équipe dernière du classement, mon bilan n’est pas trop mauvais. Cela dit, d’un point de vue collectif, j’avais d’autres ambitions en venant ici. » Il était arrivé dans le sillage des copains, « pour effectuer un parcours dans la continuité de son passage à Lorient« . Surtout, il voyait très haut pour la « canari connection ». La désillusion n’en est que plus grande, même si Loko trouve quelques excuses à cet échec, constatant qu’il n’a « jamais été possible de nous aligner en même temps« . « A présent, on dit que les Nantais ne sont pas exportables. Mais il n’y a qu’à regarder Desailly, Deschamps ou Karembeu ! « . Ou même Loko, seul titulaire régulier des quatre compères, à Montpellier et ailleurs. S’il a été privé de la fin du Championnat, ce n’est que parce que le club préparait déjà la prochaine saison et qu’il craignait la blessure.

    Car Patrice peut espérer rebondir. Ailleurs. Sans bruit, les demandes sont tombées régulièrement sur le fax du Montpellier-Hérault, souvent envoyés par des équipes de D1 plutôt modestes, en quête de la bonne affaire. Un Loko pas cher, bien relancé, ça peut prendre des allures de bingo. Alors, Bastia, Lille, Metz ou Toulouse se sont mis sur les rangs. L’intéressé confirme, mais le Championnat a redémarré et il ne porte le maillot d’aucun de ces clubs. « Il me reste un an de contrat et Montpellier veut gagner un peu d’argent, c’est normal. Je n’ai pas toutes les cartes en main, alors je patiente.« . Également en contact avec le club anglais de Charlton, promu en D 1, Patrice Loko étudie toutes les pistes, françaises comme étrangères.  » Je n’ai pas de priorité. Ce n’est donc pas le salaire qui bloque.« 

    L’ancien meilleur buteur de la D 1 (22 buts en 1994-95, l’année du titre avec Nantes) aurait préféré avoir quinze jours de préparation avec son nouveau club. Il en est quitte pour prendre son mal en patience. « Mais je trouve le temps long. J’ai une famille. On aimerait bien se poser quelque part. Maintenant, j’espère que cela va se faire rapidement.  » (…)

    correspondance : Pierre DUPERRON

    (cliquez sur les images pour voir l’intégralité de l’article)

    Olympique Lyonnais

    logo_afp  26 janvier 2001

    LYON, 26 jan (AFP) – Le défenseur central brésilien de l’Atletico Mineiro (D1 brésilienne) Claudio Roberto Da Silva « Caçapa » et l’attaquant français Patrice Loko de Montpellier (D2) ont signé vendredi en faveur de l’Olympique lyonnais (D1), a annoncé le club de football rhodanien.

    (…)Loko, 31 ans, qui a résilié son contrat avec le Montpellier Hérault SC, a signé un contrat jusqu’au 30 juin 2001 avec une option de reconduction d’un an(…)
    De son côté, Patrice Loko déclare arriver à Lyon « avec l’ambition de retrouver ses qualités« . « Intégrer un groupe comme celui de l’OL est quelque chose de formidable pour moi. Je connais le jeu des trois attaquants déjà présents dans l’effectif et je pense pouvoir m’intégrer très bien avec eux« , a ajouté l’ancien international (26 sélections). « Je me suis toujours bien comporté au stade de Gerland avec les différents clubs pour lesquels j’ai joué et j’espère que cela va continuer maintenant que je suis à l’OL« , a-t-il poursuivi, assurant « qu’il ne craignait pas la concurrence« . « J’ai l’habitude de cela« , a-t-il conclu.
    « Nous avons choisi ces joueurs car nous avions la possibilité de bénéficier de prêt mais aussi parce qu’ils sont qualifiés pour la Ligue des champions« , a justifié pour sa part Jean-Michel Aulas, rappelant que « l’OL devait trouver des éléments de qualité, dotés d’une expérience internationale afin de pouvoir entrer dans le schéma du club« .

     


    logo_sportofm  26 janvier 2001

     


    logo_leparisien  2 février 2001

    LA NOUVELLE VIE DE PATRICE LOKO

    ARRIVE A LYON à la faveur du mercato, Patrice Loko, meilleur buteur du championnat en 1994-95, avec 22 réalisations, n’entend pas jouer les pigistes de luxe le temps d’une courte demi-saison. A bientôt 31 ans, ce voyageur qui a déjà porté les couleurs de Nantes, Paris, Lorient et Montpellier (284 matchs en D I, 73 buts), veut relancer durablement une carrière singulièrement freinée depuis l’été 1999.

    Après une superbe fin de saison avec Lorient, au cours de laquelle il avait marqué 9 buts en 20 matchs, il avait peu à peu sombré, à l’image de Montpellier, finalement relégué. « Certes, j’ai assez peu joué depuis mon transfert dans l’Hérault, mais je n’ai pas perdu les qualités qui étaient les miennes auparavant, affirme Loko. Lyon m’a recruté pour étoffer son groupe non seulement quantitativement, mais aussi qualitativement. Le challenge sportif que le club doit relever comporte un grand nombre de matchs. Il faudra des joueurs d’expérience et j’aurai donc une chance de démontrer ce que je peux apporter. » Pour l’heure, il se contente d’assimiler les schémas de jeu de sa nouvelle équipe et de travailler ses automatismes avec ses partenaires. Jacques Santini juge favorablement ses premiers pas au sein du groupe, mais ne l’avait pas retenu pour le déplacement victorieux en Coupe de la Ligue à Lens (3-1), mercredi soir. « Avec Patrice comme avec Claudio Caçapa, nous ne voulons pas brûler les étapes, affirme Santini. Pour le moment tout se passe bien. » Le même optimisme habite d’ailleurs l’ancien international (26 sélections et 7 buts), qui retrouve à Lyon certaines sensations éprouvées à Paris. « Je n’ai pas encore eu le temps de me balader, mais j’aime les grandes villes et je me sens déjà très bien ici. Et surtout, le club me fait penser au PSG. On retrouve le même souci d’organisation. J’avais plusieurs propositions pour rebondir, mais je voulais un club ambitieux pour me relancer. Je crois que Lyon est vraiment la solution idéale. »

     
    Jacques Donnay
     
     
     

      3 fevrier 2001

    Lekipe030201LOKO, L’ULTIME DÉFI

    Incorporé pour la première fois dans le groupe des dix-sept Lyonnais qui se déplacent à Guingamp, l’ancien international français pourrait relancer sa carrière en D 1 dès ce soir.

    Après une longue attente, Patrice Loko a enfin retrouvé une place pour lui dans une enceinte de D1. Depuis le début de la saison, il se trouvait, comme les autres « Nantais », d’ailleurs (Decroix et Ouédec), sevré de compétition à Montpellier (D2). Seul Ouédec a finalement accepté de se voir relancé par Mézy. « Je ne souhaitais pas évoluer en D2, explique Loko qui, en quatorze ans de carrière, n’a connu que la D 1 (315 matches, 83 buts). D’un commun accord avec mon entraîneur, nous avons dès lors décidé que je m’entraînerais normalement la semaine et que je ne jouerais pas en Championnat le week-end.« 

    C’est donc avec un profond soulagement que samedi dernier il s’est assis dans la tribune d’honneur du stade Gerland. « Où j’ai souvent marqué« , se souvient-il. Là, l’ancien champion de France avec les Canaris (en 1995) a, comme une ironie du sort, pu suivre le passionnant Lyon – Nantes (3-1). Ce soir, il pourrait même avancer d’un cran pour prendre place sur le banc, tout près d’un gazon qui lui était devenu maudit.

    Depuis son départ du Paris-SG, en novembre 1998, l’ancien Nantais a, en effet, connu deux descentes en D2, avec Lorient (en 1999) et Montpellier (en 2000). À chaque fois, ce trentenaire a refusé de tourner définitivement le dos à son glorieux passé en rejoignant l’étage inférieur où évolue son frère William, attaquant de Wasquehal.

    « Lyon ne représente pas un gros challenge »

    Son salaire et son âge – il fêtera ses trente et un ans mardi prochain – freinaient l’envie des clubs de l’enrôler. Pas les boulimiques Lyonnais, qui cherchaient une solution de rechange à Vairelles, banni et prêté jusqu’à la fin de la saison à Bordeaux. Les dirigeants rhodaniens se sont ainsi tournés vers Loko, dont !e contrat avec Montpellier expirait en juin. Le président Nicollin a saisi l’opportunité d’alléger sa masse salariale. II a volontiers accepte de résilier son engagement avec un joueur qui se serait de toute façon retrouvé libre en fin de saison et qui refusait de jouer. Après avoir dédommagé Montpellier à hauteur de quelques centaines de milliers de francs, l’OL a, vendredi dernier, fait parapher un contrat de six mois a Loko.

    Pour le club, le risque financier est nul. L’ancien international français (25 sélections, 7 buts) n’a, lui non plus, pas grand-chose à perdre. « Venir à Lyon ne représente pas un gros challenge pour moi, acquiesce l’intéressé. Ce club, qui dispose de bonnes installations et d’une très belle équipe, me permet de retrouver la D 1. C’est ce que je souhaitais. C’est donc avec un grand plaisir que je m’apprête à y rejouer. « 

    Dans dix jours, Lyon pourrait aussi lui offrir de nouvelles joutes européennes. Cet ancien vainqueur de la Coupe des Coupes en 1996 avec le Paris-SG se trouve, en effet, qualifié pour la Ligue des champions. « Le fait de pouvoir rejouer une Coupe d’Europe a constitué un atout supplémentaire dans mon désir de venir à Lyon, reconnaît-il. J’ai l’habitude de disputer ces matches de haut niveau. Ça ne me fait pas peur. J’ai continué à bien m’entraîner et vais essayer de démontrer mes qualités. » Après six mois d’inactivité volontaire, Loko a récupéré toute sa motivation. II ne reste plus à cet ancien meilleur buteur de D 1, à l’issue de la saison 1994-1995, (22 buts) qu’à retrouver le chemin des filets. Et son pari sera gagné.

    Bernard LIONS

     


    Sportal  1er avril 2001

    LOKO : « LYON PEUT TOUT GAGNER »

    Arrivé de Montpellier lors du mercato d’hiver, l’ex-international a retrouvé des ambitions et l’envie de jouer. Après une adaptation sans problème, Patrice Loko avoue se sentir bien à l’OL, un club qui a les moyens de ses ambitions. Premier test dimanche, en demi-finale de Coupe de France, face à Strasbourg (20h).

    Patrice, où en êtes-vous de votre adaptation ?
    J’ai intégré un groupe sympathique, travailleur et dynamique. C’est très important lorsque l’on arrive dans un nouveau club et, dans l’ensemble, cela se passe plutôt bien.

    Comment vivez-vous vos bons débuts avec Lyon ?
    Je suis arrivé dans de bonnes conditions. Lorsque l’on joue avec de très bons joueurs, c’est facile. Montpellier ne voulait pas que je reste. Je ne voulais pas jouer en D2. Nous avons trouvé un compromis. C’est bien de retrouver le haut niveau que j’avais perdu de vue depuis quelques temps. Je le retrouve avec plaisir.

    Le style de l’OL semble vous convenir…
    C’était assez facile de m’adapter, c’est un jeu qui va de l’avant qui permet aux attaquants d’arriver dans de bonnes conditions devant.

    Le club correspond t-il à vos attentes?
    J’ai toujours envie de disputer des rencontres de Coupe d’Europe, des matches au sommet… En Championnat, nous sommes encore bien placés. En coupe, également. C’est ce que j’espérais et j’attends de partir avec deux, voire trois titres.

    Vous êtes en contrat jusqu’au 30 juin. Qu’en est-il de votre avenir ?
    Nous n’en sommes pas encore là. Je joue avec Lyon car j’ai une grande envie. J’ai une année optionnelle pour laquelle l’OL devra me donner une réponse en fin de saison. Depuis que je suis là, je me sens très bien dans ce club et j’aimerais bien rester car le club affiche des ambitions que je recherche. Si ce n’est pas le cas, j’aviserai. Nous verrons bien.

    Dans quel état d’esprit abordez-vous cette rencontre face à Strasbourg ?
    Jouer à domicile lors des derniers matches d’une saison, c’est toujours mieux. Mais le sort en a voulu autrement. Ce sera forcément difficile. Mais nous avons des atouts pour contrarier ce sort.

    En coupe on dit qu’il est plus facile de jouer contre un club de D1 contre une petite équipe. Est-ce votre avis ?
    Il est souvent préférable d’affronter un club de D1, car mentalement, nous abordons le match avec un état d’esprit que nous connaissons. Face aux petits, il y a parfois un relâchement naturel.

    A votre avis l’arbitre va jouer un rôle important?
    Entre deux équipes de D1, ce sera équitable. Face à un adversaire de moindre niveau, l’arbitre est parfois plus conciliant avec lui.

    Lyon – De notre correspondant

     


       1er juin 2001

    LYON : 3 QUESTIONS À PATRICE LOKO

    Libéré par l’OL, Patrice Loko se retrouve sur le marché des transferts. Contacté par des clubs de Première Division (Ndlr, on parle de Bastia et Lorient), l’ancien Montpelierrain juge sa situation en « bonne voie ».

    Patrice Loko, l’OL n’a pas cru bon de lever l’option qu’il avait sur vous et vous voilà de nouveau sans club. Comment prenez-vous la chose ?
    L’OL ayant l’intention de recruter des joueurs, je ne voulais pas rester comme attaquant supplémentaire. Je n’ai pas pu me mettre d’accord avec mon club et me voilà libre. Étant donné que j’ai envie de jouer un peu plus que la saison prochaine, je ne me voyais pas continuer à Lyon et être plus souvent remplaçant que titulaire. A Lyon, tout s’est très bien passé mais maintenant, j’aspire à jouer. A moi de trouver une autre destination.

    Que retiendrez-vous de votre court passage à Lyon ?
    Que des bonnes choses. J’ai eu la chance d’appartenir à un très bon groupe, un très bon club. On a gagné la Coupe de la Ligue en fin de saison. On a réalisé un bon parcours en coupe d’Europe et en championnat. J’aspirais à jouer un peu plus mais le peu que j’ai joué m’a donné une motivation que j’avais perdue en début d’année à Montpellier. C’est très bien. Je suis en pleine forme pour reprendre la prochaine saison. J’ai des contacts avec des clubs français. Je ne sais pas encore où j’irai mais c’est en bonne voie.

    En D1 ?
    (D’un ton serein). Oui, oui.

    Propos recueillis par Romain Coulangeon

    Espérance Sportive Troyes A.C.

    Logo_estEclair  31 août 2001

    PATRICE LOKO, LA SURPRISE DU CHEF

    L’Estac a probablement bouclé son recrutement hier soir, en faisant signer pour une saison, l’ancien attaquant lyonnais Patrice Loko, actuellement sans club.

    A vingt-quatre heure de la date butoir qui clôturera, ce soir à minuit, la première cession des transferts 2001/2002, l’Estac a étoffé hier, l’ancien attaquant lyonnais, Patrice Loko.

    En fin de contrat avec Lyon, qu’il avait rejoint en cours de saison dernière après un passage à Montpellier, Patrice Loko s’est engagé pour un an à Troyes. Voici qui achèvera probablement le recrutement de l’Estac, après qu’Alain Perrin est parvenu à accélérer l’engagement du défenseur suédois Svensson, avant le 31 août.

    Alain Perrin avait évoqué les contacts noués ces dernières semaines avec les agents de Loko et Victor Bonilla. Le manager général de l’Estac étudiait avec discrétion la possibilité de renforcer son secteur offensif. « La philosophie du recrutement de Patrice Loko est surtout liée au déroulement de la Coupe d’Afrique des Nations. Sachant que nous auront plusieurs joueurs absents, notamment en attaque avec Saïfi, Ghazi et peut-être Niang, l’arrivée d’un joueur à vocation offensive était nécessaire. Il faut également penser au contrecoup de cette compétition qui se déroulera au Mali. D’où l’importance d’enrichir le groupe.« 

    Accompagné de son agent Patrice Liguistin, Patrice Loko a paraphé son contrat, tout en expliquant que le choix de l’Estac avait été celui de « la valeur collective« . « J’étais en contact avec Lille mais Sedan et Troyes étaient les plus intéressés. J’ai finalement préféré Troyes pour la qualité de son jeu, que j’ai apprécié en Intertoto.« 

    Sans club, Loko (31 ans) s’entraînait depuis quelques mois avec une équipe de CFA en Bretagne. « Je sais que j’ai un peu de retard dans la préparation. Mais c’est surtout la compétition qui me manque. D’ici à une quinzaine de jours, je pense être prêt si le coach fait appel à moi. » Champion de France en 1995 avec Nantes, l’ancien international (26 sélections) a ensuite joué au Paris SG, à Lorient, Montpellier puis Lyon. « J’ai très envie de jouer et de gagner des matchs. Je ne viens pas me relancer ici. Je n’ai jamais triché avec personne.« 

    P.M.

     


      31 août 2001

    LOKO UN AN À TROYES.

    Patrice Loko (31 ans) ne s’entraînera plus avec Vannes. Hier soir, vers 19 heures, et conseillé par Patrice Liguistin qui n’est autre que l’agent de Frédéric Danjou, il s’est engagé pour une saison en faveur de Troyes, qui renforce ainsi son secteur offensif en vue de la Coupe d’Europe et du Championnat. « Je suis vraiment ravi. Évidemment, j’aurais préféré être fixé un peu plus tôt dans la saison pour me préparer comme tous les autres. Je n’ai pas pu, tant pis. À moi de travailler pour rattraper le temps perdu. J’espère être à 100 % dans quelques semaines car aujourd’hui je n’ai pas la forme d’un joueur de D 1. » Contacté par Sedan et Lille, Patrice Loko a été séduit par le discours d’Alain Perrin et le jeu pratiqué par les Troyens depuis le début de saison.

    G. D.

     

    L'Est Eclair  5 septembre 2001

    « JE PEUX ENCORE MARQUER »

    Patrice Loko est pressenti pour incorporer l’effectif dès Samedi à Monaco. L’ancien international revient sur sa carrière et évoque ses ambitions sous les couleurs de l’Estac.

    La semaine dernière, vous signiez à Troyes. Quelles sont vos premières impressions sur votre nouveau club ?
    Tout ce passe bien. L’accueil a été très sympathique. Ce n’était pas évident car je ne connaissais personne. Mais j’ai pu me rendre compte que le groupe était chaleureux et de qualité. C’est une équipe qui a le potentiel pour faire au moins aussi bien que l’an passé.

    Vous avez signé pour un an. Ca veut dire qu’il y a comme un contrat d’objectif entre le club et vous ?
    Je suis resté six mois à Lyon et j’ai peu joué. Alain Perrin veut donc voir si je suis bien le joueur qu’il recherchait. Maintenant, il se peut très bien que je prolonge en cours ou en fin de saison…

    Troyes vous a recruté à la veille de la clotûre du premier marché. Avez-vous eu peur de vous retrouver sans club au soir du 31 août ?
    Franchement, non car j’avais des contacts avec Lille, Sedan et Aberdeen. Seul le challenge en Écosse ne me satisfaisait pas. De nombreux clubs de D2 s’intéressaient à moi, mais je me sentais encore capable de jouer en D1. Si ça a mis du temps à se finaliser, c’est parce que les clubs qui me voulaient jouaient l’Europe et ils devaient connaître plus précisément leur avenir.

    Pourquoi Troyes plutôt que Lille ou Sedan ?
    L’entraîneur troyen souhaitait un joueur d’expérience pour encadrer les plus jeunes, un attaquant qui prenne les espaces. C’est un discours qui m’a plu. Par ailleurs, Alain Perrin a la réputation d’être un entraîneur qui aime le jeu collectif en mouvement. Ça me convient bien.

    Après être passé par Nantes, Paris ou Lyon, vous n’avez pas le sentiment de descendre d’un cran en signant à Troyes ?
    C’est vrai que Troyes n’a pas la même notoriété mais c’est un club en devenir qui aspire au plus haut niveau. Au même titre que Sedan ou Lille, on en parle de plus en plus et c’est un bien. J’ai eu la chance d’être passé par Lorient, un club plus en retrait que celui de Troyes. L’esprit d’équipe y est plus développé.

    Une vertu qu’on ne retrouve pas toujours dans les grandes formations…
    C’est vrai qu’en six mois de temps à Lorient, j’ai trouvé un esprit « amateur » entre guillemets. Les personnes sont plus à l’écoute, on connaît tout le monde. Ce passage reste un bon souvenir. J’y ai inscrit neuf buts et les gens étaient contents de ce que j’ai pu réaliser là-bas.

    Et quels souvenirs gardez-vous de vos trois saisons parisiennes ?
    Ce furent de très bonnes années durant lesquelles j’ai étoffé mon palmarès (vainqueur de la coupe des coupes , de la coupe de France, et de la coupe de la Ligue).

    Rien à voir avec vos débuts à Nantes quand même…
    Non ; à Paris, le jeu était plus individuel, moins en mouvement. Nantes, ça reste le club où j’ai été sacré meilleur buteur de D1 (22 buts) et champion de France en 1995.

    Après Paris, vous signez à Montpellier ou Loulou Nicollin tenta de reconstituer la triplette nantaise avec Pedros et Ouédec…
    Oui mais l’équipe a été releguée et j’ai peu joué pendant six mois parce que Montpellier voulait me vendre. J’ai attendu décembre pour partir à Lyon où la concurrence était très forte. Mai je n’ai pas de regrets à avoir car j’ai fait le maximum.

    Des regrets vous en avez peut être par rapport à l’Équipe de France ?
    Il y a bien eu cette élimination contre la Bulgarie que j’ai suivie à la télé. Mais je considère que j’ai eu la chance d’être appelé à 27 reprises, d’avoir côtoyé Papin ou Canto. Il n’y a pas de regrets à avoir.

    Aujourd’hui à 31 ans, dans quel étant d’esprit êtes-vous ?
    Déjà physiquement, je me sens bien. J’ai suivi une préparation avec Vannes et je constate que j’arrive à suivre mes partenaires à l’entraînement. Je pensais être à un bon niveau et ça se confirme. Maintenant je me donne encore deux ou trois saisons au plus haut niveau. A Troyes, j’ai envie de jouer, de montrer ma valeur. J’ai une bonne expérience et je sais que je peux encore marquer en D1.

    Propos recueillis par Christophe Mallet

     


      7 septembre 2001

    UNE-DEUX

    Loko : « Troyes, un challenge intéressant ! »

    Dernière recrue en date de Troyes, Patrice Loko s’apprête à retrouver samedi soir. à Monaco, la compétition. Avec l’envie de démontrer qu’à 31 ans il a encore sa place au sein de l’élite.

    Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous à l’heure de fouler à nouveau les terrains de Première Division ?
    Je pense que ça va bien se passer. En attendant de trouver un club, je me suis entraîné régulièrement et sérieusement avec vannes. Sur le plan de la condition physique, je ne pense pas avoir de problèmes et je dois dire que, depuis mon arrivée à Troyes, tout se déroule très bien. Je suis assez satisfait de mes premières prestations au niveau du groupe. Je ne suis pas trop inquiet même si je sais que je manque un peu de compétition.

    Le Championnat de France a repris depuis deux mois, sans vous. Au cours de cette période, avez-vous ressenti la crainte de rester au bord du chemin ?
    Non. car j’avais la chance durant ces deux mois d être en contact avec pas mal de clubs. Je savais l’intérêt que me portaient Sedan, Lille et Troyes ainsi que les Écossais d’Aberdeen. Sans parler des nombreux clubs de Division 2 qui m’avaient également fait des propositions. II fallait simplement se montrer patent en attendant que la situation se décante un peu, notamment pour la Coupe de l’UEFA en ce qui concernait Troyes. En désespoir de cause, je serais peut-être parti en Écosse, car je ne souhaitais pas vraiment évoluer en D 2. Je me sentais encore capable d’évoluer à l’échelon au-dessus.

    Quand on a porté les maillots de Nantes, Paris et Lyon, signer à Troyes, n’est-ce pas redescendre d’un étage?
    C’est vrai que la notoriété de Troyes n’est pas celle des clubs que vous venez de citer. Mais je remarque quand même que l’on parle de plus en plus de cette équipe grâce aux bons résultats qu’elle obtient. Certes, c’est un peu différent de ce que j’ai connu auparavant mais c’est aussi en cela que le challenge proposé ici est intéressant. Dans ma carrière, j’ai eu la chance de jouer à Lorient lorsque le club est monté en Première Division et ce fut une expérience intéressante. Troyes a quelques points communs avec Lorient, notamment au niveau de (esprit d’équipe, élément important dans la réussite d’une formation.

    A 31 ans, qu’espérez-vous encore prouver ?
    C’est vrai qu’on considère que, passée la trentaine, un joueur est en fin de carrière. Personnellement, je pense que je peux encore jouer deux ou trois saisons au plus haut niveau. En signant à Troyes, je souhaite simplement disputer plus de matches que la saison dernière à Lyon. J’ai envie de jouer ne serait-ce que pour continuer à prouver ma valeur.

    Correspondance Jean-Pierre Kienn

     


      8 septembre 2001

    PATRICE LOKO : « RENOUER LE FIL »

    Quel sentiment domine chez vous avant vos débuts troyens ?
    Je ne suis pas plus stressé que ça… Je pense que, ces derniers jours, je me suis bien entraîné et tout se passe bien avec mes nouveaux partenaires. J’ai l’impression que mon retour s’effectue de manière tout à fait naturelle. Peut-être que je serai un peu plus stressé à mesure que l’heure du coup d’envoi approchera. Dans ces moments-là, on peut toujours se poser des questions. Mais c’est vrai aussi que c’est une joie de retrouver le Championnat de France. J’ai envie que ça se passe bien, pour moi bien sûr, mais surtout pour l’équipe. C’est le plus important. Je souhaite apporter quelque chose à cette formation pour qu’elle continue à se distinguer comme elle le fait depuis le début de cette saison.

    Vous allez affronter Monaco qui a absolument besoin de gagner.
    C’est vrai que nous n’allons pas rencontrer les Monégasques au meilleur moment. Ils ont connu un début de Championnat difficile mais je pense que la coupure de ces quinze derniers jours leur a permis de se remobiliser. Si nous rentrons bien dans le match, on pourra peut-être les faire douter à nouveau. L’équilibre d’une équipe est tellement fragile et tient parfois à si peu de choses.

    Vous allez porter le maillot no 27, le même qu’à Lorient. Faut-il y voir un signe ?
    Effectivement, ce choix n’est pas innocent. Lorsque ici on m’a demandé de choisir, le n° 27 n’ayant pas de titulaire, je n’ai pas hésité un instant. C’est effectivement celui que je portais à Lorient, dans une période de ma carrière qui reste parmi les meilleurs moments que j’ai vécus. Disons que cela marque peut-être mon envie de renouer le fil avec cette bonne période. Le 27, cela tombe également avec la date anniversaire de mon fils, qui est né un 27 septembre. Dans notre milieu, chacun a ainsi ses petits trucs.

    TROYES – de notre correspondant

     


      26 octobre 2001

    LOKO COURT TOUJOURS

    BAROUDEUR. En grande forme actuellement, l’ancien attaquant international a dynamisé l’attaque troyenne. Avant le déplacement à Montpellier, l’un de ses anciens clubs, samedi, il a ainsi prouvé qu’il avait de beaux restes, malgré un parcours tourmenté.

    Deux buts dans l’antre de Leeds le jeudi en Coupe de l’UEFA, un but et une passe décisive le dimanche contre Lorient ; en l’espace de quatre jours, Patrice Loko, débarqué à Troyes fin août, vient de démontrer qu’il n’avait rien perdu des qualités qui avaient fait de lui l’avant-centre de l’équipe de France. Depuis qu’il a posé ses valises dans l’Aube, à quelques heures seulement de la clôture des transferts, Loko se comporte en footballeur professionnel modèle. II est irréprochable, et sa gentillesse, sa disponibilité n’ont pas tardé à séduire les fidèles habitués scotchés au grillage des terrains d’entraînement du stade de l’Aube.

    Exemplaire, l’ex-Nantais l’est également lors de ces séances en semaine où se bâtissent les succès du week-end. Attentif aux directives d’Alain Perrin, appliqué comme un débutant, il confirme sa volonté d’être à la hauteur de la confiance que lui ont témoignée les dirigeants troyens en l’engageant jusqu’à la fin de la saison. Et lorsque s’allument les projecteurs du stade pour l’entrée des artistes, Patrice Loko redevient pour quatre-vingt-dix minutes ce formidable combattant formé à l’école nantaise.

    L’incorporation de ce dévoreur d’espaces et lutteur infatigable a donné une nouvelle dimension à l’attaque champenoise. Ce n’est certainement pas le fruit du hasard si les éléments qui composent cette ligne offensive viennent de faire trembler à neuf reprises les filets adverses en trois matches. Et pas contre n’importe qui ; trois buts à Auxerre, jusque-là invaincu en Championnat, deux buts en Coupe de l’UEFA à Leeds, le leader de la Premier League, qui n’en avait pas encaissé un seul sur son terrain depuis le début du Championnat anglais, et enfin quatre buts devant Lorient, pourtant pas facile à prendre en défaut loin de ses bases.

    PERRIN :  » IL PEUT NOUS APPORTER BEAUCOUP « 

    Le bilan est éloquent, et la dernière recrue de l’ESTAC n’y est pas étranger. Bien épaulé par Boutal et Goussé ou Niang, Patrice Loko semble reverdir sous le maillot troyen en se découvrant une nouvelle jeunesse. On est bien loin en tout cas de l’image sulfureuse qui lui a longtemps collé à la peau après une nuit parisienne de triste mémoire. « Son passé m’importe peu, souligne l’entraîneur Alain Perrin. Si je l’ai fait signer, c’est parce que j’avais besoin d’un attaquant de rupture. C’est un joueur mobile qui ne se cantonne pas dans un rôle de buteur. Il est également capable de faire la dernière passe, de se muer en joueur d’appui. Sur ce qu’il a montré ces dernières semaines, il peut encore réaliser de belles choses et nous apporter beaucoup par son expérience du haut niveau. Depuis son arrivée, il s’est comporté en très bon professionnel et a su se faire adopter par le groupe. J’espère simplement qu’il va continuer sur sa lancée. « 
    Une intégration réussie que confirme le principal intéressé : « Je me sens bien dans cette équipe et je trouve que mon adaptation a été plutôt rapide. Il faut dire que j’ai retrouvé à Troyes certaines similitudes avec Nantes, par exemple dans la manière d’aborder les matches. Chaque joueur sait ce qu’il a à faire pour apporter sa pierre au collectif. Jouer dans les espaces, être toujours en mouvement pour offrir des solutions au porteur du ballon, c’est de cette manière-là qu’une formation de notre dimension pourra continuer à produire de bons matches. »

    Et s’il fallait un témoin privilégié de cette parfaite intégration, le milieu de terrain Jérôme Rothen semble tout indiqué. Grand pourvoyeur de balles de but, il a rapidement trouvé la bonne partition pour jouer en cadence avec son nouveau camarade de jeu. « C’est vrai qu’il me facilite le travail, reconnaît le redoutable gaucher de l’ESTAC. Il va de l’avant, fait des appels, coupe les trajectoires au moment juste. C’est un vrai plaisir d’évoluer aux côtés d’un élément de cette qualité, dont il faut souligner l’intelligence dans le placement et dans les déplacements. Il comprend tout de suite ce que je vais faire sur mon aile, et ce n’est pas un hasard si, à Leeds, puis contre Lorient, il se trouve deux fois sur la trajectoire de mes centres pour les glisser au fond des filets adverses. On se trouve de mieux en mieux, et c’est toute l’équipe qui en bénéficie. C’est d’ailleurs l’un des aspects de sa personnalité que j’apprécie chez lui: malgré son riche passé de footballeur, il reste modeste et discret, toujours au service du groupe. C’est à mes yeux la marque d’un grand professionnel. « 

    « JE DOIS JUSTIFIER MON PASSÉ ET MES SÉLECTIONS »

    Des compliments qui feront sans doute chaud au cœur de Patrice Loko, peu bavard sur et hors du terrain, mais qui ne rejette pas les valeurs d’exemplarité que sa carrière justifie. « Je n’ai jamais été quelqu’un qui parlait beaucoup sur un terrain, reconnaît-il. J’essaie simplement d’être un meneur par la qualité de mon jeu et mon comportement en match. Par exemple, lorsque nous exerçons un pressing sur les défenseurs adverses, j’essaie d’entraîner les autres dans mon sillage pour que ce pressing ait une cohérence. Si je l’exerce tout seul, cela ne servira à rien. Je sais ce que l’on attend de moi et, même si la réussite du groupe passe avant tout, je me dois de faire de bons matches pour justifier mon passé et mes sélections en équipe de France. « 
    L’énorme activité déployée à chacune de ses sorties le démontre effectivement. A trente et un ans, Patrice Loko semble parvenu à une forme de plénitude qui se traduit dans son jeu. « Je suis peut-être un peu moins rapide qu’il y a quelques années, dit-il, mais l’expérience me permet de compenser par d’autres qualités. Faire la bonne passe au bon moment, sans se précipiter inutilement, avoir le geste juste dans les instants décisifs d’une rencontre, c’est avec le métier que l’on apprend tout cela. Lors de passages difficiles, comme ceux que nous avons connus contre Leeds, je continue à y croire peut-être plus que tous les autres, grâce à l’expérience accumulée dans les matches importants sous le maillot du Paris-SG ou de l’équipe de France. On s’est beaucoup parlé à la mi-temps de cette rencontre, et j’ai dit à mes équipiers qu’il fallait continuer à y croire, ne pas lâcher pour ne pas avoir de regrets. Résultat, nous revenons à 4-2 à la fin du match et nous avons encore le droit de rêver à une qualification pour le tour suivant. « 

    Bien dans sa peau, bien dans sa tête, l’ex joueur de Nantes, Paris, Lorient, Montpellier et Lyon entend briller encore quelques années. Sous le maillot de Troyes cette saison et, pourquoi pas, à l’étranger un peu plus tard. « Je jouerai tant que mon physique me le permettra, et j’espère bien rester au plus haut niveau encore deux ou trois saisons. Avant de mettre un terme à ma carrière, je serais assez tenté par un dernier contrat à l’étranger, pour découvrir comment on appréhende le football hors de nos frontières. Ce serait une expérience intéressante, même si, aujourd’hui, j’ai pris conscience qu’il n’y a pas que le football dans la vie et que le bonheur de mon épouse et de mes enfants est tout aussi important. » Paroles de sage.

    Correspondance Jean-Pierre KIEHN

     


    logo_leparisien  26 octobre 2001

    LOKO RETROUVE LA LUMIÈRE

    Le parking du stade de l’Aube est presque désert. Seuls quelques fidèles réservent leur place pour le match de Coupe de l’UEFA face à Leeds jeudi prochain. En toute quiétude, Patrice Loko signe une poignée d’autographes avant de grimper dans son Audi TT. « C’est sûr qu’il y a moins de pression à Troyes qu’à Paris ou à Lyon, sourit l’homme en forme de l’Estac, auteur de trois buts et d’une passe décisive lors de ses deux derniers matchs (2-4 à Leeds et 4-2 devant Lorient). Ici, c’est plus tranquille. Le résultat est important, mais une défaite n’est pas catastrophique. »

    « J’étais mal« 

    Après Nantes, Paris, Lorient, Montpellier et Lyon, l’ancien attaquant des Bleus (26 sélections, 7 buts) a posé ses valises de pèlerin en Champagne à la fin de l’été. Pour un nouveau départ. « J’avais envie de m’exprimer et de faire une saison pleine, souffle celui qui n’a joué que par intermittence depuis un an. On m’a moins vu sur le terrain, et les gens ont vite pensé que j’étais fini. Mais je n’ai pas changé. La seule différence, c’est qu’à présent je joue plus souvent. alors le public à l’impression de me redécouvrir. »

    A 31 ans, l’ancien champion de France (avec Nantes) et vainqueur de la Coupe des coupes (avec le PSG) – « Mes deux meilleurs souvenirs » sourit-il – espère avant tout retrouver le plaisir. Tout simplement. « Je sais que ma carrière est derrière moi, mais j’ai envie de jouer le plus longtemps possible. », lance l’enfant de Sully-sur-Loire, les yeux brillants.
    Pour l’ex-canari, le football redevient une passion après avoir été un fardeau. Le regard s’assombrit. « Cela m’a demandé beaucoup de sacrifices au niveau familial… » lâche la mari de Muriel, père de Johan et Vanille. Personne n’a oublié la fameuse nuit de juillet 1995 où le Parisien d’alors « pète les plombs », transformant la voie royale de sa carrière en long chemin de croix. « Mais ça fait quand même six ans que cela s’est passé, fait-il remarquer d’une voix douce. Cela ne pourrait plus arriver aujourd’hui. Faire une bouffée délirante, je ne le souhaite vraiment à personne. J’étais mal et j’ai oublié la plupart des choses qui me sont arrivées à ce moment-là. Les gens doivent se souvenir qu’il y a eu un avant et surtout un après. Ce n’est pas évident de remonter la pente. Je suis fier d’avoir réussi ça. Même quand on a touché le fond, on peut se relever.« 

    La grande cassure

    Se relever, mais pas tout effacer. « C’est sûr qu’à l’époque je jouais à Paris et en équipe de France. Ça a été la grande cassure« . Les Bleus accèdent au nirvana du Mondial 98, puis de l’Euro 2000. Loko, lui, tombe dans l’oubli.  » Je faisais partie du groupe. Alors, bien sûr, j’ai pensé que j’aurais pu, moi aussi, connaître cette aventure. Mais les choses tournent vite et je suis resté le premier supporter des Bleus.« 

    Aujourd’hui, fort de son expérience internationale et de 318 matchs de D1 (82 buts), Patrice Loko joue les grands frères sans l’une des équipes surprises du début de saison. « j’ai une assise et un vécu qui comptent dans les matchs importants. J’arrive parfois à glisser un petit mot qui peut aider les jeunes. » explique-t-il. Fidèle à ses principes, l’attaquant troyen, qui affronte demain Montpellier, l’un de ses anciens clubs, est toujours prêt à se « défoncer » pour le club. « Je veux apporter mon enthousiasme et pouvoir sortir du terrain en ayant la sensation d’avoir donné le maximum.« 

    A Troyes, Loko revit.

    Eric Bruna

     


    L'Est Eclair  31 octobre 2001

     » L’EUROPE ME TRANSCENDE »

    Patrice Loko a marqué 21 buts en 45 matches de Coupe d’Europe. II raconte ses souvenirs de campagne et exhorte ses coéquipiers à croire à la qualification.

    Patrice Loko jouera demain,contre Leeds, son 46e match européen. Avec Nantes puis le PSG, il a connu le sommet des affrontements continentaux (victoire en Coupe des Coupes en 96 et finale l’année suivante). Toute cette expérience de campagnes au long cours, il la met aujourd’hui au service de l’Estac. Avec apparemment toujours autant de succès : déjà deux doublés au compteur contre Ruzomberok et surtout à Leeds. S’inscrivant comme un vrai fer de lance pour le groupe, il témoigne ici de son attachement à ces rencontres aux effluves singulières.

    La Coupe d’Europe

    « Ce sont des marches particuliers auxquels on a envie de participer parce qu’on apprend beaucoup, parce qu’on rencontre des équipes contre lesquelles on n’a pas l’habitude de jouer. C’est toujours un plus, surtout grâce à de belles formations comme Leeds. L’intensité n’est pas la même. Pour le public aussi, c’est différent et les joueurs ressentent cette pression, ce stress supplémentaire. Au niveau du jeu, il n’y a pas beaucoup de temps morts, et la moindre erreur est souvent fatale. Ça rajoute un certain piment. »

    Ses performances

    « Je ne fais pas trop attention à mes statistiques. 21 buts en 45 matches ? Oui, effectivement, ce n’est pas trop mal (Il sourit). D’ailleurs, on m’a encore fait remarquer après mon doublé à Leeds que j étais toujours présent dans tes gros matches de Coupe d’Europe, et pas juste en tant que buteur. Je me souviens d’avoir déjà réalisé un triplé contre Athènes avec le PSG. Quelque part, ça doit me transcender, me mobiliser encore plus. Tant mieux, j’espère que ce sera encore le cas jeudi. Et j’espère surtout pouvoir emmener dans mon sillage mes coéquipiers; c’est ce qui reste le plus important »

    Les souvenirs marquants

    « Il y en a pas mal. D’abord, la victoire avec le PSG en Coupe des Coupes en 96 et  la finale contre Barcelone l’année suivante, c’est à la fois un bon et un mauvais souvenir Bon parce que jouer une saison sur un grand match comme ça, c’est un événement superbe à vivre, mauvais évidemment parce qu’on avait perdu 1-0 sur un penalty litigieux de Ronaldo. Et moi, j’avais marqué un but refusé, disons très très limite. Sinon, dans les grands moments, il y a Liverpool en demi-finale, toujours avec le PSG l’année de la finale face à Barcelone. A l’aller, les Anglais, comme souvent, étaient arrivés très sûrs d’eux, décontractés, presque en touristes. Il ne nous avaient pas pris au sérieux alors qu’on avait une grande équipe. Résultat : 3-0 au Parc. Au retour, on avait perdu 2-0 à Anfield Road dans un match d’une incroyable intensité. On avait souffert mais l’ambiance était absolument extraordinaire.»

    L’affrontement contre Leeds

    « Au match aller, on les a beaucoup trop regardé jouer en première mi-temps. Je crois que certains d’entre nous se sont posé trop de questions et ont été paralysés par l’événement. Heureusement, on a encore la possibilité de passer. Alors jeudi, il faut que ce soit eux qui nous regardent jouer! On a les moyens de contrarier cette équipe en jouant haut. Essayons de gagner déjà, on verra bien quelle tournure prend le match, et s’il faut jouer notre va-tout on le fera au bon moment. Ça ne sert à rien de calculer. Je ne crois pas que les Anglais aient beaucoup changé de mentalité alors il est possible qu’ils nous prennent de haut, surtout qu’ils marchent fort en ce moment. A nous de les surprendre. Sur l’ensemble d’une saison, Leeds est plus fort que trous. Mais sur un match, tous les espoirs sont permis. »


    Propos recueillis par Anthony LACAILLE

     


    logo_psg.fr  3 novembre 2001

    LOKO TÉMOIN PRIVILÉGIÉ

    Vainqueur de la Coupe des Coupes 1996 avec le PSG, Patrice Loko a ensuite porté successivement les couleurs de Lorient, de Montpellier puis de Lyon la saison dernière. A Troyes depuis cet été, cet infatigable dévorateur d’espaces continue à se donner à fond sous son nouveau maillot. Après l’élimination jeudi soir face aux redoutables Anglais de Leeds, Pat’ attend son ancienne équipe de pied ferme…

    PSG.fr – Patrice, comment vas-tu ?
    Après ce match retour contre Leeds, l’essentiel est de récupérer. Tout le monde est unanime pour reconnaître que nous avons réalisé un bon match. Malheureusement, la qualification n’est pas au bout…

    PSG.fr -. L’ESTAC est pourtant passée tout près d’un exploit retentissant…
    Patrice Loko : Nous y croyions vraiment avant la rencontre et nous avons tout mis en œuvre pour concrétiser cet état d’esprit pendant quatre-vingt dix minutes. Personnellement, j’ai eu au bout du pied une balle de 4-1 qui nous aurait permis de tuer cette rencontre et de nous qualifier. Je ne peux que déplorer ce petit rebond qui m’a fait « vendanger » cette superbe occasion. Je m’étais pourtant concentré à fond sur ce coup-là…

    Un esprit conquérant

    L’élimination troyenne est-elle due à un manque de réussite ou à une relative inexpérience au niveau européen ?
    La réussite, nous en avons bénéficié sur notre second but puisque la frappe de David Hamed a été déviée par un défenseur anglais. Au bout du compte, nous avons vraisemblablement raté la qualification au match aller. A Leeds, nous avions sans doute encaissé un but de trop.

    Hormis cette belle aventure en Intertoto puis en Coupe de l’UEFA, comment analyses-tu le début de saison de ton équipe ?
    Le bilan me semble encourageant. Que ce soit au stade de l’Aube ou à l’extérieur, nous avons su trouver les moyens pour perturber et mettre en difficulté de nombreuses équipes.

    Quels sont les ingrédients de ce parcours séduisant ?
    Nous avons développé un très bon jeu en mouvement lors de certaines rencontres. Notre groupe possède à la fois de la qualité et un esprit conquérant, notamment sur le plan offensif. Nous réussissons souvent à mettre en difficulté les défenses adverses, ce qui est très important sur le plan mental.

    Dans quel domaine se situe la marge de progression de l’ESTAC ?
    Le revers de la médaille, c’est que nous nous jetons parfois un peu trop à l’abordage en oubliant de défendre efficacement. Il nous reste à trouver le juste milieu entre l’attaque et la défense.

    « Je n’oublierai jamais Paris »

    Comment s’est passée ton intégration dans ton nouveau club ?
    J’ai pu me mettre rapidement au service de l’équipe car il existe ici un respect et une écoute permanente. A trente ans, j’essaie avant tout de mettre mon expérience au service de l’équipe.

    Dans quel état d’esprit allez-vous aborder cette rencontre face au PSG ?
    Ce match de gala va constituer le prolongement de la rencontre européenne contre Leeds. Nous savons désormais que notre équipe est armée pour ce genre de rendez-vous face aux grosses cylindrées et nous allons tout faire pour rééditer un grand match.

    Cette affiche doit représenter une saveur particulière pour toi…
    Bien sûr ! J’ai joué quatre années à Paris et je n’oublierai jamais ce club. J’y ai gagné beaucoup de titres et je suis toujours très heureux à l’idée de retrouver le PSG.

    Quel est ton plus beau souvenir sous le maillot du PSG ?
    La finale de la Coupe des Coupes remportée contre le Rapid de Vienne. Un moment historique pour le club, avec en particulier une descente des Champs-Elysées qui restera gravée dans ma mémoire.

    Pour terminer Patrice, un petit pronostic pour dimanche ?
    Nous devons impérativement nous imposer chez nous. Éliminés de la Coupe d’Europe, j’espère maintenant que nous allons enchaîner sur une belle série en championnat. A partir de là, impossible de pronostiquer autre chose qu’une victoire de l’ESTAC !

     


    logo_afp  5 novembre 2001

    LOKO PÉTILLE À NOUVEAU À TROYES

    L’attaquant Patrice Loko, dont la cote déclinait depuis son départ de Nantes en 1995 et une nuit parisienne d’excès médiatisée, s’est refait une santé à Troyes avec quatre buts en Coupe de l’UEFA, deux buts et deux passes décisives en Championnat de France de football de D1.
    Son dernier but en date, celui de la victoire (1-0) contre le Paris SG dimanche soir, est d’ailleurs chargé en symboles.
    Loko se bat en effet chaque jour pour faire oublier cette fameuse sortie de boîte de nuit il y a six ans. Craquant nerveusement sous la pression de son récent transfert au PSG, il avait alors détérioré des voitures dans la rue, avant de semer une jolie pagaille dans un poste de police, s’exhibant notamment devant une femme policier.
    Sous le maillot de Troyes, Loko rappelle surtout qu’il a été meilleur buteur -avec 22 réalisations- de la D1 en 1995, l’année du titre avec Nantes, où il évoluait depuis 1986.
    Après le PSG (1995, novembre 1998) de nombreuses portes s’étaient fermées, sauf celles de Lorient, où il avait d’ailleurs signé son arrivée par un doublé (2-0 le 19 décembre 1998) contre le PSG (9 buts en tout de novembre 1998 et juin 1999). Avant de connaître de nouveaux passages à vide à Montpellier en D2 (1999, décembre 2000), et à Lyon (janvier-juin 2001).

    Grand frère

    Convoité par Sedan, Lille et Troyes, il a choisi l’Aube, où il a dû à nouveau faire ses preuves comme un débutant, lui, l’ancien avant-centre de l’équipe de France (26 sélections, 7 buts de 1993 à 1997).
    Son excellente condition physique, sa conduite exemplaire à l’entraînement et sa gentillesse en dehors du terrain ont fait taire les derniers sceptiques.
    A tel point que personne ne lui en a voulu d’avoir raté la balle de qualification pour le troisième tour de Coupe UEFA, jeudi dernier face aux Anglais de Leeds.
    A bientôt 32 ans, toujours aussi discret, il espère se faire accepter comme un grand frère à Troyes. Son expérience des grands rendez-vous a été utile au match aller à Leeds, où il avait marqué en fin de match alors que son équipe était réduite à dix (4-2 à l’aller, 3-2 au retour).
    Ses courses sur le terrain ont déjà séduit ses partenaires, qui apprécient sa capacité à couper les trajectoires, comme sur sa tête victorieuse contre le Paris SG.A l’aise dans une équipe où l’entraîneur Alain Perrin prône un jeu à une touche de balle qui lui rappelle Nantes, il voudrait jouer encore deux à trois saisons, songeant à prolonger à Troyes, avant, pourquoi pas, de finir sa carrière à l’étranger.

     


    Journal du Foot – Novembre 2001

    Patrice, qu’est-ce qui vous a amené à opter cette saison pour un club comme Troyes ?
    L’envie de jouer tout simplement ! Depuis mon départ de Montpellier, je souhaite avant tout allonger mon temps de jeu. J’ai envie de jouer davantage. A Lyon, cela n’a pas pu se faire car j’ai intégré un groupe très riche et il n’était pas évident pour le coach de me faire jouer souvent. Je l’ai très bien compris. Je n’ai donc effectué que des petits bouts de matchs. C’est la raison pour laquelle on a l’impression, aujourd’hui, que je reviens, car on m’a peu vu pendant un an à ce niveau. Mais en fait, je n’ai jamais cessé de m’entraîner et de tout faire pour être à mon meilleur niveau.

    C’est vrai que depuis vos problèmes extra-sportifs du PSG, on a un peu l’impression de vous redécouvrir?
    Les gens me redécouvrent mais je n’ai pas vraiment changé. J’ai pris des années, comme tout le monde. Je suis peut-être un peu moins rapide mais je compense avec l’expérience. Je pense être plus lucide dans le jeu, moins me précipiter, moins gâcher. Je joue dans un état d’esprit différent que celui qui était le mien à 20 ans Je sens que mes coéquipiers comptent sur moi, je tiens à justifier mes sélections en équipe de France, mon passé. Un exemple : face à Leeds, alors que nous étions mal, je n’ai jamais cessé d y croire car je sais qu’en coupe d’Europe, il y a un match retour. Cette expérience là, je l’ai acquise avec le PSG et les Bleus. J’ai appris à tout faire pour ne pas avoir de regrets. Le jeu aussi a pas mal évolué, mais je joue toujours sur les mêmes qualités. Je suis conscient qu’à 31 ans ma carrière est derrière moi, mais je n’entends pas gâcher les quelques années qu’il me reste d’évoluer au plus haut niveau.

    En tout cas, en venant à Troyes, vous semblez avoir intégrer un collectif qui vous convient !
    C’est vrai qu’ici, le jeu déployé par l’équipe me convient bien. Dans beaucoup de domaines, Troyes ressemble à Lorient. Comme lui, le club a rapidement trouvé sa place en Dl en se reposant sur un beau jeu, en essayant de trouver des espaces. Cela nécessite pas mal d’engagement et d’exigences au niveau physique, mais cela correspond bien à mes qualités aussi. Troyes ressemble également à Nantes dans la manière d’aborder et de préparer les matchs. En entrant sur la pelouse, tout le monde sait précisément ce qu’il y a à faire.

    Quand vous regardez derrière vous, que pensez-vous de votre carrière ?
    Je ne regrette aucun de mes choix. J’ai toujours pu m’exprimer comme je l’entendais dans tous les clubs que j ai fréquentés, même à Lorient, un club d’un standing plus faible que Lyon, Nantes ou le PSG A Lyon, je n’ai pas joué beaucoup, mais j’ai pu côtoyer de grands joueurs et l’expérience s’est révélée plus que positive. Quant à Troyes je ne regrette évidemment pas ma venue ici. Je retrouve toutes mes sensations.

    Ne redevenez-vous pas efficace également parce que vous avez retrouvé un équilibre de vie en dehors du football ?
    Mais j’ai toujours été quelqu’un d’équilibré ! Ce n’est pas parce que j’ai souffert de bouffées délirantes un jour que ma personnalité est instable. Les gens ne comprennent pas qu’on puisse être malade pendant quelques mois. Cela peut arriver à tout le monde. J’ai réussi à remonter la pente grâce à mon entourage, j’apprécie d’autant plus la bonne passe que je traverse actuellement. Je retrouve la D1, je suis heureux. Je suis fier de m’être relevé et j’ai plus envie que jamais de revenir à mon top niveau.

    Cette maladie vous a tout de même fait perdre pas mal de temps, vous qui étiez alors en équipe de France…
    J’ai effectivement dû perdre deux ans dans ma progression, par rapport au jeu. Mais rien ne dit que j’aurais continué à évoluer de manière positive. Rien ne dit que j’aurais pu rester en équipe de France et participer à la Coupe du monde. Aujourd’hui, je préfère positiver et me dire que ces deux ans perdus, je les rattraperai en fin de carrière. Je jouerai plus longtemps car je serai moins usé.

    Malgré vos nombreux changements de clubs, votre image reste attachée au FC Nantes…
    Et c’est normal car j’y ai passé plus de dix ans, j’y ai appris mon métier. Ce sont des années inoubliables.

    Est-ce là-bas aussi que vous avez effectué votre meilleure saison ?
    Oui, certainement lors de la saison du titre où j’avais fini meilleur buteur du championnat avec 22 buts. Une saison extra avec un groupe fantastique. Quelque part, je suis encore à la recherche de cette espèce d’harmonie là, tant en dehors que sur le terrain. Face à Auxerre (victoire de Troyes à l’Abbé Deschamps 3-1), j ai eu le sentiment de revivre certaines phases de jeu que j’avais connues à Nantes. C’est de bonne augure pour la suite…

    Et à Paris, qu’avez-vous appris ?
    A Paris, j’ai franchi un palier en conservant ma place en équipe de France, en remportant une coupe d’Europe et en me prouvant à moi-même que je pouvais réussir dans un autre contexte qu’à Nantes. Cette phase a été très importante pour moi… même si elle s’est mal terminée.

    Aujourd’hui, à Troyes, qu’attendez-vous de cette saison ?
    Ni plus ni moins que ce que j’ai toujours essayé de faire partout où je suis passé. Personnellement, je suis dans le même état d’esprit, toujours soucieux de donner le meilleur de moi-même. Pour le moment, je pense que le coach est content de mes prestations. Il faut maintenir ce niveau de jeu. Garder cette envie de jouer qui fait ma force, qui fait notre force à Troyes. Si nous parvenons à rester rigoureux et enthousiastes à la fois, nous pouvons espérer terminer dans les six ou sept premiers. Notre collectif est notre force, c’est grâce à lui que nous pourrons faire de bonnes choses.

    Comment voyez-vous la suite de votre carrière ?
    Tant que je serais animé de cette motivation, je continuerais. J’aimerais bien pou voir jouer dans un grand championne étranger, découvrir un autre football, d préférence en Espagne ou en Angleterre Je me donne encore deux ou trois ans.

    Le niveau de jeu du championnat de Franc est-il le même qu’en 1995, lorsque vous avez fini meilleur buteur de D1 et champion de France avec Nantes ?
    II y a peut-être moins d’individualités, mais le niveau de jeu n’a pas trop évolué, ni dans un sens ni dans l’autre. La qualité moyenne des équipes est bonne en France. Ensuite, nous avons vu aviver une nouvelle génération de jeunes joueurs qui ont de suite intégré les grands clubs avant de quitter le pays pour partir dans les meilleurs clubs européens. C’est très bien pour l’équipe de France.

    Vous sentez-vous « largué » par rapport à ces nouveaux attaquants qui étonnent l’Europe, les Pires, Trézéguet, Henry, Wiltord, Anelka… ?
    Largué non, mais il est évident qu’ils ont un autre parcours que le mien. En pouvant jouer très jeune dans les meilleurs clubs d’Europe, ils ont acquis une grande confiance en eux, une expérience importante. De tous les joueurs que vous avez cités, j’apprécie particulièrement Thierry Henry. J’aime sa façon d’appréhender le foot, sa philosophie générale, sa disponibilité sur le terrain.

    N’avez-vous pas le sentiment d’être passé à côté de quelque chose de grand ?
    En 1994, avec Canto et Papin, nous sommes passés à côté de la Coupe du monde aux Etats-Unis dans les circonstances que tout le monde connaît (ndlr : le but de Kostadinov au Parc dans les arrêts de jeu). Ensuite, nous avons fait l’Euro 96, les demi-finales, et j’ai quitté les Bleus ) à ce moment là. A quelques mois du Mondial, avec les résultats fantastiques obtenus par l’équipe de France, il n’était pas évident de revenir dans le groupe. J’ai beau me dire que j’aurais peut-être pu… la vie est ainsi faite ! Le seul regret que j’ai ce groupe, je ne1’ai pas quitté les Bleus sur mes qualités de footballeurs. C’est dommage, mais je suis évidemment heureux d’avoir vu la France être championne du monde et d’Europe.

    Par rapport à tout ce qui a été dit sur votre compte pendant que vous étiez malade, à tout ce que vous auriez pu faire et que vous n’avez pas fait après le PSG, n’en voulez-vous pas à un milieu qui ne vous a pas fait de cadeaux ?
    Non, car je me suis toujours senti bien dans le milieu du foot Comme dans tous les milieux il y a à boire et à manger mais je n’ai pas de griefs particuliers à faire à l’ensemble des gens et des clubs que j’ai pu fréquenter. Tout le monde veut être bon, veut gagner… cela implique des choix et des rapports de force. Je n’ai rien à dire à ce sujet Dans ce contexte, vous avez forcément des gens qui se mettent en travers de votre route. Je sais que par rapport à ce qui m’est arrivé, beaucoup ont raconté dis bêtises, m’ont mis des bâtons dans les roues pour m’empêcher de signer ici ou là. . . `des jaloux comme on en rencontre partout. J’ai passé cette épreuve, ma vie connue et ça se passe très bien à Troyes pour le moment Je n’ai aucun compte à régler avec qui que ce soit.

    Pendant votre repos forcé, avez-vous pensé à arrêter le football, à une éventuelle orientation nouvelle qui pourrait également s’avérer une reconversion ?
    Franchement, non, jamais. J’ai toujours été obnubilé par ma carrière, comment faire pour revenir à mon meilleur niveau. Et je pense que c’est parce que je n’ai jamais envisagé d’arrêter, que je suis revenu aussi vite. En fait, je n’ai jamais douté de mon retour. Aujourd’hui encore, malgré mes 31 ans, je ne pense pas à mon après-football.

    Que peut-on donc vous souhaiter pour vos dernières années de footballeur ?
    De continuer à manifester la même envie, de me sentir bien physiquement le plus longtemps possible et d’avoir la chance de jouer un jour à l’étranger.

    Alors que vous revenez dans l’actualité, à qui pensez-vous, à qui avez-vous envie de rendre hommage ?
    A ma femme qui a beaucoup souffert également Quand je vois tout le chemin que j’ai accompli pour revenir, je pense immédiatement à elle. A elle et à mes enfants, sans qui je ne serais peut-être pas là aujourd’hui. Leur bonheur est plus important que ma carrière…

     


      24 novembre 2001

    LOKO, LE COME-BACK

    Avec sept buts, trois passes

    décisives et une forte influence sur le jeu troyen, l’ancien Nantais est de retour sur le devant de la scène.
    TROYES, de notre envoyé spécial

    IL RACCROCHE avec le sourire gêné du complimenté. Michel Denisot tenait à le féliciter pour son doublé à Leeds (2-4), celui qui entretenait encore l’espoir d’une qualification pour les 16es de finale de la Coupe de l’UEFA. II dessine le même regard de Tintin sur la Lune lorsqu’un supporter vient lui serrer la main dans un bar, ne la lâche pas et ne le laisse même pas placer un mot. Patrice Loko est ainsi. II accueille les félicitations avec docilité. II écoute, acquiesce, sourit, remercie. Mais il ne comprend pas cette soudaine effervescence. Bien sûr, la dernière année à Paris, il n’a pas beaucoup joué. D’accord, l’année dernière à Lyon, il a erré plus souvent sur le banc que dans la surface de réparation adverse. « Mais, à chaque fois plus je rentrais en jeu, mes prestations étaient bonnes, explique-t-il comme d’autres racontent leurs vacances en colo. Je ne pense pas avoir été mauvais ni à Paris, ni à Lyon. Seulement, au PSG, j’ai été victime de la politique de recrutement. Quand on attire Simone et Maurice, c’est pour les faire jouer. Et à Lyon, j’étais bon mais moins bon que Marlet, Anderson ou Govou. »

    Entre les deux clubs, s’immiscent des passages à Lorient et Montpellier. «  Là encore, je ne comprends pas, soupire-t-il. Mes stats étaient correctes. » En Bretagne, Loko inscrit neuf buts. Dans le Sud, trois fois moins. II concède ; « Avec le recul, signer à Montpellier est peut-être mon seul regret. » II hausse ses épaules carrées, pose son menton sur la paume de sa main puis ajoute « On a l’impression que j’ai eu un temps d’arrêt et que, maintenant, je redeviens bon. Moi, je n’ai pas cette sensation. « 

    Ce qu’il ressent ne correspond pourtant pas forcément à l’image que Loko, l’ancien Nantais, renvoie. Tout ce que cet international aux 25 sélections a forgé, tous les titres qu’il a décrochés et ceux qu’il décrochera semblent ne pas faire le poids face au chemin de traverse qu’il a emprunté un soir de juillet 1995. Un seul soir où, dans un commissariat parisien, il râla, railla puis dérailla.

    La rubrique fait divers le suit à la trace. Elle gomme son passé le plus glorieux, fait obstacle à un avenir qui aurait pu être plus doré. « C’est vrai que certaines personnes en ont profité pour faire capoter certains transferts« , regrette-t-il, sans pour autant laisser transparaître le moindre ressentiment sur son visage. Parce que Patrice Loko a surmonté ces sombres moments comme il est parvenu à faire le deuil de son fils de huit mois, décédé un soir d’hiver 1992. Soutenu par sa femme, épaulé par Laurent Guyot et Nicolas Ouédec, ses amis, il a su recouvrer son sang-froid, escalader les obstacles.

    A trente et un ans, Loko revient à la surface de l’élite du foot français, rejaillit à la face du monde professionnel après avoir failli se noyer dans l’oubli. Son refus de jouer en D 2 avec Montpellier aurait pu le plonger dans cet abîme qui a avalé certains de ses anciens partenaires nantais. Troyes, à la recherche d’un attaquant, l’a-attrapé par la manche et replacé sous le feu des projecteurs.
    À peine arrivé, il s’offre ainsi un premier doublé lors du premier tour de la Coupe de l’UEFA. Récidive un mois plus tard à Leeds. Assomme Bordeaux d’un enchaînement poitrine-volée du droit, s’offrant un troisième but en championnat. II aurait même pu être porté en triomphe si un rebond malicieux ne lui avait pas joué un sale tour lors du retour contre Leeds.

    Vers une prolongation de contrat

    « Des buts, il en a déjà raté, affirme Alain Perrin. Mais comment lui en vouloir ? Patrice est un joueur généreux. II est très accessible. II a tout de suite conquis ses partenaires. J’envisage d’ailleurs de prolonger son contrat. ». Au mois d’août, l’ancien Nantais ne s’est engagé que pour une saison. Aujourd’hui, il ne désapprouverait pas une prolongation. Même si, il y a quelques mois encore, il ne savait pas quelles couleurs il porterait.
    II a d’abord hésité. Une aventure à l’étranger l’aurait bien tenté. « J’avais dit à mon agent de mettre entre parenthèse les contacts avec les clubs français : Troyes, Sedan et Lille « . II a réfléchi, analysé, scruté les propositions. II a pris son temps. Tout son temps. Il s’est entraîné avec Vannes, une équipe de CFA où, là aussi, il a séduit tout le monde. « Patrice assistait à tous les repas, payait toutes ses amendes en cas de retard« , insiste Denis Goavec, l’entraîneur breton.

    Puis, il s’est décidé, « Aucune des offres étrangères ne me convenait vraiment. Et comme je savais que Troyes me voulait… » II apposera sa signature à deux jours de la fin du mercato. « je cherchais pourtant un joueur plus jeune même si Patrice m’intéressait, avoue Perrin. Maintenant, je ne regrette pas. Il se conduit comme un véritable leader dans le groupe. II n’hésite pas à prendre la parole dans les vestiaires à la mi-temps et parle toujours juste.« 

    Une attitude qui ressemble à celle qu’il avait lorsqu’il évoluait à Nantes où, « même s’il ne cherchait jamais à se mettre en avant selon Laurent Guyot, il avait déjà un rôle de leader « . Cette étiquette de « leader », justement, ne lui sied pas vraiment. Alors, à voir sa moue dubitative, celle de « star » encore moins, « Certains dirigeants m’ont dit que j’allais les aider à faire connaître ce club. Pourquoi pas ? lance-t-il à la cantonade. A partir du moment où l’on est médiatique, que l`on passe à la télé, on fait rêver les gens, la difficulté consiste à montrer qu’on est toujours le même.» Ce qu’il a toujours été, à part une parenthèse de quelques semaines. Un joueur efficace. Un homme timide et courtois.

    Damien DEGORRE

     


    logo_cahiersdufootball  19 novembre 2001

    LA GAZETTE, NUMÉRO 67
    Thérapire

    Patrice Loko revient au premier plan, cela fait plaisir et cela donne de la matière aux journalistes qui adorent les résurrections. Ils adorent aussi rappeler systématiquement ses déboires de 1995. Pas un reportage qui ne s’attarde pesamment, surtout pas celui de Stade 2, conglomérat de journalistes lourds, qui est allé déterrer des images de l’INA. L’ex-Nantais doit ressentir quelque amertume à avoir cravaché comme un fou afin de revenir au premier plan et marquer des buts de fou (50e), pour s’entendre rappeler constamment les moments de sa vie auxquels il a le moins envie de penser.


    Le « but de fou » (NDLR)

    F.C. Lorient

    logo_Telegramme  23 juillet 2002

    lorientloko02FOOTBALL : LOKO SIGNE À LORIENT

    Patrice Loko avait porté le maillot de Lorient de novembre 1998 à juin 1999
    L’attaquant Patrice Loko, en fin de contrat à Troyes (L1), a signé un contrat de deux an en faveur de Lorient, relégué en L2.

    Le joueur, 32 ans, avait déjà porté le maillot des « Merlus », alors en L1, marquant neuf buts de novembre 1998 à juin 1999. Loko, en fin de contrat avec l’ESTAC, s’entraînait avec Vannes (CFA) ces derniers temps.
    « On cherchait un attaquant expérimenté. Le fait qu’il ait déjà joué à Lorient est un plus, a expliqué, mardi, le président lorientais André Jégouzo. Son adaptation s’en trouvera facilitée. Il avait eu un comportement exemplaire la première fois qu’il était venu chez nous« . Le club du Morbihan attend encore « un gardien, sans doute », a précisé le dirigeant breton.

    Loko avait connu son heure de gloire à Nantes avec un titre de champion de France en 1995, assorti du rang de meilleur buteur avec vingt-deux réalisations. Puis il était passé au Paris SG dans la foulée, en agrémentant ce transfert d’une nuit parisienne d’excès, médiatisée et restée dans les mémoires.

    Après Lorient, il avait connu des passages à vide à Montpellier et Lyon avant de rebondir à Troyes, où il a marqué huit buts la saison passée. Deux autres formations de L1 françaises étaient sur les rangs pour s’attacher les services de Loko, dont Guingamp.

     


    logo_OuestFrance  23 juillet 2002

    lorientloko03PATRICE LOKO SIGNE AU F.C. LORIENT

    L’attaquant a signé hier soir pour une durée de deux ans.
    André Jégouzo et Yvon Pouliquen ne cachaient pas leur souhait d’enrôler un attaquant de haut niveau. C’est chose faite depuis hier soir, avec la signature de Patrice Loko.
    (photo: Vincent MOUCHEL)

    Son passage de six mois sous les couleurs du FC Lorient lors de la saison 98-99, en première division, avait laissé un excellent souvenir aux supporters comme aux dirigeants. Lors de cette courte période, Patrice Loko avait inscrit 9 buts. Cela n’avait pas été suffisant pour maintenir le club parmi l’élite. Depuis quelques jours, Patrice Loko, en fin de contrat avec Troyes avec lequel il a marqué 8 buts la saison dernière, était à la recherche d’un club. Deux clubs de L 1 étaient sur les rangs dont Guingamp. Pour ne pas prendre trop de retard sur le plan physique, l’ancien joueur de Nantes, Paris, Monptellier, s’entraînait avec le Vannes OC (CFA). Ce que l’on savait moins, c’est que les dirigeants lorientais oeuvraient pour convaincre Patrice Loko, de revenir sous les couleurs tango et noir.

    Hier soir, le président André Jégouzo a trouvé un accord avec Patrice Loko et son agent. L’attaquant a signé un contrat de deux ans et devrait être aligné dès ce soir, lors de la rencontre amicale contre Guingamp à Tréguier.

    Nicolas CARNEC.

     


    logo_foot365  23 juillet 2002

    LOKO ET LES MERLUS, ACTE II

    En fin de contrat avec Troyes, Patrice Loko vient de signer pour deux ans en faveur de Lorient. L’ancien Nantais reste ainsi fidèle à sa volonté d’évoluer dans un club ambitieux de Ligue 2 qui a su lui offrir d’avantage qu’une pige d’une saison.

    La perspective de signer pour un an dans un club de L1 n’enchantait guère Patrice Loko. A 32 ans, l’ancien Nantais n’a plus de temps à perdre et il ne cachait pas sa préférence pour un club de Ligue 2 qui saurait lui accorder un peu plus de confiance. En contact avec plusieurs clubs de l’élite (Sedan, Guingamp, Bastia), l’ancien international a donc finalement opté pour Lorient et la L2. Un choix réfléchi puisque Loko a également refusé la proposition de Saint-Etienne, club pas suffisamment ambitieux à ses yeux. Le côté affectif est également entré en jeu dans ce transfert puisque le joueur a déjà porté les couleurs du club lorientais. Et il possède même une maison à Vannes.

    Le dernier passage à Lorient de Patrice Loko s’était en effet très bien passé. Malgré la descente des pensionnaires du Moustoir, l’ancien Parisien avait inscrit neuf buts en six mois. Cette saison, il devrait être associé à Robson, l’ancien attaquant du Spartak de Moscou. Le président lorientais, André Jegouzo, recherchait un joueur expérimenté afin d’épauler sa nouvelle arme offensive. Et c’est peu dire que Patrice Loko a le profil idéal. Avec ses deux pointes, les Merlus, vainqueurs de la Coupe de France la saison dernière, peuvent espérer faire bonne figure en Coupe d’Europe. Et surtout remonter rapidement en Ligue 1.

    Pour Loko, le challenge est excitant. Agé de 32 ans, l’attaquant, plusieurs fois international (26 sélections), a connu son heure de gloire à Nantes et au PSG. En 1995, il a remporté le titre de champion de France et de meilleur buteur avec Nantes. Il a ensuite joué deux finales de Coupe des Coupes dont une victorieuse avec le club de la capitale. Mais son passage au club parisien reste marqué par les difficultés d’adaptation après un transfert difficile. Sa carrière s’est poursuivie à Lorient, Montpellier, Lyon et donc Troyes. Et son retour en Bretagne n’a rien d’un ultime jubilé. Loko entend bien le prouver rapidement.

    Georges Ghika

     


    logo_Reuters  23 juillet 2002

    Football: Patrice Loko revient à Lorient, club de 2e division

    PARIS (Reuters) – L’ancien avant-centre international Patrice Loko annonce sur son site internet qu’il a signé un contrat de deux ans avec le FC Lorient, club de deuxième division.

    Loko qui évoluait la saison dernière à Troyes, en première division, précise qu’il a choisi de descendre d’un cran parce qu’il gardé « un excellent souvenir de son passage à Lorient » de novembre 1998 à juin 1999.
    « J’avais des contacts très avancés avec Sedan et à un degré moindre avec Guingamp et Bastia mais il me fallait attendre encore et toujours« , précise-t-il. « J’ai donc accepté avec beaucoup d’enthousiasme et je suis vraiment très heureux de revenir chez les Merlus« .

     


    Logo_FCLnet  24 juillet 2002

    « Parce que c’est le FCL … ! »

    C’est un Patrice Loko très sympa et content d’être là qui vous accordé cette interview sur le chemin de Tréguier (22) où il allait disputer son premier match en tant que Merlu 2002-2003 contre Guingamp.
    Il aime Lorient et il vous le montre !

    Cesman : Quels souvenirs gardes-tu de ta saison avec les Merlus en 99 ??
    P. Loko : J’avais été très bien accueilli il y a trois ans, et j’en garde encore de très bons souvenirs. J’ai gardé d’excellents contacts avec les dirigeants et avec les joueurs qui étaient déjà là à l’époque.

    Pourquoi avoir choisi Lorient ?
    Et bien j’ai été contacté par Guingamp, Sedan, Bastia …., et ils ne m’ont rien proposé de concret. J’ai patienté et je n’ai rien vu venir à part des contrats d’un an. J’avais envie de me poser dans un club, et de ceux là je n’avais pas de propositions fermes.
    J’ai été contacté par Lorient il y a quelques jours et j’ai accepté très rapidement de venir. Ils m’avaient déjà approché l’an dernier en vue du maintien mais à cause de la descente nous avions suspendu nos relations.
    Je ne suis pas là pour remplacer Robson. En fait avant de venir je ne connaissais pas le nouveau groupe. Je ne connaissais pas Luis (Robson), j’ai su après qu’il était blessé.
    De plus le challenge de la remontée m’intéresse, et puis c’est le FCL !

    Justement penses-tu que ce challenge est relevable en une seule saison ?
    Oui, il est plus que possible. Je vois une équipe de D1 autour de moi, c’est un très bon groupe qui se doit de remonter.

    Qui seront à ton avis nos challengers dans cette épreuve ?
    Je vois Saint-Etienne.

    Peux-tu me parler de la saison que tu as fais à Troyes l’an dernier ?
    J’ai été recruté par eux pour un an car j’étais libre à l’époque. Je m’entraînais déjà à Vannes au VOC pour me préparer. Je juge cette saison assez bonne, j’ai marqué des buts et j’étais aussi entouré d’un bon groupe. Avec eux j’ai joué l’intertoto et de tours en Coupe d’Europe. Ca s’est très très bien passé. Je trouve que ce club ressemble à Lorient : du beau jeu, jouer le ballon et de l’avant.

    Le fait que le FCL joue l’UEFA, a-t-il été une motivation supplémentaire pour venir à Lorient ?
    Non, pas vraiment. C’est surtout le fait de retrouver la Bretagne qui m’a fait revenir ici. Mais c’est vrai que c’est un plus.
    C’est dommage à dire mais j’ai pris l’habitude des grands matchs. L’autre jour, j’ai remarqué que dans tous les clubs où je suis passé j’ai joué la coupe d’Europe !

    Cesman

     


      26 juillet 2002

    Lorient_1999_ArtFF

    LOKO, L’HEUREUX MERLU

    STAR. Après le brésilien Robson, Lorient a fait encore plus fort en recrutant l’international Patrice Loko, dont le retour sur les terres bretonnes s’annonce tonitruant. Lyon, l’un de ses anciens clubs, ferait bien de s’en méfier samedi…

    Si les habitués ont encore du mal à intégrer l’appellation « Ligue 2 », Patrice Loko, lui, a d’emblée acquis le réflexe : « Mon agent me l’a fait remarquer : ça m’a tout de suite paru naturel de dire « Ligue 2 ». Ça prouve que je suis déjà dans le coup ! » C’est vrai qu’il semble enthousiaste et affûté. Impatient. Mardi, lors d’un match de préparation face à Guingamp (défait 2-3), il a éprouvé un bien fou à courir durant une mi-temps au sein de sa nouvelle équipe. Il brûle de disputer le trophée des champions, face à Lyon, son ancien club, ce samedi à Cannes. Il paraît assoiffé de jeu et d’espace, de buts aussi, bien sûr. Comme lors de son premier passage au pays des Merlus.

    C’était il y a trois ans. Lorient et lui étaient vaseux, groggy. Les bretons, pour leur première expédition dans ce qui s’appelait encore la Division 1, naviguaient sans boussole dans les marécages du bas de tableau, rencontrant plus d’icebergs que d’îles aux trésors, plus de défaites que de victoires. Quant à Loko, il ne se plaisait plus au PSG, qui le délaisse après deux excellentes saisons (23 buts au total) et une plus ordinaire, puis un incident extrasportif embarassant. Lorient et Loko ont besoin l’un de l’autre. Là-bas, dans ce club paisible et chaleureux, l’ancien nantais réapprend à sourire. Et à marquer. Et à lui seul,  il sauve presque la tête des Merlus. Il réalise, comme il dit, « une bonne demi-saison qui m’a permis de me relancer« . Il compile neuf buts en vingt rencontres, des souvenirs de jeu rapide, léché, d’une saveur presque nantaise. Belle histoire, moche épilogue : Lorient descend pour un but, rien qu’un, Le Havre est maintenu, Lorient retrouve une D2 dont il ne sortira que l’an dernier à la même époque. Sale conclusion, mais épisode à suivre : Lorient est tombé sous le charme du gentil « HurluMerlu », attaquant charmant, de talent. La réciproque est réelle.

    « MA CARRIÈRE EST DERRIÈRE MOI »

    Loko garde un coin de Bretagne dans son coeur et se souvient longtemps qu’il s’y est relancé. Après des escales à Montpellier, Lyon et Troyes, il y est donc revenu. Ça ne lui pose pas de problème de quitter cette élite qu’il a toujours connue depuis ses débuts, il y a quatorze ans, à Nantes. Ces sommets qu’il a souvent gravis, sauf à Lorient justement. « J’ai eu la chance d’évoluer dans des clubs bien placés, rarement en fin de tableau. Alors, être dans une équipe qui veut monter, c’est plutôt sympa. Bien sûr, au lieu du Vélodrome ou du Parc des Princes, ce seront des stades plus petits, comme Istres ou Wasquehal. Ce n’est pas grave, ça va me changer. À part ça, mon métier reste le même : il faut toujours courir, marquer. Ça va êtres sympa.« 

    Pour son lancement, la Ligue 2 accueille donc un authentique international, 26 sélections, sept buts entre 1993 et 1997, une phase finale de l’Euro 96. Elle a sa star. Il s’en amuse. « Je n’ai pas réfléchi à tout ça. C’est sûr, j’ai toujours marqué en D1 (89 buts en 334 rencontres), alors tout le monde croit que ça va être facile pour moi de marquer en Ligue 2. Mais ça ne sert à rien de marquer dans une équipe qui perd. Et puis, surtout, je sais que ça va être dur. J’ai un certain palmarès, c’est vrai, mais les défenseurs que je vais trouver face à moi, ils ne vont pas s’en soucier. Ils me rentreront dedans, me mettront des coups et ne me feront pas de cadeau. Ça ne va pas être facile.« 

    Il sait que son parcours, rare à ce niveau, ne lui garantit pas une avalanche de réussite, des buts à la pelle, de la joie à satiété. Il sera cible, proie, homme à combattre. Il y aura du respect, bien sûr, mais pas de sympathie gratuite. Tant pis, il connaît ce rôle. « Chaque fois qu’on change de club, il faut toujours montrer ses qualités, recommencer de zéro. Les autres attendent toujours beaucoup des nouveaux. Ce sera peut-être un peu différent cette fois, car ce n’est pas le même niveau, mais je suis ravi de découvrir d’autres horizons. » Le soleil se lèvera peut-être moins sur lui en Ligue 2, mais il assure ne pas s’en préoccuper. L’ancien Bleu, champion de France 1995 avec Nantes, vainqueur de la Coupe de la Ligue 1998 avec le PSG, ne craint pas l’obscurité de la deuxième division. Il paraît ravi de la situation, même si Lorient n’est pas un club de L2 comme les autres, puisqu’il participera en septembre à la Coupe de l’UEFA, conséquence de sa victoire en Coupe de France, ce printemps. La Coupe d’Europe, Loko connaît, comme son compère brésilien de l’attaque, Robson, passé par le Spartak Moscou. « Franchement, ça ne me gêne pas qu’on parle trop de moi. Je suis quelqu’un d’assez discret. Je ne recherche pas particulièrement à me faire remarquer. Les années passent, je suis aujourd’hui plus près de la fin que du début. Ma carrière est derrière moi. »

    UN CONTRAT DE DEUX ANS

    Ce n’est pas un avis de retraite, juste la remarque d’un homme de trente-deux ans, apaisé, tranquille, sûr de sa force et de son raisonnement. Il veut rejouer à l’étage du dessus – lui dit déjà « Ligue 1 », bien sûr – l’an prochain avec Lorient. Il veut « aider le club à remonter« . « J’ai encore les qualités et le physique pour jouer en Ligue 1 (NDLR : il a inscrit huit  buts à Troyes l’an passé). Mais j’ai mis tout ça entre parenthèses.« 

    Loko n’a pas rangé à la cave son ambition, il a plutôt choisi d’aérer son quotidien, d’embellir la vie des siens, souvent perturbée par ses changements d’horizon. « Le choix de revenir à Lorient, c’est pour me faire plaisir à moi et à ma famille. J’ai beaucoup voyagé, je voulais me poser. C’est pour ça que je voulais absolument signer deux ans. Pour me stabiliser. Lorient me l’a proposé, j’en suis heureux.« 
    D’autres clubs avec qui il était en contact patinaient sur ce point, il l’avoue. Guingamp et d’autres, plus huppés, le voulaient. Mais il fallait patienter, transiger sur la durée du contrat. Loko en a eu assez de temporiser. « Je m’impatientais. Et puis le président de Lorient m’a rappelé. Je ne m’y attendais pas. On avait eu des contacts à la fin de saison dernière, mais comme Lorient était descendu, je n’y pensais plus. » Le président Jégouzo a pourtant retenté l’affaire et a remporté la décision. « Patrice, on le connaît ici, on sait ce qu’il peut apporter, explique le patron du club breton. C’est un joueur qui se déplace beaucoup, il connaît la maison pour y avoir joué et il a l’état d’esprit qu’on recherchait.« 

    Les bons souvenirs que Loko a gardés de son premier séjour à Lorient et son amour pour la Bretagne (il possède une maison à Vannes, ville où il s’entraînait d’ailleurs avec l’équipe de CFA) ont fini de le convaincre. « J’ai sans doute accepté plus facilement cette proposition parce que c’est Lorient. Je sais où je vais. Alors je n’ai pas hésité et j’ai dit banco. » Si Loko est le bon numéro, Lorient remportera la mise.

    Arnaud Tulipier

     


      27 juillet 2002

    Lekipe270702DERNIER TOUR POUR LOKO

    Las de déménager chaque été, le nouvel attaquant de Lorient veut définitivement se fixer.

    À TRENTE-DEUX ANS et après 309 rencontres de D 1, Patrice Loko va goûter à l’échelon inférieur, la L 2, qu’il avait simplement fréquentée le temps d’une rencontre, fin 2000, sous le maillot de Montpellier. Il se serait bien passé de cette découverte tardive. En début de semaine, il s’est engagé pour deux saisons en faveur de Lorient. « J’avais des contacts en L 1 (Guingamp, Strasbourg) mais les choses ont traîné. Je pouvais attendre, mais je ne voulais pas prendre de risques. J’ai également eu Bruno Metsu au téléphone, il souhaitait m’emmener avec lui, à Dubaï. Et puis, Lorient s’est manifesté. »

    La semaine dernière, André Jégouzo, le président des Merlus, a appelé Patrice Liguistin, l’agent du joueur. Ensemble, ils ont évoqué les conditions de Loko, son salaire (environ 30 000 euros) et la durée de l’éventuel contrat. « Je voulais absolument signer deux ans, j’en avais un peu marre de déménager tous les mois de juin. J’étais un peu las de ces voyages. J’avais envie de stabilité mais les clubs de L 1 intéressés ne me proposaient qu’une année de contrat. Lorient, qui m’a déjà contacté en fin de saison, n’a pas hésité une seconde. J’en ai parlé avec ma femme et nous avons fini par accepter l’offre de Lorient… »

    Une ville, un club qu’il connaît bien et qu’il apprécie pour y être passé en 1998-1999. « J’en garde un souvenir exceptionnel : grâce à ce club qui a beaucoup changé au niveau des infrastructures, je suis parvenu à relancer ma carrière. Le challenge est à nouveau très intéressant. Lorient veut remonter au plus vite et si possible passer quelques tours en Coupe de l’UEFA. » Et Loko devra, si possible, faire oublier dans les plus brefs délais le génial Darcheville, désormais girondin. Quelques heures après sa signature, l’ancien Troyen enfilait le maillot orange de Lorient. « Yvon Pouliquen voulait connaître mon état physique. J’ai disputé une mi-temps, mardi contre Guingamp. Je manque encore un peu de rythme mais ça va venir. »

    En fin de contrat avec Troyes, Loko a entamé sa préparation,comme la saison dernière, à Vannes. « Le VOC, club local entraîné par Denis Goavec, m’accueille volontiers. C’est plus agréable de s’entraîner en groupe. »
    Ce soir, face à Lyon, il ne jouera très certainement que quarante-cinq minutes. « Je ne sais pas encore à qui je serai associé. Depuis la reprise, les joueurs m’ont expliqué que l’entraîneur ne cessait de modifier le schéma tactique. C’est le moment idéal de faire des essais. Mais ce match contre Lyon, ce n’est pas une rencontre amicale. Pouliquen nous a dit que la préparation était terminée et que nous entrions de plain-pied dans la compétition. Pour mon retour, j’aimerais bien gagner ce trophée. »

    Guillaume DUFY

     


    Le Telegramme  3 août 2002

    Patrice Loko : « Un maximum de réussite »

    Un but, une passe décisive : Patrice Loko n’a pas manqué sa première sortie en Ligue 2 avec Lorient. Et son association avec Kroupi prend le bon chemin. Le nouvel attaquant lorientais dresse évidemment un bilan positif de cette première sortie, même s’il ne s’estime pas encore à 100 % de ses capacités.

    Patrice Loko, cette première victoire est plutôt rassurante ?
    Remporter ce premier match à l’extérieur, c’était important. Mais on va surtout retenir le résultat. Tout n’a pas été parfait dans le jeu, on n’a pas été assez bons, à mon avis, dans la maîtrise du ballon. Par contre, c’est vrai qu’on a eu un maximum de réussite devant le but adverse.

    Vous donnez le premier, vous marquez le second, ce sont les débuts dont vous rêviez ?
    Bien sûr, cela fait plaisir de commencer de la sorte. Mais ce n’est que mon troisième match cette saison. Je sais que j’ai encore besoin de travailler physiquement. Cela devrait aller de mieux en mieux au fil des matchs.

    Votre entente avec Kroupi semble presque déjà au point…
    C’est vrai qu’on s’est trouvé deux fois au bon moment. Avec Eli, on essaie de travailler à l’entraînement pour parfaire cette entente. Il nous reste encore du travail pour être vraiment au point.

    Vous arrivez à Lorient dans une équipe qui vise la remontée. Ce premier match vous conforte-t-il dans cette ambition ?
    Pour une équipe qui veut jouer la montée, le plus important, c’était de prendre les trois points ce soir. On a su le faire. Maintenant, je pense franchement que cette équipe a le niveau Ligue 1, c’est sûr. Il faut seulement qu’on le montre sur le terrain à chaque journée.

     


    Ouest France  18 septembre 2002

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    LOKO, LE PLUS EUROPÉEN DES MERLUS

    32e de finale de la Coupe de l’UEFA : Denizli – Lorient, jeudi (17 h)
    FC Nantes, Paris SG, Lyon, Montpellier, Troyes… Cinq clubs et autant d’aventures en Coupe de l’UEFA, Coupe des Coupes ou encore Ligue des Champions pour Patrice Loko. Jeudi à Denizli, l’attaquant lorientais s’élancera pour disputer son 47e match européen. Retour sur un parcours entamé en 1994 et jalonné de 21 buts.

    ­FC Nantes : 8 matches et 3 buts, saison 1994-1995. « J’avais 24 ans et c’était ma première expérience en Coupe d’Europe. Cette année-là, nous avons été éliminés en quart de finale par le Bayer Leverkusen. Ce qui m’a marqué le plus à cette époque, ce sont nos matches en Russie. Dans les stades, il y avait certainement beaucoup plus de monde que chez nous. Mais l’ambiance était vraiment particulière. Comme si les spectateurs n’avaient pas le droit de bouger ou de crier. Ce sentiment était renforcé par la présence de très nombreux militaires autour et dans les stades. »

    ­Paris SG : 20 matches et 8 buts entre 1995 et 1998. « La première année à Paris a été fantastique. On a éliminé le Celtic Glasgow, Parme et La Corogne avant de s’imposer en finale face au Rapid de Vienne, un à zéro. Les matches de Coupe d’Europe ont vraiment soudé le groupe. Jusqu’à la finale, on a été très solidaires. Dans le bus après notre victoire, on était vraiment comme des gamins. Heureux de jouer et de vivre ensemble. Le lendemain à Paris, nous avons descendu les Champs-Elysées. C’était vraiment magique, même s’il y avait moins de monde que pour l’équipe de France.
    L’année suivante, toujours en Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe, on a débuté en Turquie à Galatasaray. Battu 4-2 à l’aller, on renverse la vapeur à Paris. Puis en quart, après un 0-0 au Parc, on va gagner 3-0 à Athènes. Ce jour-là, j’ai marqué les trois buts. J’avais l’impression qu’à chaque fois que je tirais au but, je pouvais marquer. Ce triplé m’a fait connaître et reconnaître au niveau européen.
    Un autre bon moment cette année-là, c’est en demi-finale face à Liverpool. On les a vus arriver au Parc en touristes. Ils nous prenaient de très haut. Ça nous avait énervés. Résultat, on les bat 3-0. On était super heureux. Et au retour, on se qualifie à Anfield Road malgré une défaite deux à zéro. Malheureusement, on est battu en finale par le Barça… Avec un but de Ronaldo sur penalty. »

    ­Lyon : 3 matches en Ligue des Champions en 2001. « J’étais rarement titulaire, mais je suis rentré contre Arsenal, le Bayern de Munich et le Spartak Moscou. La Ligue des Champions, c’est une tout autre intensité. Les équipes sont plus fortes et plus expérimentées. C’est un vrai plaisir de jouer à ce niveau. »

    ­ Montpellier : 11 matches et 6 buts saison 1999-2000. « On s’est qualifié pour l’UEFA en passant par l’Intertoto. Nous avons passé les 32es face à l’Etoile Rouge de Belrgrade. Mais nous avons été battus par La Corogne. C’était une belle expérience même si cela nous a joué des tours en championnat puisque nous sommes descendus en division 2 à la fin de la saison. »

    ­Troyes : 4 matches et 4 buts saison 2001-2002. « Le souvenir le plus marquant reste le match contre Leeds. Battus 4-2 à l’aller, on fait un super match retour pour la première épopée du club en Coupe d’Europe. On mène 3-1 lorsque je me procure une occasion en or. Je veux tellement m’appliquer que je la mets au-dessus de la barre. C’était la balle de match. Finalement, on revient à 3-2 à cinq minutes de la fin et on est éliminé. »

    ­Lorient : saison 2002-2003 c’est du 50-50 ! « Denizli, c’est une équipe que personne ne connaît. C’est du 50-50. Il faut absolument s’appuyer sur ce que l’on fait de bien en championnat. Comme on peut marquer à tout moment, nous avons nos chances surtout si on marque là-bas. Beaucoup de joueurs lorientais vont connaître leur première expérience européenne. Il faut bien se préparer et savourer. La Coupe d’Europe, c’est vraiment autre chose. Mais ce ne sera positif que si cela nous sert à progresser en championnat. »

    Recueilli par Nicolas CARNEC.

     


      19 septembre 2002

    articleLEQUIPE_fclSUIVEZ LE LOKO

    De Nantes à Lorient, Patrice Loko a parcouru l’Europe sous six maillots différents.
    À PAMUKKALE, à côté de Denizli, Patrice Loko fait figure de guide. Pas pour visiter les thermes de ce coin du Sud-Ouest turc où les Lorientais échappent à leur quotidien morose (11e de L 2) mais pour arpenter cette Europe qu’ils découvrent. Bien sûr, Martini (absent), Robson, Bouzin, Guel et Bedrossian ont déjà goûté aux délices continentaux. Pas un ne possède cependant le CV de l’ex-international. Loko entame sa neuvième campagne sous son sixième maillot. Rappel.

    NANTES (huit matches, 1994-1995) : « Pour mon premier match (chez le Rotor Volgograd, 2-3), je me souviens d’un déplacement au fin fond de la Russie, dans des conditions difficiles : petit hôtel, des lits pas propres… Le genre de match qu’on a hâte de jouer pour repartir au plus vite ! Sinon, c’est Leverkusen (en quarts, 1-5, 0-0) qui m’a marqué. À l’aller, nos deux gardiens étaient blessés. Jean-Louis Garcia, qui ne jouait plus trop, a dû s’y coller mais il passe un peu au travers. Plus que la finale perdue contre Barcelone (0-1) avec le PSG, c’est mon pire souvenir européen. Avec l’équipe que nous avions, on n’aurait jamais dû s’arrêter là. »

    MONTPELLIER (quatre matches, 1999-2000) : « De jolies rencontres contre l’Étoile Rouge et La Corogne. Ça donne confiance quand on retrouve la D 1. Ceci dit, comme on avait disputé l’Intertoto, on a débuté le Championnat déjà fatigués. On l’a payé (Montpellier sera relégué à la fin de la saison). »

    LYON (trois matches, 2000-2001) : « J’étais remplaçant mais j’ai découvert avec la Ligue des champions un niveau encore plus relevé. Les parties sont plus rugueuses, plus physiques, la tension plus importante. Mais on sent moins le parfum de la Coupe avec ce système de poule. Sur six matches, les meilleurs sont toujours à l’arrivée. On ne passe pas loin de la qualification. On échoue lors du dernier match face au Spartak (1-1). Le terrain était si dur que certains avaient joué en baskets. Il nous manque un but. Rageant. »

    TROYES (quatre matches, 2001-2002) : « On pouvait sortir Leeds (2-4, 3-2). On a eu du mal à entrer dans le match aller. Le manque d’habitude sans doute. Le stade plein, trente minutes avant le coup de sifflet, nous a un peu paralysés. Ça ne pardonne pas. Au retour, nous avions battus Leeds, invaincu à cette époque dans son Championnat. Je marque deux fois à l’aller mais je mets une belle occase au-dessus au retour. Si elle est au fond, nous passons. Dommage… »

    LORIENT (2002-2003) : « Nous n’irons pas en finale mais nous allons tout faire pour aller plus loin, jouer une équipe plus renommée, dans un beau stade puisque la pelouse n’est pas terrible ici… J’ai toujours envie de revivre ces moments, de découvrir de nouveaux endroits. Ce rendez-vous peut nous ressouder, nous redonner plus de volonté, d’envie. Il doit aussi nous remettre nos objectifs en tête, nous permettre de retrouver un jeu plus efficace, plus rigoureux avant notre match très important contre Nancy, dimanche. »

     


      12/11/2002 (n°2953)

    LES DEUX FONT LA PAIRE

    BUTEURS. Quatre efficaces duo d’attaquants écument le championnat cette saison. Lorient, Chateauroux, Grenoble et Toulouse mesurent ainsi que le talent se conjugue au pluriel.

    Loko-Kroupi, Les compères

    Orphelin de son vieux complice Jean-Claude Darcheville, parti cet été à Bordeaux, Elie Kroupi n’aura pas mis bien longtemps à lui trouver un successeur de qualité. L’avant-centre des Merlus, qui avait formé avec le guyannais une paire irresistible, contribuant très largement à la remontée en L1 en mai 2001, s’éclate depuis trois mois au côté de Patrice Loko. Un aîné qui le fait profiter de sa longue experience : « Lorient a vraiment fait un recrutement interessant en le faisant venir ici. C’est un gars qui a un sacré parcours derrière lui et, forcément, j’apprends beaucoup à ses côtés« .

    Avec déja sept réalisations à son compteur, l’international ivoirien constitue naturellement le fer de lance de l’attaque morbihannaise, misant avant tout sur sa force athlétique et une redoutable efficacité dans la surface de vérité. « Lui c’est un joueur tout ne puissance, qui aime particulièrement les duels, témoigne son compère Loko.Il aime perturber les défenses. Moi au contraire, je demande le ballon dans les espaces. Mais au niveau de nos courses, on ne fonctionne pas trop mal. »
    Pour en arriver à une telle complicité, puisque les deux joueurs constituent un vrai tandem, associés qu’ils sont depuis le début de la saison, Loko et Kroupi travaillent énormément au quotidien : « L’entraîneur attend de nous que l’on bosse notre complicité à l’entraînement. Alors on se cherche sur des une-deux, on travaille notre positionnement sur des coups de pieds arrêtés, des centres » raconte Loko. A l’arrivée, les automatismes livrent des résultats plutôt positifs, Kroupi le finisseur n’hésitant pas à faire la dernière passe à son collègue, comme en début de saison à Metz, par exemple.

    Etonnant alliage de puissance, d’experience et de finesse, le partenariat entre Loko et Kroupi ne peut que progresser, si l’on en croit ce dernier.  » « C’est un sacré partenaire. Ca me change de Jean-Claude ! Pat a évidemment d’autres qualités que lui. Comme nous ne sommes associés que depuis le début du championnat, il faut laisser du temps au temps« . Auteur pour sa part de quatre buts, ce qui porte le total de ce duo à onze, Patrice Loko ne s’est fixé aucun objectif sur le plan personnel. Pour lui, seul compte l’interêt du club, et cette philosophie s’applique également à son collègue : « Nous ne nous sommes pas mis en tête de claquer pour terminer meilleurs buteurs. L’essentiel, c’est de rapporter des points à Lorient. Il n’y a que la gagne qui nous interesse. Ainsi, on a toujours envie de marquer les premiers, parce qu’on sait qu’en L2, c’est souvent le premier à scorer qui prend une option sur la victoire.« .

    Tout heureux d’avoir retrouvé un Kroupi en pleine possession de ses moyens, après qu’il eut manqué une partie de la saison passée en raison de blessures, Lorient et son entraîneur Pouliquen disposent d’un attelage craint par tout le championnat, et largement taillé pour aider le club à retrouver sa place parmis l’élité à coup d’exploits…

    Franck Simon

     


      28/11/2002

    LOKO : « JE CROIS TRÈS FORT EN LA MONTÉE »

    A Gueugnon, Lorient ne s’est pratiquement pas procuré d’occasions. Etant attaquant et buteur, comment vis-tu ce genre de match ?
    On a fait une bonne première mi-temps, nous étions bien organisés. Au niveau de la finition c’est toujours plus difficile à l’extérieur à cause du système de jeu. On court aussi beaucoup pour défendre.

    Même si le FCL ne monte pas cette année compte tu rester à Lorient l’année prochaine ?
    Oui, j’ai signé pour deux ans pour aider le club à monter. J’y crois très fort dès cette saison.

    D’après toi qui va monter cette année ?
    A mon avis Le Mans car ils sont en tête depuis le début avec une bonne avance qui devrait leur permettre de finir dans les trois. Je vois aussi Toulouse. J’aime bien cette équipe qui joue pas mal. Et Lorient !
    Pour Châteauroux je n’y crois pas beaucoup, c’est une équipe jeune qui va probablement manquer de maturité.

    Comment juges-tu l’évolution du club depuis ton dernier passage lors de la première saison en D1.
    Il y a eu des évolutions positives. Au niveau des infrastructures, à l’époque le vestiaire n’était accessible que pour les matches. Aujourd’hui nous avons un beau vestiaire accessible aussi aux entraînements avec une salle de muscu bien équipée. Les bureaux sont aussi tous regroupés, maintenant tout le monde travaille ensemble au même endroit.

    Après ta superbe carrière, que compte tu faire ? As-tu déjà des projets ?
    Je n’ai pas encore de projets établis, mais ce ne sera pas obligatoirement dans le foot. De toute façon mon objectif est de jouer le plus longtemps possible, tant que je pourrais courir ! J’aurais aimé partir à l’étranger, mais à mon âge c’est difficile !

    Quels sont tes loisirs ? Profites-tu de la proximité de la mer pour faire du bateau ?
    Mon beau-frère est marin pécheur donc je vais souvent avec lui sur l’eau. J’ai mon permis bateau et étant sur Vannes je visite le golfe au moteur.

    Connais-tu le web merlu ?
    Je n’ai pas trop le temps de « surfer » car dès que je vais sur mon PC je m’occupe de répondre aux mails de mes fans que je reçois depuis mon site officiel (patriceloko.org). Le webmaster est très sympa et je regrette de ne pas avoir pu lui accorder plus de temps lorsqu’il est venu me voir au match de Châteauroux. Là bas ils ne laissent pas les gens accéder aux joueurs et il pleuvait vraiment très fort …

    Que penses-tu des supporters Lorientais ?
    Je pense que depuis le début de la saison le public vient en nombre au stade. Mais les encouragements ne viennent malheureusement qu’à la fin du match. Ils sont présents mais un peu exigeants.
    Quant au groupe qui fait les déplacement, je suis désolé mais je ne connais pas son nom … Je sais juste que c’est celui qui est derrière le but et qu’il est très actif.

    Qu’aimais tu dans chaque club dans lequel tu es passé ?
    Nantes: J’ai aimé la formation, On était un groupe de copains. Puis les trois dernières années au club où ce même groupe de jeunes a réussi à décrocher une place européenne chaque année et au final un titre de champion de France.
    PSG: L’organisation du club était d’une grande qualité. Tout était fait pour oublier les problèmes quotidiens et se consacrer à 100% aux matches. J’ai aussi beaucoup aimé la Ville
    Montpellier: Le cadre de vie est agréable. C’est un club familial où règne la bonne humeur. De plus, M.Nicollin est un homme proche de ses joueurs.
    Lyon: Comme à Paris, l’organisation du club est de qualité et on apprécie de vivre à Lyon. Je n’ai malheureusement pas beaucoup joué car les deux attaquants titulaires (Anderson et Govou) étaient vraiment très forts.
    Troyes: C’est un club comme Lorient qui débute en L1. Les gens sont sympas et accueillants. J’ai vraiment passé une bonne saison là bas.

    Quel a été ton plus beau souvenir dans ta carrière de footballeur ?
    Il y en a deux:
    Le titre de champion avec Nantes. C’était l’aboutissement d’un travail de plusieurs années d’un groupe de jeunes.
    Je n’oublie pas bien sûr la coupe d’Europe avec le PSG, un moment merveilleux.

    Avec quels joueurs que tu as croisé t’entendais-tu le mieux ? Et ceux que tu admirais ?
    Il y a eu Sonny Anderson à Lyon, il est vraiment bon. Léonardo aussi à Paris, il est excellent et en plus il est très sympa, très humain et très simple.
    Je n’oublie pas non plus mon pote Ouédec bien connu à Lorient !

    Loïc et Cesman

     


    Le Telegramme  24/01/2003

    NANTES (L1), DEMAIN (18 H 15)
    Loko, le buteur des grands soirs

    Les grands rendez-vous se succèdent à un rythme infernal pour les joueurs du FC Lorient qui, entre une importantissime victoire contre Metz et un déplacement au Mans, s’offriront un intermède chatoyant samedi contre Nantes. Un match au parfum exaltant pour l’enfant de la Jonelière, pour le buteur des grands soirs qu’est devenu Patrice Loko.

    Patrice Loko s’attend à « un beau match », demain, entre Lorient et Nantes.

    Moins vif qu’autrefois, moins bien entouré et servi aussi qu’il le fut lors de la saison 94-95, qui le vit cumuler titres de champion et de meilleur buteur de D1, Patrice Loko n’a plus la même efficacité qu’à l’apogée de sa carrière. Faute de quantité (six buts en 22 matchs), l’attaquant lorientais soigne la qualité : depuis le début de saison en effet, Loko-le-buteur ne tourne qu’au super, adversaire prestigieux ou match charnière, essence ordinaire connait pas.

    Amiens aussi

    La preuve par le détail des réalisations de l’ancien international : un but à Reims pour lancer la saison (1ere journée), un contre Toulouse pour fêter son retour au Moustoir (2e), un à Saint-Etienne dans le chaudron vert (6e), deux contre Metz (4e et 22e) et un à Amiens (17e). Amiens !!?… Erreur ? Entorse au raisonnement ? Exception qui confirme… Rien de tout cela. Si tout se termine bien en fin de saison, tout le monde s’accordera en effet à dater du déplacement au stade de La Licorne le « vrai départ » d’une équipe lorientaise qui, depuis, a engrangé seize points sur vingt.
    « On avait commencé cette série avant les fêtes et ça nous a boostés pour ce mois de janvier », confirme Loko, pour qui « les joueurs ont pris conscience qu’il fallait faire encore plus d’efforts ». Capitaine depuis trois rencontres, l’ancien Nantais n’a plus les mêmes doutes qu’il y a deux mois. « Avec les individualités qu’on a, on se doit d’être dans les trois premiers. Depuis deux-trois matchs on démontre qu’on y a notre place. Maintenant, il faudra absolument ne pas se relâcher à l’avenir ».

    Une mission pour « Super Loko »

    L’avenir tout proche, c’est la rencontre de Coupe de France contre Nantes demain au Moustoir. « Ce sera un beau match », pronostique le capitaine lorientais, qui aimerait bien, pour une fois, briller contre une équipe qui lui a très peu souri depuis qu’il l’a quittée.
    Nantes au Moustoir, c’est logiquement une mission pour « Super-Loko », le buteur des grands soirs. Probablement remplaçant, à trois jours du déplacement au Mans, Patrice n’aura sans doute que quelques minutes pour la remplir. Le plaisir de se rappeler au bon souvenir des Nantais n’en serait que plus intense, quand bien même le capitaine lorientais ne fait aucune fixation sur ses stats individuelles : « La victoire me suffit ».

    Benoit Siohan

     


      18/02/2003 (n° 2967)

    QUATRE MOUSQUETAIRES EN ROUTE POUR LES QUARTS

    COURSE. Ces huitièmes de finale ont été marqués par quelques hommes, parmi lesquels pointent Loko, buteur providentiel de Lorient, Tatarian, capitaine exemplaire de Martigues, Frei, nouvel attaquant de Rennes, et Goursat, entraîneur comblé d’Angoulême. Jusqu’où iront-ils ?

    Loko, l’atout des Merlus
    L’attaquant de Lorient a marqué et qualifié son équipe face à Lille (1-0). Une vieille habitude chez cet habitué des buts décisifs.

    Contre Nantes, au tour précédent, Patrice Loko est entré en jeu à la 78e minute. Dix minutes plus tard, il déviait de la tête un ballon en or pour Elie Kroupi, qui qualifiait les Merlus (1/0). Dimanche, contre des lillois décevants, l’ancien joueur de Nantes et du Paris-SG a lui même terminé le travail à l’issue d’un match au scénario identique à celui contre les Canaris. A deux minutes du coup de sifflet final, Loko, qui avait fait son apparition quelques instants plus tôt, s’est précipité dans la surface sur un centre à ras de terre d’Esceth N’Zi et a puni Wimbée d’une reprise à bout portant de l’interieur du gauche. Heureux hasard ? Simple coïncidence ? Non, évidemment. A trente-deux ans, l’infatigable attaquant aux 89 buts en L1 sait juste mieux que quiconque où trainer sa « vieille » carcasse quand s’égrènent les dernières minutes d’une rencontre indécise. Son experience, son flair et son instinct lui ont appris depuis longtemps à bien négocier ces fins de match où le moindre but décide du sort d’une rencontre. « Quand j’ai vu Nicolas partir sur le côté, j’ai su que c’était bon pour moi. Je savais qu’en arrivant le premier dans la surface j’avais toutes les chances de finir l’action.« 

    Cette saison, Patrice Loko a frappé à 7 reprises en Championnat. Il n’a marqué qu’une seule fois pour du beurre. C’était à Metz (2-1, 4e j.) en début de saison. Mais Loko, c’est aussi et surtout l’unique but d’un tête, à la 83e minute de la victoire capitale contre Toulouse (1-0, 2e j.), le but égalisateur à Saint-Etienne (1-1, 6e j.) ou, plus recemment, le premier des deux buts des Merlus contre Metz (2-0, 22e j.). A croire que le rusé Merlu choisit ses matchs. Et que la Coupe de France, compétition qu’il a déjà gagné avec le PSG en 1998, attire particulièrement son attention. « La Coupe, ça transcende, se justifie-t-il. Lorient, en plus, a gagné ce trophée l’année dernière et n’a pas envie de le lâcher sans combattre. Moi, je suis comme les autres, cette compétition me donne des ailes. Contre Lille, j’ai pratiquement suivi toute la rencontre du banc. J’ai vu nos adversaires prendre peu de risques et accuser un léger relâchement en fin de rencontre. J’avais envie de rentrer car je savais qu’il y avait un bon coup à jouer.« 

    Qualifié pour les quarts de finale de cette Coupe de France, cinquième du championnat de L2, à un petit point d’une place sur le podium, synonyme de remontée en L1, Lorient se retrouve désormais confronté au traditionnel dilemne des ambitions. Doit-il faire de cette coupe un réel objectif ? Doit-il se focaliser sur son Championnat ? Loko, lui, a choisi de ne pas choisir : « Quand on se retrouve à deux matchs du stade de France, on n’a pas le droit de ne pas jouer le coup à fond. La remontée en L1 reste un objectif primordial, mais la Coupe de France en est un autre aussi important. Pour Yvon Pouliquen, qui détient ce trophée depuis deux ans, on doit essayer d’aller au bout. Pour lui, ce serait beau.« 

    Loko sera donc à l’écoute de Téléfoot, dimanche prochain pour y découvrir le futur adversaire des Merlus en Coupe de France. « En quart de finale, tout le monde est dangereux. Les équipe de National ou de CFA qui se retrouve à ce stade ont forcément réussi quelques exploits qu’ils peuvent réediter. L’important sera donc de recevoir. Personnellement, j’aimerai bien croiser tôt ou tard la route du PSG. Ce serait un beau petit clin d’oeil du destin.« 

    Laurent Campistron

      13 novembre 2003

     

    Lekipe131103LOKO DANS L’IMPASSE


    Deuxième buteur lorientais l’an passé (10 buts, derrière Kroupi, 12), l’ex-international, trente-trois ans, n’est même plus sur le banc.


    LES CHIFFRES SONT PARFOIS impitoyables. En l’occurrence, si l’on s’y réfère, le mariage Lorient-Loko devrait vite toucher à sa fin. Au fil des journées, l’attaquant morbihannais, qui aura 34 ans en février, a en effet vu fondre son temps de jeu. Sa dernière apparition sous le maillot tango remonte même à la venue de Valence (3-1, 9e journée), le 20 septembre.

    En quatorze matches, Loko n’aura été utilisé que 317 minutes dont 238 lors des trois premières journées, les seules qu’il a disputées comme titulaire. Remplaçant par la suite, il n’est même plus apparu sur le banc ces dernières semaines. « Je m’entraîne et l’entraîneur choisit, constate-t-il. Je suis disponible. Pro et patient. » Trop ? Christian Gourcuff ne semble plus trop compter sur lui : « Dans mon système, j’ai besoin de joueurs explosifs. En 1998, j’avais vraiment souhaité le faire venir du PSG pour jouer en D1. Les années passent et c’est plus difficile pour lui en termes d’exigence. Dans un autre système, il pourrait peut-être jouer. »

     

    La situation de l’ex-Nantais ne risque pas de s’arranger puisque les chiffres confortent les décisions de son coach. Après tout, Loko est resté muet quand il a joué et les Merlus, sans lui, caracolent en tête du classement des attaques avec 27 buts. Ainsi, ses dix buts de la saison passée ne pèsent pas lourd. Ni les 8 en 27 sélections en équipe de France, ni les 22 qui avaient fait de lui le roi des buteurs de la D 1, en 1995 avec Nantes, ni les 12 (dont 4 en Coupe d’Europe) inscrits à Troyes en 2001-2002.

     

    Nommé juste avant le début de saison à la place d’Yvon Pouliquen, dont Loko était devenu un relais essentiel, Gourcuff a recruté Antonin Koutouan et Bakary Koné. Les deux jeunes Ivoiriens se sont mis à marquer. Leur compteur cumulé affiche 11 réalisations dont 9 lors des huit dernières journées.

     

    Gourcuff : « Pas opposé à son départ »

     

    Décevant la saison passée, le Brésilien Robson devait partir mais il est resté et a déjà marqué quatre fois. Kroupi, 12 buts en 2002-2003, vient de rentrer après une longue blessure. Et Abdoulaye Koulibaly, un jeune attaquant guinéen, a signé son premier contrat pro. « L’entraîneur a recruté des joueurs et il s’appuie sur eux, admet Loko qui aimerait être fixé. Le mercato arrive et je n’ai pas les données en mains. Mon idée de départ, c’est Lorient. Mais si je ne peux plus exercer mon métier… Bientôt, il y aura une fin. Mais moi, je souhaite une autre fin. »

     

    Sa situation embarrasse aussi son président, Marcel Le Mentec : « Patrice a été l’attaquant le plus constant la saison passée. Il est exemplaire. Bien sûr, on souhaiterait qu’il soit sur le terrain et s’il veut me voir, ma porte est ouverte. Cela dit, s’il pense qu’un départ est la meilleure solution, nous ne sommes pas contre si cela le satisfait. » Pourtant, entre un départ de son joueur et un retour sur le terrain, Gourcuff a choisi : « Je ne suis pas opposé à son départ, c’est une question de bon sens. En tout cas, ce serait dommage qu’il termine comme ça. »

     

    Après Nantes, le PSG, Montpellier, Lyon, Troyes et Lorient, une nouvelle aventure attend sans doute Loko. Amiens (16e attaque de L 2) serait prêt à l’accueillir au début de l’année 2004. « Honnêtement, je ne peux rien dire. Je n’ai encore eu aucun entretien avec mes dirigeants. Il serait prématuré d’envisager quoi que ce soit puisque c’est à eux de décider. La L 1 ne m’effraie pas. Je pense pouvoir jouer encore une ou deux saisons. Je cours encore, hein ! »

     

    RAPHAËL RAYMOND (avec F. L. D.)

     

     


    logo_OuestFrance  13 novembre 2003

     

    losl04lFootball: FC Lorient : Patrice Loko sur le départ


    Très peu utilisé depuis le début de saison, Patrice Loko pourrait quitter Lorient prochainement.
    (photo : Béatrice Le Grand)

     

    L’attaquant des Merlus en contacts avec plusieurs clubs
    Peu utilisé par Christian Gourcuff depuis le début de saison, l’attaquant lorientais envisage de quitter le Morbihan. Le club du président Le Mentec semble même prêt à le laisser partir si le joueur trouve une équipe.


    Avec 10 buts au compteur la saison dernière pour un temps de jeu moyen de 88 minutes sur les trente-huit journées de championnat, les statistiques de Patrice Loko étaient loin de celles d’un préretraité. Cette saison, l’arrivée de nouveaux attaquants comme Koné et Koutouan, ont barré la route de l’ancien international. Ne rentrant pas dans les plans de Christian Gourcuff, Patrice Loko a continué à travailler sans faire de bruit et en attendant son heure. Sauf qu’à 33 ans, les heures défilent plus vite, en tout cas dans le monde du football. « Actuellement, je ne suis pas dans les plans de Christian Gourcuff, commente Patrice Loko. Il fait ses choix et je les respecte. Mais comme je ne peux pas être remplaçant tous les week-ends, la question de mon départ se pose. »

     

    Sous contrat avec le FC Lorient jusqu’en juin 2004, Patrice Loko pourrait donc quitter le Morbihan lors du Mercato. « Les dirigeants m’ont expliqué que si je trouvais un club, ils ne seraient pas opposés à mon départ. À condition que je trouve une opportunité intéressante. » Pour l’heure, deux clubs de Ligue 2, Amiens et Nancy, semblent intéressés par l’attaquant lorientais. « Pour l’instant, il n’y a rien de très officiel, souligne Patrice Loko. Mais j’ai encore les jambes et une grosse envie de jouer. Je me tiens prêt pour le FC Lorient, où le challenge de la montée en Ligue 1 reste passionnant. Mais si j’ai une opportunité en Ligue 2 ou même en Ligue 1, je partirai. »

     

    Nicolas CARNEC.

     

     

    Athletic Club Ajaccien

    logo_Telegramme  9 janvier 2004

    article_telegramme_090104L’ATTAQUANT LORIENTAIS VA ÊTRE PRÊTÉ SIX MOIS À L’AC AJACCIO
    Patrice Loko rebondit… en Ligue 1

    Très peu utilisé par Christian Gourcuff, Patrice Loko va rejoindre, sous forme de prêt, l’AC Ajaccio jusqu’à la fin de saison. A bientôt 34 ans, et dix-huit mois depuis son retour à Lorient, l’ancien international se voit ainsi offrir l’opportunité de retrouver les terrains de Ligue 1. Pour le club morbihannais, l’économie salariale réalisée devrait accélérer l’engagement d’un milieu de terrain.

    Le ballon tourne très vite dans le milieu professionnel. Et s’offre parfois des rebonds capricieux. Ainsi, Patrice Loko, qui n’était plus ces derniers mois que le cinquième attaquant lorientais par ordre de priorité, pourrait très bien se retrouver titulaire dès les jours prochains en Ligue 1.
    Empêtré dans ses problèmes offensifs, l’AC Ajaccio (actuellement 16e) a en effet choisi de jeter son dévolu sur l’ex-Nantais et Parisien pour épauler le Malien Bagayoko à la pointe de son attaque.

    « Excellente opportunité »

    Et si, hier soir, rien n’était encore signé entre les trois parties intéressées, l’accord de principe avait été trouvé. Marcel Le Mentec, le président lorientais, confirmait « des contacts bien avancés », alors que l’agent du joueur, Patrice Liguistin, travaillait aux derniers détails d’une opération qu’il jugeait « bonne pour tout le monde ».
    Ce prêt, c’est d’abord une excellente opportunité pour un joueur qui aura marqué de son empreinte ses deux passages dans le Morbihan. Tout d’abord lors d’un premier séjour de six mois, en 1999, où son arrivée avait très largement contribué à relancer l’espoir de maintien en Ligue 1. Puis l’an passé, où sa science du jeu collectif et sa générosité dans l’effort lui avaient valu la reconnaissance d’un public qui l’a toujours apprécié.
    Cette saison pourtant, la donne a rapidement changé. Titularisé en début de saison, l’ancien international a lentement glissé vers le bout du banc lorientais. Avant d’être écarté du groupe de seize, sur choix de l’entraîneur, en novembre dernier.

    Un milieu dans le viseur

    « C’est un choix de l’entraîneur, qui ne le faisait plus trop jouer. Ce départ à Ajaccio, c’est très bien. Il va pouvoir rejouer et marquer des buts en Ligue 1. Et peut-être qu’il sera meilleur à ce niveau-là ». Patrice Liguistin se satisfaisait de la possibilité offerte à Patrice Loko de rejouer parmi l’élite et d’exploiter ainsi, si possible, les dernières années qu’il pourrait lui rester au plus haut niveau.
    Si le joueur et son futur club d’accueil sont ravis de l’opération, la remarque est également valable pour le FC Lorient. Le club morbihannais, qui a annoncé qu’il ne recruterait pas sans départ préalable, va pouvoir, grâce à l’économie salariale réalisée, activer la recherche d’un milieu de terrain axial créatif. Un profil certainement plus utile au FC Lorient dans sa course à la remontée que celui de Patrice Loko au sein d’un effectif où, en attaque, d’autres priorités ont été clairement affichées.

    Laurent Aquilo

     


    Le Telegramme  9 janvier 2004

    « Tant que mes jambes me porteront… »

    Patrice Loko, on vous sent soulagé…
    Content de pouvoir enfin rejouer au haut niveau, de retrouver une équipe qui me fait confiance. J’avais envie de retrouver la L1 avec Lorient, ce sera avec Ajaccio.

    Avez-vous des garanties de jouer davantage ?
    J’ai eu le président au téléphone, et je sais que l’entraîneur est très content de m’avoir dans son effectif. A partir du moment où un club m’appelle, c’est parce qu’il pense que je peux lui apporter un plus. Aller à Ajaccio va me permettre de rejouer au haut niveau, et bien sûr de gagner ma place. Je n’ai pas de garantie, mais ce qu’il y a de bien pour un footballeur, c’est d’aller à l’entraînement pour gagner sa place. Ce n’était pas le cas à Lorient.

    Il y avait une incompréhension avec Christian Gourcuff, qui ne vous estimait plus compétitif ?
    Je n’ai pas trop envie de polémiquer. J’ai toujours respecté les choix de l’entraîneur. Il avait ses raisons, il avait d’autres joueurs. J’ai compris assez vite que je n’entrais plus dans ses plans et je comptais sur le mercato. Il y a encore des clubs et des entraîneurs qui pensent que je peux apporter quelque chose au haut niveau.



    Quel bilan tirez-vous de votre deuxième séjour lorientais ?
    La première année, on a fait une belle saison, même si on échoue de deux points. Je pensais qu’on avait de grosses qualités pour réussir cette année… Ce sera sans moi. Je continuerai à suivre l’équipe, même si j’ai un autre challenge à relever.

    Dans une région que vous avez choisie pour son climat ?
    (rires) Non ! J’aime bien le climat breton. Mais c’est vrai que depuis quelques jours, j’étudie le climat de la Corse. Mais je n’y vais pas pour ça, mais pour m’éclater sur un terrain. C’est une équipe collective, qui essaie de bien jouer au ballon, et pour ma part je m’acclimate bien à un groupe. Comme je suis dans le milieu depuis un moment, je connais toujours quelques personnes en arrivant. Ça aide.

    Ajaccio sera votre dernier club ?
    Depuis trois ans, on me dit ça. Je n’en sais rien. Je jouerai tant que mes jambes me porteront. Au jour d’aujourd’hui je me sens capable de jouer encore. Si je n’avais pas cette sensation-là, je serais resté à Lorient.

     


     Ouest France  8 janvier 2004

    Football : Patrice Loko retrouve la L1 à Ajaccio

    L2 : laissé libre par le FC Lorient, il s’est engagé hier avec le club corse
    Il reste cinq mois à Patrice Loko pour prouver qu’il peut apporter un plus à Ajaccio, quatrième plus mauvaise attaque de L1.
    Jérôme Fouquet

    Patrice Loko, 34 ans, va retrouver la Ligue 1, quinze ans après y avoir fait ses débuts avec le FC Nantes, en avril 1989. Et après une saison et demi passée sous le maillot lorientais.
    Au cours de ses quinze années de carrière professionnelle, Patrice Loko n’aura que très rarement évolué en Ligue 2. La seule exception faite à un parcours exceptionnel fut sa signature en L2 à l’aube de la saison 2002-2003. « Je suis revenu à Lorient pour relever un nouveau challenge », expliquait le joueur quelques heures après sa signature dans la Morbihan. En fait, il s’agissait pour lui d’un retour sous les couleurs lorientaises puisqu’il avait permis aux Merlus d’espérer le maintien en L1 au cours des six derniers mois de la saison 1998-1999.

    Un contrat de six mois

    Revenu en terre morbihannaise, la saison dernière, il aura réalisé une superbe saison même si l’objectif fixé n’a pu être atteint. Pour preuve, Patrice Loko, malgré ses 33 ans, avait disputé les 38 rencontres de championnat avec une moyenne faramineuse de 88 minutes. Au-delà de ces statistiques, l’ancien international avait également inscrit 10 buts, juste derrière Eli Kroupi (12 buts). « J’ai vraiment apprécié la confiance que m’ont accordée les dirigeants, la saison dernière, soulignait, hier soir, l’attaquant lorientais. Quand je suis revenu à Lorient, c’était pour retrouver la Ligue 1, dès la fin de saison. Malgré une bonne saison, nous n’y sommes pas parvenus, c’est dommage ».

    Cette saison en revanche, les données chiffrées ne plaident pas en faveur de l’attaquant lorientais. Titularisé à sept reprises seulement, il a participé à treize rencontres (coupes et championnat confondus). Soit un total de 475 minutes au cours desquelles il n’a pas inscrit le moindre but. Il faut reconnaître que Patrice Loko a dû faire face à une rude concurrence avec les arrivées successives de Bakari Koné et d’Antonin Koutouan. Les deux jeunes ivoiriens ayant plus de qualités d’explosivité que l’ancien international. Dès lors, Christian Gourcuff a souvent retenu Patrice Loko dans son groupe de seize joueurs en l’utilisant comme joker. Très professionnel, l’ancien international a accepté la situation et a continué à travailler. « Je n’ai jamais discuté les choix d’un entraîneur, et ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer. Je tourne la page sereinement et je suis heureux de rejoindre Ajaccio même pour six mois. » Dans les prochaines heures, Patrice Loko, laissé libre par le FC Lorient, va signer un contrat de six mois avec le club corse. « Il n’y a pas d’option contractuelle pour la saison prochaine. Je vais tout donner pour décrocher le maintien afin de peut-être pouvoir faire durer le plaisir, un an de plus. »

    Une bonne nouvelle pour Patrice Loko mais qui devrait en décevoir plus d’un du côté de la préfecture morbihannaise. En effet, les dirigeants du Vannes OC, avec qui l’ancien international a d’excellentes relations, espéraient le voir un jour s’installer à La Rabine. Hier soir, Patrice Loko s’en amusait : « Il faudra qu’ils patientent encore un petit peu ».

    Nicolas CARNEC.

     


      9 janvier 2004

    Lekipe090104LOKO À AJACCIO

    PATRICE LOKO (33 ans), l’attaquant de Lorient (L 2), va s’engager ce matin avec l’AC Ajaccio pour une durée de six mois. « A priori, les trois parties (le joueur, Lorient et l’ACA) sont d’accord, a déclaré le président ajaccien, Michel Moretti. Tout devrait se finaliser dans la matinée. » Cette saison, Loko n’a joué que dix matches. Une résiliation de son contrat semble acquise. Ajaccio n’aura donc pas d’indemnités de transfert à verser aux Bretons. Le fait que le joueur ait peu joué cette saison n’inquiète pas Dominique Bijotat, l’entraîneur ajaccien : « On connaît son profil. Il devrait nous apporter ce dont on a besoin. » – D. D.

     


     logo_sportsfr  6 fevrier 2004

    article_sportsfr_070204LOKO COURT TOUJOURS

    On l’avait presque oublié… Relégué sur le banc de touche depuis le début de la saison à Lorient, Patrice Loko a retrouvé les pelouses de L1 en janvier à la faveur de son transfert à Ajaccio, où il s’est engagé jusqu’à la fin de la saison. Celui qui fut international à 26 reprises et champion de France avec Nantes montre toujours la même volonté sur un terrain, pour le plus grand bonheur de son entraîneur Dominique Bijotat, qui se réjouissait la semaine dernière de l’apport de son nouvel attaquant. Reste à concrétiser en terme de points, pourquoi pas samedi au stade Vélodrome ?

    Il aurait pu être champion du monde… Révélé au FC Nantes où il a été formé au côté des Pedros, Karembeu, Ouédec qui formaient la génération dorée des Canaris champions de France en 1995, Patrice Loko n’a sans doute pas eu la carrière que ses débuts transcendants laissaient espérer. Intégré au groupe professionnel au début de la saison 1991-92, le natif de Sully-sur-Loire se fait vite remarquer sur les terrains de D1 (ancienne L1) par son explosivité et sa fougue qui désarçonnent nombre de défenseurs adverses.

    Et trois saisons plus tard, il ajoute une nouvelle corde à son arc : l’efficacité. L’année du titre en 1994-95 le voit en effet terminer meilleur buteur avec un total de 22 réalisations. Loko est alors à son sommet, membre à part entière de l’équipe de France d’Aimé Jacquet et promis à un avenir florissant. Convoité par de nombreux clubs, il choisit de quitter le calme des bords de l’Erdre pour l’effervescence de la capitale où il se brûle très vite les ailes. Perturbé par la longueur des négociations, fatigué après une longue saison, il dérape dans la nuit parisienne, ce qui lui vaut un passage prolongé au poste de police puis dans une maison de repos de la banlieue ouest.

    Bien entouré par ses proches et son club, l’ex-attaquant nantais parviendra à remonter la pente, enchaînant deux bonnes saisons avec le PSG, au point de remporter en 1996 la Coupe des coupes face au Rapid de Vienne, puis, un an plus tard de marquer 15 buts et de frôler l’égalisation en finale de cette même Coupe des Coupes face à Barcelone, son tir croisé échouant sur le poteau catalan. Revenu à son meilleur niveau, Loko a réintégré l’équipe de France, avec laquelle il dispute en juin 1997 le Tournoi de France, répétition générale de la Coupe du monde.

    « J’ai toujours le niveau de L1 »

    Ce sera pourtant sa dernière apparition en bleu, la suite de la carrière de celui qui n’avait jusqu’ici connu que deux clubs subissant de nombreux soubresauts. Entre blessures et nouveaux coups de blues, il vivra deux dernières années au PSG sans beaucoup jouer, avec toutefois un ultime éclair en finale de la Coupe de la Ligue 1998 face à Bordeaux, son entrée en jeu s’avérant décisive. Lassé de devoir se contenter d’apparitions de moins en moins fréquentes, il quitte la capitale pour Lorient où il retrouve du tonus et le sens du but (9 buts en 20 matches). Il est transféré dans la foulée à Montpellier avant de faire un passage discret à Lyon puis de changer une nouvelle fois d’air en posant ses valises à Troyes. Sous les ordres d’Alain Perrin, l’efficacité est de retour (8 buts en 27 matches), mais Loko a la bougeotte et ne reste qu’une saison à l’ESTAC pour retourner à Lorient, relégué en L2, où il forme une paire offensive de premier ordre avec Kroupi.

    L’arrivée de Christian Gourcuff et l’éclosion des Ivoiriens Koutouan et Kone le poussent cependant sur la touche au début de cette saison. Persuadé qu’il peut encore rendre service, Loko aspire à changer d’air, l’AC Ajaccio lui offre l’opportunité, il la saisit avec avidité: « J’ai toujours le niveau de L1. Le fait qu’un club de l’élite ait pensé à moi me stimule au plus haut point, même si à Lorient, au niveau inférieur, on ne comptait pas sur moi car j’étais barré par des joueurs que l’on estimait plus explosifs que moi« , déclare-t-il à France Football au moment de revêtir son septième maillot de L1.

    Diomède: « Grâce à Pat’, notre jeu est plus varié »

    Revanchard, Loko n’a pas tardé à justifier la confiance placée en lui par le staff technique de l’ACA, Dominique Bijotat en tête. Ce dernier ne tarissait ainsi pas d’éloges sur la prestation de son nouveau protégé samedi dernier à l’issue du nul face à l’OGC Nice (1-1): « Ça nous donne des possibilités offensives intéressantes. Avec quelques automatismes en plus, les résultats devraient suivre. » Même son de cloche chez un autre revenant, le champion du monde Bernard Diomède: « Avec un deuxième point d’ancrage, c’est plus facile de donner des ballons. Pat’ apporte beaucoup, il travaille dos au but, remise bien. Entre lui et Mamadou (Bagayoko, ndlr), on a maintenant plusieurs solutions de passes, notre jeu est plus varié.« 

    Un bel unanimisme qui confirme qu’à tout juste 34 ans (il les a fêtés ce vendredi), Loko reste compétitif, ce dont il ne doute visiblement pas: « Si je n’avais pas envie de jouer au plus haut niveau, si j’avais senti que les jambes et le mental ne suivaient pas, je ne me serais pas engagé. » Maintenir l’ACA parmi l’élite, tel est l’un des derniers défis de la longue carrière de l’attaquant corse, qui ne pourrait rêver meilleur cadeau d’anniversaire qu’une victoire à Marseille samedi…

    Axel CAPRON

    Équipe de France


      13 janvier 1993

    Lekipe130193DAKAR, C’EST TOUT BON

    L’équipe de France A’ n’est pas venue pour rien à Dakar. Contre le Sénégal, elle a gagné tout en se montrant convaincante. L’Afrique aura offert à Gérard Houillier de beaux sujets de satisfactions.

    SENEGAL – FRANCE A’ : 1-3 (0-2)
    Beau temps. Pelouse bosselée. Éclairage en seconde période. 50000 spectateurs environ. Arbitre : M. Padara Sène (Senegal). Buts : Loko (9e, 63e), Prunier (38e) pour la France. Sané (88e) pour le Sénégal
        SENEGAL : Faye – Tambellou (Ale Malé, 46e), Cissé, M.A. Diallo (Diagne 77e), A. Mendy (cap.) – Ayanda, Mangane, M’Bengue (M. Diallo 59e), Sène (Gassama 49e) – Badiane, Sané. Entr. : Dieng
        FRANCE A’ : Lama (Nadon 66e) – Karembeu (Deguerville 60e), N’Gotty (Djorkaeff 48e), Leboeuf, Prunier (cap.), Cobos – Gava, Garde (Dogon 52e), Martins (Keller 72e) – Loko, Nouma. Entr. : Houillier

    […] D’ailleurs, dès la 9e minute, les hommes de Gérard Houillier ouvrent le score sur leur première véritable occasion. Au départ, un centre court de Karembeu qui a parfaitement utilisé son couloir droit. A premier poteau, Loko a parfaitement senti le coup et devance Cissé pour battre de près Faye d’une reprise du droit croisée. Un action estampillée F.C. Nantes(…)

    Ce qui n’est pas le cas du contre français emmené par Gava à droite. Son centre pour Loko, totalement oublié au point de penalty, est malheureusement mal exploité par le nantais qui rate son contrôle de la poitrine. Faye a le temps de venir au contre mais le ballon échoue dans les pieds de Prunier qui a suivi, et l’auxerrois, sur la ligne de but, n’a plus qu’à catapulter le ballon dans les buts vides.

    A la reprise, Djorkaeff remplace N’Gotty, ce qui implique une sérieuse réorganisation tactique chez les bleus. Sur l’in de ses premiers ballons, le Monégasque, grâce à un centre aérien parfait, offre sur un plateau le but du 3/0 à Loko, qui, d’une tête croisée, trouve la lucarne droite du but de Faye (63e) […]

     

    LE JEU ET LES JOUEURS
    Karembeu et Loko en vue

    […] En attaque enfin, LOKO s’est souvent sorti facilement du marquage adverse lâche et a eu le mérite de marquer deux buts. Il devait même en marquer un troisième, mais sa maladresse allait permettre d’offrir un cadeau à Prunier. (note 8/10) […]

    Erick BIELDERMAN

     


      21 janvier 1993

    Au lendemain des premières sélections en équipe de France A’ et A de Patrice. La sélection en A ne compte pas comme telle puisqu’il s’agissait d’un match « de gala » des « bleus » contre le Sporting du Portugal, équipe du championnat portugais.

    Lekipe210193LOKO, BUTEUR DANS LE MALHEUR

    Frappé il y a un mois par un terrible deuil, le nantais s’est raccroché au football. Depuis la reprise, la réussite lui sourit. Même en équipe de France.

    Les cinq buts inscrits par les équipes de France A et A’ à Dakar et Lisbonne ont un dénominateur commun : Patrice Loko. Le Nantais, qui débutait doublement à ce niveau, a en effet réussi une sorte de grand chelem en étant de tous les bons coups. A Dakar, il a marqué le premier et le troisième but et raté d’un poil le second, dont Prunier, finalement, se chargea.
    Déjà bien noté par Gérard Houllier pour sa contribution africaine, Patrice allait faire plus fort encore mardi soir. Un but et une passe décisive en quinze minutes de présence. Le sélectionneur pouvait difficilement espérer meilleur rendement de son remplaçant. Pour être complet, il convient d’ajouter à cette série un but refusé et un centre décisif pour Ouedec, samedi dernier à Auxerre.
    Loko canonnier, on ne peut pas dire que ça vient de sortir, mais c’est tout de même assez nouveau. « J’évolue en D1 depuis deux ans et demi et avant cette saison je ne marquais pas beaucoup de buts. Je pensais surtout à bien jouer, à fair des passes décisives, mais je ne prenait pas assez de risques dans la conclusion. J’ai fini par comprendre qu’un attaquant se devait de marquer. C’est pourquoi j’essaie désormais de gérer mes courses et mes appels de façon à être plus efficace devant le but. Avec Nantes, j’ai marqué six fois pour l’instant.« . Doucement, Patrice est en train de se dégager d’une réputation de maladroit qui lui collait à la peau depuis plusieurs années. « Marc Bourrier m’a toujours dit qu’avec les Espoirs, il se créait beaucoup d’occasions mais qu’il ne marquait pas, confie Gérard Houllier. Or là, il atteint un niveau intéressant. C’est un attaquant moderne, constamment en mouvement, et qui harcèle les défenses.« 

    « Je dois reprendre le dessus »

    A vingt-trois ans, on découvre chez lui des qualités que beaucoup ne soupçonnaient pas. « Le problème, c’est qu’il voulait faire tout trop vite, remarque Suaudeau. Ce qui est souvent le propre des jeunes de talent. Mais je ne connais pas un coach qui n’ait pas besoin d’un élément aussi mobile que lui. qui soit aussi vite en action.« 

    On ne saurait mesurer ses mérites actuels à leur juste valeur si on ne Ies replaçait pas dans le contexte dramatique qui est le sien. Il y a un mois, Patrice a perdu son petit garçon de huit mois, Romain, emporté par une méningite fulgurante. Depuis, il vit et il joue avec ce souvenir accablant dans la tête. Les yeux dans le vague, la voix douce et posée, c’est avec une grande pudeur qu’il évoque ces semaines terribles où le destin, en un rien de temps, s’est fait meurtrier et souriant.
    « D’abord, on ne pense plus à rien. Tout s’arrête. On se laisse porter, on ne sait pas comment réagir, comment se concentrer sur son boulot. Ma femme tenait à ce que je ne lâche pas prise. Quand je suis parti à Dakar. elle m’a dit que je devais marquer pour Romain. Quand j’ai vu la balle au fond des filets, c’est à lui que J’ai pensé.« 

    Au Sénégal ou au Portugal, à des milliers de kilomètres de Nantes. les idées noires ne se sont pas évaporées. Mais l’environnement étant différent Patrice a pu, l’espace d’un entraînement ou d’un entretien. mettre son malheur entre parenthèses. « Quand je suis à la maison, c’est très pénible. Tout me rappelle mon petit garçon, qui était heureux. Quand il est né. ça m’a donné une grande confiance en moi, sur le terrain et en dehors. Je ne l’oublierai jamais. Mais je suis jeune, je dois reprendre le dessus. Le Football peut m’aider à apprécier à nouveau l’existence.« 

    Didier Deschamps, qui a vu débuter Patrice au centre de formation à Nantes, ne le contredira pas. Il y a cinq ans, lui aussi a vécu semblable tragédie. « J’ai perdu mon frère quelques jours avant Noël. C’est vrai que, dans un premier temps, on s’accroche encore plus sur le terrain. On a envie de tout donner pour compenser. Et puis après. il y a le contrecoup, le moment où on réalise vraiment. Ça peut découler d’un petit problème sportif qui vient se superposer au reste. Mais Patrice est costaud. Il s’en sortira. »

    Tellement costaud qu’il a étonné Jean-Claude Suaudeau : « Il était un peu fragile, mais là je le sens fort. Chacun est intervenu auprès de lui comme il le sentait, sans en rajouter. On n’a pas à se lamenter ensemble. Pat a su assumer. Il a démontré qu’il avait une force de caractère. Et puis Il aime trop son métier pour s’en détacher. Même si pour l’instant, le plaisir est limité.« 

    En 1992, la vie a beaucoup pris à Patrice. En 1993, elle lui a déjà donné de petits bonheurs. L’équilibre ne sera jamais rétabli. Mais puisse-t-elle persévérer dans cette voie.

    Remy LACOMBE

     


      26 janvier 1993

    FF_011993Loko : « J’ai du mal à goûter à ces buts »

    Buteur des A’ à Dakar et des A à Lisbonne, Patrice Loko, un espoir de la nouvelle génération nantaise, aurait pu vivre le plus beau des débuts d’année. S’il n’y avait eu ce cruel deuil familial qui l’a frappé récemment.

    PROCHAINEMENT

     


      12 décembre 1994

    Lekipe121294LOKO : « Je veux gagner »

    L’équipe de France a une bonne défense mais n’a pas inscrit le moindre but. C’est dans ce secteur qu’Aimé Jacquet cherche des solutions. L’attaquant nantais, meilleur buteur de D1, retrouve une place de titulaire.

    Patrice Loko était le 17è homme en Slovaquie, puis titulaire devant la Roumanie. Blessé, il n’a pas été appelé pour le déplacement en Pologne. Jacquet lui a fait à nouveau confiance pour affronter L’Azerbaïdjan. Il jouera devant a côté de Jean-Pierre Papin. Son copain de club, Nicolas Ouédec, en fait les frais. Mais pour définitivement convaincre, il faudra marquer mardi soir.

    En allant jouer à Trabson contre l’Azerbaïdjan, il n’y a pas d’alternative. Il faut gagner.
    Mais moi, tous les matchs je les commence en me disant que je vais gagner. Je ne me dit pas que le vais gérer un résultat. L’Azerbaïdjan, même si on n’en connais pas grand-chose, c’est une équipe qui n’a pas gagné un seul match. On doit aller là-bas pour la victoire.

    Il fallait aller aussi gagner en Pologne il y a un mois.
    Sur ce que j’ai vu à la télé Il y avait quand même de mauvaises conditions de jeu. Un terrain pourri, une équipe réduite à 10, finalement c’est plutôt bien d’avoir tenu le 0-0.

    Vous vous doutiez qu’il y aurait des changements pour ce match contre l’Azerbaïdjan ?
    C’est vrai que ça change au niveau de l’attaque depuis la Pologne mais l’équipe mise en place me parait bien équilibrée.

    Jacquet cite beaucoup l’experience pour expliquer ses changements. Quand un sélectionneur parle d’une préférence à l’expérience, cela peut passer pour une excuse ou un vrai argument ?
    Il y a certains matchs où l’expérience est vraiment déterminante mais je crois que de jeunes joueurs peuvent aussi s’imposer dans ces circonstances. De toute façon, Aimé Jacquet a encore bâti une équipe pour jouer offensif. Donc cela me plaît.

    A partir du moment où l’on se doutait que Jean-Pierre Papin allait être titulaire, vous êtes vous dit avec Nicolas Ouédec que l’un de vous deux allait rester sur le banc ?
    Oui, on y a pensé. Mais, bon, on ne jouera jamais avec cinq ou six attaquants. Donc Il y en aura toujours sur le banc.

    Pensez-vous que l’on a donné assez de temps au trio offensif nantais pour montrer ce qu’il sait faire ?
    Contre la Roumanie cela s’est bien passé. En Pologne Il y a eu d’autres faits de matchs.

    L’absence de Martins, un vrai numéro 10, la regrettez ?
    Jouer avec Eric ou Corentin c’est différent, mais je crois que la cohésion offensive est la même sur le terrain.

    Le président de la F.F.F., M. Simonet, a souhaité que l’on prenne les joueurs les plus en forme en sélection. En cette fin d’année, c’est le cas ?
    Je crois que oui, et cela doit se voir sur le terrain. Cela ne servirait à rien de se mettre un handicap en prenant des joueurs fatigués alors qu’il y a un match très important ou il faudra beaucoup donner.

    Pourtant il y a eu cette accumulation de matchs importants avec les clubs.
    Oui, mais en ce moment, les entrainements sont surtout basés sur la récupération. Donc ça va. Et si on ne peut pas tout donner sur un match comme celui contre l’Azerbaïdjan, alors…

    Justement, certains internationaux en appellent à une prise de conscience, à une vrai révolte.
    Je ne suis pas d’accord avec ce discours. On se prépare bien dans sa tête quand on vient en sélection. Je ne crois pas que ce soit mentalement que nous avons échoué lors des derniers matchs.

    Il faut prouver à chaque fois

    Il pourrait y avoir des joueurs retenus non en raison de leur forme mais plutôt sur leur rôle complémentaire dans un système de jeu.
    Malheureusement, les résultats moyens de nos derniers matchs ne permettent pas d’utiliser quelqu’un qui soit seulement à 50 ou 60 % de ses moyens. On doit être physiquement au top.

    Donc tout le monde est en forme ?
    On ne peut pas venir en sélection en étant seulement à 50% de ses moyens, car il y a toujours une remise en question. La seule chose dont on est sûr en arrivant en sélection, c’est qu’un jour on va la quitter. Sinon, il faut prouver à chaque fois.

    Pourtant aujourd’hui, dans le groupe d’Aimé Jacquet, la défense, efficace, n’est jamais remise en cause.
    En club ou en sélection, c’est encore le résultat qui compte. Quand on fait l’analyse aujourd’hui, on constate qu’il n’y a aucun but marqué et aucun encaissé. Donc s’il y a des changements à effectuer quelque part, ils sont là où on ne marque pas.

    Si on résume : aujourd’hui la défense est bonne et l’attaque n’est pas satisfaisante.
    Dans les chiffres, c’est ça. Une attaque est bonne quand elle marque des buts. On a beau faire de bonnes choses sur le terrain, on ne met pas de buts.

    propos recueillis par Etienne BONAMY

     


      14 novembre 1995

    LE CHALLENGE DE LOKO

    Nouvelle étape pour Patrice Loko. Devant ses bonnes performances avec le PSG, Aimé Jacquet n’a pas hésité à le rappeler en équipe de France. L’ex-Nantais a la côte.

    Assis à une table, sous une tente installée dans le stade de Bayeux où se déroule le point presse des Bleus, Patrice Loko plonge à à nouveau dans l’environnement d’une rencontre internationale. Il en connaît les us et coutumes. A vingt-cinq ans, il compte huit sélections. Une pression légère flotte dans l’air autour de lui, souvenir d’un transfert à sensation et d’un été agité. Les questions portent naturellement sur sa présence en Normandie et son degré de forme. « Ça va très bien, dit-il, je suis content de reprendre ma place dans le groupe. Ces derniers temps, j’ai fait des matches intéressants, je suis de mieux en mieux et Aimé Jacquet a jugé utile de me retenir.  »

    Une explication toute simple pour un retour que l’on n’attendait pas si rapide. Mais sous le maillot du PSG, Patrice a apporté la preuve en cinq semaines de ses progrès, atteignant un premier petit sommet à Glasgow contre le Celtic avec un doublé magistral, ce qui n’a pas échappé au sélectionneur national. « J’en ai discuté longuement avec Luis Fernandez, Patrice a retrouvé toutes ses sensations. Il manque juste un peu de compétition. A partir de là, compte tenu des prestations de qualité qu’il a toujours réussies en sélection, il m’a semblé que le moment était propice pour le retenir. C’est un garçon qui colle bien à notre jeu, à ce que je veux faire. Il est toujours en mouvement, en rupture, il ne se pose pas de question, il est sans calcul. En plus, il n’a pas la phobie du but. Il possède au contraire une générosité, une abnégation, une disponibilité souvent déterminantes. Et pour lui, c’est également un bon challenge. « 

    Sept mois après son dernier match en équipe de France, à Nantes face à la Slovaquie, Patrice Loko dispose ainsi d’une belle chance de caracoler à la tête de l’attaque française, demain à Caen. A peine s’il avoue être « quelque peu surpris d’être là  » et manquer encore de « confiance « , mais on sent que ses réponses il souhaite les donner sur la pelouse, non pas autour d’une table, dans le brouhaha d’une conférence de presse. Son dernier but avec l’équipe nationale, bien sûr il s’en rappelle, « aux Pays-Bas, en janvier« , bien sûr il espère « jouer, même si l’important, c’est davantage la sélection  » et comme il l’a confié à Marianne Mako, sur TF 1, il répète qu’il va maintenant « très, très bien « . Juste avant de se lever, signifiant la fin d’un entretien empreint d’une certaine émotion. Impatient ou trop fragile encore, il a hâte d’aller participer à un premier entraînement très ludique sur le terrain Henri-Jeanne de Bayeux. Seule chose qui l’intéresse.

    Ce qu’il a vécu en arrivant à Paris, il le garde enfoui au fond de lui-même, comme toute personne ayant traversé une période difficile. « Mais aucune précaution particulière n’est prise à son égard« , précise le médecin des Bleus, Jean-Marcel Ferret, qui a reçu le feu vert du staff médical du Paris-SG. « Le fait qu’il en soit là aujourd’hui parle en sa faveur, c’est même fantastique. « 

    Joueur comme un autre – « ce fait plaisir de le revoir, mais nous n’avons pas à le bichonner « , dit Marcel Desailly -, Patrice Loko doit maintenant franchir un nouveau cap dans sa jeune carrière. « C’est un peu une nouvelle naissance pour lui dans ce monde tellement agressif, confie Christian Karembeu. Il ne faut pas trop le bousculer, je le trouve un peu renfermé par rapport à avant, mais il va y arriver. « 

    S’il joue d’entrée, ou s’il entre en cours de match au stade Michel­d’Ornano, Patrice Loko sait déjà que sa neuvième sélection aura la même importance que la première.

    Jean-Marie LORAND

     


      21 février 1996

    FOOT. France-Grèce: Loko veut se retrouver en marqueur

    Patrice Loko sera à nouveau le seul attaquant de pointe de l’équipe de France de foot, ce soir à Nîmes face à la Grèce, pour le deuxième match amical de préparation à l’Euro 96 des Bleus. Ce n’est pas une situation nouvelle pour le joueur du PSG, dont le dernier (et deuxième) but en équipe de France remonte au 18 janvier 1995, lors de Pays-Bas/France en match amical. Alors, pour sa onzième sélection, Loko, qui vient de fêter ses 26 ans, espère connaître à nouveau la joie du buteur. « On essaie toujours de marquer quand on est attaquant, mais l’important, c’est que l’équipe gagne. » Et ce discours entendu satisfait Aimé Jacquet, conscient du rôle ingrat tenu par son joueur. « Il a fait un travail formidable face au Portugal », a souligné le sélectionneur, lui rendant un hommage appuyé. À sa décharge, il faut bien reconnaître que Loko n’a jamais eu les mêmes partenaires autour de lui. Il a dû composer avec le tandem Djorkaeff-Zidane, puis avec Ginola, Ouédec, ou encore Papin, Pedros et Dugarry dans sa zone d’attaque.

    Pourtant, ces changements incessants ne le dérangent pas. « Il faut simplement trouver l’amalgame, le bon schéma. » Et, quand on lui demande avec quel partenaire il préfère évoluer, il répond: « Avec Youri (Djorkaeff), je n’ai pas de problème. Avec Reynald (Pedros), si le groupe évolue haut, je retrouve mes automatismes et Zinedine (Zidane) a le même profil que Youri. Je m’adapte. » Confiant et serein en équipe de France, Loko espère marquer, pour oublier les défaites avec le PSG en championnat.

     


      27 février 1996

    LOKO : « Je commençais à trouver le temps long »

    Il n’avait plus marqué avec les Bleus depuis Pays-Bas – France, à Utrecht, le 18 janvier 1995. Dans la période trouble qu’il traverse avec le Paris-SG, ses deux buts contre la Grèce tombent à pic. Patrice Loko espère qu’ils lui donneront l’élan nécessaire pour réussir la fin de saison,  et tenir tous ses objectifs. Sur les Bleus, sur le PSG, sur Nante et sur son cas personnel, il s’est longuement confié à France Football.

    Patrice, vos deux buts contre la Grèce ont dû vous faire un bien fou ?
    Oui, disons que je me suis montré opportuniste. Nous avions une réelle envie de bien faire, mais le terrain ne nous a pas favorisés. D’où un nombre réduit d’occasions en première période. Avec l’apport de joueurs plus offensifs après le repos, on a pu évoluer plus haut. A l’arrivée, on a encore marqué trois buts. Pour la confiance, c’est excellent.

    Vous avez marqué de la tête et sur penalty, deux domaines dans lesquels vous ne vous exprimez pas souvent…
    C’est vrai. Mais j’évolue dans une position d’avant-centre et je dois être à l’affût. Comme sur le premier but, où je suis bien placé pour prolonger le ballon dans les filets. Sur le corner, j’ai senti que c’est là qu’il fallait être.

    Vous étiez le tireur de penalty désigné ?
    Non, c’était Youri Djorkaeff. Moi, je n’arrivais qu’en deuxième position. Comme Youri n’était plus sur le terrain… Zidane aurait également pu s’en charger, puisqu’il les tire à Bordeaux. Mais il venait de rentrer et n’était pas encore chaud.

    « On est plus sûr de nous qu’il y a un an »

    Vous n’aviez plus marqué en match International depuis Pays-Bas-France…
    Je commençais à trouver le temps long. Un attaquant qui ne marque pas perd toujours un peu de sa confiance. En ce sens, j’espère que ma réussite aura des retombées positives au niveau de mon club. Physiquement, je subissais un petit contrecoup depuis le début de l’année. Ces deux buts devraient me relancer.

    Une fois de plus, l’équipe de France a bafouillé en première mi-temps…
    Oui, mais nous savons désormais que nous sommes capables de surmonter les moments difficiles. On est fort dans nos têtes, on ne se laisse pas abattre. On sait renverser des situations. Et ça, c’est un atout très important dans un tournoi comme l’Euro.

    Vous appréhendez mieux désormais ce rôle d’avant-centre ?
    J’essaie d’améliorer mon placement, de faire mo
    ins de courses inutiles afin d’être plus présent devant le but.

    Ca vous convient de jouer seul en pointe ?
    Je suis sans doute plus à l’aise et plus efficace avec un autre attaquant à mes côtés. Quand on est seul, on touche moins de ballons et on trouve moins facilement ses partenaires. Ce n’est pas seulement à moi, mais à toute l’équipe de s’adapter à ce système. Nous sommes sur la bonne voie. Mais on n’évoluera peut-être pas systématiquement dans ce schéma-là.

    Vous êtes quand même obligé de vous sacrifier ?
    On me dit que je cours beaucoup et que je touche peu de ballons. C’est mon rôle qui veut ça. L’idée est de renforcer le milieu de terrain, a fin d’avoir au maximum la maîtrise du jeu. Moi, le dois ouvrir des brèches pour les partenaires qui viennent de l’arrière.

    Avez-vous touché plus de ballons que face au Portugal ?
    Oui, peut-être. Mais cela tient en partie à la qualité de l’adversaire. Le Portugal était plus solide que la Grèce.

    L’attaque est un secteur où la concurrence est encore ouverte. Pensez-vous avoir pris une longueur d’avance sur les autres ?
    Non, en équipe de France, il faut démontrer son utilité à chaque match. Au moindre raté, on peut se retrouver sur la touche. Rien n’est joué.

    La France peut-elle gagner l’Euro ?
    On n’ira pas là-bas seulement pour participer. Ces moments sont trop rares pour que l’on n’en profite pas à fond. La France est capable de rivaliser avec les meilleurs. Même si elle a eu du mal à se qualifier, elle est invaincue depuis deux ans. C’est la preuve que les bases sont solides. Et puis l’équipe a progressé mentalement. Elle est beaucoup plus sûre d’elle qu’il y a un an.

    Au PSG, vous découvrez un mode de fonctionnement assez éloigné de celui de Nantes. Deux défaites et hop, Michel Denisot pique un coup de sang et c’est la crise…
    L’exigence est grande, effectivement. Vu nos performances avant la trêve et la qualité de notre effectif, ça fait désordre dès qu’on perd plusieurs matches de suite. On doit être à la hauteur en permanence. Et, actuellement, ce n’est pas le cas. Il est normal que le président mette la pression.

    Pourtant, PSG est toujours leader du classement ?
    Oui, mais on n’a plus de marge de sécurité comme avant. Cela dit, le problème n’est pas tellement le classement, mais le fait d’avoir perdu des matches en jouant mal. A l’automne, on ajoutait toujours la manière au résultat.

    « Mon jeu, ce n’est pas seulement de marquer »

    A Nantes, les défaites passaient mieux ?
    La saison dernière, il n’était pas nécessaire de pousser des coups de gueule, puisque nous étions constamment en tête. Paris possède les meilleurs joueurs français. A partir de là, les résultats sont impératifs.

    On dirait qu’après le 5-0 contre Nantes en décembre, PSG s’est vu trop tôt dans la peau du champion ?
    Ça, c’était l’analyse des médias. Inconsciemment, elle s’est peut-être répercutée dans nos esprits. Vu notre potentiel, on a cru qu’il suffisait de se présenter sur le terrain pour gagner. Eh bien, non ! Même le PSG doit se battre à chaque match. Question engagement, on était moins présent ces derniers temps.

    Comment jugez-vous vos six premiers mois sous le maillot parisien ?
    Dans l’ensemble, ils sont conformes à ce que j’en attendais. Je suis quand même revenu assez rapidement, même si j’ai souffert physiquement au début. Mais l’équipe tournait tellement bien que mon intégration s’est faite en douceur.

    La pression qui règne au PSG est-elle difficile à supporter ?
    Non, parce que c’est exactement pour cela que je suis venu à Paris. Pour me remettre en question chaque week-end, connaître le haut-niveau, la Coupe d’Europe. Toutes les autres équipes attendent avec impatience un match dans la saison, celui qui les oppose au PSG. Nous sommes très attendus, ça, je l’ai vite constaté. Mais c’est aussi ce qui nous fait avancer, progresser.

    Justement, avez-vous progressé à Paris ?
    J’attendrai la fin de la saison pour faire le bilan et répondre à cette question. Pour l’instant, ça se passe plutôt bien. Déjà, le fait d’évoluer dans une équipe au style très différent de celui que je connaissais est une source d’enrichissement. Mais j’ai à cœur de m’améliorer. Je suis toujours persuadé que je peux faire mieux. Même après un match réussi, je me trouve des défauts.

    Avez-vous été obligé de modifier certains aspects de votre jeu ?
    Oui. A Nantes, on se connaissait tellement bien que les enchaînements se faisaient de façon automatique. Je n’avais pas besoin de lever la tête. A Paris, je regarde davantage mes partenaires afin d’anticiper leurs choix. On ne peut pas obtenir des réglages parfaits en l’espace d’un mois ou deux. Mais, avant la trêve, on réussissait déjà de très belles choses.

    Avez-vous craint de ne pas avoir à Paris le même rendement qu’à Nantes ?
    La saison dernière, on a beaucoup souligné mon efficacité devant le but. J’estime qu’on me juge trop à travers ça. Or, mon jeu, ce n’est pas seulement de marquer, même si, pour un attaquant, c’est toujours plus valorisant. A Paris, mon objectif était avant tout de m’intégrer dans un nouveau style de jeu, de m’y sentir à l’aise, d’apporter ma contribution.

    Il faut dire qu’avec 22 buts et un titre de meilleur buteur, vous aviez placé la barre très haut ?
    Je n’ai jamais dit que je voulais faire mieux. Je ne cherche pas à me mettre en valeur sur le plan individuel. En général, on obtient l’inverse du but recherché.

    Quel a été le match où vous avez pris le plus de plaisir cette saison ?
    Probablement celui contre Nantes au Parc. On a inscrit cinq buts, et on s’est créé énormément d’occasions. Mais c’est lors de notre double confrontation contre le Celtic Glasgow qu’on a vraiment pris conscience de nos possibilités. A cette époque, il ne pouvait rien nous arriver. Il faut absolument retrouver ces sensations.

    Vos deux buts à Glasgow ont-ils constitué une étape décisive ?
    Ce n’est pas ce que je retiens en priorité de ce match. Le plus impressionnant, ce soir-là, c’était notre force collective.

    Après le succès fleuve contre Nantes, auquel vous aviez contribué en inscrivant le troisième but, Michel Denisot a déclaré que vous aviez la rage et que vous auriez marqué même avec dix défenseurs lancés à vos trousses. Vrai ?
    Il y avait de ça. C’était la première fois que je jouais contre mon ancien club. Bon, tout le monde connaît les problèmes que j’ai eus cet été. Dans de telles circonstances, on aime bien être entouré. J’étais déçu de ne pas avoir eu plus de manifestations de soutien de la part des Nantais.

    « Ouédec et Guyot m’ont aidé, point à la ligne »

    Vous avez fait le compte de vos amis ?
    Nicolas Ouédec et Laurent Guyot m’ont beaucoup aidé, point à la ligne. Je n’ai reçu aucune nouvelle des autres. Du coup, je ne suis pas allé tous les voir au Parc. Je voulais me concentrer sur le match.

    En sortant des vestiaires pour l’échauffement, Suaudeau vous a appelé et vous ne vous êtes pas arrêté. Pourquoi ?
    Là, il y a une erreur d’interprétation. Je n’ai pas dû l’entendre. Mais j’ai vu Coco juste avant le match. Nous nous sommes serré la main. Je n’ai jamais eu de problèmes avec lui et je n’ai rien contre lui. D’ailleurs, il avait pris de mes nouvelles par l’intermédiaire d’autres personnes.

    Les problèmes rencontrés par Nantes cette saison vous surprennent-ils ?
    On ne peut pas rééditer chaque année une saison aussi parfaite. Surtout quand des joueurs s’en vont et qu’il faut intégrer des jeunes. Si l’on prend la saison du titre comme référence, la critique est facile. Mais Nantes n’est pas si loin que ca au classement, et il sera européen. En Ligue des champions, l’équipe a réussi un très beau parcours et elle a les moyens d’aller encore plus loin.

    Vous espérez revivre une saison aussi idyllique ?
    Pourquoi pas ? Bon, avec le PSG, nous avons déjà perdu cinq matches contre un seul à Nantes. Mais l’objectif est de terminer en tête, pas de battre des records. Nantes dégageait une grande impression de facilité. Mais il a fallu beaucoup de travail pour en arriver là. Quand tout baigne, on ne se rend plus compte de la somme d’efforts à fournir. C’est pourquoi je voulais me remettre en cause.

    On prétend que les attaquants nantais ont du mal à s’épanouir dans un autre contexte ?
    On est peut-être désorienté parce que Nantes est l’un des clubs où le collectif est le plus affirmé. On se repose entièrement dessus. Alors, quand on arrive dans une équipe où il faut parfois faire la différence individuellement, cela nécessite un temps d’adaptation.

    « PSG sera champion »

    Qu’est-ce qui vous a étonné au PSG ?
    L’esprit de famille. On emploie fréquemment ce terme pour certains clubs de province, jamais pour le PSG. Et pourtant, il existe bel et bien. Lorsque j’ai eu mes problèmes, j’ai trouvé des gens qui ont pensé à l’homme avant de penser au joueur. Je ne croyais pas que le PSG était un club aussi humain. Il a des principes, certes. Le professionnalisme, la rigueur, mais ce n’est pas que cela. Si j’ai pu revenir aussi vite, c’est parce qu’on ne m’a pas laissé tomber une seule minute. J’ai fait le bon choix en signant ici et j’espère y rester longtemps.

    Vous n’avez jamais décelé d’impatience ?
    Jamais. J’étais placé dans les conditions idéales. Aussi bien au niveau de ma famille que du club. Quand j’étais à Nantes, mon ami Paul Le Guen me parlait souvent du PSG. Il m’en disait beaucoup de bien, mais je n’imaginais pas y rencontrer autant de chaleur.

    Et vous êtes désireux de renvoyer l’ascenseur ?
    C’est évident. On m’a fait confiance et j’ai envie de donner le meilleur de moi-même.

    PSG va être champion ?
    Oui. L’écart sera peut-être moins important que prévu, mais on va être champion, c’est sûr. On n’est pas à Paris pour accrocher une place d’honneur.

    Aucune équipe ne peut vous coiffer sur la ligne d’arrivée ?
    Je ne crois pas. PSG est au-dessus du lot. Si les autres sont revenus, c’est parce qu’on s’est relâchés. En retrouvant toute notre détermination, on ne terminera sûrement pas deuxièmes.

    Rémy LACOMBE

     


      18 juin 1996

    (analyse technique du jeu de l’équipe de France contre l’Espagne durant l’Euro 96. Il y est question du rôle de Patrice Loko)

    […] Que peut-on reprocher à l’équipe de France face à l’Espagne ? Mentalement, rien. Les joueurs français, dans la récupération collective du ballon, sont tous de plus en plus concernés.
    Zidane le surdoué en panne momentanée d’expression de talent a joué contre nature mais pro-groupe, en taclant et gagnant ses duels. C’est qu’il n’est pas là pour ça, mais ce comportement ne trompe pas. Chacun cherche à donner le maximum de ses possibilités du jour. Patrice Loko, le marathonien des distances courtes, a proposé sans cesse des solutions par ses appels de balle, ses courses contrariées. Ses fausses pistes offrent des autoroutes à Youri. Il a manqué à l’équipe de France une deuxième vague de cylindrées pour venir s’y engouffrer. Peut-être cherche-t-on quelquefois trop vite devant alors que l’on a des joueurs au milieu pour mettre en place notre jeu. […]

    La Formule Un

    L’équipe de France a fait le choix de la « Formule Un ». Que ce soit Dugarry ou Loko, un seul véritable attaquant qui doit fixer, dévier (Dugarry) ou créer des brèches, appâter sur des fausses pistes (Loko). Le problème face à l’Espagne qu’on a déjà évoqué, c’est le soutien le plus rapide possible à ce joueur « Formule Un ». C’est difficile en jouant trop long trop vite à partir de derrière, c’est aussi difficile si le pressing-harcèlement, qui est une des très grandes forces de cette équipe, ne se fait pas assez haut. Devant l’Espagne, ou est venu quelquefois s’asseoir trop bas et plus on s’assoit bas, plus il est difficile de se relever. […]

    Claude LEROY

     


      2 juillet 1996

    Bilan individuel des joueurs français à l’Euro 96

    Loko
    Matchs joués : 5 (3 fois titulaires, 2 fois sorti, 2 fois remplaçant, 298 minutes) – Etoiles : 8 (3 notes) – Buts : 1 (Bulgarie)
    Il s’est totalement sacrifié dans d’incessants appels et un pressing constant sur les relanceurs adverses. C’est ce qu’on lui demande, mais dans ces conditions, il lui est difficile d’apporter plus. D’autant qu’il n’est pas vraiment un joueur de un contre un et aurait besoin d’appuis plus proches pour exprimer ses qualités « nantaises »

    Claude LEROY

     


      12 novembre 1996

    (interview de Youri Djorkaeff après la 1ère défaite de l’équipe de France d’Aimé Jacquet, en Norvège.)

    Djorkaeff : « J’admire Loko ! »

    Seul en pointe lors d’une calamiteuse première mi-temps, Youri n’en a que plus apprecié le travail ingrat de son prédecesseur.

    […] Vous avez occupé trois postes différents. Difficile ?
    Oui. Après tu essaies de voir où tu es le mieux. C’était plus facile quand Loko est rentré et Pirès aussi, à gauche. Mais quand on perd, il n’y a plus de poste. J’essaie d’être là où je pense être le plus dangereux. Je ne me dis pas : reste dans l’axe.

     « Je n’ai pas pris celà comme une corvée »

    Tout de même, l’expérience « seul » devant était une nouveauté pour vous…
    Et pas évidente. Tout seul, il faut se battre sur tous les ballons. Ca ne me fait que plus apprecier, plus respecter le travail des autres attaquants. Après un match comme celui là, je ne suis que plus admiratif encore pour Loko !

    Fatigué ?
    Non, non. Et ne croyez pas que j’ai pris tout celà pour une corvée. Pour moi, le malheur, c’est que l’on ait perdu. Ce fut une experience enrichissante. J’ai vécu des choses que je n’avais pas l’habitude de vivre. Avoir un ballon ou deux à gerer le mieux possible, ce n’est pas évident.[…]

    Jean-Marie LANOË

    Après carrière

      06/10/2004 – 07:20

    RETRAITE : LOKO COMME MARTINS

    Après Corentin Martins la semaine dernière, un autre ancien international a choisi de tirer sa révérence. A 34 ans, Patrice Loko, l’ancien attaquant formé à Nantes, passé par le PSG, Lorient, Montpellier, Lyon, Troyes et Ajaccio, libre depuis l’intersaison, a décidé de se retirer de la carrière. Champion de France en 1995 sous le maillot canari, vainqueur de feu la Coupe des Coupes en 1996 et de la Coupe de la Ligue en 1998 avec le Paris SG, Loko aura porté le maillot tricolore à 26 reprises pour un bilan de 7 buts inscrits de 1993 à 1997.


      06/10/2004

    Lekipe061004Patrice Loko annonce sa retraite à 34 ans

    Patrice Loko a confié à L’Équipe qu’il arrêtait sa carrière, n’ayant pu signer de contrat avec un club professionnel au début de la saison en cours. Âgé de 34 ans, il a débuté à Nantes, avec qui il fut champion en 1995, et l’a terminée à Ajaccio, au printemps dernier, toujours dans ce rôle d’attaquant de pointe remuant et opportuniste.

    « J’ai eu de nombreuses touches, venus de National, de L2 et aussi de l’étranger, mais on m’a demandé d’attendre, on m’a dit qu’on allait me rappeler, déclare-t-il dans la quotidien, mercredi. J’avais dit à mon agent que si je n’avais rien avant le 30 septembre, je prendrais une décision. »

    Depuis le début de la saison, il s’entraînait avec Vannes pour conserver une bonne forme physique. Il l’estime aujourd’hui parfaite, mais il faudrait plus pour lui donner des regrets. « Je suis complètement détendu, j’ai eu une belle carrière, elle a duré un peu plus de quatorze ans (…) J’ai rencontré des gens fabuleux. »

    Le seul regret du joueur, passé par le PSG, Lorient, Montpellier, Lyon, Troyes et donc Ajaccio, est de n’avoir pas fréquenté la sélection plus longtemps. Loko compte 26 sélections en équipe de France, pour 7 buts inscrits entre 1993 et 1997. Il attribue à sa dépression de l’été 1995, marqué par un incident sur la voie publique à Paris, cette histoire inachevée. « Ça a sans doute freiné ma carrière » relève-t-il.


    Logo_FootMercato  27 février 2010

    Entretien avec… Patrice Loko :
    « La Coupe d’Europe 1996 avec le PSG, un souvenir très fort »
    par Alexis Pereira

    Son sens du but a régalé entre autres les supporters de Nantes, du Paris SG, mais aussi de l’équipe de France. Aujourd’hui reconverti dans l’évènementiel sportif, Patrice Loko reste un observateur avisé et éclairé du monde du football. Pour FootMercato, l’ancien international est revenu sur sa nouvelle vie, sur l’actualité des Bleus et sur sa très riche carrière. Entretien.

    Patrice sous le maillot du CIF
    Patrice avec le CIF – 2009

    FootMercato : Tout d’abord, comment allez-vous ?
    Patrice Loko :
    Ça va bien. Depuis la fin de ma carrière, j’ai créé une société d’évènements avec mon frère William, j’organise des soirées autour de matches de football ou de rugby. Ça s’appelle Loko Sports Évènements (pour plus d’informations : www.lokosportevenements.com).

    FM : Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
    PL :
    Ça s’adresse aux chefs d’entreprise qui cherchent à inviter leurs collaborateurs ou leurs meilleurs clients à passer une soirée football ou rugby en notre compagnie. Je suis toujours présent et j’essaie au maximum d’inviter d’autres anciens joueurs. C’est toujours sympa. On fait du foot, du rugby, on organise aussi des soirées quads. On a de la demande, ça fait deux ans et demi qu’on a commencé, ça se passe bien. On achète un quota de places aux clubs. On y apporte un plus avec un apéritif avant ou après la rencontre et la présence de joueurs pour monter une soirée sympathique autour des évènements sportifs.

    FM : Votre domaine d’activité tourne toujours autour du sport et du foot donc. N’est-ce pas trop dur de passer d’une carrière de sportif de haut niveau à celle de chef d’entreprise ?
    PL :
    Non, non, ça me prend pas mal de temps, mais à côté, on fait pas mal de matchs avec les anciens de l’équipe de France, les anciens Nantais. Je fais pas mal de sport encore à côté. Quand on est sollicité à gauche, à droite, ce n’est pas évident. Mon temps est toujours compté. Mais je m’y fais bien à cette nouvelle vie !

    FM : Vous avez brillamment passé vos diplômes d’entraîneur, sans avoir pour autant pris un poste. Est-ce un projet futur ?
    PL :
    Dans l’immédiat, je n’ai pas envie de prendre d’équipe. Mais on ne sait jamais, le jour où j’aurai une opportunité, peut-être que cela me prendra. Ce n’est pas ce que j’ai envie de faire aujourd’hui. Je voudrai plutôt être directeur sportif ou directeur administratif. Mais je n’ai pas encore eu d’offres.

    FM : En tant qu’entraîneur diplômé, vous avez forcément été marqué par le travail de votre ancien coach à Nantes Jean-Claude Suaudeau.
    PL :
    C’est vrai que Coco Suaudeau est un super entraîneur qui nous a fait découvrir des choses au niveau du football, de la joie de jouer, des déplacements et de l’envie. Ce sont des valeurs importantes qu’on ne retrouve plus malheureusement aujourd’hui au FC Nantes. J’aspire à voir de meilleures choses, mais ce n’est pas le cas actuellement.

    FM : Quel est votre sentiment sur la situation actuelle des Canaris ?
    PL :
    Le club végète en Ligue 2, change d’entraîneur tous les deux mois. La situation n’est pas stable et cela ne doit pas être évident pour les joueurs. J’espère que le club va remonter très rapidement et surtout au moins se maintenir en L2 cette année. Je vais régulièrement à La Beaujoire et malheureusement je ne vois pas du beau football et ça m’inquiète. Ils ont largement le potentiel pour se maintenir, même mieux. A priori, le maintien sera quand même ce qu’ils pourront faire de mieux cette année.


    Son regard sur l’actualité du football français

    FM : Avez-vous été contacté par la direction actuelle ?
    PL :
    Non.

    FM : Si on vous demandait votre aide, vous accepteriez ?
    PL :
    Bien sûr, si je pouvais les aider, ça m’intéresserait, mais ça n’est pas le cas aujourd’hui.

    FM : En tant qu’ancien international, pouvez-vous nous donner vos impressions sur la dernière liste de Raymond Domenech pour France – Espagne ?
    PL :
    Les deux nouveaux Mickaël Ciani et Benoît Cheyrou sont des joueurs que j’apprécie, car ils montrent de belles choses dans notre championnat. Je pense que c’est bien de voir de nouvelles têtes dans le groupe. Cela permet de jauger les forces en présence et d’amener du sang neuf pour pallier les blessures.

    FM : Pensez-vous qu’ils ont des chances d’aller au Mondial ?
    PL :
    C’est vrai qu’il y a beaucoup de blessures, mais maintenant on ne sait jamais ce qui peut se passer. Ce sont deux joueurs intéressants et qui peuvent faire quelque chose avec l’équipe de France. Ils ont le niveau.

    FM : Comment évaluez-vous les chances des Bleus au Mondial ?
    PL :
    On ne peut jamais être confiant lorsque l’on débute une compétition comme celle-là au vu des autres grosses équipes. J’espère bien sûr que l’équipe de France passera le premier tour et ira encore plus loin. Mais déjà, il faut se concentrer sur le premier tour.

    FM : Ce dimanche, il y a le Clasico Paris SG-Olympique de Marseille. Quel est votre pronostic ?
    PL :
    Je n’y serai pas. Je participe au jubilé de Luis Fernandez à Cannes. Sinon, j’aurai été au Parc des Princes avec plaisir pour supporter mon équipe. J’y ai joué longtemps aussi à Paris. C’est un club que je suis beaucoup. Malheureusement, en ce moment l’équipe d’Antoine Kombouaré est un petit peu en difficulté. Mais sur un gros match comme ça, ils vont être présents.


    Le PSG, un souvenir extraordinaire

    FM : Votre expérience au PSG reste-t-elle un bon souvenir ?
    PL :
    Oui, c’est un super souvenir. J’ai gagné la Coupe d’Europe avec le Paris Saint-Germain avec Luis Fernandez, Paul Le Guen, Vincent Guérin… Ce sont des souvenirs très forts pour moi.

    FM : Vous êtes arrivé à l’Olympique Lyonnais au moment où le club a commencé sa domination sur le football français. L’aviez-vous pressenti ?
    PL :
    Oui, je l’ai ressenti tout de suite. Je venais du Paris SG, qui avait un fonctionnement européen. Et, quand je suis arrivé à Lyon, les infrastructures étaient là, le président était impliqué, les gens autour de lui aussi. Ils ont su élever le niveau année après année. Quand j’y étais, on a gagné la Coupe de la Ligue. Et ensuite, ils ont enchaîné les titres de champion. Ça montre vraiment que le club existe pour le haut niveau.

    FM : Pensez-vous que les hommes de Claude Puel peuvent se qualifier face au Real Madrid après le très bon résultat à Gerland ?
    PL :
    Par rapport au match aller, c’est vrai que moi j’ai vu un très bon match. Pourquoi pas faire un exploit ? Bien sûr le Real Madrid est une grosse équipe qui tourne bien, mais pourquoi pas. En tout cas, je leur souhaite, car avec mon frère on pourra ensuite organiser une soirée pour les quarts de finale et pour suivre leur aventure dans les prochains tours.

    FM : Vous avez toujours évolué en France. N’auriez-vous pas aimé jouer à l’étranger durant votre carrière ?
    PL :
    J’aurai aimé jouer à l’étranger notamment en Angleterre. C’est un championnat qui m’aurait attiré. J’ai eu la possibilité d’y aller lorsque j’étais à Montpellier, mais ça ne s’est pas fait pour des problèmes financiers. Je ne regrette pas, j’ai fait une belle carrière, mais c’est quelque chose qui me manque par rapport à mon palmarès.

    FM : Pour terminer, quels sont les deux meilleurs souvenirs de votre carrière de footballeur ?
    PL :
    J’en ai deux : la Coupe d’Europe en 1996 avec le Paris SG et le titre de champion de France en 1995 avec le FC Nantes. Ce sont vraiment mes deux meilleurs souvenirs de joueur.

    Alexis Pereira


      2 juin 2012

     Les Rétros du Coeur : Patrice Loko
     
    Hello toi jeune amateur de football  qui est né dans les années 90 et qui ne jure que par Messi ou Ronaldo pour te frayer un chemin dans l’analyse sportive. Toi qui as survécu au minitel de tes parents pour loler fièrement avec tes camarades sur la dernière WAG qui habite ton fond d’écran. « PTDR, t cramé kikoo lol ».

    Maintenant que je t’ai séduit par mon accroche virevoltante qui use d’un langage pareil à celui des d’jeuns qui composent ton entourage, je t’invite à  revisiter les anciennes gloires du football. Prend-les comme une séance de rattrapage à ces cours d’histoire que tu sèches habituellement au nez et à la barbe de ton professeur qui n’a plus foi en tes piètres performances scolaires. Si nous ne pourrons jamais remplacer ceux qui ont fait ton éducation, nous t’accompagnerons dans ton déclin. En contrepartie, on  t’offre une culture foot, une arme qui n’a pas d’égale pour séduire les Cougar que tu n’as jusque-là côtoyé que d’une seule main devant ton clavier azerty.

    Patrice, symbole du jeu à la nantaise

    Tu l’auras compris, tu auras désormais davantage d’intérêt à nous lire pour franchir un palier plutôt que d’écouter tes parents. Ou sont tes géniteurs lorsqu’il s’agit de te forger une connaissance qui ferait frémir plus d’une quadragénaire aux abords d’une buvette ? Non, tu n’es plus orphelin, donne la main et ne tend plus la patte, tu n’es point de la race des canidés.

    On commence par une légende des années 90, période pendant laquelle tes tuteurs essuyaient encore tes éclaboussures dans la salle d’eau. Patrice Loko, ça te parle ? Poursuis la lecture malheureux au lieu de t’essayer à une recherche google image qui te conduira inévitablement à une ancienne star du Zouk.
    Dreadlocks et sourire affuté, « Patrice ça glisse » n’est pas un titre de Francky Vincent. Non Patrice est une ancienne étoile du football français, championnat que tu boycottes très certainement aujourd’hui au profit d’un nouvel épisode de « The Voice » ou d’un clasico aux saveurs méditerranée-haine. On te comprend, le peu de spectacle affiché nous a également fait parfois changer de chaine pour « le plus grand cabaret du monde ».

    Mais qui est Loko te demandes-tu peut-être derrière tes yeux rieurs ? Un homme qui a connu 4 championnats français ! Ça t’en bouche un coin ? Division 1, Division 2, Ligue 1 et Ligue 2, que celui qui est capable d’une telle prouesse lève le doigt… pas le majeur s’il vous plait.

    Patrice a marqué les esprits à Nantes avec une saison mémorable 94-95 où il marquera son empreinte  d’un titre de Champion de France et de meilleur buteur (22 réalisations). Je te sens moquer ces quelques congratulations que tu juges quantitativement avec un certain mépris délibéré. Et les quelques poils qui poussent sur le cuir de ton menton ne font qu’enorgueillir ton point de vue… mais ils ne pourront rien changer à l’histoire jeune insolent. Sache-le et débarrasse toi des quelques crottes qui irritent ta narine en même temps que ta pensée.

    Poursuivons… Loko c’est surtout le symbole et l’incarnation parfaite du « jeu à la nantaise » soit le plus beau jeu qu’on ait eu la chance de connaitre en Ligue 1 jusqu’aux heures où je te parle avec cette nostalgie larmoyante qui ternit mon sourire.

    Je t’en prie, ne pleure pas devant cette vidéo.

    Un collectif hors-norme marqué par la magie d’un Reynald Pedros  majestueux (autre légende) ou d’un Nicolas Ouedec étincelant. Ces noms ne t’évoquent sans doute rien et par ton ignorance tu participes involontairement à la destruction de la mémoire nantaise mais peu importe, nous sommes cléments et te pardonnons moyennant un chèque de 500€ à l’ordre de 90minutes.

    En route vers le PSG

    Reprends-toi, ce n’est pas le moment de faiblir, il est temps de parler de la suite savoureuse. Patrice marqua un but légendaire contre le PSG que tu peux retrouver facilement sur ce lien quand nous devions user de nos magnétoscopes show-view pour les contempler. Tu as cette chance de ne pas avoir connu la fracture numérique, saisis-là ! Like, share et tweet donc  sans attendre vers l’infini et au-delà.

    Ce goal magnifique mais pas que, va taper dans l’œil du grand Paris d’antan… avant que les amerloques de Colony Capital investissent de leur avarice dans la gestion du club… et avant que les chameliers ne débarquent en Range Rover le coffre rempli de butagaz. Loko va alors rejoindre la capitale pour le plus grand plaisir des boulogne-boys partagés entre saluts tendancieux et satisfécits du résultat.

    Malheureusement pour Pat, l’ex-nantais va alors tomber dans une triste dépression qui le conduira à quelques écarts. On se souvient tous de cette soirée arrosée, où à la sortie d’une boite de nuit, Pat exposa son pénis à un agent des forces de l’ordre. Un contrôle de routine qui dérape ou une braguette mal fermée ? La sortie du serpent interroge… mais un peu de pudeur idolâtre de la presse people, on ne s’attardera pas sur cet épisode douloureux et ses détails. Non, on préfère parler du mental d’acier d’une  légende dont dispose Patrice et qui va lui permettre de rebondir pour mieux briller au Parc des Princes.

    Année 96 de toute beauté, Pat remporte la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe (C2) petite sœur de la Ligue des Champions (C1) et décédée en 1999 (à voir ICI) puis la Super Coupe d’Europe. Pour couronner le tout, Patou termine meilleur buteur avec 16 réalisations ce qui lui vaut les faveurs d’Aimé Jacquet pour disputer l’Euro 96 sous le maillot bleu  et avec lequel il termine demi-finaliste. Une doublure de luxe de Christophe Dugarry, futur champion du monde 98, dont tu n’as connu de ton vivant que la calvitie éclatante au micro de Canal +.

    La saison suivante (97) Patrice est tout prêt de remporter sa seconde finale de C2 face au FC Barcelone de Ronaldo – le brésilien, le vrai, pas le portugais aux milles abdos, jeune égaré – mais le rasta manque l’égalisation en trouvant le poteau. La suite est moins glorieuse donc on taira volontairement la fin de sa carrière qui n’efface en rien son prestigieux parcours. Halte au mépris et à la critique facile, nous t’avons à l’œil.

    Retiens juste que Patrice était un grand parmi les grands et qu’il nous a fait vibrer à une époque où c’était le 1er samedi du mois à chaque journée de championnat. Alors respecte Patrice, clique sur j’aime et surtout empresse-toi de trouver la vignette panini à son effigie qui manque à ton album.


    logo_planetePSG  29 décembre 2012

    En direct, Charles Bietry s’interroge. « Arf, le plus beau but de la saison, je ne sais pas encore. » Et effectivement, le fameux Top Buts de Téléfoot ne le classera pas comme tel au printemps suivant, peut-être parce qu’inscrit trop tôt. Le chef-d’œuvre signé par Loko contre le PSG le 19 août 1994 n’est pourtant rien de moins que la preuve de la supériorité du jeu à la nantaise de l’époque Coco Suaudeau sur celui du Barça actuel. Pas crédible ? Serge Le Dizet : « Pourquoi faire dix passes quand on peut arriver au but en deux ? » Suffisant pour finir à la 4e place de notre classement.

    Patrice Loko : Nantes-PSG (Division 1, 19 août 1994)

    Patrice Loko le canari

    Si les meilleurs films et les meilleurs albums sont ceux que l’on peut se repasser à l’infini tout en y découvrant toujours de nouveaux détails, alors il n’y a aucune raison valable pour qu’il n’en soit pas de même pour les meilleurs buts. Un peu plus de dix-huit ans après cette soirée d’été sur les bords de l’Erdre, même les moins de vingt ans se souviennent de celui inscrit par Patrice Loko contre le Paris Saint-Germain lors de la cinquième journée de Division 1 94/95. Si l’on se balade à Nantes et que l’on interroge un peu les nostalgiques de cette époque bénie, on finira même par croire que la Beaujoire accueillait ce jour-là une ou deux centaines de milliers de personnes, puisque tous y étaient. Pourtant, il faut avoir regardé inlassablement l’action sur toutes les VHS, sur toutes les plateformes de vidéos en ligne, dans toutes les versions possibles et imaginables pour commencer à en effleurer les subtilités.

    Contrairement à ce que raconte Pascal Praud dans le résumé tiré de la rétrospective du titre nantais, ce 19 août 1994 n’était pas une chaude journée ensoleillée. Il avait même plu pas mal dans l’après-midi. Et sur son banc, image devenue vintage sans que l’on s’en rende compte, Luis Fernandez grillait clope sur clope. Mais le plus beau, c’est peut-être ce type, au milieu de la tribune latérale faisant face aux caméras de Canal +, qui, une ou deux secondes avant la reprise de volée décisive, bondit tout seul de son strapontin et lève les bras dans le ciel. Peut-être était-ce du bluff. Peut-être aussi savait-il qu’il était en train de voir un but mythique concluant une action légendaire. Une action qu’on n’a presque plus envie de décrire puisque tout le monde s’en souvient. Tout le monde ? Non, Patrick Colleter, pourtant latéral gauche du PSG pour ce match, préfère ne plus trop y penser. « Ça part d’une touche, non ? C’était quelle année déjà ? Ah, c’est pas l’année où on est champions alors ? C’est eux qui sont champions cette année-là, vous me dîtes ? » Rafraichissons-lui donc la mémoire, puisqu’il le faut.

    « C’était tout sauf le hasard »

    Au départ, il y a un corner obtenu par Ginola sur son aile gauche, puis tiré par Valdo. Et 20 secondes plus tard, très précisément, le ballon est dans les filets de Bernard Lama. Entre les deux, David Marraud a dégagé des poings pour Christian Karembeu. « Christian fait un dégagement un peu à la desperado, se marre Serge Le Dizet aujourd’hui. Reynald Pedros est venu à droite et il obtient une touche. Je suis latéral droit sur ce match, donc c’est moi qui devrais la faire, sauf qu’on n’a pas pu remonter aussi vite que le ballon, donc c’est Benoît Cauet qui s’en charge. » La suite, c’est le buteur qui va la raconter. « Là, je contrôle de la poitrine et j’ai très bien vu que Reynald est derrière moi, alors je lui fais la passe en retourné, égrène Patrice Loko. Lui, pareil, il sait que je vais lui demander, mais il faut quand même qu’il me mette la balle exactement au bon endroit et au bon moment. C’est ce qu’il fait. On pourrait se dire que je vais contrôler, mais le ballon est juste là où il faut, alors avant qu’il ne touche le sol, je le reprends de volée et il va se figer dans la lucarne de Bernard Lama. » La lucarne est la seule petite exagération, à part ça tout y est. Un bijou.

    Un bijou dont Loko n’a pas immédiatement été capable d’apprécier la valeur. « Sur le moment, je ne m’en suis pas trop rendu compte, j’étais surtout content d’ouvrir le score. C’est quand on est rentré au vestiaire à la fin du match, tout le monde était content de ma prestation et du but que j’avais marqué. En le revoyant en image, je me suis effectivement rendu compte qu’il était très joli. » Une réaction dont l’explication est assez simple : au sein de l’équipe, personne n’est surpris d’un tel enchaînement. « Pour beaucoup de gens, ça ressemblait peut-être à un coup de bol. Mais pour ceux qui s’entraînaient avec Jean-Claude Suaudeau au quotidien, c’était tout sauf le hasard », assure Le Dizet. C’est un autre détail qu’on ne remarque qu’après avoir visionné l’action un bon million de fois. Ce ballon qui ne veut plus retomber, ces passes aveugles, Pedros qui semble lui aussi rester en l’air en attendant le bon tempo pour la remettre. Si vous regardez bien, vous distinguerez les ficelles tirées par Coco Suaudeau depuis son petit nuage. Avec sa dégaine de Gepetto, le maestro avait clairement réussi à transformer le pantin en vrai petit garçon. « C’était un artiste devant une toile », confirme Le Dizet.

    Jeu à la Mozart

    Un artiste qui mélangeait ses couleurs à la Jonelière, le centre d’entraînement des Canaris, et plus particulièrement dans un petit laboratoire installé en contrebas et que l’on appelle « la fosse ». « C’est un tout petit terrain de 20 mètres environ, de la longueur d’une surface de réparation, où on jouait beaucoup à une touche de balle, et beaucoup en l’air, explique Loko. On faisait des jeux où il ne fallait jamais que le ballon touche terre. Un peu comme un tennis ballon mais sans rebond, de la tête, du pied. On faisait ça régulièrement, donc on s’en servait souvent en match, dans ce genre de positions. Ce jour-là, ça a plutôt bien marché. » Au-delà de « bien marcher », ce but est surtout un résumé express de ce qu’était le jeu à la nantaise cette saison-ci. Un jeu à une touche de balle, certes, mais pas seulement. Les mots-clés : vitesse, création d’espace, anticipation. Alors que l’on compare souvent le style nantais du moment à celui actuel du Barça, cette action prouve le contraire.

    Il n’était en effet pas question de possession de balle à 80% ni de passe à dix interminable au milieu de terrain, dans ces mid-90’s glorieuses. Une fois le ballon récupéré, le défi consistait à le remonter le plus vite possible, en profitant des quelques secondes lors desquelles l’adversaire n’était pas encore replacé pour exploiter la rapidité de Karembeu, N’Doram, Pedros et consorts. Et surtout, il fallait être capable de jouer avec un bandeau sur les yeux, à la Mozart. « Suaudeau nous disait toujours : « On ne vient pas à l’entraînement pour taper dans un ballon, on vient pour mieux connaître ses partenaires », cite Serge Le Dizet, actuel coach-adjoint du SCO d’Angers. Tout était basé là-dessus. On savait que Loko, quand il partait à droite, c’est parce qu’il voulait le ballon à gauche. C’était travaillé à l’entraînement. L’idée était d’avoir toujours un temps d’avance dans la réflexion pour avoir un temps d’avance dans la réalisation. » Ce vendredi 19 août 1994, vers 20h20, Nantes était arrivé dans un autre espace-temps.


    logo_cahiersdufootball   19 août 2013

    LOKO 1994, UNE FIN D’ÉTÉ À NANTES

    Un jour, un but – Le 19 août 1994, il y a dix-neuf ans jour pour jour, les joueurs du FC Nantes inventent un but de comédie musicale tout en couleur et en légèreté.

    La trajectoire est légère comme un soir d’été. Touche pour les Jaunes que joue rapidement Cauet. Il donne à Loko, qui contrôle de la poitrine et l’envoie vers Pedros d’un retourné. Cela se passe sur l’aile droite, au coin de la surface de réparation. Le ballon déjà ne touche plus le sol. Reynald Pedros s’envole – au sens propre – et caresse la balle de l’intérieur de son pied gauche. Dans l’arrière-garde parisienne, les deux-trois défenseurs de faction voient le ballon voler au-dessus de leurs têtes et courent dans tous les sens.

    La rugissement de la Beaujoire
     

    La balle parvient jusqu’à Patrice Loko, lancé seul dans de la surface. L’attaquant nantais n’a plus qu’à contrôler, dribbler le gardien et ouvrir le score. Mais ce serait trop simple, un peu trop cartésien pour parachever un tel moment de magie. L’instant commande de tenter autre chose: par exemple reprendre ce ballon de plein fouet, histoire d’inscrire un but encore plus beau. Au risque, peut-être, de tout gâcher, d’envoyer le ballon dans les nuages. Mais Loko sait qu’il ne risque rien. Le ballon est entré dans un tel enchaînement qu’il ne peut finir ailleurs qu’au fond des filets.

    Alors Loko frappe la balle, comme elle vient, de l’extérieur du pied droit. La trajectoire sublime, partie de cette touche de Cauet, illuminée par le pied gauche de Pedros et parachevée par l’extérieur de Loko, se termine dans la lucarne parisienne. « C’est fa-bu-leux », s’exclame le commentateur TV. Le stade de la Beaujoire rugit de plaisir tandis que les joueurs nantais se congratulent. Bernard Lama, le gardien parisien, n’a plus qu’à aller chercher au fond de sa cage un ballon enfin rendu aux lois de l’attraction terrestre. C’était au cœur du mois d’août 1994. Le vendredi 19, une belle soirée d’été, rafraîchie par une averse dans l’après-midi. Nantes-PSG, cinquième journée du championnat de France. Score final : 1-0, but de Loko à la 18e minute.

    « Un but venu d’ailleurs » titrera L’Équipe le lendemain. Venu d’ailleurs, vraiment ? Certes, le coté aérien de l’action n’est pas courant sur les bords de l’Erdre. Mais cela reste un but profondément nantais en ce qu’il associe vitesse d’exécution et inspiration collective. Avant les arabesques de Pedros et Loko, il faut rembobiner l’action jusqu’au ballon que le défenseur parisien Francis Llacer met en touche. Où l’on voit Benoit Cauet se précipiter, attraper le ballon en plein vol et l’envoyer vers Loko. On voit aussi le bras de Pedros qui indique la marche à suivre à Cauet.

    Certifié « à la nantaise »

    Il y a quelque chose de minutieusement préparé dans cette action. Quelques principes que les joueurs respectent à la lettre, et qu’ils magnifient avec l’inspiration du moment. C’est dans ce sens que l’action peut être certifiée du label « Jeu à la nantaise ». L’expression est encore très pertinente à l’époque. Le FC Nantes, toujours à sec financièrement, retrouve les sommets du foot français avec des joueurs de son cru, qu’il a modelé lui-même en leur inculquant l’intelligence collective et la science du déplacement. Ces joueurs sont lancés ensemble dans le grand bain en 1992, quand l’équipe doit compenser le départ de ses gros salaires. Trois ans plus tard, ils s’imposent avec un brin d’insolence sur tous les terrains du championnat de France et alignent une impressionnante série de trente-trois rencontres sans en perdre une seule.

    Jean-Claude Suaudeau est le maître d’œuvre de ce FC Nantes fin de siècle. Le coach nantais a pérennisé les conceptions de José Arribas, le mythique entraîneur des années soixante. Coco, c’est son surnom, avait touché une forme de plénitude en 1983 lorsqu’il conduisit le FCN des Bossis, Touré et Halilhodži? au titre de champion. Une décennie plus tard, il a su adapter ses principes au caractère explosif de la nouvelle génération, celle de Pedros, Loko, Karembeu et Ouédec. Il sacrifie la possession du ballon, chère aux champions de 1983, pour pratiquer plus volontiers la contre-attaque. Lorsque le PSG perd le ballon sur un corner, il est immédiatement envoyé loin devant par Christian Karembeu. Cela ressemble à n’importe quoi, mais le dégagement du défenseur nantais trouve Reynald Pedros en position idéale. Francis Llacer parviendra à interrompre l’attaque en mettant en touche. Une touche que jouera rapidement Cauet…

    Le ballet de Loko et Pedros, la touche rapide de Cauet, le dégagement de Karembeu, c’est l’expression du football de Suaudeau: un jeu faussement naïf, des couleurs chatoyantes, un ballon qui chante au milieu d’une chorégraphie joyeuse et légère. Jean-Claude Suaudeau, dit Coco de Nantes, c’est un peu Jacques Demy, un autre illustre nantais dont le jeu suscita autant d’enchantements que de critiques.

    Ce 19 août 1994, où Loko marqua son but lumineux face au PSG, Jean-Claude Suaudeau s’est levé de son banc et a plongé dans les bras ouverts de son adjoint. Rarement l’a-t-on vu manifester autant de joie.


      30 juillet 2013 – N°3512

    articleFFQUE DEVIENS-TU ?
    PATRICE LOKO, VOYAGES EN BALLON

    Au sein de son entreprise ou de la Ligue Atlantique, l’ancien Nantais rythme toujours sa vie autour du football.

    ENTRE PATRICE LOKO et le ballon rond, l’histoire d’amour ne s’est pas arrêtée au soir du 23 mai 2004. Sur le terrain de son dernier club, l’AC Ajaccio, il a dû dire stop à une riche carrière de plus de 400 matches en professionnel, débutée à Nantes en 1988 alors qu’il était  tout juste majeur. Mais l’ancien international (26 sélections, 7 buts) n’a pas hésité longtemps pour décider de son avenir hors des terrains. « J’ai terminé en Corse et, juste derrière, j’ai passé mon diplôme d’entraîneur », se souvient celui qui habite aujourd’hui à Vannes. Le sésame en poche, il ne va pourtant pas s’en servir tout de suite.

    PAR ICI LA VISITE… En 2008, il a créé une société d’événements sportifs, la Loko Sport Événements, avec son frère,William, également ancien footeux passé par Niort, Wasquehal ou Caen. Le principe : accompagner des dirigeants d’entreprises dans les stades de l’Hexagone ou d’Europe pour vivre un peu plus qu’un match. « Le but est d’apporter un plus à une rencontre de foot. Les entreprises s’y intéressent, mais n’en connaissent pas forcément tous les rouages, décrit Loko. Elles invitent leurs meilleurs clients et je les éclaire car ils ont beaucoup de questions à poser sur le métier, sur les détails de la vie d’un footballeur, comment les entraîneurs vivent un match, ce qu’il se passe dans les vestiaires ou à l’hôtel avant un match. Je crois que ça plaît beaucoup ». Des entreprises parisiennes, bretonnes, du Sud-Ouest sont friandes de ce genre de service. Dernièrement, l’ex-Nantais leur a fait vivre le quart de Ligue des champions au Camp Nou entre Ie Barça et le PSG. Sa carrière lui sert évidemment dans cette mission. «  Les gens vous reconnaissent et j’arrive toujours à avoir une anecdote à leur raconter ». Ainsi, Patrice Loko a parcouru toute la France, mais aussi de grandes places européennes (Chelsea, Arsenal, Madrid…). Si, un jour, vous sollicitez les services des deux frères, ils peuvent s’occuper de tout : de l’hôtellerie à la restauration et du billet d’avion à la place dans le stade. « Du coup, le prix du package peut vite varier », précise le natif du Loiret. La carrière de l’ancien attaquant l’a souvent aidé auprès de ses clients : « Aujourd’hui, c’est mon frère qui s’en occupe à Niort. J’interviens de temps en temps pour faire des relations publiques, mais j’y contribue beaucoup moins maintenant. Mes nouvelles fonctions me prennent beaucoup plus de temps ».

    DETECTION ET FORMATION. Mais pour autant, son appétit pour le bord du terrain a vite repris le dessus. La nouvelle semaine type de Patrice Loko est basée sur la détection et la formation. Il y a six mois, il intègre la Ligue Atlantique de football à la recherche de futurs talents. « Dernièrement, j’ai été en stage pour faire la sélection des joueurs qui vont intégrer le pôle espoir. On est sur les terrains, on regarde les jeunes qui peuvent intéresser la Ligue. J’essaie de voir si un joueur peut avoir une évolution importante en trois ou quatre ans pour, un jour, intégrer un centre de formation puis devenir footballeur professionnel. Les critères athlétique et technique sont également très importants dans l’appréciation, détaille-t-il. Ce métier m’intéresse et j’aimerais bien y rester plus longtemps. J’apprends la profession, je suis un débutant en la matière ».

    Sa mission ne s’arrête pas là. Il organise des stages de plusieurs jours pour accueillir les futures pépites de demain dans la région nantaise. Il n’a pas obtenu pour rien son D.E.F. (diplôme d’entraîneur fédéral) puisqu’il occupe la fonction de cadre lors des stages de formation pour les futurs entraîneurs. Avec l’envie de s’installer sur un banc de touche un jour ? « Le projet était de me rapprocher du terrain, mais prendre en main une équipe n’est pas ce qui m’intéresse pour l’instant ». Organisateur, détecteur, formateur et peut-être futur entraîneur, Patrice Loko pourrait devenir un vrai couteau suisse du ballon rond.

    Ses cinq dates

    21 avril 1989 : il joue son premier match de L1 avec Nantes face à Bordeaux (1-0).

    31 mai 1995 : avec le FCN, il devient champion de France en n’ayant perdu qu’un seul match en 38 journées.

    8 mai 1996 : il remporte la Coupe des Coupes avec le PSG en battant le Rapid de Vienne en finale (1-0) à Bruxelles.

    28 juin 1996 : en demie de l’Euro, il est éliminé avec l’équipe de France par la République Tchèque au tirs au but (0-0 ; 6 t.a.b. à 5).

    4 avril 1998 : en finale de la Coupe de la Ligue avec le PSG il marque le tir au but vainqueur face à Bordeaux (2-2 ; 4 t.a.b. à 2).

    Thimothée CRÉPIN


      23 octobre 2014

    Un jeune retraité sur le port de Vannes - 2010Il y a quelques jours, nous avons interviewé Patrice Loko, membre à part entière de l’Histoire du Paris Saint-Germain. Nous avons évoqué son passage au club, le PSG actuel ainsi que l’après-foot pour un joueur professionnel…

    Bonjour Patrice et merci de répondre à nos questions. Vous faites partie de l’Histoire du Paris Saint-Germain, pouvez-vous nous dire qu’est-ce qui vous a le plus marqué au cours de votre passage ?
    Ce qui m’a le plus marqué au cours de mon passage au Paris Saint Germain était la gentillesse et la simplicité de notre président Michel Denisot et de nos dirigeants, ainsi que le professionnalisme du club au niveau de la gestion et l’organisation des déplacements des joueurs lors des rencontres de Ligue 1 et notamment lors des matchs en Coupe d’Europe où rien était laissé au hasard. Nous prenions des avions privés, à l’arrivée un bus nous attendait sur le tarmac de l’aéroport avec des formalités de douanes rapides et, en peu de temps, nous étions dans le vestiaire, où nous attendaient déjà nos équipements individuels amenés par nos responsables textiles (nos tontons), vraiment très sympas qui faisaient en sorte de nous mettre dans les meilleures dispositions pour préparer chaque match du PSG. A l’hôtel, les chambres étaient toutes à un étage réservé spécialement pour l’équipe, avec vigile pour éviter tout dérangement pendant le séjour, car dans certains pays, on peut venir frapper à votre porte , ou faire sonner votre téléphone de chambre plusieurs fois en pleine nuit pour vous réveiller ! En un mot : j’ai découvert un grand club européen.

    Et dans ce grand club, quel est le joueur avec qui vous avez évolué qui vous a marqué ?
    J’ai eu la chance d’évoluer avec les meilleurs joueurs français et étrangers du moment au PSG, alors c’est très difficile pour moi, dans choisir qu’un, mais Leonardo est un de ceux que j’appréciais beaucoup tant au niveau de ses performances sportives, mais aussi ses relations humaines. C’est un sportif d’une extrême gentillesse !

    L’arrivée des Qataris au PSG a fait considérablement évoluer le club. Etiez-vous favorable à cette arrivée ? Comment jugez-vous le travail effectué jusqu’ici ?
    Je pense qu’ils ont su, avec beaucoup d’intelligence, intégrer un club avec un bon palmarès malgré sa jeunesse (naissance 1970), mais surtout, ils ont tout mis en œuvre pour maintenir le PSG en tête du championnat, et atteindre les demi-finales de Champions League chaque année. Pour cela, le club a fait signer non pas 3, 4 joueurs internationaux par saison, mais à recruter 6, 7 internationaux expérimentés, pour construire une équipe, capable de maintenir un haut niveau de résultat sur du long terme ! L’investissement financier est important, mais les bons résultats sportifs permettent au PSG et la ville de Paris d’augmenter encore plus leur notoriété au niveau européen, voir mondial. Chaque semaine, de nombreux supporters se déplacent pour voir jouer l’équipe du Paris Saint-Germain, et prendre du plaisir pendant 90 minutes, en admirant Ibrahimovic, VerratTi, Matuidi, David Luiz, Thiago motta… et moi cela me plait !

    Parlons de Zlatan Ibrahimovic, appréciez-vous le joueur ? Quel est selon vous sa plus grande qualité ? Et son plus grand défaut ?
    Oui, j’aime bien ce joueur ! C’est un joueur complet. Il est capable de garder le ballon dos au but grâce à son physique, de se démarquer entre plusieurs défenseurs, et de transpercer une défense, balle au pied en gardant le sang froid nécessaire pour la finition ! Il perd très peu de ballons, et peut marquer aussi bien des 2 pieds que de la tête ! Par contre, c’est un joueur qui participe très peu à la récupération défensive de son équipe, et qui, trop souvent, veut que les ballons d’attaque passent exclusivement par lui, au détriment de ses partenaires offensifs.

    Concernant Edinson Cavani, en tant qu’ancien attaquant, à quoi attribuez-vous ses difficultés actuelles avec le club ?
    Edinson Cavani est un footballeur reconnu au niveau européen, qui a montré ses qualités de buteur en Italie, mais depuis son arrivée à Paris, il a perdu son sens du but ! Je pense que cela est dû à un manque de réussite et de confiance sur le terrain. C’est un joueur qui a besoin de beaucoup participer au jeu, lors des phases offensives, et qui peine à trouver sa place dans l’ombre d’un Zlatan capitaine et indiscutable !

    Vous avez côtoyé Laurent Blanc en Equipe de France. Il est aujourd’hui à la tête du PSG et les critiques fusent dès que l’équipe ne gagne pas. Pensez-vous que Lolo peut avoir un problème d’autorité face à des stars telles que Zlatan ?
    Non, Lolo a toujours été un meneur d’homme dans tous les clubs où il a joué et, aussi, avec l’Equipe de France. Il a côtoyé de très grands joueurs, et maintenant en tant qu’entraîneur, il a une autorité naturelle qui lui permet d’être respecté par tout le vestiaire, y compris des stars comme Zlatan.

    Parlons maintenant de l’« après-foot », une fois qu’un joueur a disputé son dernier match de sa carrière. Est-ce un moment difficile à vivre ? Quelles sont les questions que l’on se pose ?
    Non, ce n’est pas trop difficile, car à partir du moment où l’on sait que physiquement, on n’est plus capable de répéter les efforts, on ne peut plus prétendre à jouer au niveau professionnel ! C’est donc plus facile d’admettre que le football de haut niveau est terminé, tout en continuant de le pratiquer de temps en temps avec ses amis ! Les questions sont nombreuses lorsque l’on a décidé d’arrêter mais les plus importantes pour moi sont :  »Dans quelle région, allons nous nous installer avec notre petite famille » ou  »Dans quel domaine va-t-on se reconvertir ? » Pour ma part, dès la fin de ma carrière, j’ai passé mes diplômes d’entraîneurs et me suis installé en Bretagne , avec ma femme Muriel et mes 2 enfants qui m’ont accompagné pendant toutes ces années.

    De votre côté, vers quels projets vous êtes-vous tourné ?
    J’ai créé, avec mon frère William, la société  »Loko Sport Evenements » afin de rester dans l’univers du sport, et ouvert un restaurant avec d’autres actionnaires, que nous avons revendu il y a 2 ans. Maintenant, j’interviens régulièrement lors de relations publiques dans des séminaires ou d’événements sportifs, et j’aimerais à moyen terme intégrer une structure administrative et sportive dans une entreprise, un club ou une ligue, afin de transmettre mon expérience.

    Vous avez récemment lancé une nouvelle version de votre site internet PatriceLoko.org. Pouvez-vous nous en parler ?
    Mon site internet officiel a été ouvert avec mon ami Jean–Christophe en 1998 et, depuis, nous le réactualisons régulièrement, cela permet à de nombreux fans de football, de connaître mon parcours de sportif de haut niveau, et de pouvoir visionner des photos et images de toute ma carrière de footballeur professionnel ! Ce mois-ci , nous l’avons relancé, et intégré de nouvelles photos, buts et interviews. C’est pourquoi, à cette occasion, j’ai eu l’idée de mettre en place un jeu de questions-réponses, pour faire gagner un de mes maillots portés pendant ma carrière ! Bonne chance à tous : Cliquez ici

    Un dernier mot pour les supporters parisiens sur PlanetePSG.com ?
    Je ne remercierais jamais assez les supporters du Parc des Princes qui m’ont toujours soutenu et encouragé pendant toutes ces années ! Tout petit, je supportais le PSG ! Soyez toujours fiers, de supporter « votre » club, et de porter haut et fort les couleurs du PARIS SAINT GERMAIN !

     
     

    Olivier BRILLEAU


    So Foot  1er novembre 2014

    img-patrice-loko-et-son-bob-1414761656_620_400_crop_articles-191269Le jour où Patrice Loko a planté deux buts au PSG avec Lorient
    Comme beaucoup d’anciens Parisiens, Patrice Loko a marqué contre le PSG après l’avoir quitté. Pour l’ancien Nantais, c’était un soir de décembre 1998 lors d’un Lorient-PSG qui fera très mal au PSG. C’était la saison de toutes les galères. Bref, c’était vraiment la merde.

     « Je suis parti tellement vite que je n’ai pas eu le temps de vous dire au revoir, donc je le fais aujourd’hui. » Décembre 1998, c’est par un fax que Patrice Loko remercie finalement le PSG alors qu’il vient de rallier Lorient mi-novembre. Quelques jours plus tard, le 19 exactement, l’attaquant remerciera autrement son ancien club. Un doublé dans les gencives de Bernard Lama et voilà que les Merlus scalpent un PSG à la ramasse au soir de cette 20e journée de D1 (11e avec 7 défaites). Ce PSG-là savait déjà parfaitement gérer une crise de novembre puisque le club avait déjà limogé son entraîneur (Artur Jorge avait remplacé Alain Giresse) et que le recrutement estival – chiffré à 200 millions de francs – n’avait rien donné en dépit de certains noms ronflants : Christian Wörns, Jay-Jay Okocha, Nicolas Ouédec, Bruno Carotti ou encore le retour de Bernard Lama. Alors que le PSG tourne la page Michel Denisot plutôt brutalement avec le départ du président-délégué et de certains cadres historiques (Le Guen, Guérin, Roche, Fournier, Raï), Patrice Loko est toujours au Camp des Loges. L’international français (26 sélections) ne joue pas. Il est tricard par Giresse, puis par Jorge. C’était déjà le cas sous Ricardo lors de la saison 1997-1998 (10 matchs de championnat seulement). Pour autant, le garçon ne se plaint jamais. Titulaire sur le flanc gauche de la défense parisienne à cette époque, Grégory Paisley se souvient d’un « super mec, au discours facile et très professionnel. Il ne jouait pas et pourtant il ne se plaignait jamais. Avec les jeunes, c’était la voix de la sagesse. Tu pouvais lui demander des conseils, même s’il était en dehors du groupe, il était là pour toi. »

    Alors quand les Parisiens prennent la route de Lorient pour le compte de cette 20e journée, ils sont contents de retrouver leur ancien copain. Loko, lui, n’est pas du genre rancunier. « Je suis vraiment content de les revoir. Je vais tous leur serrer la main avant la rencontre. Cela va sans doute me faire tout drôle car je suis resté supporter de Paris », commente dans L’Équipe le jour du match celui qui a disputé 115 matchs et 36 buts avec la liquette parisienne sur les épaules. Pour ce PSG qui alignait Okocha, Simone, Lama, Wörns, Rabésandratana ou encore Algerino, défier Lorient, plus mauvaise équipe de D1 à domicile au coup d’envoi (une victoire seulement) n’avait rien d’insurmontable. Mais durant cette saison 1998-1999, c’est tout le club parisien qui est en crise aiguë. Paisley encore : « C’était une nouvelle ère qui commençait. On manquait d’hommes forts et de temps. La mayonnaise n’a jamais pris, en fait. On a très vite été dans le dur et ça sifflait au Parc des Princes. Je débutais et ça vous conditionne très vite pour la suite de votre carrière. »

    Loko, d’Athènes à Lorient

    Au Moustoir, les Parisiens ne vont finalement jamais exister. Dès le coup d’envoi, Jorge affiche ses ambitions. Il est venu pour bétonner avec Carotti, Llacer, Yanovski et Ducrocq devant son back four. Au bout de 22 minutes, le PSG est d’ailleurs réduit à dix, puisque Igor Yanovski le roux prend deux biscottes et rentre aux vestiaires. À trois minutes de la pause, Soumah est accroché dans la surface par Carotti. Loko plante une première banderille. On se demande alors comment les Parisiens vont s’en sortir, eux qui n’ont plus trouvé le chemin des filets en championnat depuis plus de sept heures. Logiquement, Patrice Loko dépose un doublé à un quart d’heure de la fin sur un caviar de Stéphane Pédron. Dans le Morbihan, Loko en est alors à 5 buts en 6 matchs. Le PSG est scalpé par un ancien. Une sale rengaine. « On a longtemps entendu parler des anciens qui marquaient contre le PSG. Que Patrice ou Nicolas Ouédec le fassent alors qu’ils étaient attaquants, ce n’est pas très grave, ironise Paisley. Mais que Nicolas Laspalles, latéral, s’y mette par la suite, on se disait vraiment que cette saison était galère. »

    Pour Patrice Loko, la saison se terminera finalement avec 9 buts en 20 matchs au compteur. Il ne reviendra jamais au PSG alors qu’il aurait dû y exploser après son titre de champion de France avec Nantes en 1995. Mais on le sait, mal dans sa peau depuis un drame personnel survenu en 1992, l’attaquant international va exploser en plein vol un soir de juillet 1995. Une sale histoire d’exhibition qui se terminera finalement en garde à vue, puis devant les tribunaux. Mais l’homme est un habitué des résurrections. En 1996-1997, il plante 16 buts en championnat et s’offre une finale de C2 avec le PSG. En quart de finale retour, il est l’auteur d’un triplé formidable en Grèce sur la pelouse de l’AEK Athènes (victoire 3-0). À ce moment-là, Loko est indiscutable au PSG. Ça sera la seule fois de sa carrière. Une carrière très respectable à laquelle il mettra fin en 2004 à Ajaccio. Il va ensuite passer ses diplômes d’entraîneur (BE1, DEF) sans jamais les utiliser, pour finalement s’orienter dans la voie de l’événementiel à Vannes. Pas très loin de Lorient, au final. Le hasard, sans doute.

    Mathieu Faure


    Logo SoFoot  avril 2015

    « ON ÉTAIT UNE ÉQUIPE DE BRANLEURS QUI SORTAIT DE NULLE PART »

    En 1992, le FC Nantes est au bord du dépôt de bilan, interdit de recrutement, et installe par défaut une génération de joueurs formés au club. Trois ans plus tard, ces Canaris sont sacrés champions de France : 32 matchs d’affilée sans défaite, meilleure attaque, meilleure défense, meilleur buteur et meilleur passeur. Une saison monumentale menée par Coco Suaudeau sur le banc, Christophe Pignol en défense, Makélélé dans les bras de la fille du coach, un PDG de la biscuiterie Nantaise (BN) comme président et un trident d’esthètes devant. Vingt ans après, Nicolas Ouédec, Patrice Loko et Raynald Pedros se mettent à table. Et revivent leurs exploits, entre un chutney de céleri, des noix de Saint-Jacques rôties et une bonne bouteille de saumur-champigny.

    Plus de vingt ans après la saison extraordinaire du FC Nantes en 1994-1995, vous vous rendez compte que votre génération a marqué les gens?
    Patrice Loko. Stade plein, jeu intéressant et on gagnait tout le temps. Beaucoup ont voulu se reconnaître là-dedans. Les gens de nos âges nous le disent, mais aussi leurs enfants: « J’avais 10 ans et je me souviens très bien de vos matchs. »
    Nicolas Ouédec. Je me rends compte maintenant de l’impact qu’on a pu avoir sur la génération de certains trentenaires aujourd’hui. Mais à l’époque, on était trop dans notre foot pour réaliser ce qu’on pouvait donner aux spectateurs.
    PL. On ne se rendait pas compte de la manière dont on pouvait jouer, et de la manière dont les gens pouvaient prendre du plaisir à nous voir jouer. Je ne pensais pas que c’était aussi beau.
    Reynald Pedros. Quand les supporters nantais parlent de nous, je leur dis: « Non, mais attendez les gars, la génération suivante a plus gagné que nous: le championnat et deux coupes. » Pas rien. Pourtant les supporters disent que notre génération était meilleure. C’est ça qui me fait dire qu’elle a marqué les Nantais. Ils s’intéressaient peut-être beaucoup plus au jeu qu’aux titres. Avant nous, Nantes avait quand même fait de très belles choses. Et je ne vois pas trop quelle influence notre génération a pu avoir sur le foot français. Bon, après, rester invaincu 32 matchs d’affilée sur toute une saison n’a pas encore été égalé. On pouvait pourtant s’attendre à ce que le PSG d’aujourd’hui le batte. Et puis non. Ce record n’est pas facile à aller chercher. Je suis hyper fier d’avoir appartenu à cette équipe. Tout le monde ne peut pas être champion de France. Il y avait du matos à l’époque en face: Paris, Monaco, Bordeaux, Marseille, Auxerre, et Lyon qui commençait à être redoutable.

    À quel moment vous vous dites que vous filez vers le titre?
    NO. À Auxerre, chez eux. C’est le match où on s’est dit: « Si on gagne à Auxerre, en jouant comme on a joué, tout est possible. »
    PL. C’est le deuxième match de la saison. On gagne là-bas 2-1. On marque tous les deux avec Nico. On avait toujours du mal contre Auxerre. Toujours.
    RP. À Nantes, on nous a toujours dit: « Si à la fin de saison, tu termines pas loin devant Auxerre ou pas loin derrière, ça voudra dire que t’as fait une bonne saison. » Ils étaient toujours européens, y avait une rivalité en matière de formation. Ce n’était pas facile, l’Abbé-Deschamps hein.
    NO. Prunier, Goma, Violeau, Martins, Alain Roche, Guy Roux… C’était plus dur que Paris.
    PL. On s’appuyait sur un collectif de jeu, eux s’appuyaient sur le physique et le marquage individuel. Des duels dans tous les compartiments. Partout.
    NO. On n’aimait pas ça. Quand Prunier me prenait, ça se frittait dur. C’est le pire que j’aie connu… Tu le vois aujourd’hui toi, Pat’?
    PL. Je m’entends bien avec lui, il est super sympa. On se voit. Mais à l’époque, il nous traitait de tous les noms, nous crachait dessus dans le couloir avant de rentrer sur le terrain.

    Vous vous sentiez réellement invincibles?
    PL. Au bout de six ou sept matchs, on avait conscience que rien ne pouvait nous arriver. On avait l’impression d’être invincibles. On marquait trois buts à domicile, mais on avait quinze occasions par rencontre. On aurait pu marquer beaucoup plus de buts.
    NO. Toi, tu étais un peu trop confiant parfois…
    PL. J’étais persuadé, avant chaque match, qu’on allait gagner parce qu’on allait mettre au moins un but.
    RP. Quand on jouait à domicile, au bout de cinq minutes, à travers l’attitude de l’adversaire, je pouvais savoir ce que ça allait donner comme match. Quand je voyais une équipe défendre sur ses 30 mètres, je me disais toujours: « C’est bon, c’est cuit pour eux. » La plupart ont perdu largement comme ça. Les équipes venues à Nantes en se disant « on va les emmerder, on va jouer » , elles nous ont emmerdés.
    NO. On se rend compte qu’on joue bien, ça, c’est certain. Mais on était tellement habitués à jouer ensemble depuis qu’on avait 14 ans, que pour nous…
    PL. (Il coupe) C’était logique de jouer comme ça.
    NO. Exactement. Toute prétention gardée (sic), qu’on soit bien d’accord. Car ça irritait et ça continue à en irriter certains: les Bordelais, entre autres.
    PL. Le jeu à la nantaise, ça énervait tous les clubs.
    NO. On était le petit village gaulois qui avait sa poudre magique!

    En relisant les archives de l’époque, on vous taxe souvent d’être provocateurs, chambreurs…
    PL. Oui, on énervait. Surtout les dirigeants de certains clubs, plus que les joueurs.
    NO. (Il coupe) Parce qu’on paraissait facile.
    PL. Et parce que Coco, dans son discours…
    NO. (Il coupe) Il avait un petit côté donneur de leçons.
    PL. On avait un banc de touche qui criait tout le temps…
    RP. Ah ouais? Je ne m’en rendais même pas compte. Mais je me souviens d’un Courbis qui disait: « Ouais, Nantes, ils ont l’impression qu’ils ont inventé le foot. » Ça arrivait au speaker de la Beaujoire de lui répondre au micro.
    NO. Coco donnait des coups de coude à Georges Eo (entraîneur adjoint, N.D.L.R.) pour l’envoyer gueuler sur le banc de touche à côté. Eo vivait les matchs comme Bielsa. Le coach principal, c’était Coco, mais Georges, dans sa tête, n’était pas juste adjoint. Tu avais aussi David Marraud, Jean-Louis Garcia. Le banc de touche explosait, ça énervait les adversaires.
    PL. C’est pas compliqué, une fois sur deux on mettait trois buts à la Beaujoire. On appelait ça le « tarif maison » . Ça aussi, ça devait énerver les autres.
    RP. Sur le terrain, on n’a jamais chambré qui que ce soit. On s’est toujours occupés que de nous. Ça devenait une excuse pour se motiver en face, dire qu’on était des petits cons. On peut prendre l’exemple de Barcelone, qui ne s’occupe que de lui, joue d’une certaine manière. Voilà, c’est comme ça et jamais autrement. Et quand ça marche, tu te dis: « Quand est-ce que ça va s’arrêter? »

    Luis Fernandez, qui entraîne le PSG à l’époque, disait que vous provoquiez.
    PL. Il y avait une petite rivalité entre Fernandez et Suaudeau. Coco avait une rivalité avec tout le monde…
    NO. Fernandez était complètement taré, un chien fou, le roi de la provoc’. Il se frittait tout le temps avec Georges Eo. Au Parc, je me souviens qu’ils n’avaient pas vu le jour et que Colleter voulait choper Reynald. Mais ça allait beaucoup trop vite.
    RP. Colleter, sur le terrain, je le détestais. Et aujourd’hui, je fais des foots avec lui. Mais sur le terrain, quand on jouait contre Paris, c’était assez violent.
    NO. Les Parisiens ne pouvaient pas nous blairer.
    PL. Dans tous les stades, ça ne se passait jamais bien sur notre banc de touche. À la fin, on était obligés de leur dire: « Mais putain, arrêtez vos conneries, vous nous faites chier. » On était mal vu car notre banc de touche se comportait mal.
    RP. On était une équipe de branleurs qui sortait de nulle part. Paris, c’était l’ogre. Imagine l’ogre qui ne peut pas croquer le petit: c’est frustrant, déshonorant. On n’a jamais été provocateur ou quoi que ce soit. C’est pour ça qu’on a terminé champions de France. On a toujours pris nos adversaires au sérieux. Si on pouvait en mettre trois, on en mettait trois. Si on pouvait en mettre qu’un, on n’en mettait qu’un. Si on pouvait en mettre dix, on en mettait dix.
    NO. On a perdu à Strasbourg (la seule défaite de la saison) à cause de notre banc. Ils commentaient toutes les décisions arbitrales.
    PL. Leurs mots déplaisaient, mais leur attitude, leur regard aussi. Tous les clubs qu’on rencontrait avaient l’impression qu’on les prenait de haut. Même Coco, dans ses conférences de presse, c’était l’instituteur qui donnait des leçons à tous les entraîneurs de France. Il savait mieux que tout le monde. Malheureusement pour les autres, c’était vrai.

    Quand on parle du PSG, on pense à ce but que vous inscrivez à la Beaujoire, en août 1994. Le ballon ne touche pas le sol.
    PL. Ça résumait parfaitement le foot à la nantaise qu’on pratiquait à cette époque. Ça va tellement vite dans le match que je ne m’en rends pas vraiment compte. C’est quand je l’ai revu à la télé que j’ai compris le truc. Maintenant, on se souviens de moi par rapport à ce but. Les gens me disent: « Ouais, je me rappelle, j’y étais au Parc, à ce moment-là. » Sauf que c’était chez nous!
    NO. Quand Gilardi en parlait à la télé, il racontait en gros que c’était facile. Ça nourrissait le côté arrogant des Nantais. Sans fausse modestie, il ne nous paraissait pas si extraordinaire ce but. Des comme ça, on en marquait à l’entraînement. Souviens-toi, Pat’, dans la fosse, un petit espace réservé au jeu de tête, ou pour des duels où le ballon n’avait pas le droit de toucher terre.
    PL. J’ai chronométré l’action devant ma télé. Entre la touche de Cauet, l’échange avec Reynald et mon but, elle dure huit secondes.
    RP. Le geste le plus difficile, c’est celui de Pat’. De l’extérieur, de volée, la balle arrive un peu de derrière, c’est le geste le plus compliqué. Il est beau, mais ça reste une phase de jeu…
    NO. Les gens vont croire qu’on se la raconte. En fait, c’est hyper dur: t’es en course, tu cales un extérieur comme ça et puis Reynald, il est en extension, il est en l’air, il n’a aucun point d’appui, mais il savait comment doser les passes. C’est exactement ce qu’on a tous appris au centre de formation.

    Japhet N’Doram nous disait de cette saison que l’ambiance était « extraordinaire » sur le terrain, d’autant plus que vous n’étiez « pas vraiment potes en dehors » .
    NO. Je confirme: on n’était pas tous potes! Mais il n’y a jamais eu d’embrouilles, de bagarres. On se disait les choses, mais il y avait un grand respect entre nous. Après, il y avait des affinités: Claude (Makélélé), Christian (Karembeu), Eddy (Capron) sortaient beaucoup ensemble. Pat’, il était un peu pote avec tout le monde.
    PL. Dans un groupe qui ne perd jamais, c’est difficile d’avoir une mauvaise ambiance.
    NO. C’était une époque où on était souvent à l’extérieur. On n’était pas beaucoup chez nous. Tiens, d’ailleurs, à part Pat’, on a tous divorcé cette année-là, non?
    PL. On était tout le temps au vert, deux, trois jours avant chaque match important.
    NO. On était en équipe de France, aussi.
    PL. Mais parfois, c’est vrai, ça nous arrivait de nous fritter un peu.
    NO. (À Loko) L’année du titre, tu avais décrété de tirer les penaltys alors que je les tirais depuis quatre ans. Comme tu allais terminer meilleur buteur en fin de saison, tu voulais les frapper. Je t’avais sorti: « Tu te prends pour qui putain? »
    RP. À Nantes, on avait tous besoin des autres pour exister et élever notre niveau de jeu. On n’avait pas un joueur qui pouvait réellement faire tout le temps la différence tout seul, à dribbler trois-quatre mecs. Mais on se connaissait depuis le centre de formation. On n’avait pas besoin de plus d’amitiés pour se connaître. L’important, c’était ce qu’il se passait sur le terrain. En dehors, chacun avait sa vie.

    Comment on fait la fête quand on gagne tout le temps?
    RP. Je ne suis pas sûr que beaucoup aient fait la fête pendant la saison. Parce qu’on jouait le samedi soir et le dimanche matin, on avait entraînement. Le dimanche matin, on avait le « Spiel » . C’est un quatre contre quatre, qu’on faisait contre les coachs, les Budzynski ou les anciens du club. C’était le match de la survie, fallait le gagner. C’était chaud. Budzynski mettait des coups de pied à tout le monde. Un bourrin. C’était le match de la semaine pour Eo.
    NO. On jouait tous les trois jours donc c’était compliqué de sortir. On allait boire un verre, on allait manger ensemble parfois avec Pat’, Pignol, Casagrande. Les Christian, Claude, Eddy, la bande des Blacks, je pense qu’ils sortaient un peu plus. Ils étaient célibataires. Moi j’étais en couple, j’avais un enfant de deux ans. Ce n’est pas pareil. J’allais boire un coup, mais avec ma femme.

    D’après les rumeurs, Claude Makélélé, de « la bande des Blacks » donc, n’était pas célibataire…
    PL. Claude sortait avec la fille de Coco…
    NO. … mais Coco le savait pas. Quand on a gagné le championnat en 1995, ils sortaient ensemble depuis un an et demi.
    RP. On le savait tous, sauf Coco. Il passait son temps à vanner Claude sur ses copines et comment il était membré. Quand il disait ça dans la douche, putain, on baissait tous la tête…
    NO. Lors d’une mise au vert, au domaine d’Orvault, il y avait une grande tablée, avec Coco au bout, tout le staff, Daguillon, Georges Eo et Claude à l’autre bout de la table, ultra timide. Coco interpelle Claude: « Putain, mais Claude, ta gonzesse, on la voit jamais. Tu vas nous la sortir un jour, nous la présenter? » Toute la table savait que Coco parlait, sans le savoir, de sa fille. Même George Eo savait, tout le monde pouffait. Ça a duré comme ça pendant quatre mois.
    PL. Coco pensait qu’on se marrait à ses blagues.
    NO. Coco aimait bien parler des femmes, dire « Ah, t’as une belle femme » , savoir avec qui on était. Il allait un peu loin parfois avec Claude: « Putain, mais avec le truc que t’as, tu dois y aller toi! »
    RP. La situation était délicate. On a connu la fille de Coco toute jeunette, à venir regarder Téléfoot le matin, au centre de formation.
    PL. Quand on jouait sur le terrain du bas, au centre de formation, Coco venait nous voir parfois. Sa fille l’accompagnait, avec ses chiens. Et Coco, il disait déjà: « Oh, les gars, que j’en voie pas un tourner autour de ma fille, hein! » On avait 15-16 ans. Tu penses bien que trois ou quatre ans après… Pour nous, Coco, c’était le respect. Suaudeau a tout fait dans ce club. Quand il venait avec ses deux petits caniches nous observer, on détalait sur le terrain.
    NO. Il avait ce regard. À 15 ans, il m’impressionnait. Il n’était pas très grand. Devant lui, tu ne savais pas comment faire. Tu étais comme un con.

    La légende raconte que vous sortiez bien plus cramés des entraînements de Coco que des matchs. C’est vrai?
    NO. Oui. Complétement cramés.
    RP. On faisait tout à fond, même les petits jeux. On pouvait s’entraîner deux heures et après, rester pour faire une séance de frappes, de reprises de volée.
    PL. Il pouvait se permettre de nous entraîner longtemps. On était des jeunes joueurs. On récupérait beaucoup plus.
    NO. Coco, aux entraînements, voulait donner cette intensité pour qu’en match, ça devienne naturel. C’était super exigeant et ça demandait un gros travail physique, une intensité folle, dans les coups, les contacts, les courses… Les séances du mercredi et jeudi, on travaillait sur des oppositions en vue du match qu’on allait avoir le samedi, sur le jeu qu’il voulait mettre en place. Et là, il fallait que tout le monde soit au centimètre près.
    PL. L’entraînement durait longtemps car il arrêtait souvent le jeu.
    NO. Et il gueulait!
    PL. Dans tout ce qu’il disait, il n’y avait aucune connerie. Il avait toujours raison: le football, pour lui, c’était tellement simple. Il voyait tout avant tout le monde. Il connaissait ses joueurs par cœur. Il avait sa tactique, son jeu en place. Il n’y avait aucun bruit, tout le monde se taisait. Il expliquait les choses avec des mots simples.
    RP. Avec la réserve, notre génération avait une tradition: le mercredi, c’était réserve contre équipe pro. Et nous, les petits jeunes, on leur mettait tôle sur tôle. À la fin, ils ne voulaient plus jouer contre nous. Il y avait moi, Nico, Pat’. C’était quelques années avant le titre. Quand on est passés pros, le match du mercredi était de retour et jamais personne ne nous a mis une tôle.
    NO. Coco n’était pas un dictateur non plus. Parfois, certains lui répondaient. Je n’étais pas toujours d’accord avec lui. Il m’a souvent pris en grippe parce que Pat’ faisait les appels et moi je décrochais. À chaque fois, c’était: « Toi aussi, fais des courses en profondeur, Gros Nico. » Il m’appelait « Gros Nico » depuis le centre de formation… Au fond de moi, je bouillonnais. Mais je ne cherchais même pas à lui répondre. Certains se le permettaient, comme Japhet N’Doram, le sage de l’équipe et le chouchou de Coco. Il ne fallait pas toucher à Japh’. C’était la pierre angulaire de notre jeu.
    PL. On parle toujours de Pedros-Loko-Ouédec. Mais sans Japhet, on n’aurait pas eu autant de ballons.
    RP. Très sincèrement, si Japhet avait eu la nationalité française, il aurait été en équipe de France. Jacquet l’a dit ça, je crois. C’était un phénomène, Japhet. C’était un mec in-cro-ya-ble!
    NO. Quand on n’était pas bien, il était là. Il marquait beaucoup. Serge Le Dizet, David Marraud, ils étaient plus âgés. Ils avaient de la bouteille. Ils se permettaient de répondre à Coco aussi.

    Il était chambreur sur le terrain, Suaudeau?
    NO. Coco? Gros, gros chambreur.
    PL. Il était super heureux quand on faisait des exercices devant le but. Il aimait bien chambrer ceux qui loupaient des reprises de volée. On n’avait pas toujours de grosses rigolades avec lui, mais il nous chambrait parce qu’il nous aimait bien. On avait envie de lui rendre ce respect, cet amour.
    NO. Il alternait entre ce côté paternel et très rigide. Une fois, à 17 ans, je me fais une périostite au tibia. J’étais un peu rondouillard, j’avais de l’acné au visage. Je n’étais pas très bien dans mon adolescence. Ça fait pas cinq minutes que je me suis fait plâtrer par le doc Bryand que Coco arrive dans la salle et me dit: « Et toi, petit gros, tu as intérêt à te bouger le cul sinon tu ne passeras pas en professionnel et tu vas aller voir en D2 du côté d’Ancenis. » Ça, c’est Coco: autant c’était un génie sur le terrain, autant il pouvait être brutal en dehors.
    PL. Il avait cette façon d’encourager, disons, un peu spéciale…
    NO. Il ne prenait pas de gants. Bon, entre guillemets, ça voulait dire: « Je compte sur toi, mais j’ai absolument envie que tu deviennes ce que j’ai envie que tu deviennes. » Là je sors une phrase à la Coco. Il a trop déteint sur moi…

    Ça ressemble à quoi un coup de gueule de Coco?
    NO. C’était très rare. Il disait les choses froidement, sans éclats de voix.
    PL. Il aimait bien prendre les joueurs à part dans son bureau. Et c’était pas pour dire du bien…
    RP. Je détestais aller dans son bureau parce qu’il me prenait pendant cinquante ans. Ça me cassait la tête. Qu’on me dise « là, ça va, là, ça va pas » , ok. Mais qu’on me parle pendant trois plombes… Parfois, j’allais dans son bureau parce qu’on s’était engueulés et qu’il fallait que je m’explique. Moi, j’étais un sanguin et quand des choses m’emmerdaient, je lui disais. Quand je sors au Havre, et que je frappe dans la bouteille, ça fait le deuxième match de suite qu’il me remplace à la 60e. Coco, il ne me calcule même pas ou tout juste: « Calme-toi, fais pas chier, tu m’emmerdes. » Le lendemain, je suis allé moi-même dans son bureau. Et il m’a fait: « Je savais que tu viendrais. » « Bah ouais, voilà, je suis là. Vous savez que je suis pas méchant. »
    NO. Coco mariait le côté très froid et mettait ensuite la petite mousse, avec un deuxième fautif, histoire que tu ne t’écrases pas tout seul par terre.

    Les entraînements de Suaudeau n’étaient pas qu’intensifs. Ils paraissaient surréalistes aussi. Vous aviez parfois des oppositions sans ballon…
    NO. Pendant vingt ou trente minutes, tous les jours, on devait marquer en nous appelant par notre prénom, sans ballon. Je n’imagine pas un joueur comme Ibrahimović faire ça. Il me gonfle lui. Il demande tout le temps le ballon dans les pieds, à râler. En tant que joueur, c’est une catastrophe. Je ne le vois pas, à l’entraînement, dans un exercice sans ballon proposé par Coco. Il ne pourrait pas le faire.
    PL. Ou avec une balle de tennis. Et quand tu joues avec un ballon dans les mains, tu ne travailles pas ta gestuelle, mais tes courses.
    NO. On jouait au basket, avec un ballon de rugby aussi, à la main, au pied. On faisait tous types d’exercices qui favorisaient le jeu sans ballon, le mouvement, l’anticipation, le décalage.

    Il y avait beaucoup de tableau noir?
    NO. Son tableau noir, c’était le terrain. Tous ces exercices, on les faisait déjà au centre de formation. On savait de quoi il parlait. Ce qui l’emmerdait le plus, c’était d’avoir des joueurs qui ne comprenaient pas son discours. Des mecs qui ne rentraient pas dans le moule. Jocelyn Gourvennec a eu beaucoup de mal au début.
    PL. Samson Siasia disait tout le temps: « Je comprends rien. » Quand on te demande de jouer avec deux, trois ou quatre couleurs… Si t’es pas du cru, c’est impossible.

    Quatre couleurs?
    NO. Deux fois deux équipes l’une contre l’autre, blanc et rouge contre jaune et vert. Ça fait quatre au total, sur un même terrain. Tout le monde s’affronte et se confond.
    PL. Au bout d’un quart d’heure, Coco changeait tout: les blancs contre les rouges et les jaunes contre les verts.
    RP. Si t’es pas attentif, que ton cerveau n’est pas éveillé… Tout ce qu’on a fait avec Suaudeau, on l’avait déjà fait avec Denoueix avant, au centre de formation.
    NO. Si tu n’as pas fait ça pendant des années avant, tu donnes le ballon à n’importe qui et tu t’énerves. On ne peut pas dire que Coco dénaturait le jeu des nouveaux, au contraire, mais les pièces rapportées étaient paumées. En match, quand Pat’ jouait avec Siasia parfois, on ne trouvait jamais ses appels.
    PL. C’était à eux de s’adapter à notre jeu et pas à nous. C’est pour ça que Coco avait du mal à faire venir des joueurs.
    NO. Coco se prenait souvent la tête avec ‘Bud’ sur le recrutement. Il fallait des joueurs qui puissent rentrer dans le moule. Quand on était au centre de formation, on était recruté pour quoi? On était des bons joueurs au départ, techniquement, physiquement, mais il y avait aussi l’intelligence de jeu qui rentrait en compte.
    RP. C’était plus facile d’aller s’entraîner avec les pros qu’avec le centre de formation parce que t’es physiquement prêt, tu connaissais les exercices, souvent de réflexion. C’est un travail de longue haleine derrière tout ça. Je n’ai jamais connu ça ailleurs qu’à Nantes.

    Rudi Völler, qui jouait pour Leverkusen en 1994-1995, votre adversaire en quarts de finale de coupe UEFA cette année-là, dit que vous jouiez le plus beau football d’Europe et aurait même préféré tirer la Juventus.
    RP. Je ne suis pas d’accord, sinon on aurait été champion d’Europe. La finalité du jeu, c’est l’efficacité. Si tu marques plein de buts, il ne peut pas t’arriver grand-chose. Quand tu joues les coupes d’Europe, être bon ne suffit pas. Très sincèrement, ce match à Leverkusen, on perd 5-1 mais on doit le gagner 4-0. À chaque fois que je revois ce match, je me dis qu’ils se sont trompés de score.
    NO. Sur certaines séquences, quand je revois nos matchs, la vitesse des enchaînements, des anticipations, je ne suis pas loin de penser qu’on était très, très forts. De là à dire le meilleur football d’Europe, qui veut dire aussi le meilleur football du monde, ce serait prétentieux.
    PL. Si Völler l’a dit, c’est qu’il avait des références. Sur cette saison-là, on développait un très beau jeu. On a terminé champion de France donc on était les meilleurs de France, déjà. Mais on n’a pas dominé suffisamment de saisons pour dire qu’on avait pratiqué le plus beau football d’Europe. Est-ce qu’on aurait été capable d’être à ce niveau sur plusieurs saisons? Pas sûr. Mais quand tu regardes certains matchs de championnat aujourd’hui, parfois tu t’ennuies.

    Sans téléphone portable, sans ordinateur, internet, tablette, on fait quoi pendant les mises au vert en 1995?
    RP. On faisait des conneries. On déconnait bien. Avec Stéphane Ziani, avec qui j’étais dans la chambre, on parlait de celui qui allait le plus vite. « Ah ouais, tu veux savoir qui court le plus vite, ben vas-y, on voit. » Il y avait un long couloir et on faisait des courses, pieds nus et en caleçon. Des gamins.
    NO. Avec les mecs mariés, on faisait des soirées poker. On avait un « tripot » de poker avec Pat’, Féfé (Jean-Michel Ferri), Christophe Pignol, Éric Decroix, Jean-Louis Garcia. On jouait un peu d’argent, mais pas énormément. Coco nous a grillés une fois, à deux heures du matin, la veille d’un match.

    Comment vous vous êtes fait choper?
    NO. Philippe Daguillon, notre kiné, avait l’habitude de faire la tournée des chambres avant les matchs pour surveiller les bobos. Il y avait un code bien précis (il toque plusieurs fois sur la table) pour toquer à notre porte.
    PL. On jouait jusqu’à minuit au moins.
    NO. Deux heures du mat’, tu veux dire. Bref, ce jour-là, c’est Coco qui a frappé. Avec ce fameux code. C’était au château de la Colaissière, où on se retrouvait la veille d’un match important de fin de saison. On a ouvert, mais le problème c’est qu’on fumait. Il y avait deux cendriers pleins sur la table.
    PL. Je fumais cinq cigarettes par jour, que le soir, jamais la journée.
    NO. Mais multiplié par cinq joueurs, c’était le brouillard dans la chambre. Coco était encore plus surpris de nous voir. Il n’imaginait pas voir Pat’ et moi en train de fumer. Il m’a regardé, et dit: « Toi aussi Gros Nico… »
    PL. Moi il m’a dit: « Tu me déçois Pat’. »
    NO. Il est sorti sans rien dire, sans claquer la porte, rien du tout. On s’est regardés. On s’est demandés: « On continue ou on arrête ? » On a jeté les cartes.
    PL. Le seul soir où on n’a pas tapé le carton, la veille du match contre Strasbourg, on a perdu, cette fameuse seule défaite de notre saison en championnat.

    Et dire que, deux ans plus tôt, Nantes est au bord du dépôt de bilan et n’a pas d’autre choix que de lancer les jeunes.
    RP. J’estime, qu’à notre niveau, on a sauvé le club. Avant, la Coupe de la Ligue (en 1992) se jouait en fin de saison, et finissait lors du début de la saison suivante. Donc toutes les saisons, au moment de la Coupe de la Ligue, les pros partaient en vacances. Et on jouait avec les jeunes du centre. Et je me souviendrai toujours ce qu’avait demandé Laurent Guyot, dans le vestiaire à Coco. « Voilà coach, on connaît tous les problèmes du club. Est-ce que si vous avez le droit de recruter, vous allez recruter et sinon, qu’est-ce que vous allez faire? » « Si j’ai pas l’autorisation de recruter, je partirai avec vous » , avait clairement dit Coco. Une semaine plus tard, Nantes est interdit de recrutement et on reçoit un coup de fil de Coco: « On part avec vous. » Quelque temps avant, Coco voulait me prêter parce que je n’arrivais pas « à passer le cap » . « Est-ce que tu crois que tu peux réussir à Nantes? » qu’il me demande. « Oui, oui, je vais réussir à Nantes. » C’était dans le sauna de la Jonelière.

    On peut aussi parler de Guy Scherrer qui a racheté le club quand il était mal en point?
    RP. C’était le boss des BN (Biscuiterie Nantaise) à Nantes.
    PL. Déjà, c’était un amoureux du club. Il adorait Nantes, il a toujours aimé le football nantais. C’est lui qui a sauvé le club quand même.
    NO. Il a redonné un souffle à son arrivée, en 1992, au bon moment. On pouvait se confier à lui, parler de la vie. Moi, je me suis séparé de ma femme. C’est le seul président à qui j’ai pu dire des choses comme ça. Lui comme nous avons grandi les quatre saisons jusqu’au titre de champion. Il a grandi à travers nous, dans le sport. Et nous, on a grandi dans notre carrière, grâce à lui.
    RP. Scherrer, c’était un président qui était très critique quand il venait au stade avant, et quand il est devenu président, il était top. Vraiment top. Il était atypique avec son chapeau, son écharpe, à aller saluer les supporters… Le dimanche matin, il était toujours au centre d’entraînement.
    PL. Avant les matchs, il aimait bien venir sentir le terrain, les vestiaires. C’est vrai qu’il allait aussi souvent dans les tribunes, pour voir les supporters. Il voulait que les supporters aient un lien avec l’équipe.
    NO. Il s’est parfaitement inscrit dans le moule nantais avec Budzynski, Suaudeau, tout l’administratif. Avec Alain Florès (directeur général des Canaris, de 1992 à 1999), qu’il avait emmené dans ses bagages, ils avaient eu l’intelligence de laisser le sportif à Coco, aux techniciens, aux joueurs, mais en même temps, il était là.
    PL. « C’est pas mon domaine, c’est pas mon domaine » qu’il répétait. Il a appris à vivre avec une autre façon de penser parce que le monde sportif est différent de celui de l’entreprise. Il a beaucoup regardé, observé, en nous accompagnant. Pas mal de gens se moquaient parce qu’avant les matchs, il faisait des choses que personne ne faisait.
    NO. Je me souviens de la venue de Montpellier à la Beaujoire (en octobre 1992). On leur avait mis 6-0. Scherrer avait l’habitude de donner des petits cadeaux aux adversaires: des petits stylos, des agendas, des trucs comme ça. Et Nicollin l’avait un peu remis à sa place. Il avait les glandes d’avoir perdu 6-0 et de repartir avec un stylo en compensation…

    On dit que Guy Scherrer savait s’amuser d’un point de vue privé. Et parfois en toge romaine…
    RP. J’ai entendu ça d’autres présidents, mais pas sur Scherrer. En tout cas, il ne nous invitait pas.
    PL. Il avait invité tout le monde chez lui à la fin de saison 1995 et il était habillé d’une grande et longue toge toute blanche. Tu te rappelles pas, Nico? Il se baladait dans son jardin…
    NO. Et vous voulez dire quoi? Que ça finissait en orgie, en partouze? T’as vu ça toi, Pat’?
    PL. Non. On avait mangé dehors, mais ça n’avait pas terminé comme vous dites, hein!

    Elle était comment cette fête du titre?
    RP. De l’ampleur de ce qu’on avait fait sur le terrain: exceptionnelle.
    NO. On est officiellement champions à Bastia, on prend l’avion avec George Eo qui chante du Johnny. Moi, je joue au poker dans le fond, Et t’as à peu près 3000 personnes à l’aéroport de Nantes. Là, je fais trois jours de fêtes. On a fait le Marlowe et le Castel de Nantes… Coco nous donne rendez-vous le mardi ou le mercredi qui suit pour l’entraînement et puis voilà, roue libre. On passe d’un coin à l’autre, d’une boîte à l’autre. On a retourné Nantes.
    PL. Je ne sais même pas comment on allait d’une boîte à l’autre d’ailleurs.
    NO. Je me souviens de rentrer parfois chez moi deux heures et de repartir direct faire la fête. Je ne sais pas où j’ai dormi pendant ces trois jours. Coco nous a laissé du temps pour savourer ce titre.
    RP. Je ne sais pas s’ils ont déjà connu des fêtes comme ça, au Marlowe, mais ils ont dû avoir très peur qu’on casse le bar. On était tous dessus. On avait demandé à envoyer la note au club. Le club avait payé, je crois. Et puis on s’est retrouvés aussi après le match suivant, à la Beaujoire, contre Cannes.
    PL. Déjà, tu fous tout le monde qui passe par le vestiaire dans la piscine, surtout ceux qui sont bien apprêtés pour le match.
    NO. Après, on a un repas dans les salons de la Beaujoire, avec des danseuses brésiliennes, des plumes dans le cul. Bref, des nanas avec des culs comme ça (il mime une pastèque). Elles venaient nous chercher pour danser. Là, le doc me fait: « Non Nico, n’y va pas. » Je m’étais claqué sur six centimètres à mon retour à l’entraînement en début de semaine, après les trois jours de fête. Mais je vais quand même danser. J’accentue la lésion de deux centimètres. Je pars en vacances et ma blessure n’est pas cicatrisée au moment du stage d’avant-saison. Trois jours après, bim, je me pète encore, juste à côté du premier claquage. Je loupe tout le début de saison et je ne fais que 13 matchs de championnat sur l’année 1995-1996, pour terminer sur un dernier claquage, lors de la demi-finale retour de Ligue des champions contre la Juve, à la Beaujoire, trois semaines avant l’Euro 96… que je rate. À cause de ce tout premier claquage. Une connerie.

    Vous faisiez justement tous les trois partie des Bleus. Ça se passait comment?

    RP. Houllier admirait ce qu’on pouvait faire à Nantes. Après l’élimination contre la Bulgarie pour la qualif’ au mondial 94, Jacquet cherchait sa formule. Il voulait s’appuyer sur une ossature de joueurs plus jeunes. Perso, on m’a super bien accueilli. Je suis arrivé à l’époque Houllier, avec la génération d’avant, les Sauzée, Angloma, Di Meco, Papin, Cantona.
    NO. On était les petits qui arrivaient, encastrés entre les Parisiens et les Marseillais qui se détestaient entre eux. Puis il y avait les Bordelais. Quand on en parle maintenant, ça fait sourire, car on n’a pas eu la même carrière qu’eux, mais Jacquet se questionnait grandement entre le trio Pedros-Ouédec-Loko, ou les trois Bordelais: Zidane, Dugarry et Lizarazu. Contre la Roumanie, à Saint-Étienne (0-0), je tire sur la barre à cinq minutes de la fin. Après ce match, Jacquet m’écarte. Terminé.
    PL. Si on gagne ce match-là, en marquant au moins un but, on aurait sûrement tous les trois joué l’Euro.
    NO. Même Marcel Desailly m’a critiqué le lendemain dans la presse. On a failli se battre un mois après à Clairefontaine.

    Comment ça?
    NO. Un journaliste demande à Marcel: « Des Nantais, qui avez-vous trouvé bon? » Lui répond: « Tous corrects sauf un, Ouédec. » Je réponds dans la presse: « Le seul apte à juger mes performances, c’est Jacquet. De quel droit Desailly se permet de me juger? » Un mois après, on se réunit à Clairefontaine, avant de jouer la Pologne. J’arrive au château, je m’installe pour bouffer, avec Cantona en face de moi. Di Meco à l’autre bout de la table: « Putain, Marcel, regarde, tu t’es fait allumer par Nico le petit Nantais. »
    PL. Deschamps, Di Meco, Angloma, leur truc, c’était de reprendre tous les articles de presse de déclarations passées, entre les clubs, pour allumer et chambrer. C’était du troisième ou quatrième degré.
    NO. Sauf que Marcel bloque, recule sa chaise et me regarde méchamment: « Toi, t’as intérêt à mettre tes protèges demain car je vais te fracasser tes tibias. » Je me souviens qu’il a changé de visage. Je lui dis: « Qu’est-ce qui t’arrive? C’est toi qui parle de moi en premier. Ferme ta bouche! » Cantona était en face de moi, il m’a fait un petit sourire, histoire de dire « Laisse tomber, c’est un abruti. »
    PL. Canto nous aimait bien, les jeunes, les Nantais.
    NO. En équipe de France, quand tu ne rentres pas dans le moule de certains, c’est fini. Et à l’époque, il y avait des moules: le microcosme Blanc, Deschamps, Desailly. Les cadors, les bras droits de Jacquet. Si tu n’étais pas copains avec eux… C’est comme ça. Et ce n’était pas du tout mon style de lécher des culs. Desailly et Deschamps étaient jaloux de notre réussite à Nantes.
    RP. Je ne suis pas surpris par la réaction de Desailly. Je n’aurais sans doute pas le même discours pour Didier en revanche. Je n’ai jamais senti en lui de jalousie de sa part, il a eu une carrière exceptionnelle. Après, Marcel a la mémoire courte. Il a eu des moments très compliqués dans sa carrière.
    NO. Ils parlent rarement de leur passage nantais. Ils n’ont rien gagné avec Nantes, et ils avaient les glandes. Bon, ils ont tout gagné ensuite, mais il faut remettre dans le contexte de l’époque. Nantes, c’est leur ville à eux aussi. Ils ont été formés ici, comme nous. Mais nous, on les a éclipsés.
    RP. Il y avait eu une grande campagne de com’, genre la Canari mania, autour de Didier et Marcel, disant qu’ils seront champions d’Europe dans les cinq ans. Un flop complet. Nous on demande rien, c’est Marcel qui parle de nous. Dans Les Yeux dans les Bleus, il m’allume parce que j’ai loupé le penalty à l’Euro. Et Liza lui dit: « Pour qui tu te prends là? C’est pas bien ce que tu dis ! » Liza ne savait pas que Marcel se chiait dessus à l’idée de tirer un penalty. Quand t’as la mémoire aussi courte, ne dis rien, ne parle pas.

    Aujourd’hui, votre génération dorée, celle qui a tant marqué les gens, n’a aucun rôle dans le FC Nantes. Pourquoi?
    RP. En gros, j’ai senti l’équipe de 2001 (championne de France avec Denoueix, Da Rocha, Monterrubio, Carrière…) plus dérangée par notre génération, que nous avec celle de 1983. C’est dommage.
    NO. La génération de 1983, on les admirait, les Touré, Vahid, Amisse.
    PL. C’était nos idoles. On les regardait jouer tous les week-ends. Puis Coco le disait: on n’était pas la meilleure équipe du monde, pas la meilleure équipe qu’il ait eue, vue et connue. Mais il a joué avec nos qualités. Au lieu de faire tourner le ballon comme il a pu faire en 1983, avec des joueurs très techniques qui pouvaient faire la différence, nous, comment on faisait? Dès la récupération, ça giclait vite devant. C’est ça, le jeu à la nantaise.
    RP. On a peut-être trop parlé de nous à la génération 2001. J’ai eu des échos de gens restés au club qui me disaient qu’à cette époque, on voulait effacer la période 1995, ne plus en parler.
    NO. Mais depuis les années 2000, le club a changé alors que dans les plus grands clubs européens, Milan, Bayern, Manchester United, Real Madrid, Barça, ce ne sont que des anciens joueurs au sein du club. À Nantes, quand on jouait, Coco et ‘Bud’, ils avaient été joueurs pour Nantes aussi avant. C’était la suite logique.

    Si on vous propose aujourd’hui de revenir dans l’encadrement du FC Nantes, vous dites quoi?
    PL. Moi, oui.
    NO. Je me vois pas aller frapper à la porte de Kita et lui dire: « Voilà, je suis Nicolas Ouédec, est-ce que t’as un poste pour moi? »
    PL. Peut-être qu’ils ont eu peur qu’on fasse de l’ombre aux gens en place. Si j’avais eu la possibilité de travailler à Nantes, j’aurais fait des choses pour le club, pas forcément pour tirer la couverture sur moi.
    RP. Si on m’avait appelé, pourquoi pas. J’ai quand même du respect pour Waldemar, parce que je respecte toujours ce genre de types qui mettent leur propre pognon. Je l’ai parfois par textos.
    NO. Si Kita m’avait dit: « Voilà, j’ai besoin de deux ou trois anciens » , j’aurais sans doute dit oui. Mais à l’époque, le discours était différent. C’était mort. Avant lui, Roussillon, c’était encore pire. Ils ont viré tout le monde, le doc, Denoueix. Quelque

    part, notre génération a fait rêver, mais elle a énervé aussi. « C’est bon, c’est fini, faut passer à autre chose. » Le discours de Pascal Praud en gros.

    Au fait, Suaudeau a fini par découvrir le nom de la copine de Makélélé?
    RP. On était en stage d’avant-saison 1995-1996, à Crans-Montana, en Suisse.
    NO. La « pression » devenait trop importante pour l’entourage de Coco, notamment son meilleur pote, Jean-René Toumelin. La bande Karembeu, Japh’ et Claude est devenue très proche de Coco et des Toumelin. La femme de Jean-René a su que Claude fréquentait la fille de Coco. Donc forcément, Jean-René l’a su, et l’a dit à Coco. Coco avait sa fille à la maison encore. Il devait poser des questions, comme tout père quoi. Là, y a tout qui se mêlait. Ça a complètement fait foirer le stage de début de saison.
    RP. Claude n’était pas bien. Coco non plus. Ils ont discuté une bonne fois pour toutes, mais c’était chaud. Il y avait un malaise.
    NO. Coco était abattu. On le voyait à sa tête, il n’avait plus d’enthousiasme. D’un seul coup, il ne voyait plus Claude comme un des ses « fistons » mais comme s’il avait été trahi, un peu.

    Il vous en a parlé?
    NO. Je rentrais à pied du terrain d’entraînement vers l’hôtel avec Coco. Je voyais qu’il n’allait pas bien. Je l’aborde, il me regarde et tu sais ce qu’il me dit? « Depuis combien de temps tu sais? » « Oh… pas longtemps » que je réponds. Je me démerde comme je peux avec ma réponse. « Vous savez, c’est pas la mer à boire, hein… » Mais ça a pourri l’ambiance. Claude a commencé la saison, mais…
    PL. C’est aussi pour ça qu’il est parti de Nantes, Claude.
    RP. Si l’affaire avait éclaté pendant la saison 1995, ça n’aurait pas changé la saison. C’était quelque chose de futile, ça ne changeait pas non plus notre vie que Claude sorte avec la fille du coach. Mais ça aurait été dommage parce que Claude était vraiment en pleine bourre.
    NO. En tout cas, je me souviendrai toujours de cette réponse de Coco, quand je lui ai demandé: « Ça va coach? » « Non, le coach va pas bien. Tu n’es pas sans savoir que le coach a des problèmes. »

     


      juin 2015

    FC NANTES 1995 : Les Canaris de Coco

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    tvsportgrand 2 février 2016

    patrice_stephane mantey journalistePatrice Loko : Avec Nantes, « on a gagné mais pas survolé » comme le PSG

    « Nous on a gagné, mais pas survolé » le championnat, a estimé dans un entretien avec l’AFP Patrice Loko, ancien buteur de Nantes qui se fera déposséder de son record d’invincibilité en Ligue 1 si le PSG ne perd pas mercredi contre Lorient. Meilleur buteur du championnat de France en 1994-1995 (22 buts), la saison du sacre du « jeu à la nantaise », Loko, également passé par le Paris SG et qui s’est reconverti dans l’événementiel sportif du côté de Vannes, a aussi expliqué que le PSG actuel méritait « amplement » de dépasser les 32 matches sans défaite enchaînés par les Canaris du 29 juillet 1994 au 15 avril 1995.

    Comment percevez-vous le début de saison du PSG?
    Patrice Loko: Ca ne s’est jamais vu, une équipe qui survole comme ça le  championnat de France dès le début, avec autant de points d’avance. Le PSG  s’est donné encore de meilleurs moyens de gagner le championnat, et surtout de gagner en Europe. Il y a bien sûr la question de savoir si ce sont eux qui sont  beaucoup trop forts ou les autres équipes qui sont plus faibles en France, mais  du point de vue sportif c’est logique : on parle toujours de Paris parce qu’économiquement, ils ont les moyens pour acheter de très grands noms mais il  y a d’autres équipes en France qui disposent d’un bon budget. Ils ont des  joueurs de classe mondiale, qui sont très forts à chacun de leur poste.

    Lors de la saison 1994-95, Nantes aussi a été en tête presque du début à  la fin. Peut-on comparer ces deux parcours?
    PL:  » Non pas vraiment, nous on était des joueurs formés pour la plupart au  FC Nantes, on était plus jeunes, moins expérimentés. On ne peut pas comparer le jeu des deux équipes parce que eux arrivent à varier le rythme, à conserver le  ballon, alors que nous on était dans une logique de contre-attaque avec beaucoup de pressing. On ne se reposait pas beaucoup et on prenait plus de risques mais ça marchait, on n’a perdu qu’un match et on a été champion. Paris a des joueurs qui ont beaucoup plus d’expérience, c’est pour ça qu’ils survolent davantage le championnat. Nous on a gagné, mais pas survolé. »

    Ca compte, pour se motiver avant les matches, de se dire qu’on va  préserver son invincibilité, battre des records…?
    PL:  » Pour ma part, je ne pense pas. Nous on jouait dans un bon esprit, on ne  se posait pas vraiment de questions. On était assez sûrs de notre force et de notre jeu, et aujourd’hui quand je vois jouer le PSG je pense qu’eux aussi, ils  sont sûrs de leur jeu, de ce qu’ils peuvent faire. D’autant qu’eux ont des  joueurs qui peuvent leur amener la victoire à eux seuls, ce que nous n’avions  pas. La force de Nantes, c’était vraiment le collectif, le jeu à la nantaise  qui nous a permis de gagner assez régulièrement, et avec la manière. On prenait  aussi vraiment du plaisir à jouer, les supporters nantais et les autres aussi.  C’était un football attrayant, avec beaucoup de buts. »

    En cas de victoire ou de match nul du PSG mercredi contre Lorient, ils  vous déposséderont de votre record d’invincibilité. Vous avez un pincement au  coeur à cette idée?
    PL:  » Oh non, le PSG le mérite amplement avec l’équipe qu’ils ont ! Tous les  records sont faits pour être battus et l’être par le PSG d’aujourd’hui, ce  n’est pas du tout un regret. »

    Face à Angers, Gregory van der Wiel a ponctué d’un but un superbe effort  offensif du PSG, immédiatement comparé à votre réalisation face à Paris en août  1994 (1-0). Vous y avez pensé?
    PL:  » Ah oui, quand j’ai vu le but, je me suis dit: +magnifique but !+ C’est  du jeu en mouvement, le ballon est très rapidement donné, chacun sait où il  doit aller, les passes sont millimétrées… C’était un peu la base du jeu qu’on  prônait avec Nantes. À moi aussi ça m’a rappelé le but avec Reynald (Pedros, ndlr). Mais Paris a déjà marqué de très beaux buts, parce qu’on a affaire à de très grands joueurs qui se créent énormément d’occasions. »


      22 septembre 2017

    Patrice Loko : « Ce que Suaudeau disait, je savais que c’était vrai »
    par

    Avec Nantes et le PSG, Patrice Loko a fait rêver les passionnés de foot au milieu des années 90. Pour Foot d’Avant, le meilleur buteur du championnat en 95 vous fait revivre le FC Nantes de Suaudeau et le PSG de Fernandez. Entretien direct… comme le jeu qu’il a pratiqué tout au long de sa carrière.

    Patrice Loko, que deviens-tu depuis l’arrêt de ta carrière professionnelle ?
    J’ai arrêté ma carrière avec l’AC Ajaccio en 2004/05. Dans un premier temps, j’ai passé mes diplômes d’entraîneur par le biais de la Fédération Française de Football. J’ai obtenu mes diplômes en deux ans. C’était une belle expérience. J’ai aussi créé une société d’événements que j’ai ouverte avec mon frère William (ancien joueur de Caen, Reims, Niort ou Wasquehal) qui s’appelle Loko Sports Evénements. La société existe depuis douze ans. Ça marche très bien. On travaille sur toute l’Europe. On propose à des chefs d’entreprise de participer à des événements sportifs comme la Ligue des Champions, le tournoi des Six Nations, Roland-Garros ou la Formule 1. C’est toujours intéressant de parler de football avec des gens qui s’y connaissent ou qui veulent s’y intéresser.

    Qu’est-ce qui te manque et qu’est-ce qui ne te manque pas dans le football professionnel ?
    Depuis un an, je suis aussi agent d’image pour les sportifs de haut niveau : footballeurs, rugbymen, handballeurs. On travaille même avec des mannequins. On gère les réseaux sociaux et tout ce qui peut toucher à l’image d’un sportif. Je suis aussi consultant pour quelques chaînes de télévision. Après me concernant, les terrains ne me manquent pas trop car j’ai arrêté à 35 ans et j’avais l’impression d’avoir fait le tour. En plus physiquement, j’avais du mal à finir les matchs. C’était plus dur pour un attaquant. Aujourd’hui, je suis toujours dans le sport et je vois beaucoup de matchs. J’ai donc l’impression d’y être toujours. C’est tout aussi prenant et intéressant.

    Comment réagis-tu si on te dit que tu es toujours l’idole d’une génération et de nombreux joueurs de l’époque, comme nous l’a dit récemment Nicolas Esceth-N’Zi ?
    Je me rends compte que beaucoup de sportifs ont suivi ma carrière et qu’ils m’aimaient bien. Ça fait toujours plaisir. Moi aussi quand j’étais jeune j’avais mes idoles. J’aurais eu envie de les rencontrer un jour ou au moins de les voir jouer.

    Quels joueurs te faisaient rêver quand tu étais plus jeune ?
    J’appréciais beaucoup Safet Susic quand il jouait au PSG. Il avait beaucoup de talent, marquait et donnait beaucoup de buts. Il était très fort techniquement. A cette époque-là, il jouait dans mon club préféré. J’aimais bien aussi Dominique Rocheteau car c’était un attaquant qui se battait tout le temps sur le terrain. Plus jeune, je m’identifiais à ces joueurs-là.


    Revenons à tes débuts. Quand as-tu eu envie de devenir joueur de football professionnel ?
    Ça s’est fait naturellement. J’ai commencé le foot à 4-5 ans. Mon père entraînait les jeunes alors je me suis vite mis au foot. J’ai passé toutes mes classes à Sully-sur-Loire dans le Loiret. Vers 15 ans, je suis allé à J3 Sport Amilly dans le Loiret, près de Montargis. Un club qui a de belles infrastructures et énormément de jeunes. De là, un recruteur de Nantes m’a vu et m’a proposé de faire un stage d’une petite semaine à la Jonelière avec Franck Gava, un ami qui a également été professionnel et international. Ils m’ont trouvé très bon. Ensuite, j’ai joué la coupe nationale des Ligues en minimes avec la Ligue du Centre à Vichy. J’ai été bon et j’ai marqué beaucoup de buts. A la fin de la semaine, mes parents m’ont dit qu’une quinzaine de clubs était intéressée pour que j’intègre leur centre de formation. Il y avait les meilleurs clubs français dont Nantes.

    « Pour jouer le jeu à la nantaise, il ne fallait pas s’économiser »


    Pourquoi as-tu choisi Nantes ?

    Mon père m’avait dit « c’est toi qui choisira » car il avait peur de choisir pour moi et que je sois déçu. J’ai choisi Nantes car c’était le club qui me semblait le plus intéressant. J’avais hésité avec Auxerre mais pour moi, le jeu nantais collait plus à ce que j’étais capable de faire. A Auxerre, ça jouait plutôt avec trois attaquants, deux ailiers et un numéro 9. Alors qu’à Nantes, on laissait plus les attaquants s’exprimer. En plus le centre de formation de Nantes était beaucoup plus grand, plus aéré et on avait une chambre chacun.


    Comment as-tu intégré les principes de jeu qui étaient très ancrés à Nantes à l’époque ?
    J’ai été pris par Monsieur Zaeta, un des recruteurs du FC Nantes. A l’époque, Nantes recrutait des jeunes qui pouvaient s’intégrer le plus facilement possible au club et à son jeu prôné vers l’avant. C’est-à-dire un jeu où les joueurs ne s’économisaient pas, bougeaient beaucoup tout en étant très techniques. Je rentrais bien dans la norme du FC Nantes. Quand je suis arrivé, j’ai été accueilli par Raynald Denoueix le responsable du centre de formation. Il m’a aidé à être meilleur pendant les trois-quatre ans qui ont précédé ma signature en professionnel avec le FC Nantes. A l’époque, les jeunes essayaient de jouer comme l’équipe première : avec beaucoup de mouvements, de courses pour les autres afin de jouer collectivement et rapidement pour déstabiliser les défenses adverses.


    Pour toi, qu’est-ce qui était facile ou difficile dans l’apprentissage du jeu à la nantaise ?
    Pour jouer le jeu à la nantaise, il ne fallait pas s’économiser. Avant de recevoir le ballon, on savait déjà à qui on allait le donner. Tout ça, ce sont des principes de base que l’on apprenait. A l’époque, on prônait ce jeu rapide. Il était peut-être encore plus facile de l’appliquer car à l’époque Nantes, comme Auxerre ou Sochaux, prenait les meilleurs jeunes. Du coup, c’est plus facile de réussir à appliquer ce style de jeu avec des joueurs intelligents. Quand j’ai quitté mon club d’Amilly, j’étais déjà international. Mes coéquipiers étaient aussi internationaux comme Didier Deschamps ou Marcel Desailly.


    Que retiens-tu de ta rencontre avec Raynald Denoueix ?
    C’est un très grand entraîneur, un très bon pédagogue, une personne qui comprend les jeunes. Il est très adroit pour gérer de jeunes joueurs. Dans le centre de formation de Nantes, les gens aimaient le foot et avaient envie de donner le meilleur aux jeunes qu’ils avaient en main pour qu’ils puissent jouer avec Jean-Claude Suaudeau plus tard. Je m’entendais très bien avec Raynald Denoueix et tout ce qu’il disait, c’était vrai. Il savait ce qu’il fallait faire pour devenir pro, il avait déjà vécu ça et c’était plus facile de le faire apprendre aux jeunes comme moi. Je l’ai beaucoup apprécié.


    Tu as aussi connu Jean-Claude Suaudeau ensuite…
    Je pense que c’est le meilleur entraîneur que j’ai eu. J’avais déjà appris plein de trucs avec Raynald Denoueix mais avec Jean-Claude Suaudeau j’ai encore appris de nouvelles choses que je ne savais pas notamment par rapport aux courses, l’intelligence de jeu, la tactique aussi. Les entraînements étaient toujours variés, intéressants. Il y avait plein de choses qu’on arrivait à refaire en match. C’est vrai qu’il était pas commode des fois car il a un gros caractère, mais en général il était très gentil avec nous. Il faisait tout pour nous faire progresser. Ce qu’il disait je savais que c’était vrai. Pour nous, c’était plus facile à comprendre car on connaissait le jeu nantais.


    « Avec Coco Suaudeau, les entraînements pouvaient durer trois heures »


    La philosophie de jeu de Coco Suaudeau, c’était seulement à l’entraînement ou il vous demandait d’y réfléchir au quotidien durant votre temps libre ?
    Non c’était seulement à l’entraînement. Les entraînements à Nantes étaient très longs. Coco ne comptait pas ses heures sur le terrain. Ça pouvait durer parfois trois heures. Avec lui, tant qu’on n’avait pas réussi ce qu’il voulait faire, on continuait. Quand on sortait de l’entraînement, je pense qu’on en avait assez (rires) et on était heureux de se retrouver entre copains pour se changer les idées et revenir le lendemain pour encore faire de bonnes choses. Avec Coco Suaudeau, on a fait deux-trois belles années avant de gagner le championnat en 95.


    Justement revenons à cette saison 94-95. C’est en fait une équipe du FC Nantes qui arrive à parfaite maturité…
    Exactement. C’était une saison de folie. Au début, on visait l’Europe. Le début de championnat s’est bien passé, on a enchaîné les bons matchs pour être rapidement dans les premiers. Ensuite, le jeu s’est mis en place, les victoires et les buts aussi. Presque à chaque match je marquais. J’ai fait LA super année en finissant meilleur buteur avec 22 buts. On a perdu une seule fois en fin d’année et on a battu le record de matchs sans perdre en Ligue 1.


    A quel moment de la saison tu réalises que ça va être une saison de fou individuellement et collectivement ?
    On s’en est rendu compte une fois arrivé à la trêve. On enchaînait les victoires, on était premiers, on avait une grosse confiance en nous et on s’entendait tous bien. Tout roulait. En plus notre entraîneur continuait de nous faire progresser et à nous recadrer quand il fallait. Les joueurs qui étaient arrivés s’étaient bien adaptés à notre jeu. Puis les équipes adverses nous craignaient. Tout le monde voulait nous battre mais personne n’y arrivait. On arrivait toujours à surmonter les difficultés et même des fois quand ça se passait moins bien, on arrivait toujours à égaliser.


    Pourquoi 23 ans après, les supporters de foot se souviennent encore de ton but contre le PSG ?
    Peu de buts marqués chaque week-end ressemblent au mien. Ce but résume le jeu à la nantaise pratiqué à ce moment-là : en une touche de balle, dans les espaces, en l’air et en plus le ballon ne tombe pas par terre. Je frappe de volée et le ballon file dans la lucarne de Bernard Lama. J’ai eu un peu de chance. Même encore aujourd’hui, ce but continue de circuler sur Internet et il fait partie des plus beaux buts du championnat de France. Ça me fait plaisir pour moi, mes partenaires, Reynald Pedros, le passeur qui m’avait offert la moitié de mes buts cette année-là. Quand on parle de mon but contre Paris, on parle du FC Nantes.

    Comment expliques-tu la défaite à Strasbourg (0-2) à la fin de la saison 1994/95 ?
    Je me souviens d’avoir eu la sensation d’avoir été un petit peu volé. Si on regarde le match, on voit qu’il y a eu des erreurs d’arbitrage. C’est dommage car on aurait dû gagner car on était largement au dessus. Le foot, c’est comme ça. Il fallait bien perdre un jour. A la fin du match, Coco Suaudeau nous avait dit que l’objectif principal était d’être champion.


    Ensuite tu pars au PSG en 1995…
    Oui. Je partais de Nantes pour aller dans un très grand club européen et pour faire mieux. C’était la grosse équipe du PSG avec Raï, Guerin, Le Guen ou Lama. A l’époque où je jouais à Paris, il y avait les meilleurs joueurs français et internationaux. J’aurais pu partir à l’étranger dans de bons clubs européens qui étaient intéressés à ce moment-là, mais je voulais rester en France pour ne pas brûler les étapes. Je ne me suis pas trompé car on a gagné la Coupe d’Europe la première année.


    Tu étais dans un collectif bien huilé depuis plusieurs années à Nantes, comment ça s’est passé pour se fondre dans le collectif parisien ?
    Luis Fernandez, qui était un très bon entraîneur, a su comprendre mon jeu. Il a su m’aider à m’intégrer dans l’équipe. Mais c’est vrai que lors des premiers entraînements et des premiers matchs, j’avais un peu de mal à trouver ma place pour avoir des ballons. A Nantes, le jeu était prôné sur le collectif. A Paris aussi mais chaque joueur pouvait faire la différence individuellement. J’ai eu un peu de mal à m’y mettre car dans ma tête, j’étais toujours resté sur un jeu très collectif. Une fois Luis Fernandez m’avait dit : « Patrice, c’est bien les matchs que tu fais mais tu ne touches pas assez de ballons. Tu sais ici, les joueurs quand ils ont le ballon ils le gardent un peu plus. Toi aussi il faut que tu te montres plus, soit un petit peu plus individuel pour réussir. Les gens vont penser que Loko est moins bon qu’avant car tu joues trop collectif ». Ensuite, je me suis adapté au jeu parisien et ça a collé. J’ai joué avec Youri Djorkaeff, Leonardo, Raï. Et quand on a des joueurs comme ça devant, c’est plus facile. Quand je faisais un appel, le ballon il arrivait dans les pieds. Ces joueurs m’aimaient bien car je courais beaucoup et faisais des bons appels. On s’entendait bien sur le terrain mais aussi en dehors. Le groupe parisien était aussi très solidaire. On était une bonne bande de copains et Luis Fernandez a su amener cette ambiance-là.


    Quels souvenirs gardes-tu de la victoire en Coupe des Coupes en 1996 ?
    C’était une grosse épopée qui nous a aussi boostés en championnat au départ, moins ensuite car on commençait à être un peu plus fatigués suite à nos gros matchs. Il valait peut-être mieux gagner la Coupe d’Europe et perdre le championnat. C’était formidable pour le PSG de remporter cette Coupe d’Europe. Mais aussi pour la ville de Paris. J’ai vu l’équipe de France descendre les Champs Élysées en 1998 mais nous aussi il y avait énormément de monde quand on a fêté le titre de 1996. Quand je vais à Paris, les gens se rappellent encore de ce moment.


    Que retiens-tu de la finale de Coupe des Coupes 1997 ?

    On est tombé sur un gros Barça (0-1). On perd sur un penalty. Les gros matchs se jouent à peu de choses. En début de rencontre, on me refuse un but pour un hors-jeu litigieux. Ce jour-là Barcelone était meilleur que nous. Ronaldo avait marqué le penalty. C’était un très, très grand joueur. Ces deux épopées parisiennes en coupe d’Europe, je m’en souviendrai toute ma vie.


    « Loko-Ouedec-Pedros à Montpellier, ça n’a pas marché car on n’a jamais joué ensemble une seule fois »


    Aussi, tu étais présent à l’Euro 1996. Sentais-tu déjà à l’époque que ce groupe était taillé pour gagner la Coupe du monde 1998 ?
    A ce moment-là, on n’y pensait pas. On jouait pour gagner l’Euro 1996. On avait une équipe pour faire un gros coup. On avait fait une très belle préparation. On avait un très bon groupe et ce groupe n’a pas trop changé en 1998. Aimé Jacquet avait déjà fait une belle sélection. Demi-finale d’un Euro et victoire deux ans plus tard à la Coupe du monde, c’est dans la logique des choses. Le groupe était sain et j’étais fier d’avoir participé à ma façon à l’éclosion de ce groupe très, très bon dont beaucoup de joueurs sont encore mes amis. Je me suis rendu compte de la chance que j’avais de porter le Coq sur la poitrine.


    Tu as aussi joué à Montpellier, pourquoi le trio Loko-Ouedec-Pedros n’a pas connu le même succès qu’à Nantes ?
    Ça n’a pas marché car on n’a jamais joué ensemble une seule fois. Quand je suis arrivé en 1999 à Montpellier, Nicolas Ouedec y jouait déjà. Reynald Pedros est arrivé en même temps que moi. Lors de la préparation, Reynald s’est blessé pendant quatre mois. J’ai commencé à jouer avec Nico devant, ça s’est bien passé au début notamment pendant la Coupe Intertoto. Après Nico s’est blessé et a été en méforme. De son côté Reynald n’a rejoué qu’en fin de saison. Des trois ex-Nantais, j’étais le seul à jouer. J’avais fait tous les matchs. On descend cette année-là, individuellement je fais une bonne saison mais on avait beaucoup de malchances. J’ai pris beaucoup de plaisir à jouer à Montpellier, avec Jean-Louis Gasset et ce très bon groupe.


    Entre tes passages à Lyon, Troyes, Lorient ou Ajaccio, qu’est-ce qui t’a marqué lors de ta fin de carrière ?

    J’ai eu la chance d’avoir de très bons entraîneurs : Jean-Louis Gasset à Montpellier, Christian Gourcuff à Lorient, Alain Perrin à Troyes, Dominique Bijotat à Ajaccio. A Lorient et Troyes, j’ai joué la Coupe d’Europe. Les gens s’en rappellent encore à Troyes car on avait été loin et on jouait très, très bien. A chaque fois, j’arrivais à m’adapter dans mes nouvelles équipes car ma force c’était le collectif. Ces entraîneurs que j’ai cités, ils voulaient bien jouer au foot et leur jeu était basé sur le collectif. Mon agent m’avait dit d’ailleurs que ces clubs étaient faits pour moi.


    Comment le foot a-t-il évolué entre tes débuts à la fin des années 80 et la fin de ta carrière au début des années 2000 ?
    Le football en lui-même évolue moins rapidement car il est toujours fait de courses et de buts. Ça va peut-être plus vite maintenant car les joueurs sont plus prêts pour ça. Mais techniquement ceux d’avant étaient aussi techniques que ceux d’aujourd’hui. Par contre ce qui évolue beaucoup, c’est l’argent dans le foot. Et l’arrivée de nouveaux médias et de sponsors. C’était très médiatique quand je jouais, maintenant c’est multiplié par 50 sans compter l’arrivée des réseaux sociaux. Aujourd’hui on parle de foot tout le temps, chaque heure. Il y a donc plus d’argent que quand je jouais. J’ai bien gagné ma vie, j’ai gagné mieux que la génération 82 et 86 qui a atteint les demi-finales de la Coupe du monde et moins bien que celle d’aujourd’hui. Je ne me plains pas, il faut s’adapter. Et aujourd’hui, j’aide les sportifs à s’adapter à tout ça.


    Sinon, que penses-tu du choix de Nantes d’avoir recruté Claudio Ranieri ?

    Je pense qu’il n’y avait pas grand chose à changer à Nantes parce qu’il y avait déjà un bon groupe. J’ai vu des séances d’entraînement de Sergio Conceiçao l’an passé et c’était très intéressant. Il a fait une très belle saison. Lui comme le président Kita le méritaient. Aujourd’hui Nantes a pris Claudio Ranieri qui est aussi un grand entraîneur qui a eu des résultats. Il prône aussi un jeu rapide. C’est très bien pour le FC Nantes d’avoir cet entraîneur.


    « Il n’y a pas un joueur du PSG qui m’a délaissé suite à ce qu’on racontait dans les journaux »


    E
    nfin, pourrais-tu nous donner le onze type de la carrière de Patrice Loko ?
    Je pourrais le donner mais il va manquer beaucoup de joueurs. J’ai joué à Nantes, au PSG et en équipe de France. Je peux te citer les onze type du FC Nantes et de Paris. J’ai joué avec les meilleurs joueurs de France. C’est pas facile de donner onze noms, sinon je ne vais pas me faire des copains (rires). J’ai aimé jouer avec Raï et Leonardo, ils étaient très forts et très sympa. Mais je peux te citer aussi Nicolas Ouédec, Reynald Pedros ou Japhet N’Doram. Mais également Youri Djorkaeff, Marco Simone. C’étaient des bons joueurs mais aussi des bonnes personnes en dehors du terrain. Ce sont mes amis. Quand je suis arrivé à Paris j’ai eu pas mal de soucis et il n’y a pas un joueur du PSG qui m’a délaissé suite à ce qu’on racontait dans les journaux. Le club du PSG m’a protégé au maximum et m’a aidé à me remettre dans le bain rapidement. Ça s’est fait naturellement car ils ont vu que je n’étais pas comme on le racontait dans la presse. Ça ne me dérange pas d’en parler. Tout ce qui était raconté dans les médias à 80% c’était faux. J’ai raconté ma version dans l’émission Le Vestiaire sur SFR Sport. Ma version, c’est la vraie version. Et si quelqu’un a envie de me contredire, je ne l’ai pas encore entendu. Énormément de choses ont été dites à ce moment-là et heureusement que le PSG m’a aidé. Michel Denisot était là pour me protéger tout comme Jean-François Domergue. On dit toujours que le PSG est un grand club et que ce n’est pas une famille. Moi je suis parti de Nantes, c’était une famille. Mais à Paris aussi c’était une grande famille. Tous les gens au club qui sont encore en place me connaissent et savent comment j’étais, c’est pour ça que j’y suis toujours bien apprécié comme dans le monde du
    football d’ailleurs. Voilà ça m’est arrivé, j’étais malade mais ça m’est arrivé quand j’étais en vogue et meilleur buteur du championnat. C’était au mauvais moment, ça m’a desservi dans ma carrière, si je n’ai pas joué la Coupe du monde, c’est peut-être pour ça. Tant pis, c’est la vie, je ne m’en porte pas plus mal aujourd’hui. Je vis bien et je suis heureux.

    Propos recueillis par Clément Lemaître


     
     
     

    13 janvier 2020

    Patrice Loko : « Amilly ? C’était un tremplin, une formidable saison ! »

    Le même visage. La même chevelure. Dreadlockée avec finesse. Le choix des phrases est purement naturel. Sans langue de bois. Sans ambiguïté. Ô Patrice Loko ! L’homme qui a su faire vibrer la Beaujoire, le Parc des Princes, le stade de Gerland, pour ne citer que ceux-là, n’est pas avare de compliments. « Amilly c’était un tremplin, une formidable saison… », glisse-t-il. Il y a trente cinq ans, un jeune garçon, né et formé à Sully, atterrit aux J3. La suite, vous la connaissez. Du FC Nantes au PSG, de Lorient à Montpellier en passant par l’OL, Troyes et Ajaccio, c’est l’histoire d’un ancien international français, 50 ans le 6 février prochain, « heureux », aujourd’hui, du côté de Vannes. À 530 kilomètres d’Amilly. Là où la flamme avait été allumée. À jamais. Nostalgie.

    Ce monsieur-là, un septuagénaire, l’a reconnu. « Vous êtes Patrice Loko ? », lui demande-t-il. « Oui, c’est moi-même… », répond l’intéressé. Avec gaieté. À Vannes, où l’ancien joueur professionnel vit depuis 2005, « la vie est belle… », sourit-il. Et d’ajouter : « Vous voyez, il y a la mer, les terrasses, les gens sont joyeux… ». Loin de ses racines. « Comment voulez-vous que j’oublie mon enfance ? J’y pense. Ma mère habite toujours à Bray-en-Val (près de Sully)… », dit-il. L’attachement est éternel, à ses yeux. « J’étais au téléphone avec un ami de Châtillon-Coligny, samedi (ndlr : 4 janvier), pour parler de la qualification de Saint-Pryvé en Coupe de France… », rapporte-t-il.

    « Je marquais beaucoup de buts à Amilly… »

    Les J3 Amilly en 1984/1985 entraînés par Jef Laurent
    Les J3 Amilly de Jef Laurent en 1984/1985. Pat 1er rang, 4e au centre.

    Patrice Loko est arrivé en cadets aux J3 Amilly, en provenance de Sully. « C’était l’époque des Gava (Franck), Le Frapper (David), Billault (Stéphane) et autres. On s’était bien amusé… », raconte-t-il. Vite, le jeune môme séduit. Il progresse. « C’était une belle année en National. Je marquais beaucoup de buts… ». L’Amillois fut rapidement sélectionné en équipe de France en cadets. « Je me souviens de ma première sélection. C’était contre l’Ecosse ».

    20 sollicitations, il opte pour le FC Nantes…

    Le terrain du stade d’Amilly devint l’attraction de plusieurs clubs français. « Il y avait au moins 20 clubs qui me voulaient à 14 ans… », appuie Patrice Loko. Deux destinations furent plausibles : l’AJ Auxerre ou le FC Nantes. Finalement, le joueur local opte pour les Canaris. « J’ai fait un stage à Nantes. J’ai été séduit par les installations de ce club. Il y avait des terrains, un beau centre de formation… », souligne-t-il. Mais le plus marquant dans toute cette histoire ? « Au centre de formation de Nantes, chaque joueur occupait une chambre personnelle. J’ai adoré. Je crois que cela a largement pesé dans ma décision… », sourit-il.
     
    Guy Roux insistait pour que je signe à l’AJA…
     
    Patrice Loko s’en souvient. « Guy Roux est venu chez moi à Sully. Il me voulait à l’AJA. Il avait rencontré mes parents. Mon père lui a dit que c’était à moi de décider… ». Et de glisser une anecdote. « J’ai fait un stage à Auxerre. Je me rappelle que j’avais dormi dans la chambre de Basile Boli… ». Quelques semaines plus tard, le jeune Patrice rend une décision définitive à son père. Ce sera le FC Nantes.
     
    « Un coup de blues en hiver…»
     
    À peine arrivé au centre de formation du FC Nantes, Patrice Loko, âgé de 14 ans, s’est senti « comme un poisson dans l’eau… ». Mais ça, c’était au mois de juillet. « Il faisait beau. Tout allait bien », relève-t-il. Quelques mois plus tard, le jeune garçon accuse le coup. « Lorsque l’hiver est arrivé, je sentais un vide. Un manque. J’appelais plus souvent mes parents. Ils comprenaient que j’avais un coup de blues. Ils me manquaient. Mes amis, aussi », rapporte-t-il.

    « Je gagnais 700 francs à l’âge de 14 ans… » 

    La vie de Patrice Loko se métamorphose. « Quand j’allais en sports études, à Gien, mes parents me donnaient 15 francs en argent de poche. Du jour au lendemain, tout a changé. Au centre de formation de Nantes, je gagnais 700 francs. Pour un jeune de 14 ans, c’était énorme… », raconte-t-il. Et de détailler : « Quand je revenais dans le coin, je m’amusais avec mes copains. On se faisait plaisir. Je pouvais acheter ce que je voulais. J’offrais des cadeaux à mes parents… ». 

    « La crainte de ne pas réussir était là… »

    Patrice Loko ne le cache pas. « En partant d’Amilly, j’ai découvert un autre univers à Nantes. Un autre niveau. Mais j’avais rapidement compris qu’il fallait y arriver. La crainte de ne pas réussir était là. La concurrence en permanence. On était 20 joueurs au centre de formation (parmi eux Didier Deschamps et Marcel Desailly). Des parents et des amis croyaient le fait d’avoir signé dans un centre de formation était une garantie pour devenir pro, alors que ce n’est pas le cas ». Et de préciser : « Quand le club vous annonce qu’il ne renouvellerait pas votre contrat, là, ça fait mal. Et j’en ai vu des cas…C’était dur pour eux ». Patrice Loko, lui, s’est accroché comme un grand. « Le secret ? Le travail et le mental. Il ne fallait pas être bon. Il fallait plutôt être…très, très bon ».  

    Les trophées, les Bleus et des buts…

    Les statistiques parlent d’elles-mêmes. Patrice Loko a disputé plus de 400 matches en Ligue 1. Il a inscrit une centaine de buts. L’ancien joueur cadet des J3 Amilly était notamment vainqueur de la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe en 1996, et la Coupe de la Ligue (1998), sous les couleurs du PSG. Il a remporté le championnat de France avec le FC Nantes (1995). Il fut meilleur buteur du championnat, en 1995, au FC Nantes. Il totalise 26 sélections en équipe de France avec en prime… 7 buts à son palmarès.

    Consultant pour plusieurs médias…

    Patrice Loko n’a pas eu son bac. « Cette année-là, je jouais en D3 pro. Je partais souvent en déplacement. J’aurais aimé l’avoir, mais bon, c’était comme ça… ». Sa carrière professionnelle de joueur s’arrête à l’âge de 35 ans. Ensuite, il s’associe, pendant dix ans, avec William, son frère, l’autre joueur professionnel formé à Amilly, autour d’un projet dans l’événementiel (Loko Sport Evénement). Mais depuis quelque temps, celui qui soufflera sa 50e bougie, le 6 février prochain, sillonne les plateaux télés et les radios en qualité de consultant. S’assoir, un jour, sur le banc d’une équipe professionnelle ? « Pourquoi pas. Mais, aujourd’hui, je profite de mes amis et de ma famille… », conclut-il. Les yeux rivés vers le port de Vannes.

    Lyes BALOUL


     

    Pat au J+1 sur CANAL+
     

    Interview de Patrice sur le site du F.C. Nantes / 19 mai 2020

     »LES SOUVENIRS SONT INTACTS »

    PATRICE LOKO

    Meilleur buteur de Division 1 cette saison-là avec 22 réalisations, Patrice Loko a accepté de revenir sur un exercice 1994-1995, historique ! Ses souvenirs de ce 19 mai 1995, les clés du sacre, sa saison exceptionnelle, le record de 32 rencontres sans défaite toujours inégalé… il raconte !

    Il y a 25 ans jour pour jour, vous décrochiez le 7ème sacre de l’Histoire du Club après un match nul sur la pelouse du SC Bastia (2-2). Quels souvenirs rejaillissent de cette rencontre ?

    Patrice LOKO : « L’objectif de cette rencontre en Corse, c’était de ramener au moins un point pour s’adjuger le titre. L’équipe était en confiance et on savait très bien qu’on avait toutes les cartes en main. On avait su se rendre ce match assez facile en menant 2-0 mais avec peut-être un peu de relâchement de notre part et poussés par leurs supporters, ils étaient revenus à notre hauteur (2-2). Malgré ça, on a su mettre la main sur un titre qu’on souhaitait vraiment obtenir. »

    Ce sacre est venu concrétiser une saison remarquable, qu’on pourrait qualifier de presque parfaite !

    « C’est vrai qu’on était dans une très bonne dynamique depuis le début de la saison. Nous avions vraiment confiance en nous et en l’entraîneur. Les victoires s’enchaînaient et c’était évidemment un élément majeur pour aller de l’avant. Cette saison-là est également venue concrétiser tout le travail fait en amont, lors des années précédentes. »

    Cette saison a aussi été marquée par ce record d’invincibilité (32 journées de rang sans défaite), qui tient toujours, 25 ans plus tard ! Ça vous fait quoi ?

    « J’ai l’impression, 25 ans plus tard, que les souvenirs sont toujours intacts. On le voit par rapport aux supporters que l’on peut rencontrer. Ils sont toujours élogieux vis-à-vis de notre performance. Nous, les joueurs, on est encore un peu surpris de voir certaines personnes nous en parler mais nous sommes fiers d’avoir porté ce maillot jaune et vert, surtout de cette manière. »

    Quelles ont été selon vous, les clés de la réussite pour accomplir une telle saison ?

    « On livrait de beaux matches parce qu’on prenait beaucoup de plaisir sur le terrain. Joueurs, staff, supporters, nous étions vraiment unis. Avec du recul, on ne pensait pas qu’on jouait aussi bien. On savait qu’on était à notre avantage mais pas forcément à ce point. Les gens retiennent surtout le jeu pratiqué. Tout était positif et on avait vraiment mérité ce sacre. »

    À titre personnel, peut-on affirmer qu’il s’agissait de la meilleure année de votre carrière ?

    « Oui, parce que dans les chiffres, tout s’était bien passé (37 matches de championnat joués, 22 buts – meilleur buteur de D1 -, 5 passes décisives). Mais aussi dans la manière de jouer. On avait déjà fait deux très belles saisons lors des exercices 1992-1993 (5ème) et 1993-1994 (5ème) et je pense qu’il faut surtout retenir l’état d’esprit collectif. C’est qui a permis à l’équipe, lors de cette saison 1994-1995, de répéter en match ce qu’on parvenait à faire à l’entraînement. »

    Avez-vous un dernier mot pour les supporters, en cette date particulière ?

    « J’aime toujours échanger, rencontrer les supporters du FC Nantes qui viennent avec les yeux qui pétillent pour évoquer cette saison et nous féliciter. Le public nantais reste un public de connaisseurs et je prends toujours autant de plaisir à venir à La Beaujoire, pour soutenir les Canaris ! »


      18/08/2023

    Les duos d’attaque français les plus prolifiques en Ligue 1 ces 30 dernières années


    Patrice Loko et Nicolas Ouédec : 40 buts (1994-1995)


    Après 12 ans d’attente, le FC Nantes décroche son septième titre de Champion de France en 1994-1995.

    Grand artisan du succès nantais, le duo Loko-Ouédec écoeure les défenses adverses, les attaquants terminant respectivement premier et troisième au classement des buteurs à la fin du Championnat avec 22 et 18 réalisations.

    Outre une série de 32 matches d’invincibilité, on retient de la saison des Canaris le magnifique but de Loko à la conclusion d’une action collective qui leur offre la victoire lors de la 5e journée face au PSG (1-0).